La Vérité sur les salafistes 2 Préliminaires LES NEGATEURS DES SOURCES DE LA TR
La Vérité sur les salafistes 2 Préliminaires LES NEGATEURS DES SOURCES DE LA TRADITION SUNNITE CHAPITRE I Les négateurs Pour les théologiens et juristes musulmans, la Tradition du Prophète est indissociable du Coran. Ils considèrent que sans elle, il est impossible d’interpréter la Loi, qu’elle doit préétablir le cadre de toute réflexion et que même si tous les hadiths ne sont pas d’une authenticité irréfutable, il est préférable de s’y référer plutôt que de laisser chacun donner libre cours à son imagination, comme le font les négateurs occidentaux et orientaux. Les négateurs occidentaux, ou orientalistes sont, soit des chrétiens qui sous couvert de recherches universitaires oeuvrent à discréditer l’Islam au profit de leur religion, soit des chercheurs qui étudient le monde arabe pour des raisons stratégiques. Les négateurs orientaux sont quant à eux, soit des sectes politico-religieuses comme les khârijîtes et les wahhabites, soit des mouvances religieuses, comme les salafites – terme ambigu sur lequel nous reviendrons – et auxquelles s’apparentent également les wahhabites, ou soit encore des sectes parareligieuses, comme celles des philosophes et des hérétiques. Tous oeuvrent à l’élimination d’un maximum de hadiths afin de se voir opposer un minimum d’arguments contredisant leurs allégations ou interdisant leurs pratiques. Ils argumentent en disant que les textes de la Tradition sont dans leur grande majorité des apocryphes, que les rapporteurs de hadiths n’étaient pas aussi irréprochables que l’ont prétendu les traditionnistes et que ces derniers n’avaient pas tous les compétences exceptionnelles qu’on leur prête. Les orientalistes Depuis le Moyen Age, les ambitions des détracteurs occidentaux de l’Islam n’ont guère évolué, si ce n’est qu’aujourd’hui leur vocabulaire s’est enrichi de quelques synonymes moins choquants et leurs objectifs redéfinis en des termes plus courtois. Vadet écrit : « Une fois de plus l’orientalisme aura donné le ton à l’Orient en une matière où ce dernier disposait pourtant, grâce à l’abondance de manuscrits inégalement accessibles au chercheur occidental, d’une riposte aisée1. » Pour les orientalistes, la fiabilité d’un écrit ne se mesure pas à la pertinence de son énoncé et la crédibilité de ceux qui l’ont rapporté, mais à la couche de poussière qui recouvre ces fameux manuscrits dont ils ne cessent de décrire les caractéristiques dans leurs longues et fastidieuses introductions ; chacun vantant les mérites de sa trouvaille. À peu de choses près, ils rapportent tous la même histoire : c’est toujours au cours d’un voyage en terre d’Islam qu’ils ont découvert, enfoui sous un amas de poussière, « le vrai manuscrit ! » celui que ces musulmans, indignes de posséder un tel patrimoine, auraient laissé se perdre à tout jamais, sans l’intervention providentielle de « l’Homme blanc ». Sans doute s’agit-il de la même providence que celle de leurs homologues archéologues qui pour sauver le patrimoine de l’Humanité, ont emporté du Moyen-Orient et d’ailleurs, tant d’objets précieux dans les musées de leurs pays. Pour les orientalistes, « Mahomet » est l’auteur du Coran, sa Tradition un tissu de mensonges et l’Islam une religion d’emprunt. Darmesteter écrit : « Vous savez comment s’y prit Mahomet pour faire sa religion. Quand il parut, il y avait en Arabie, à côté du vieux paganisme national, trois religions étrangères : le judaïsme, le christianisme et la religion de Zoroastre […] Mahomet ne se mit pas en frais d’originalité ; il prit ses dogmes aux juifs et aux chrétiens ; il prit sa mythologie aux juifs, aux chrétiens et aux Persans ; il n’y eut jamais religion fabriquée à meilleur compte2. » 3 Pour interpréter le Coran ils n’hésitent pas à dénigrer l’herméneutique musulmane orthodoxe, sauf quand elle sert leurs ambitions, sinon ils ont recours à leur propre religion et aux affabulations des hérétiques musulmans. Après le célèbre : « L’Islam est une théocratie laïque » de Massignon – ce qui ne veut strictement rien dire – Berque écrit à son tour : « Mahomet est-il laïc ? Que cela plaise ou non aux traditionalistes, c’est l’homme, collectivement, qui a été constitué vicaire de Dieu sur la terre, plutôt que telle ou telle autorité politique, exégétique ou doctrinale [...]. Aussi beaucoup pourraient-ils considérer comme un paradoxe, voir même comme un défi, le titre du présent article. Mais ce serait à tort. Car il est une lecture de cet écrit qui mène à des conclusions assez différentes de celles qu’en tirent les intégristes. À les entendre, le gros des législations et des mœurs devrait non seulement en tenir compte ou s’en inspirer, mais s’en déduire […] Les califes ne furent que les « successeurs » [de Muhammad] et nullement cette « ombre de Dieu sur la terre » que flatta la servilité des courtisans et que magnifie notre propre exotisme […]3 . » Pour justifier leurs opinions, ils remettent en cause de façon très insultante, la pertinence de nombreux Compagnons et savants musulmans et, non sans une certaine ostentation, la capacité de ces derniers à mieux interpréter le Coran qu’eux. Après avoir comparé les traditionnistes musulmans à la secte juive des pharisiens, Massignon (m.1962) écrit : « Si les critiques du Hadith avaient réussi à faire prévaloir leur méthode, et éliminé des recueils « authentiques » tous les hadiths dont les isnâds4 sont apocryphes, les croyants n’y trouveraient plus que de la « viande sèche » comme aliment à la méditation, quelques prescriptions d’hygiène et de civilité, relatives au nettoyage des babouches, ou au bois dont on doit faire les cure- dents. La critique purement formelle des isnâds n’aurait pas dû sortir de son rôle négatif de servante qui balaie la maison 5 [...] Le hadith Qudusî a été, au début, la manière détournée de mettre en circulation des locutions théopatiques, en les faisant remonter à des Écritures saintes, où Dieu parlait à la première personne.» Burlot, agrégé à l’université, écrit : « Un verset du Coran ne dit-Il pas : cherchez la science depuis le berceau jusqu’à la tombe, serait-ce jusqu’en Chine ?7. » Non, le Coran ne dit pas cela. Il s’agit en fait d’un hadith rapporté par al-Bayhaqî dans son livre Shu‘âb al-imân. Quelle que soit leur notoriété et le pays dans lequel ils ont été « chercher la science » tous se sont consacrés à un sujet, un homme ou une oeuvre en particulier ; une répartition des tâches en quelque sorte. Cependant, il est inconcevable qu’un chercheur orientaliste, aussi savant soit-il, ait pu lire en arabe, comprendre, analyser, comparer et faire la synthèse de tous les livres auxquels ils prétendent se référer ! Quand on sait l’importance de l’oeuvre de certains érudits arabes et persans, toutes obédiences confondues, depuis at-Tabarî à as-Suyûtî, en passant par Fakhr ad-Dîn ar-Râzî et Ibn Taymiyya, la profusion et la volontaire complexité du vocabulaire d’auteurs emblématiques, comme al-Kindî, al-Farâbî, Ibn Sinâ et surtout Ibn ‘Arabî, on a peine à croire, en particulier pour Massignon, qu’il leur ait suffi d’avoir étudié quelques années dans la section d’al-Azhar réservée aux étrangers, pour parler avec autant de superbe de tous les sujets qu’ils abordent. Leurs ouvrages abondent de locutions latines tendancieuses, de transpositions acrobatiques entre diverses philosophies, mythologies et religions qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, mais aussi de tout un verbiage philosophique grotesque et ambigu étranger à l’Islam. Pour eux, les sunnites sont des gens fermés aux subtilités de l’exégèse coranique. Seuls les hérétiques musulmans sont crédibles à leurs yeux ; leurs thèses étant souvent très proches des leurs. « On dirait des aveugles qui nient, sinon l’existence de la lumière, du moins celle du sens de la vue, pour l’unique raison qu’ils en sont privés. » (R.Guénon) Les hérétiques musulmans Les coranistes Les gens du Coran ou coranistes (al-qurâniyyûn) ; ce néologisme désigne les musulmans qui ne reconnaissent que l’autorité du Coran et dénigrent celle de la Tradition du Prophète. 4 Le Prophète (P) a dit : « Que l’un d’entre vous ne dise pas, alors qu’il est allongé sur un sofa et qu’il est interrogé sur un fait en rapport avec ce que j’ai permis ou interdis : Je ne sais pas. Je n’applique que ce qui est énoncé dans le Coran8. » Commentaire d’al-‘Azîm Âbâdî : « Je ne sais pas. Je n’applique [...] » : C’est-à-dire : Je ne reconnais que le Coran et je ne me conforme qu’à ses seules prescriptions […] Cette prédiction du Prophète se réalisa avec un homme originaire du Pendjab, en Inde, lequel se réclamait des coranistes [...] Il proféra des propos comme personne n’en fit en Islam. Il se montra injurieux à l’égard du Prophète et dénigra, sans exception, tous les hadiths authentiques et dit : « Ce ne sont que des mensonges et des affabulations sur Allâh. Il convient de se conformer uniquement au Coran, non aux hadiths du Prophète, même s’il s’agit de hadiths authentiques majeurs (mutawattir) [...] » Nombreux furent les ignorants à le suivre et à le prendre pour imam. Les savants de notre époque se sont prononcés pour l’anathème et l’exclusion de la communauté musulmane de cet individu9. Le Prophète (P) a dit : « Certes, il m’a été uploads/Litterature/ veritesalaf.pdf
Documents similaires










-
34
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Aoû 02, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.6322MB