Thème VI: Stendhal. Le Rouge et le Noir comme chronique du XIXe siècle La vie d

Thème VI: Stendhal. Le Rouge et le Noir comme chronique du XIXe siècle La vie de Stendhal en quatre villes Henri Beyle, (pseudonyme : Stendhal – nom d’une petite ville allemande), est né à Grenoble en 1783 et meurt à Paris en 1842. Avant de signer Stendhal, il a utilisé d'autres noms de plume, tels : Louis Alexandre Bombet, ou Anastase de Serpière. Seule L'Histoire de la peinture (1817) a été publiée sous son vrai nom. Grenoble, c’est la ville de son enfance. Il la déteste ; elle lui rappelle la mort de sa mère quand il avait 7 ans, et l’éducation dans les principes catholiques et royalistes que son père lui imposait. On retient généralement qu’il était brillant en mathématiques, que c’est surtout son grand-père qui lui a apporté affection et éducation et qu’il avait peu d’affinité avec son père, avocat au Parlement de Grenoble, homme taciturne, pieux, hypocrite, bourgeois qui ne pensait qu’à ses affaires financières. « Tout mon malheur peut se résumer en deux mots : jamais on ne m'a permis de parler à un enfant de mon âge. Et mes parents (…) m'honoraient d'une attention continue. Pour ces deux causes, à cette époque de la vie si gaie pour les autres enfants, j'étais méchant, sombre, déraisonnable…. » C’est ainsi que Stendhal résumera son enfance dans Vie de Henry Brulard (œuvre autobiographique). Henri Gagnon, médecin célèbre de Grenoble, homme des Lumières, « extrêmement aimable et amusant », qui l'initie à la littérature. Le 21 novembre 1796, à treize ans, il entre à l'École Centrale de Grenoble, école créée par la Révolution pour remplacer les collèges religieux. Il se passionne pour les mathématiques, science logique par excellence. L’adolescence est l’âge des premiers émois où la découverte de l’amour se mêle à celui de la musique : il s'éprend d'une comédienne, Virginie Kubly, membre d'une troupe itinérante, qui joue dans des pièces ou des opéras. Amoureux fou, il essaye divers instruments de musique et le chant, sans succès. C'est grâce à un prix en mathématique qu'il peut fuir Grenoble en octobre 1799, à seize ans, pour tenter d’entrer à l'École Polytechnique à Paris. Milan, c’est la ville de son cœur. Stendhal la découvre vers 1800, quand, en quête d’aventures, il rejoint l’armée d’Italie. Plus tard, il s’y installe, et pendant sept ans s’enivre de bel canto au grand théâtre lyrique de la Scala. Paris. A son retour de Milan, en 1821, Stendhal fréquente les salons parisiens ou il apparaît comme une des personnalités les plus brillantes du romantisme libéral. Son Racine et Shakespeare (1823) lance la bataille romantique sur le terrain du théâtre. En 1830, il publie Le Rouge et le Noir. Il a fait une carrière militaire : secrétaire au ministère de la Guerre ; participe à la campagne d’Italie, à la campagne de Russie. En politique : il travail au Conseil d’État, consul à Trieste. Dans l’administration il est auxiliaire à la Bibliothèque Nationale. 1 Rome. Stendhal y passe la dernière partie de son existence. Son amour pour cette ville se nuance de mélancolie : des ennuies de santé lui font craindre d’y mourir ; il rêve à ses bonheurs passés. En 1839, c’est le second chef-d’œuvre : La chartreuse de Parme. Ses romans de formation Le Rouge et le Noir (1830), La Chartreuse de Parme (1839) et Lucien Leuwen (inachevé) ont fait de lui, aux côtés de Balzac, Hugo, Flaubert ou Zola, un des grands représentants du roman français au XIXe siècle. Dans ses romans, caractérisés par un style économe et resserré, Stendhal cherche « la vérité, l'âpre vérité » dans le domaine psychologique, et campe essentiellement des jeunes gens aux aspirations romantiques de vitalité, de force du sentiment et de rêve de gloire. Beylisme – la quête du bonheur A l’image de leur créateur, les principaux personnages de Stendhal poursuivent le bonheur (vivre selon les élans de leur cœur) ; le temps s’abolit alors dans un éternel présent. Mais le bonheur ne s’attend pas passivement ; il se conquiert. Pour l’atteindre, le héros s’entraîne en accomplissant de petits actes de volontés qui lui permettront, à des heures plus graves, de prendre des décisions radicales et de s’affranchir des conventions sociales et morales. Seul une liberté totale permet à l’homme d’être vraiment lui-même. De l’amour (1822) Cet essai psychologique, dont les analyses sont utilisées ensuite dans les romans, se présente « comme une description détaillée et minutieuse de tous les sentiments qui composent la passion nommée amour ». L’auteur y étudie avec une précision de scientifique les étapes du sentiment amoureux. La phase la plus importante de l’amour est pour lui la cristallisation, véritable phénomène psychologique. La cristallisation qui demande du temps, s’oppose au coup de foudre, instantané. Le réalisme de Stendhal Le cadre géographique des œuvres de Stendhal est la France ou l’Italie que connaît bien l’auteur ; l’action est toujours contemporaine. Des événements historiques apparaissent, comme la bataille de Waterloo, mais Stendhal s’attache d’abord à la peinture sociale de l’époque qu’il choisit. Les intentions satiriques de l’auteur sont évidentes, il dénonce les bassesses du monde : l’Église conservatrice et méfiante, l’aristocratie futile, la bourgeoisie mesquine. Stendhal se démarque du style romantique contrasté. Il recherche un style objectif qui décrive la réalité avec précision. Pour s’exercer à la logique et à la clarté dans son écriture, il lit régulièrement quelques pages du Code civil. Le réalisme de Stendhal c’est aussi la volonté de faire du roman un « miroir » c’est-à-dire un simple reflet de la réalité sociale et politique d’une époque dans toute sa dureté. Stendhal a d'ailleurs écrit que « le roman, c’est un miroir que l’on promène le long d’un chemin ». Le réalisme de Stendhal c’est d’abord la volonté de peindre des faits capables d’intéresser ses contemporains (Monarchie de juillet dans Lucien Leuwen, Restauration dans Le Rouge et le Noir, défaite et retour des Autrichiens dans La Chartreuse de Parme). Mais le réalisme chez Stendhal se fait aussi réalisme subjectif sans que cela soit une contradiction. Stendhal pense que chacun est enfermé dans sa subjectivité et ne peut percevoir le monde que dans les limites de son regard. La grande originalité de Stendhal est l’usage important de la « focalisation interne » pour raconter les événements. Les événements sont vus en grande partie par les protagonistes voire par un seul d'entre eux. Dans Le Rouge et le Noir et dans Lucien Leuwen les événements sont vus dans le rayon de Julien Sorel et Lucien. Dans La Chartreuse de Parme le narrateur a reconnu le 2 droit de regard des autres personnages (Clélia, Mosca, Sanseverina) mais Fabrice Del Dongo garde le foyer principal (la scène de la bataille de Waterloo est vue exclusivement par ses yeux). Autobiographe et critique d’art L’œuvre de Stendhal est profondément autobiographique. Même ses romans tant ils sont inspirés par sa propre vie mais aussi parce qu’ils constituent une autobiographie idéale de Stendhal. Julien Sorel, Lucien Leuwen et Fabrice Del Dongo sont ce que Stendhal aurait rêvé d’être. Les œuvres autobiographiques de Stendhal sont de trois natures. D’une part Stendhal a tenu pendant de très longues années un journal où il raconte au fur et à mesure les événements de sa vie. On pourrait parler d’une prise sur le vif de sa propre vie. D’autre part Stendhal a rédigé deux autres grandes œuvres autobiographiques : la Vie de Henry Brulard et Souvenirs d'égotisme. L'œuvre autobiographique de Stendhal ne se distingue pas tant par son projet (Rousseau poursuivait le même) que par l’importance qu’elle prend. Elle s’exprime aussi bien par des romans que par des autobiographies. Stendhal n’a pas été seulement un romancier et un autobiographe, mais également un fin critique d’art dont la réflexion esthétique influença le travail romanesque (tout particulièrement avec sa théorie du beau idéal), ainsi que l'appréciation des arts plastiques et de la musique. Citons Histoire de la Peinture en Italie, Rome, Naples et Florence, Promenades dans Rome, Mémoires d'un touriste. Les grands romans de Stendhal Le Rouge et le Noir (1830) est le premier grand roman de Stendhal. Il est le premier roman à lier de façon si subtile la description de la réalité sociale de son temps et l’action romanesque, selon Erich Auerbach dans sa célèbre étude Mimesis. Julien Sorel, le héros principal du livre, est le pur produit de son époque en un certain sens, le héros d'une France révoltée et révolutionnaire. La Chartreuse de Parme (1839) . C'est une œuvre majeure qui a valu la célébrité à Stendhal. Elle a été publiée en deux volumes en mars 1839. Balzac la considérait comme un chef-d'œuvre et a écrit en mars 1839 son admiration à l'auteur pour la « superbe et vraie description de bataille que je rêvais pour les Scènes de la vie militaire », « Je regarde l'auteur de La Chartreuse de Parme comme un des meilleurs écrivains de notre époque ». Cependant, l’œuvre sera, jusqu’au début du XX e siècle, relativement inconnue en dehors de quelques cercles d’esthètes, de critiques littéraires, ou de personnalités visionnaires (Nietzsche). Lucien Leuwen (1834) : uploads/Litterature/ vi-le-rouge-et-le-noir-chronique-du-xixe-siecle.pdf

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