VISUALISER L’INVISIBLE “Visualiser l’invisible” Écrit en novembre 2013 par Nico

VISUALISER L’INVISIBLE “Visualiser l’invisible” Écrit en novembre 2013 par Nicolas Maravitti avec un suivi à l’ECV Provence par Lionel Bérenger, Éric Cattelain et Nathalie Bossard. Texte placé sous une licence Creative Commons BY—SA : http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr Les images appartiennent à leurs auteurs respectifs : consulter les pages de crédits en annexe. Texte composé en Ingleby, titres composés en Nanami. ISBN pour la version numérique : 978-2-9547163-1-2 Révision 1.1 Nicolas Maravitti VISUALISER l’invisible Sommaire 1  préambule page 7 Où sont amenés les questionnements et proposées les hypothèses. 2  Quelques invisibles et leurS visualisationS page 13 Où l’on décrit un bref parcours d’horizon des tentatives de visualisation. 3  VisuALISER LE son et la musique page 27 Où l’on s’approche de plus près de deux spécimens en particulier. 4  NOTE DE FIN page 65 Où les réponses ne sont peut être pas données mais où le texte est terminé. ANNEXES page 69 Visualisation du déroulé. La largeur de la figure de haut en bas correspond au niveau de spécificité au cours de pages. Plus la figure est mince, plus le contenu est d’ordre général, plus elle est large plus on s’intéresse à un sujet en détails. préam- bule 1 Visualiser l’invisible 8 9 préambule Il y a des choses que l’on ne voit pas et qui appartiennent pourtant à la réalité. Ce sont les invisibles. Qu’il s’agisse de les documenter, les mémoriser, les transmettre ou les interpréter, dans un contexte scientifique, technique, éducatif ou artistique, il semble que nous avons constamment tenté de les représenter sous forme visuelle. Ce glissement de phénomènes de leur médium vers un autre, cette aspect de la modélisation du réel qui consiste à rendre visible l’invisible, est ce qui nous intéressera dans ces pages. Tentons de voir comment et pourquoi, par quels moyens graphiques et dans quels buts, ont lieu ces traductions vers le visible. Pour tenter d’y répondre, on survolera de nombreux exemples avant d’en approfondir certains plus en détails ; commençons cependant par quelques hypothèses et constatations d’ordre général. Visualiser l’invisible 10 11 préambule Les limites de l’invisible Un invisible peut être un phéno- mène qui se produit dans la réalité phy- sique, mais que l’on perçoit par d’autres sens : sons, musique par extension, odeurs ou saveurs. Ça peut être une ma- nifestation visible mais trop passagère et éphémère pour laisser une trace fixe, comme le mouvement. Il peut s’agir aussi de présences physiques, comme le temps ou les forces gravitationnelles. Ce qui se passe dans l’esprit peut s’y inclure aussi : pensées, idées, émotions — et ce qui en découle : langage, comportement, etc. Le champs des invisibles et très large, et une grande partie d’entre eux ont tenté d’être visualisés. La portée de cette publication ne peut cependant pas s’élargir autant ! On se concentrera plutôt sur une portion d’entre eux avant de se focaliser précisément sur un seul, sans jamais oublier pourtant que cette déli- mitation, si elle est pratique, est fictive : la visualisation de l’invisible est un sujet extensible à l’infini. Différents types de visualisation En collectant des visualisations, il me semble avoir pu en différencier quatre types. Je vais tenter de les définir ici. S’il ne s’agit que d’hypothèses de défi- nitions, ces quatre familles me paraissent pouvoir prendre en compte la variété de visualisations que l’on va rencontrer par la suite. Elles portent sur le comment, et non sur le pourquoi. La représentation tente de modéliser graphiquement le phénomène, d’une ma- nière qui permet de le comprendre et de l’interpréter. Elle ne permet cependant pas de le reproduire, simplement d’en avoir une idée. La notation va plus loin. Elle est plus précise, et est souvent composée d’un système de signes ou d’alphabet. Son but, c’est la réversibilité. Une fois le phénomène traduit en notation gra- phique, il est possible de le répliquer en relisant la visualisation. Mieux encore, la notation peut être réalisée avant même tout phénomène, et être écrite en vue de le faire exister. L’interprétation, au contraire, est plus floue. C’est une visualisation souvent subjective, souvent incomplète, s’inté- ressant parfois plus à l’effet produit par le phénomène plus qu’au phénomène lui-même. Elle semble surtout utilisée dans les démarches artistiques. L’enregistrement est la visualisation obtenue par un système traduisant par automatisme le phénomène invisible vers une forme visible. Si elle est à la li- mite du thème, où j’aimerais m’intéresser davantage aux méthodes de visualisation conscientes et humaines qu’aux retrans- criptions mécaniques, l’enregistrement semble cependant être à la source de plusieurs systèmes de visualisation, et permet souvent de s’intéresser dans un premier temps à la forme visuelle la plus pure et réaliste du phénomène, transcrit directement d’un médium à un autre sans intervention humaine. Réversibilité Une note rapide sur la notion de réversibilité. Certaines méthodes de visualisa- tion permettent non seulement de modé- liser de manière visible un phénomène, mais permettent aussi et surtout de le reproduire. La notation et l’enregistre- ment semblent les deux méthodes les plus aptes à la réversibilité, mais à des degrés moindres on peut imaginer d’autres vi- sualisations n’empêchant pas la répli- cation, même partielle, du phénomène original. Toutefois, la réversibilité semble souvent être la raison pour laquelle le système de visualisation la permettant est conçu en premier lieu. Exemples : l’enregistrement d’un son permet de reproduire le son pourvu que l’on dispose du matériel approprié. La partition d’un morceau de musique est écrite dans le projet de pouvoir re- produire le morceau ensuite. Est-ce qu’un tableau visualisant une émotion permet de reproduire l’émotion ? Possible. Synesthésie La synesthésie est une singularité neuronale qui consiste à tendre incon- sciemment des ponts entre plusieurs sens. Un synesthète peut ainsi faire des connexions mentales entre mots et sa- veurs, jours de la semaine et personnali- tés, son et toucher, ou — pour celles liées à la vue — musique et couleurs, graphèmes et couleurs, musique et formes, nombres et position spatiale. Les artistes synesthète sont à l’ori- gine d’œuvres transcrivant visuellement des phénomènes qui ne le sont pas. Par extension, on utilise aussi le terme de synesthésie pour désigner l’as- sociation, même consciente et artificielle, de plusieurs médiums répondant à des sens différents. D’une certaine manière, les systèmes de visualisation présentés dans les pages qui suivent peuvent être qualifiés de synesthétiques. Pourquoi Si on s’interrogera sur le comment, c’est aussi intéressant de se demander pour quelles raisons visualise t’on ces phénomènes invisibles. Au delà des mo- tifs spécifiques relatifs à des pratiques — science, éthologie, enseignement, art, documentation et ainsi de suite — pour- quoi rendre visible des phénomènes que l’on peut par ailleurs percevoir parfaite- ment d’autres façons ? Il est simplement possible que le sens de la vue soit celui que nous favorisons le plus. Qu’on l’ait plus développé ou qu’il nous soit juste plus confortable, il est certain qu’il nous semble facile de comparer, mémoriser, répliquer, transmettre, stocker et archiver des informations disponibles dans une forme visuelle. Approche Après ces quelques considérations générales, avançons vers des exemples plus précis. On fera d’abord un tour d’horizon de quelques invisibles et de leur représentation avant de zoomer de manière plus détaillée et analytique vers la visualisation du son suivie de près par celle de la musique, phénomène et pra- tique qui serviront d’exemples à cette notion. QUELQUES invisibles et leurS visuali- sationS 2 Visualiser l’invisible 14 On ne manque pas d’invisibles à visualiser. Le temps a ses cônes de lumière et ses frises chronologiques, la gravitation a ses vecteurs fléchés et les courbes qu’elle donne à l’espace-temps. Mais comment représenter le langage, les saveurs, les odeurs, les émotions, le mouvement ? Résumé des usages établis. 15 Quelques invisibles et leurs visualisations Visualiser l’invisible 16 Visualiser le langage Il n’y aura pas tant sur le langage et l’écriture dans ces pages. Si c’est un sujet très intéressant qui coïncide avec le thème général — l’écriture est le prin- cipal système de visualisation du lan- gage — c’est aussi un domaine immense qui dépasse largement le cadre de cette publication. C’était difficile de ne pas le mentionner non plus. Plutôt que de dé- tailler l’invention de l’écriture et toutes ses formes, quelques citations à propos de l’écriture comme représentation gra- phique du langage : « Langue et écriture sont deux systèmes de signes distincts ; l’unique raison d’être du second est de représenter le premier. » — Ferdinand de Saussure « L’écriture n’est pas la langue, mais un simple moyen d’enregistrer la langue par des marques visibles. » — Leonard Bloomfield « L’écriture n’est pas un écho graphique de la parole, mais un système de représentation des idées qui possède sa propre autonomie. » — Roy Harris (paraphrasé) « L’écriture engendre un surplus de sens inépuisable et contribue à la modélisa- tion du réel. » — Jean-Jacques Glassner La modélisation du réel, c’est une notion qui comprend la visualisation de l’invisible. Le langage oral est précisé- ment un de ces phénomènes invisibles qui ont été adaptés sous forme de langage graphique pour plusieurs raisons (trans- mission à travers l’espace et transmission à uploads/Litterature/ visualiser-l-x27-invisible.pdf

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