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Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l'Université de Montréal, l'Université Laval et l'Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : erudit@umontreal.ca Article Walter Vogels Laval théologique et philosophique, vol. 36, n° 2, 1980, p. 173-194. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/705793ar DOI: 10.7202/705793ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.html Document téléchargé le 24 février 2013 06:01 « Les limites de la méthode historico-critique » LES LIMITES DE LA MÉTHODE HISTORICO-CRITIQUE Walter VOGElS T ' ACCEPTATION de la méthode historico-critique n'est venue qu'après une longue L période de résistance. Souvent on considère l'encyclique «Divino afflante Spiritu» de Pie XII, datée du 30 septembre 1943, comme la reconnaissance officielle de la méthode dans le monde catholique. Ce document n'avait pourtant pas tout réglé. On devenait peut-être plus résolu à appliquer la méthode dans les études bibliques de l'Ancien Testament; mais beaucoup continuaient à la rejeter pour le Nouveau Testament. On se rappelle les disputes qui ont été soulevées et les accu- sations qui furent portées contre l'Institut Biblique Pontifical et contre certains de ses professeurs qui devaient laisser leur enseignement pour quelque temps vers l'époque du deuxième Concile du Vatican 1. Il Y eut alors ]'« Instruction sur la vérité historique des Évangiles », le 21 avril 1964 2, suivie de la Constitution dogmatique «De Divina Revelatione» «< Dei Verbum ») promulguée le 18 novembre 1965. Ces documents donnaient raison à la recherche scientifique poursuivie sur les Écritures. La bataille de la méthode historico-critique avait été gagnée. En 1968, certains pré- tendaient que tout le monde utilisait la méthode 3. Mais voilà qu'une année plus tard, en 1969, 1'« Association catholique française pour l'étude de la Bible» se réunissait pour son deuxième congrès à Chantilly. Ceux- là mêmes qui avaient lutté pour introduire des méthodes historico-critiques s'inter- rogeaient maintenant sur leurs propres méthodes; ils invitaient des experts d'autres sciences à les initier à de nouvelles approches 4. L'acceptation unanime n'avait pas 1. La brochure de F. SPADAFORA, Razionalismo. Esegesi cattolica e Magistero, Rovigo, Istituto Padano di Arti Grafiche, 36 p., dont l'A. dit: "destinata soltanto ai RR. mi Padri dei Concilio Ecumenico e ad essi strettamente reservata n. Voir la réplique de l'Institut Biblique Pontifical parue dans une plaquette intitulée Une nouvelle allaque contre l'exégèse catholique et /'Institut Biblique Pontifical, 15 p. 2. Pontificia Commissio de Re Biblica, "Instructio de historica Evangeliorum veritate n, Biblica, 45 (1964), p. 466-471; on trouve la traduction française dans Nouvelle Revue Théologique, 86 (1964), p. 634-639. 3. B.M.F. VAi' IERSEL, «Interpretatie van de schrift en van het dogma ", Tijdschrift voor Theologie, 8 (1968), p. 312-327: "Er valt nauwelijks iemand te vinden die niet overtuigd is van de noodzaak hiervan en allerwegen wordt zij dan ook toegepast ", p. 319. 4. On peut lire le rapport de ce congrès et les conférences qui y ont été présentées dans R. BARTHES (et autres), Exégèse ct herméneulique, éd. X. Léon-Dufour, Coll. Parole de Dieu, Paris, Seuil, \97L Ce congrès fut suivi de très près par une rencontre semblable en Suisse: R. BARTHES, F. Bavai' (et autres), Analyse structurale el exégèse biblique. Essais d'interprétation. Bibliothèque Théologique, 173 WALTER VOGELS duré longtemps. Depuis lors, les critiques portées contre la méthode historico-critique se multiplient 5. Certains auteurs continuent à croire dans la méthode malgré les «attaques» 6. Beaucoup parlent de «crise» 7. Un nombre de plus en plus croissant proclame la «fin" de la méthode 8, déclarant qu'elle a fait «banqueroute ,,9 ou lui faisant ses «adieux» 10. Beaucoup de choses se sont passées depuis 1969. Les critiques sont devenues plus sévères. D'autres méthodes se sont perfectionnées. Il vaut donc la peine de nous arrêter pour réfléchir et pour nous demander où nous en sommes actuellement. INTRODUCTION Quelques remarques préliminaires sont de mise pour bien situer la portée de cette étude. Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1971. Depuis lors, il y a des sessions et des symposiums un peu partout. Beaucoup de revues ont consacré au moins un numéro à l'étude des différentes méthodes actuellement en usage. 5. P. BEAllC"HAMP, «État et méthodes de l'exégèse ", Esprit, 41 (1973), n. 4, p. 843-858; A. FEUILLH, «Réflexions d'actualité sur les recherches exégétiques H, Revue Thomiste, 71 (1971), p. 246-279, X. UON-DuFOlIR, «L'exégèse, trente ans après ", Études, février (1974), n. 340, p. 279-295 (il parle de trente ans après «Divino afflante Spi ri tu ,,); A. P AllI., L'impertinence biblique. De la signification historique d'un christianisme contemporain, Coll. «Théorème .. , Paris, Desclée, 1974; ID., "Les limites de l'exégèse et les lieux de la lecture .. , Spiritus, 17 (1976), n. 63, p. 146-160 (l'auteur parle d'une anti-exégèse face à l'exégèse savante); F. REFOULÉ, "L'exégèse en question ", La Vie Spirituelle Supplément, 27 (1974), n. III, p. 391-423; P. SHJfIl.MACHER, Historieal Criticism and Theological interpretation of Scripture, Toward a Hermeneutics of Consent, Translated and with an introduction by R.A. Harrisville, Philadelphia, Fortress Press, 1977. 6. I.J. Du PLESSIS, The Historical-Critical Method. - Its ,Necessity and Limitations, Kwa-Dlangezwa, Empangeni 3880, South Africa, University of Zululand Publications, 1975 (auquel je n'ai eu accès que par F.F. BRUCE, The Evangelical Quarterly, 48 (1976), p. 179-180); O.c. EDWARDS,« Historical- Critical Method's Failure of Nerve and a Prescription for a Tonic: A Review of Sorne Recent Literature ", Anglican Theological Review, 59 (1977), p. 115-134; J.O. KINfiSBURY, «The Historical- Critical Method in Perspective .. , Currents in The%gy and Mission, 2 (1975), p. 132-141; E. KRENTZ, The Historical-Critical Method, Guides to Biblical Scholarship, Philadelphia, Fortress Press, 1975 (après avoir passé en revue les critiques p. 67-72 et p. 73-88, il écrit: "The utility of historical criticism can no longer be questioned. It has arrived, so to speak .. , p. 87). 7. M. BELLET, A. DE BAETS, M. DE CERTEAU, A. DUMAS, J.-W. MICHAUX, O. Du Roy, T. SNOY, Crise du biblisme, chance de la Bible, Paris, Épi, 1973; G.M. LANDES, "Biblical Exegesis in Crisis: What Is the Exegetical Task in a Theological Context'l", Union Seminary Quarterly Review, 26 (1971), p. 273-298. 8. G. MAIER, The End of the Historical-Critical Method, Translated by E.W. Leverenz and R.F. Norden, St. Louis, Concordia Publishing House, 1977. L'A. rejette la méthode historico-critique et propose une méthode historico-biblique. On peut consulter aussi deux longues recensions de cet ouvrage: G. ARANDA, " Critica Dogmatica a la Exegesis Critica (Presupuestos hermenéuticos de un téologo protes- tante) ", Scripta Theologica, 10 (1978), p. 1097-1113 et P. WELLS, "La fin de la méthode historico- critique .. , La Revue Réformée, 29 (1978), n. 114. p. 49-54. 9. W. WINK, The Bible in Human Transformation, Toward a New Paradigm for Biblical Study, Philadelphia, Fortress Press, 1973. Chap. 1 The Bankruptcy of the Biblical Critical Paradigm, p. 1-15. "Biblical criticism is not bankrupt because il has run out of things to say or new ground to explore. It is bankrupt solely because it is incapable of achieving what most of its practitioners considered its purpose to be ... ", p. 2. «It was based on an inadequate method, married to a false objectivism, subjected to uncontrol!ed technologism, separated from a vital community, and has outlived its usefulness as presently practiced. Whether or not it has any future at al! depends on its adaptability to a radically altered situation .. , p. 15. 10. S. V AN TIl.BORG, <, Afscheid van de Formgeschichte. Op zoek naar de verantwoording voor een andere manier van lezen ", Vox Theologica, 46 (1976) p. 1-9. 174 LES LIMITES DE LA MÉTHODE HISTORICO-CRITIQUL 1. En parlant des /imites de la méthode historico-critique, je veux indiquer ~es faiblesses et ses manquements. On a tous travaillé avec cette méthode. On en a apprécié les richesses. Inutile d'y revenir. On a été émerveillé par des recherches poursuivies par S. Mowinckel, G. von Rad, H. W. Wolff et W. Zimmerli dans l'Ancien Testament, ou par J. Dupont et J. Jeremias dans le Nouveau Testament, pour n'en nommer que quelques-uns. Dire qu'une méthode a des limites ne décide pas de son avenir. Peut-on remédier à ses faiblesses'? Doit-on changer de méthode et en adopter de nouvelles? Peut-on combiner des méthodes différentes ') Ces questions demeureront ouvertes. 2. L'étude présentée ici n'est pas avant tout une rét1exion philosophique sur la méthode historico-critique. D'autres l'ont faite. Elle veut être plutôt une rét1exlOn pratique. Nous allons réfléchir sur 1) ce qu'est la méthode, sur 2) le bUI qu'eUe poursuit et sur 3) le résultat qU'l'fIe obtient. Pour des gens qui passent leur temps à travailler avec une méthode, il est bon de s'arrêter un instant pour se demander si I\m agit bien et pour vérifier uploads/Litterature/ vogels-w-les-limites-de-la-methode-historico-critique-ltp-36-1980-p-173-194.pdf

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