Jean-Marie Guyau (1887) L’art au point de vue sociologique Première partie : Le

Jean-Marie Guyau (1887) L’art au point de vue sociologique Première partie : Les Principes; Essence sociologique de l’art. Un document produit en version numérique par Pierre Tremblay, Collaborateur bénévole Courriel: muishkin42@hotmail.com Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique : première partie (1887) 1 Cette édition électronique a été réalisée par Pierre Tremblay, collaborateur bénévole, muishkin42@hotmail.com dans la bibliothèque virtuelle Les Classiques des sciences sociales à partir de: Guyau, Jean-Marie (1854-1888) L’art au point de vue sociologique (1887) Éd. De Saint-Cloud : impr. Belin frères; Paris, libr. Félix Alcan, 1923. Bibliothèque de philosophie contemporaine, 13e édition. L-388 p. Une édition électronique réalisée à partir du fac-similé de l'édition originale telle que reproduite par la Bibliothèque Nationale de France: http://www.gallica.bnf.fr/ Polices de caractères utilisées : Pour le texte: Times New Roman, 12 points. Pour les citations : Times New Roman, 10 points. Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 10 points. Édition électronique réalisée le jeudi, 5 septembre 2002 avec le traitement de textes Microsoft Word 1997 sur Windows 98. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter, 8.5’’ x 11’’) Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique : première partie (1887) 2 Table des matières Premier fichier de deux. Introduction Préface de l’auteur Première partie : Les Principes; Essence sociologique de l’art. Chapitre I La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe. I. La transmission des émotions et leur caractère de sociabilité. II. L’émotion esthétique et son caractère social. III. L’émotion artistique et son caractère social. Chapitre II Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social. I. Le génie comme puissance de sociabilité. II. Le génie comme création d’un nouveau milieu social. Chapitre III De la sympathie et de la sociabilité dans la critique. Chapitre IV L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. I. L’art ne recherche pas seulement la sensation. II. Les idées, les sentiments et les volontés constituent le fond de l'art. III. Le but dernier de l'art est de produire la sympathie pour des êtres vivants. Chapitre V Le réalisme. – Le trivialisme et les moyens d’y échapper. I. L’imitation et le réalisme. II. Distinction du réalisme et du trivialisme. III. Moyens d’échapper au trivial. IV. Déplacement dans l’espace et invention des milieux. V. Influence de la bible et de l’orient sur le sentiment de la nature. VI. La description.- L’animation sympathique de la nature. Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique : première partie (1887) 3 Dexuième fichier de 2 Deuxième partie : Les Applications; Évolution sociologique de l’art contemporain. Chapitre I Le roman psychologique et sociologique de nos jours. I. Importance sociale prise par le roman psychologique et sociologique. II. Caractères et règles du roman psychologique. III. Le roman sociologique. - Le naturalisme dans le roman. Chapitre II L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie contemporaine. I. Poésie, science et philosophie. II. Lamartine. III. Vigny. IV. Alfred de Musset. Chapitre III L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie contemporaine (suite). Victor Hugo I. L’inconnaissable. II. Dieu. III. Finalité et évolution dans la nature. IV. Religions et religion. V. Idées morales et sociales. Chapitre IV L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie contemporaine (suite). Les successeurs d’Hugo. I. Sully-Prudhomme II. Leconte de Lisle. III. Coppée. IV. Mme Ackermann. V. Une parodie de la poésie philosophique; les Blasphèmes. Chapitre V Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. Évolution de la prose contemporaine. I. Le style et ses diverses espèces. II. L’image. III. Le rythme. Chapitre VI La littérature des décadents et des déséquilibrés; son caractère généralement insociable. Conclusion. Rôle moral et social de l'art. I. La littérature des déséquilibrés. II. La littérature des décadents. Son caractère généralement insociable III. Rôle moral et social de l’art Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique : première partie (1887) 4 Introduction ______________________________________ Table des matières Avant de nous être enlevé par une mort prématurée, - à trente-trois ans, - Guyau, dont l'activité intellectuelle demeura infatigable jusqu'à la dernière heure, venait d'écrire deux nouvelles œuvres de grande portée : l'une sur l'Art au point de vue sociologique, l'autre sur l'Éducation et l'hérédité. I. - Le travail sur l'art est la suite naturelle du livre universellement admiré sur l’Irréligion de l’avenir. Après avoir montré l'idée sociologique sous l'idée religieuse, Guyau a voulu faire voir qu'elle se retrouve aussi au fond même de l'art; que l'émotion esthétique la plus complète et la plus élevée est une émotion d'un caractère social; que l'art, tout en conservant son indépendance, se trouve ainsi relié par son essence même à la vraie religion, à la méta- physique, et à la morale. D'après Guyau, l'originalité du dix-neuvième siècle et surtout des siècles qui viendront ensuite consistera, selon toute probabilité, dans la constitution de la science sociale et dans son hégémonie par rapport à des études qui, auparavant, en avaient paru indépendantes; science des religions, métaphysique même, science des mœurs, science de l'éducation, enfin esthétique. Jean-Marie Guyau, L’art au point de vue sociologique : première partie (1887) 5 On sait que, dans son Irréligion de l'avenir, Guyau considère la religion comme étant, par essence, un « phénomène sociologique », une extension à l'univers et à son principe des rapports sociaux qui relient les hommes, un effort, en un mot, pour concevoir le monde entier sous l'idée de société. Qu'est-ce à son tour que la métaphysique, qui paraît d'abord un exercice solitaire de la pensée, la réalisation de l'idéal érigé en Dieu par Aristote, - la pensée suspendant tout à ses propres lois et se repliant sur soi dans la pensée de la pensée ? - A y regarder de plus près, la métaphysique n'est point aussi subjective, aussi formelle, aussi individualiste qu'elle le semblait d'abord, car ce qu'elle cherche dans le sujet pensant lui- même, c'est l'explication de l'univers, c'est le lien qui relie l'existence de l'individu au tout. Aussi, pour Guyau, la métaphysique même est une expansion de la vie, et de la vie sociale : c'est la sociabilité s'étendant au cosmos, remontant aux lois suprêmes du monde, descendant à ses derniers éléments, allant des causes aux fins et des fins aux causes, du présent au passé, du passé à l'avenir, du temps et de l'espace à ce qui engendre le temps même et l'espace; en un mot, c'est l'effort suprême de la vie individuelle pour saisir le secret de la vie universelle et pour s'identifier avec le tout par l'idée même du tout. La science ne saisit qu'un fragment du monde ; la métaphysique s'efforce de concevoir le monde même, et elle ne peut le. concevoir que comme une société d'êtres, car, qui dit univers, dit unité, union, lien; or, le seul lien véritable est celui qui relie par le dedans, non par des rapports extrinsèques de temps et d'espace; c'est la vie universelle, principe du « monisme », et tout lien qui unit plusieurs vies en une seule est foncièrement social 1. Le caractère social de la morale est plus manifeste encore. Tandis que la métaphysique, tandis que la religion, cette forme figurée et imaginative de la métaphysique, s'efforcent de réaliser dans la société humaine la communauté des idées directrices de l'intelligence, la liaison intellectuelle des hommes entre eux et avec le tout, la morale réalise l'union des volontés et, par cela même, la convergence des actions vers un même but. C'est ce qu'on peut appeler la synergie sociale. Guyau n'absorbait point la morale entière dans la sociologie, car il considérait que le principe « de la vie la plus intensive et la plus extensive « , c'est-à-dire de la moralité, est immanent à l'individu, mais il n'en admettait pas moins que l'individu est lui-même une société de cellules vivantes et peut-être de consciences rudimentaires ; d'où il suit que la vie individuelle, étant déjà sociale par la synergie qu'elle réalise entre nos puissances, n'a besoin que de suivre son propre élan, de se dégager des entraves extérieures et des besoins les plus physiques, pour devenir une coopé- ration à la vie plus large de la famille, de la patrie, de l'humanité et même du monde. L’éducation a pour but de préparer cette coopération par une continuelle « suggestion » d'idées et de désirs, de corriger ainsi les effets défectueux de l'hérédité acquise par une hérédité nouvelle 2. Mais l'union sociale à laquelle tendent la métaphysique, la morale, la science de l'édu- cation, n'est pas encore complète : elle n'est qu'une communauté d'idées ou de volontés; il reste à établir la communauté même des sensations et des sentiments; il faut, pour assurer la synergie sociale, produire la sympathie sociale : c'est le rôle de l'art. L'art est social à trois points de vue différents, par son origine, par son but, uploads/Litterature/ guyau-l-x27-art-au-point-de-vue-sociologique-1.pdf

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