IMAGINAIRE DES RUINES Javier Bassas Vila Richard Bégin Bertrand Gervais André H

IMAGINAIRE DES RUINES Javier Bassas Vila Richard Bégin Bertrand Gervais André Habib Jean-François Hamel Isabelle Hersant Johanne Lamoureux Michel Makarius Joana Masó Cyril Thomas ICONOGRAPHIE Victor Burgin HORS DOSSIER Mounia Benalil Nelly Giraud revue internationale de théories et de pratiques sémiotiques volume 35 numéro 2 • automne 2007 2 PROTÉE paraît trois fois l’an. Sa publication est parrainée par le Département des arts et lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi. Ce département regroupe des professeurs et chercheurs en littérature, en arts visuels, en linguistique, en théâtre, en cinéma, en langues modernes, en philosophie, en enseignement du français et en communication. PROTÉE est subventionnée par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, la Fondation de l’Université du Québec à Chicoutimi, le Programme d’aide institutionnelle à la recherche, le gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide aux publications, l’Institut de recherches technolittéraires et hypertextuelles et le Département des arts et lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi. Administration : PROTÉE, 555, boul. de l’Université, Chicoutimi, Québec, Canada - G7H 2B1, téléphone : (418) 545-5011, poste 5396, télécopieur : (418) 545-5012. Adresse électronique: protee@uqac.ca. Site Web: www.uqac.ca/protee. Distribution: Presses de l’Université du Québec, 2875, boul. Laurier, Sainte-Foy, Québec - G1V 2M2, téléphone : (418) 657-4246. PROTÉE est membre de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP). Les textes et illustrations publiés dans cette revue engagent la responsabilité de leurs seuls auteurs. Les documents reçus ne sont pas rendus et leur envoi implique l’accord de l’auteur pour leur libre publication. PROTÉE est diffusée sur Érudit, portail des revues savantes (www.erudit.org) et indexée dans Argus, Klapp, Ulrich’s International Periodicals Directory, OXPLUS et dans le Répertoire de la vie française en Amérique. L’impression de PROTÉE a été confiée à l’Imprimerie ICLT inc. Directeur : Nicolas Xanthos. Adjointe à la rédaction : Michelle Côté. Conseiller à l'informatique: Jacques-B. Bouchard. Secrétaire : Christiane Perron. Responsables du présent dossier : Richard Bégin, Bertrand Gervais et André Habib. Page couverture : Victor Burgin, Voyage to Italy, 2006 (fragment photographique). Envoi de Poste-publications – Enregistrement no 07979 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque et Archives nationales du Québec Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction réservés © PROTÉE 2007 ISSN-0300-3523 Comité de lecture * : Jacques BACHAND, Université du Québec Robert DION, Université du Québec à Montréal Mustapha FAHMI, Université du Québec à Chicoutimi Gillian LANE-MERCIER, Université McGill François LATRAVERSE, Université du Québec à Montréal Jocelyne LUPIEN, Université du Québec à Montréal Paul PERRON, Université de Toronto Fernand ROY, Université du Québec à Chicoutimi Lucie ROY, Université Laval Paul SAINT-PIERRE, Université de Montréal Gilles THÉRIEN, Université du Québec à Montréal Christian VANDENDORPE, Université d’Ottawa * La revue fait aussi appel à des lecteurs spécialistes selon les contenus des dossiers thématiques et des articles reçus. Comité de rédaction : Frances FORTIER, Université du Québec à Rimouski Bertrand GERVAIS, Université du Québec à Montréal Marie-Pascale HUGLO, Université de Montréal Joanne LALONDE, Université du Québec à Montréal Josias SEMUJANGA, Université de Montréal Johanne VILLENEUVE, Université du Québec à Montréal Nicolas XANTHOS, Université du Québec à Chicoutimi Comité Conseil international : Anne BEYAERT-GESLIN, Université de Limoges François JOST, Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III) Eric LANDOWSKI, Centre national de la recherche scientifique Louise MILOT, Université du Québec 3 revue internationale de théories et de pratiques sémiotiques volume 35, numéro 2 • automne 2007 RÉSUMÉS / ABSTRACTS 115 NOTICES BIOGRAPHIQUES 117 Présentation / Richard Bégin et André Habib 5 LES RUINES DU PROGRÈS CHEZ WALTER BENJAMIN. Anticipation futuriste, fausse reconnaissance et politique du présent / Jean-François Hamel 7 LE TEMPS DÉCOMPOSÉ. RUINES ET CINÉMA / André Habib 15 «[…] D’UN TEMPS QUI A DÉJÀ SERVI». L’imaginaire des ruines de Bruno Schulz à Wojciech Has / Richard Bégin 27 LA DESCRIPTION DES RUINES ET LE PHÉNOMÈNE SATURÉ. Penser les ruines à partir de Jean-Luc Marion / Javier Bassas Vila 37 SHÕMEI TÕMATSU: LA MÉMOIRE DES RUINES / Cyril Thomas 45 VOYAGE TO ITALY DE VICTOR BURGIN (fragments photographiques) Une présentation d’André Habib 55 FRANKENSTEIN ET LES RUINES DE VOLNEY. L’éducation littéraire de la Créature / Johanne Lamoureux 65 LES PIERRES DU TEMPS. Archéologie de la nature, géologie des ruines / Michel Makarius 75 ANA MENDIETA: l’autoportrait dans les ruines, un visage de l’exil / Isabelle Hersant 81 Document CENDRES ET DESSIN: la représentation en ruine chez Derrida / Joana Masó 89 Hors dossier LA CARNAVALISATION DU RELIGIEUX DANS LA LITTÉRATURE MIGRANTE AU QUÉBEC. L’islamisme de Dany Laferrière / Mounia Benalil 95 SÉMIOTIQUE ET DESIGN. Un cas d’étude: le micro-ordinateur / Nelly Giraud 105 4 5 PRÉSENTATION RICHARD BÉGIN ET ANDRÉ HABIB Les articles réunis dans le présent numéro1 interrogent la place qu’occupent les ruines dans la formation d’un imaginaire aux modalités mouvantes, variant selon les époques, les techniques, la situation géographique, mais aussi, et surtout, en fonction de diverses conceptions du temps, de l’histoire et de la mémoire. Le croisement de disciplines et d’approches théoriques que nous avons privilégié permet de prendre acte de la formidable complexité de cet imaginaire et de sa pertinence critique, esthétique, philosophique et sémiotique. Dans son essai Le Temps en ruines, Marc Augé relève le paradoxe suivant: «sans doute est-ce à l’heure des destruc- tions les plus massives, à l’heure de la plus grande capacité d’anéantissement, que les ruines vont disparaître à la fois comme réalité et comme concept» (2003: 84-85), avant d’ajouter, quelques pages plus loin, «[les ruines] ne sont plus concevables aujourd’hui, elles n’ont plus d’avenir, si l’on peut dire, puisque précisément, les bâtiments ne sont pas faits pour vieillir, accordés en cela à la logique de l’évidence, de l’éternel présent et du trop-plein» (ibid.: 91). Si, en effet, les ruines tendent à disparaître de nos villes, remplacées par les «non-lieux» indifférenciés de notre monde globalisé; si, plutôt que le patient lacis de la nature et de la culture qui suscitait les rêveries mélancoliques des Diderot, Chateaubriand ou Novalis sur le «passage du temps», les ruines évoquent, pour nous, la fulgurance et la mémoire endeuillée de la destruction, celle que l’on associe aux noms de Guernica, Dresde ou Nagasaki et aux dates du 6 août 1945, du 1 1 septembre 2001; les ruines ne cessent pour autant de hanter notre imaginaire contemporain, de susciter la curiosité et la fascination, comme en témoignent publications, colloques et expositions qui se succèdent depuis quelques années2. Nous pouvons nous demander si ce n’est pas précisément cette disparition paradoxale qui confère aux ruines cette singulière actualité, par laquelle s’exprime une inquiétude liée au temps, un malaise «épochal», divers symptômes d’un «déficit du temps», voire d’une «nostalgie du temps pur» à l’ère de la vitesse, du simulacre, de l’immatériel et du «présentisme». Nombre d’artistes, photographes ou cinéastes contemporains (Anne et Patrick Poirier , Victor Burgin, Ruth Thorne-Thomsen, Bill Morrison, Daniel Eisenberg, Jia Zhang-ke, etc.) ont tenté d’offrir une réponse à ce Zeitgeist en réinvestissant, de diverses façons, l’imaginaire des ruines. Par ailleurs, les ruines industrielles, les chantiers, les zones désaffectées se trouvent désormais chargés d’une puissance affective autrefois dévolue aux palais et temples écroulés3. Figures de temps anachronique, forcément inactuelles, les ruines forent notre présent en y rendant manifestes des zones de mobilité, des stratifications, invitant à des fuites en avant et des remontées du passé. Analyser les diverses figurations des ruines permet d’exposer, fondamentalement, où nous nous situons face au temps, et de prendre acte de l’historicité de cette relation. Car devant des ruines, toujours, nous sommes devant du temps. Plus précisément, devant les traces de la dégrada- tion naturelle ou de la destruction humaine, nous nous trouvons en présence d’un signe des temps. Or, il s’agit d’un temps qui, malgré la persistance matérielle des restes, n’a visiblement plus lieu. Le paradoxe topique des ruines relève de la sorte d’une signification en défaut de présence, hic et nunc. En effet, rarement perçoit-on des ruines ou parlons-nous d’elles sans avoir aussitôt à l’esprit ce qu’elles ne sont pas, ou plutôt, ce qui était avant qu’elles ne soient. D’un point de vue sémiotique, donc, les ruines proposent un véritable travail figural de la négativité, en ceci qu’elles signifient sur le mode de l’absence une présence «désormais» renversée par sa propre faillibilité. S’il y a bien un imaginaire des ruines, sa manifestation semble ainsi se conjuguer à l’évocation de l’imprésentable; aussi, bien qu’elles éveillent de diverses façons notre sensibilité symbolique, les ruines n’expriment pas avant tout le caractère inassignable du temps. Ce qui, d’emblée, rend l’étude sémiotique des ruines d’autant plus pertinente qu’elles font également, dans une perspective langagière, figures de résistance. Qu’il s’agisse de ruines, de décombres ou d’amas de ferrailles, ces «restes» évoquent un passé révolu qui persiste et résiste dans les traces qu’il nous lègue. Aussi les ruines proposent-elles à la perception davantage que le seul indice d’une catastrophe, d’une dévastation ou du lent labeur des ans. Bien qu’elles se présentent à nous, par le biais de l’expérience concrète ou par des représentations poétiques et médiatiques, comme la marque du tragique ou de uploads/Litterature/ vol-35-no-2 1 .pdf

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