www.comptoirlitteraire.com présente 豐饒の海, ''Hôjô no umi'' (1965-1970) ‘’La Mer

www.comptoirlitteraire.com présente 豐饒の海, ''Hôjô no umi'' (1965-1970) ‘’La Mer de la fertilité’’ série de quatre romans de Yukio MISHIMA (Japon) pour laquelle on trouve quatre résumés, chacun suivi d'un commentaire, et un commentaire sur l'ensemble. Bonne lecture ! 1 春の雪, ''Haru no yuki'' (1965-1966) “Neige de printemps” (1980) Roman de 333 pages En 1912, à Tôkyô, Kiyoaki Matsugae est un fils de bourgeois mais élève à l'École des Pairs où il a pour camarade Shigekuni Honda, qui, fils d'un juriste, est bûcheur et va devenir étudiant en droit. Il y a aussi pour condisciples deux jeunes princes thaïlandais auxquels, au cours des vacances, il fait les honneurs de la villa de ses parents, et dont l'un d'eux a perdu (à moins qu'on ne le lui ait volée) une bague à chaton d'émeraude. Il est encore indiqué que Kiyoaki a trois grains de beauté, et qu'il tient un journal de ses rêves qui sont des prédictions (ainsi, il s'est vu portant au doigt l'émeraude, et contemplant un visage de jeune fille au front ceint d'une tiare). Surtout, il tombe amoureux de la grande aristocrate Satoko Ayakura qui, après maintes dérobades et grâce à la complicité de la vieille Tateshina et de Honda, se donne à lui dans un pousse-pousse saupoudré d'une neige à demi fondue, symbole de pureté éphémère, qui donne son titre au roman. Elle est malheureusement promise par son père, un vieillard débauché et appauvri, au fils de l'empereur. Or voilà qu'elle attend un enfant. Son père reçoit la nouvelle «comme de la boue à son visage», et veut même se faire «seppuku» en guise d'expiation et de pardon demandé au Maître suprême. Mais il se contente de la contraindre à avorter. Au cours d'un séjour dans le couvent bouddhiste de Gesshu, près de Nara (qui sert, pour éviter le qu'en-dira-t-on, de couverture à la clinique où elle a été opérée), elle décide de se faire nonne, coupant alors son abondante chevelure, afin d'échapper au mariage forcé. Désespérément passionné, Kiyoaki, grâce au peu d'argent que lui a prêté Honda, descend à Nara dans une misérable auberge, et fait et refait à pied, sous la neige d'une froide fin d'automne, l'épuisante montée qui conduit au monastère. Chaque fois, l'entrée lui est refusée, et, chaque fois, il s'obstine, repoussant même les offres d'un voiturier car il est superstitieusement sûr que plus sera grand l'effort demandé à ses poumons secoués par une mauvaise toux, plus grande sera sa chance de revoir Satoko. Il fait appel à Honda, et les parents de celui-ci lui permettent de rejoindre son ami en dépit des examens tout proches. Chargé du rôle de suppliant et d'interprète, il monte donc à son tour la colline enneigée, mais n'est reçu que pour entendre le «non» définitif de l'abbesse. Dans Ie train qui les ramène à Tôkyô, Kiyoaki, qui, à l'âge de vingt ans, agonise, transi d’amour et de froid pour sa bien-aimée, annonce à Honda qu’un rêve lui a révélé qu'il le reverrait «sous une cascade». Commentaire Le roman dresse, à travers le comte et la comtesse Ayakura, le tableau précis d'une aristocratie désargentée et moribonde, qui, si elle était déjà très fortement occidentalisée, peinait à passer à quelque chose de nouveau. Mais Mishima s'attacha aussi à montrer les préjugés de la bourgeoisie naissante à laquelle appartient la famille Matsugae. Le roman est un magnifique exemple de son habileté de conteur. Mais il donna aussi libre cours à son lyrisme, certains chapitres de la fin étant marqués de la sensibilité féminine qui dominait les romans du Moyen Âge. Il fit vivre de nouveaux Roméo et Juliette qui connaissent «cette passion naïve et égarée, l'amour». Ce sont des adolescents sur lesquels les événements semblent, en apparence seulement, glisser. On peut voir en Kiyoaki un représentant du tempérament romanesque excessif, tandis que Honda, l'ombre grise de son ami, l'observateur de la situation, est le représentant de la raison. C'est en juin 1965 que Mishima commença à publier le roman en feuilleton, dans le magazine littéraire ''Shincho''. 2 À partir du 11 octobre 2005, Riyoko Ikeda publia dans le magazine ''Shukan Josei'', une adaptation du roman qui avait été acceptée par la famille de Mishima. Le 29 octobre 2005, sortit une adaptation au cinéma par Yukisada Isao, avec Satoshi Tsumabuki et Yūko Takeuchi. Une des musiques de ce film est la chanson ''Be my last'' interprétée par Hikaru Utada. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 奔馬, ''Honba'' (1966-1967) “Chevaux échappés” (1980) Roman de 356 pages En juin 1932, Honda, qui a maintenant quarante ans, est englué dans son travail quotidien de juge au tribunal d'Osaka, marié à une femme docile et effacée, et mène, dans sa belle demeure, une vie paisible et morne, qui semble toute tracée, celle d'un bourgeois respecté qui a oublié sa jeunesse et ses rêves. Mais, le président du tribunal l'ayant prié de le représenter à un tournoi de kendo donné dans un temple shinto en l'honneur du «Dieu Sauvage», il est ébloui par la maîtrise d'un jeune athlète nommé Isao Iinuma, et surtout profondément troublé car il croit voir en lui la réincarnation de Kiyoaki. Ayant conservé son journal des rêves, il est peu à peu obsessivement déterminé à comprendre le fonctionnement de sa destinée. Or, surprenant Isao sous une cascade, nu, en train d'accomplir des ablutions rituelles au cours de l'ascension d'une colline sainte, il constate qu'il porte sur le corps les mêmes trois grains de beauté qu'avait Kiyoaki, et il se remémore les paroles de ce dernier : «Je te reverrai. Je le sais. Sous la cascade.» Isao, que son père, Inuma, qui était précepteur chez les Matsugae, a formé au code des samouraïs, se veut fidèle aux notions d’honneur et de pureté, et prête à Honda un exemplaire de son livre préféré, le ''Discours sur l’histoire de la ligue du vent divin'' (roman sur le soulèvement de 1876, le «vent divin» ou «kamikaze» étant le nom donné à un typhon qui avait anéanti providentiellement une invasion mongole au XIIIe siècle). Avec ses amis du groupe «la Restauration de Shôwa», il entend purifier le milieu politique et bourgeois de l'époque, débarrasser l'empereur de tous ses conseillers corrompus, restaurer le «Yamato-damashii» («l’esprit japonais»). Déclarant : «J’ai scrupule à vivre quand j’aurais pu mourir à tout moment», il prévoit, avec le soutien de militaires (en particulier, un officier), d’assassiner, le 3 décembre 1932, plusieurs membres clés du gouvernement, étant déterminé à ce que lui et ses ennemis meurent. Mais, lâché par l'officier qui, au moment dangereux, se fait envoyer en Mandchourie, il est trahi, accusé d'un complot contre un trust industriel, le «Zaibatsu». Il découvre, dans un Japon pollué par «l’écume de l’humanisme», que la pourriture n’a épargné personne, pas même les cercles patriotiques financés en sous-main par les grands trusts. Honda démissionne de son poste de juge pour se faire son avocat, sans lui révéler ce qui le relie à lui, et obtient qu'il ne soit condamné qu'à une peine très légère, en raison de sa jeunesse et de la pureté de ses motifs. Mais, dès qu'il est libéré, en décembre 1933, le jeune homme, qui est devenu un fanatique politique, tue Makiko, la jeune étudiante qu'il a aimée, qui conspirait avec lui mais l'avait trahi lors du procès. Au cours de son interrogatoire, alors qu'on lui demande : «Que souhaitez-vous au plus profond de vous-même?», il répond : «Face au soleil... Sur le sommet d'une falaise abrupte quand le soleil se lève, prier le disque levant... Jeter mon regard vers le bas, sur la mer étincelante... et, au pied d'un vieux et vénérable pin, me tuer avec mon sabre... Voilà mon souhait le plus profond.» Et, en effet, il se fait «seppuku» sur une plage en regardant le soleil levant : «Isao respira profondément, se frotta le corps de la main gauche, ferma ensuite les yeux, puis dirigea la pointe de la dague, qu'il avait prise de la main droite, les doigts de la main gauche placés à l'endroit précis. Il appuya avec toute la force de son bras droit. Juste au moment où la lame lui perça le ventre, derrière ses paupières, le disque lumineux et rouge du soleil se leva.» 3 Commentaire Il est probable que le titre est un équivalent japonais du nom grec Hippolyte : «le cheval délié». Le pluriel du titre français vient d'une erreur de la traduction anglaise. On retrouve Honda, qui souffre du grand vide de son quotidien, comparé à la vie courte mais pleine de son ami Kioyaki. Mais il est envahi et comme suffoqué par ce qui lui semble la vivante évidence de sa réincarnation, et il commence à s'instruire de cette théorie, Mishima se lançant alors dans ce que Marguerite Yourcenar qualifia de «résumé scolaire». Comme Isao se consacre au kendo, de nouveau, Mishima le décrivit avec exaltation. Il fit de son personnage l'incarnation du «Dieu sauvage». Surtout, il est un de ces révoltés que l'écrivain affectionnait : il veut décapiter une société qu'il exècre, dont les dirigeants tiennent des propos d'un cynisme affligeant. Il se livre au rite divinatoire uploads/Litterature/ 566-mishima-la-mer-de-la-fertilite 1 .pdf

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