TraHs N°6 | 2019 : Sexe majeur, sexe mineur ? « Les femmes qui pensent ne sont

TraHs N°6 | 2019 : Sexe majeur, sexe mineur ? « Les femmes qui pensent ne sont pas (toutes) dangereuses » https://www.unilim.fr/trahs - ISSN : 2557-0633 38 « Professions for Women » de Virginia Woolf : Féminisme et Expérience littéraire « Professions for women » by Virginia Woolf: Feminism and Literary Experience Justine Rabat1 Uuniversité Paris III Sorbonne-Nouvelle Paris justine.rabat@gmail.com URL : https://www.unilim.fr/trahs/1773 DOI : 10.25965/trahs.1773 Licence : CC BY-NC-ND 4.0 International En 1931, Virginia Woolf prononce un discours au National Society for Women’s Service ; ce discours sera publié dans un recueil posthume en 1942 sous le titre « Profession for women ». Ce texte révèle l’engagement de Woolf qui fait écho aux mouvements féministes du début du XXe siècle (dont celui des suffragettes). À partir de l’analyse de « Profession for women », nous identifierons les différentes étapes de la formation d’une pensée féministe à situer dans un contexte historico-politique. Woolf aborde la question du travail pour les femmes et son propre rapport avec l’écriture afin de rendre visibles les obstacles susceptibles de limiter l’émancipation des femmes et leur accès au travail. En remettant en question l’image de « l’Ange de la maison » inspirée d’un poème de Coventry Patmore (1823-1896), Woolf apporte une réflexion sur l’acte d’écriture qui est à relier à un combat qu’elle veut poursuivre pour repenser le rôle des femmes dans la société. Mots-clefs : Virginia Woolf, féminisme, Bloomsbury, Angleterre, expérience littéraire En 1931, Virginia Woolf pronuncia un discurso en la National Society for Women’s Service, que se publicará en una colección de novelas póstuma en 1942 bajo el título « Professions for women ». Este texto revela el compromiso político de Woolf que se hace eco de los movimientos feministas de principios del siglo XX (como las sufragistas). El análisis de « Professions for women », nos permitirá identificar la formación del pensamiento feminista de Woolf que se sitúe en un contexto histórico- político. Woolf aborda el tema del trabajo de las mujeres y su propia relación con la escritura para mostrar las barreras que pueden limitar la emancipación de las mujeres y el acceso al trabajo. Woolf estudia el acto de escribir relacionado con su 1 Doctorante en Littérature Générale et Comparée à l’université Paris III Sorbonne-Nouvelle. Mes recherches sont consacrées à la performance orale du récit enchâssé dans les recueils indiens et européens et inclues la question du féminisme dans le traitement du récit. A participé à une journée d’étude sur le féminisme « Y a-t-il un art féminin ? Pour une approche genrée du comparatisme » (8 mars 2019) dont les actes seront publiés en 2020 dans la revue de Littérature Générale et Comparée. A publié des articles sur les rapports entre littérature et cinéma : « Normes et transgressions dans la Trilogie de la vie de Pier Paolo Pasolini », in « Normes et transgressions », Revue Babel Littératures Plurielles, 2017, « L’écrit et la voix dans As mil e uma noites de Miguel Gomes », in Estrema, (Centro de Estudos Comparatistas), n° 11, 2018. Trayectorias Humanas Trascontinentales TraHs N°6 | 2019 : Sexe majeur, sexe mineur ? « Les femmes qui pensent ne sont pas (toutes) dangereuses » https://www.unilim.fr/trahs - ISSN : 2557-0633 39 pelea para repensar el papel de la mujer en la sociedad discutiendo la imagen del « ángel de la casa » inspirada en un poema de Coventry Patmore (1823-1896). Palabras clave: Virginia Woolf, feminismo, Bloomsbury, Inglaterra, experiencia literaria Em 1931, Virginia Woolf pronuncia um discurso no National Society for Women’s Service, que será publicado em uma coleção da noticias póstuma em 1942, sob o título « Professions for women ». Este texto revela o compromisso político de Woolf que reflecte os movimentos feministas do início do século XX (como o das Sufragistas). A análise de « Professions for women » nos permitirá identificar a formação do pensamento feminista de Woolf que pode estar contextualizar em um contexto histórico-político. Woolf aborda o tema do trabalho das mulheres e seu experiência da escrita para mostrar as barreiras que podem limitar a emancipação das mulheres e o acesso ao trabalho. Woolf traz uma reflexão sobre o ato de escrever relacionado a seu luta para repensar o papel das mulheres na sociedade interrogando-se sobre a imagem do « anjo da casa » inspirada em um poema de Coventry Patmore (1823- 1896). Palavras-chave: Virginia Woolf, feminismo, Bloomsbury, Inglaterra, experiência literária In 1931, Virginia Woolf gives a speech at the National Society for Women’s Service; this speech will be published in a posthumous short story collection in 1942 entitled « Professions for women ». The text reveals Woolf’s political commitment echoing the feminist’s movements of the XXe century (such as the suffragettes). The analysis of « Profession for women » will help us to identify the formation of Woolf’s feminists’ reflexions, which must be related to the historical political context. Woolf deals with the issue of women’s professional experience and her own writing experience in order to deliver the difficulties threatening women’s emancipation and their access to work. Woolf reflects on the writing which is related to her own struggle about women’s role in society by questioning the poetical image of « the angel in the house » inspired by a poem of Coventry Patmore (1823-1896). Keywords: Virginia Woolf, feminism, Bloomsbury, England, literary experience TraHs N°6 | 2019 : Sexe majeur, sexe mineur ? « Les femmes qui pensent ne sont pas (toutes) dangereuses » https://www.unilim.fr/trahs - ISSN : 2557-0633 40 Virginia Woolf est une figure importante dans la littérature anglaise du XXe siècle dans la mesure où elle aborde dans ses écrits le statut des femmes dans la société anglaise. Ses écrits semblent influencés par un contexte sociopolitique et par une volonté de transformation du statut politique des femmes. Elle est témoin des nombreux événements politiques en faveur de l'émancipation de la femme et soutient même, pendant quelque temps, les suffragettes qui appartiennent à l'organisation des Women's Social and Political Union, créée en 1903, pour revendiquer le droit de vote pour les femmes au Royaume-Uni. Progressivement, les femmes ont pu acquérir le droit de vote : les femmes de moins de 30 ans ont gagné le droit de vote en 1918, et les femmes entre 20 et 30, en 1929. Au regard de ces événements historiques, Virginia Woolf s'interroge sur la place de la femme en tant qu'intellectuelle, car au même titre que le droit de vote, les professions intellectuelles étaient interdites aux femmes. Ainsi, dans « A Room of One's Own », Virginia Woolf raconte sa propre expérience à Oxbridge, lorsqu'elle rentre dans la bibliothèque de l'université : J’ai dû l’ouvrir, car il en a aussitôt surgi, tel un ange gardien barrant le passage non d’un battement de ses ailes blanches, mais de sa robe noire, un monsieur grisonnant, désapprobateur, mais indulgent, qui tout en me refoulant exprima à voix basse le regret que les dames ne fussent admises dans la bibliothèque qu’accompagnées d’un fellow du collège ou munies d’une lettre de recommandation. (Woolf, 2016 : 17) Ce passage restitue les interdictions banalisées au sein de l’université et l’encadrement d’un savoir envisagé comme un héritage patriarcal. Woolf évoque une fracture des sexes construite à partir de cet héritage : l’infantilisation de la femme qui devait être accompagnée dans une bibliothèque. Dans ce passage, elle évoque indirectement son propre apprentissage marqué par l’interdiction d’un accès à un lieu de savoir. À la différence de ses demi-frères, Woolf n’a pas eu la possibilité de faire des études dans une université parce qu’elle n’était pas un homme. Elle écrit dans son journal qu’elle passait de nombreuses heures à étudier le Grec en attendant que son demi- frère lui rende visite et lui apporte l'enseignement académique. Elle raconte alors les étapes d’une exclusion de la femme sur le plan intellectuel qui est inscrite dans l’Histoire et qui finit par évoluer progressivement comme peuvent nous l’indiquer ces informations : Oxford délivra le titre de licenciée aux femmes en 1920, Cambridge, en 1921, mais si Oxford admit les jeunes filles comme membres de l'Université à part entière dès 1920, il fallut attendre 1948 pour que Cambridge prît la même décision. (Palacin, 1977 : 71-72) Nous analyserons précisément l’essai de Virginia Woolf « Professions for Women » qui est une version abrégée d’un discours de Woolf au National Society for Women’s Service, le 21 janvier 1931. On le retrouve dans le recueil posthume The Death of the Moth and Other Essays. Dans cet essai, elle propose une écriture engagée pour repenser l’identité construite de la femme dans la société et « la vérité qu’on croit déceler dans la catégorie “femmes” ». (Butler, 2006 : 60) Nous analyserons les différentes étapes d’une réflexion sur la condition féminine que Woolf semble relier à la tâche de l’écrivaine. Dans « Professions for women », dans quelle mesure Woolf met-elle en place un questionnement sur la construction TraHs N°6 | 2019 : Sexe majeur, sexe mineur ? « Les femmes qui pensent ne sont pas (toutes) dangereuses » https://www.unilim.fr/trahs uploads/Litterature/ vw-professions-for-women-de-virginia-woolf-feminisme-et-experience-litteraire.pdf

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