Phèdre (Platon) 1 Phèdre (Platon) Début du Phèdre de Platon sur le parchemin Co

Phèdre (Platon) 1 Phèdre (Platon) Début du Phèdre de Platon sur le parchemin Codex Clarkianus 39, bibliothèque Bodléienne Œuvre très remarquable de Platon, le Phèdre traite une diversité de sujets tout en variant les formes. Elle appartient au genre littéraire du dialogue socratique. Ainsi, Platon y évoque la question de la mort, de l’amour, de la rhétorique et de l’écriture tandis qu’on y trouve aussi bien dialogues que discours, descriptions, mythes et prières. Même si la totalité de l'oeuvre platonicienne nous est incroyablement parvenue, il est impossible de dater l'ensemble des textes. Toutefois, ceux-ci sont généralement classés en trois catégories correspondantes à trois étapes de la pensée de Platon : on distingue les dialogues de jeunesse, les dialogues de maturité et, enfin, les derniers dialogues dont les dialoguesmétaphysiques et les dialogues de vieillesse. Les dialogues de maturité fournissent l’apport original de Platon par rapport à la méthode socratique, la théorie des idées. Dans ses derniers dialogues, Platon découvre les insuffisances de la première théorie des idées et tente d’y remédier. Le problème central de la deuxième période est le fondement de notre connaissance, alors que celui de la troisième période est la « participation » des idées au monde sensible. Le Phèdre constituerait le dernier dialogue de la période dite de « maturité » et aurait été rédigé après Le Banquet et La République. Par ailleurs, étant donné que Phèdre traite de la vraie rhétorique, il constitue aussi une introduction aux dialogues métaphysiques tels que Parménide, Le Sophiste et Le Politique. Phèdre se divise en deux parties : l’une centrée sur le thème de la beauté et de l’amour, l’autre sur la dialectique et la rhétorique. Un des plus séduisants et sensuels du corpus platonicien, ce dialogue se construit autour de personnages fictifs ou historiques : Socrate (personnage historique) et Phèdre (personnage fictif) en sont les interlocuteurs. Platon était disciple de Socrate mais alors que les préoccupations de ce dernier étaient exclusivement pratiques, la philosophie de Platon est inséparablement métaphysique, éthique, politique et cosmologique. Platon se dérobe donc derrière son texte sans avoir eu besoin pour cela de prendre un pseudonyme. Comme Platon ne parle pas en son propre nom, certains sont même allés jusqu’à penser qu’il voulait rester « anonyme ». Première partie : amour et beauté Après avoir passé la matinée à écouter les beaux discours du rhéteur Lysias, Phèdre rend visite à Socrate pour lui faire part de son admiration pour ce dernier. Les deux Athéniens, après être sortis de la ville, se promènent le long des murailles tout en méditant les belles paroles de Lysias. Dès le départ, le grand philosophe Socrate s’avoue incapable de résister aux charmes qu’exercent sur lui les discours. De son côté, Phèdre est conscient du pouvoir que le discours de Lysias lui confère. Durant les premières pages du dialogue, un subtil jeu de persuasion et de séduction s’installe entre les deux hommes. Phèdre aguiche Socrate et lui cache le papyrus qu’il tient sur les bras, ce papyrus contenant bien sûr le discours de Lysias. Phèdre est émerveillé par l’art de Lysias et Socrate désire de plus en plus connaître la teneur du discours. Recherchant alors un lieu agréable pour lire et discuter du discours, les deux personnages se dirigent vers les rives de l’Illisos et prennent place près d’un gattilier en fleurs, à l’ombre d’un platane. Socrate découvre finalement le discours de Lysias, Phèdre lui en faisant la lecture. Les caractéristiques de ce discours sont celles de la sophistique. Lysias parle de l’amour et démontre subtilement la justesse d’un paradoxe : il vaut mieux choisir pour amant celui qui ne vous aime pas que celui qui vous aime. Le véritable amant, l’amant passionné, n’aura en effet plus de reconnaissance pour l’être aimé quand son ardeur sera éteinte, alors que celui qui Phèdre (Platon) 2 n’aime pas, l’amant non passionné, conduira la relation de la façon la plus utile pour lui et pour l’être aimé. Pour Socrate, c’est Lysias en personne qui fait son apparition au moment où le texte écrit s’expose au grand jour. Phèdre semble conquis par les paroles du rhéteur, et Socrate comprend alors que Lysias représente un adversaire dans son envie de posséder le beau Phèdre. Lysias brise l’intimité unissant Socrate à son compagnon de route. Etant mis au défi, Socrate se lance dans une improvisation sur le même thème et la même thèse. Socrate admire, avec une ironie visible, l’analyse raffinée des diverses formes de l’amour de Lysias mais pense que Lysias a attaché peu d’importance au contenu, Socrate part donc d’une définition de l’amour que Lysias admet comme connue : l’amour est essentiellement désir. Cependant, selon Socrate, il y a deux formes de désir : le désir comme appétit du plaisir et le désir qui tend intellectuellement aux progrès. Le discours de Socrate s’oppose à celui de Lysias dans sa composition ; il est constitué non pas d’une série d’arguments détachés mais d’un processus unique qui, partant de la définition, en développe toutes les conséquences. Mais, Socrate veut aussi s’opposer au sophiste dans l’essence même de ses idées. Il se ravise et prend le contre-pied de sa première position. Il entreprend dès lors un second discours, véritable palinodie (adressée à Éros) du premier et éloge de la folie. Les activités supérieures de l’homme participent, selon lui, toutes d’une folie qui est la marque de leur origine divine. Pour Platon, il faut distinguer quatre espèces de folie d’origine divine : la folie divinatoire, la folie initiatique, la folie poétique et enfin la folie amoureuse. Toutefois, pour comprendre ces folies, il faut connaître la nature de l’âme et établir son immortalité. Tout comme ce qui possède en soi-même le principe de son mouvement, l’âme est immortelle. Au contraire, ce qui est mû de l’extérieur périra dès que la source extérieure de vie sera tarie. Si l’âme est le «siège des passions », elle n’en est pas moins dans le corps mortel comme dans une prison, dans un tombeau. D’autre part, il est possible de connaître la véritable nature de l’âme en se la représentant sous une forme mythique. Il s’agit du mythe du Char Ailé. L’âme est comparable à un attelage ailé céleste : le cocher est la raison, l’intellect qui gouverne et l’attelage est tiré par deux chevaux. Cependant, Platon introduit une différence entre l’âme des dieux et l’âme humaine. Pour l’âme des dieux, la structure de l’attelage et son comportement sont dans une continuité cohérente si bien qu’une fausse manœuvre est, par principe, exclue. L’attelage est porté sans encombre par les ailes au sommet de la voûte céleste dans un mouvement ascensionnel uniforme. Alors que pour l’âme humaine, ce mouvement devient difficile car l’attelage est apparié ; les deux chevaux sont de nature différente. L’un, blanc et noble, aspire au ciel. Obéissant, il représente le cœur. L’autre, noir et massif, est attiré par la terre. Il représente la partie désirante de l’âme. A peine arrivées à la hauteur du monde éternel, même si certaines âmes peuvent apercevoir quelques idées, elles chutent toutes inévitablement dans le monde sensible puisque leurs ailes manquent de force pour pouvoir les soutenir. Ce voyage dans le ciel des Idées aux côtés des dieux est appelé « mystère ». Il s’ensuit donc une hiérarchie dans les types humains comportant neuf degrés, chacun correspondant à plus ou moins d’imperfection dans les âmes en fonction de ce qu’elles ont pu ou non apercevoir du monde des idées. Au sommet de la pyramide se trouvent les philosophes, suivent après les rois et guerriers, les hommes politiques et financiers, les médecins et hygiénistes, les devins, les peintres et poètes, les agriculteurs et les artisans, les sophistes et au dernier échelon de la pyramide les tyrans. Le philosophe-roi est chargé de faire régner l’ordre et la justice. Ainsi, nous connaissons l’essence des réalités car notre âme a eu une vie jadis où elle contemplait les essences de la réalité et que maintenant une fois incarnée dans un corps, elle se souvient de ses essences en voyant des imitations des réalités. Néanmoins, l’âme est brouillée par le corps ; le corps est un brouillard qui empêche l’âme de percevoir avec netteté le ciel des Idées. Le travail de l’âme consiste dès lors à écarter les barreaux de la chair que le corps ne cesse d’interposer entre elle et les Idées. C’est le phénomène de réminiscence. Toute connaissance est donc réminiscence ou encore conversion par laquelle l’âme réoriente son regard vers les réalités véritables. Connaître, c’est toujours reconnaître ce qu’on avait vu dans une vie antérieure. Après avoir exposé ce mythe, argument illustratif et non démonstratif, Socrate mène une analyse détaillée de l’Amour. L’amant cherche à se rapprocher de l’idée absolue de beauté à travers l’être aimé, et il y a dans sa passion quelque chose de divin. Si l’amant ne recherche uniquement que cette idée pure, son amour devient un effort Phèdre (Platon) 3 continuel de dépassement de lui-même. Cette contemplation l’élève, en même temps que l’être aimé, vers l’éternel. En revanche, si l’image corporelle est la principale uploads/Litterature/ wikipedia-phedre-de-platon.pdf

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