LE WOLOF [quelques contrastes pertinents pour l'acquisition du Français Langue
LE WOLOF [quelques contrastes pertinents pour l'acquisition du Français Langue Seconde par des locuteurs du wolof] LANGUES ET GRAMMAIRES EN (ILE DE) FRANCE WOLOF FRANCAIS Xale yi di-nañu-ko lekk. enfant DF.PL AUX-3PL-3SG.OBJ manger Les enfants le mangeront. Bi xale yi lekk-ée ceeb bi, ... quand enfant DF.PL manger-TAM riz DF.SG Quand les enfants ont mangé le riz, ... Bi-ko xale yi lekk-ée, ... quand-3SG.OBJ enfant DF.PL manger-TAM Quand les enfants l'ont mangé, ... 3/Les adjectifs Les adjectifs français ont pour contreparties en wolof des verbes d'état qui sont soit adjoints au nom par un élément grammatical nommé connecteur (6a), soit reliés au sujet par un élément de conjugaison (auxiliaire) (6b) : 6) a. Yére b-u xong b-i rafet-na. habit CL.SG-CONN être.rouge le être.beau-3SG 'L’habit rouge est beau.' b. Yére b-ii dafa xonq. habit DEM.SG AUX.3SG être.rouge 'Cet habit est rouge.' Contrairement aux adjectifs du français, les termes de propriétés du wolof sont invariables. 4/Les prépositions Il existe seulement deux prépositions en wolof, ak 'avec', également utilisée pour la coordination des syntagmes, et ci qui introduit la plupart des autres compléments non directs. 7) a. Wax-al ci wolof ! parler-IMP.2SG PREP wolof 'Parle en wolof !' b. Mu ngi ci néeg bi. 3SG être PREP chambre DF.SG 'Il est dans la chambre.' c. Bék naa ci yow. être_heureux 1SG PREP toi 'Je suis heureux pour toi.' Les relations spatiales ('sur', 'sous', 'dedans'…) s'expriment à l’aide de locutions formées de ci et d'un nom relationnel, par exemple : ci biir 'dedans, dans, à l’intérieur de' (biir = 'ventre') ci kanam 'devant, face à, en face de' (kanam = 'visage, face') 5/La phrase simple L’ordre général des constituants en wolof est SVO. Dans les questions oui/non, comme en français familier, il n’y a pas de syntaxe spéciale, seule l’intonation permet de distinguer l'interrogation. Dans les questions partielles, en revanche, l'expression questionnée est focalisée (comme en français avec c'est...que/qui...), ce qui implique un auxiliaire différent pour chaque type de constituant questionné. Si la question porte sur l’objet ou l'un des compléments du verbe, la question et les réponses utilisent l'auxiliaire la signalant la focalisation du complément et entraînant l'ordre OSV : 8) a. Ñaata la-y jar ? combien AUX.3SG-IPF coûter 'Combien ça coûte ?' (Lit. 'C'est combien (que) ça coûte ?') b. Fan la jóge ? où AUX.3SG venir 'D’où vient-il?' (Lit. 'C'est d’où qu'il vient ?') c. Dakar la joge. Dakar AUX.3SG venir 'C'est de Dakar qu'il vient.' (Lit. 'C'est de Dakar qu'il vient.') La focalisation du sujet est signalée par l'auxiliaire a qui, en (9), s'amalgame au pronom sujet : (9) a. Kan moo ko-y jaay ? qui 3SG.AUX ceci-IPF vendre 'Qui vend ceci ?' [moo = mu+a] (Lit. 'C'est qui qui vend ceci ?') b. Moo-y jaay. 3SG.AUX-IPF vendre 'C’est lui qui vend.'[mooy = mu+a+IPF] Si la question porte sur le prédicat (français Qu’est-ce que tu fais ?) celui-ci est également couramment focalisé dans la réponse, comme en (10b') : 10) a. Lan nga-y def ? quoi 2SG-IPF faire 'Qu’est-ce que tu fais ?' b. Ma ngi naan kafe. 1SG AUX boire café 'Je bois (suis en train de boire) du café.' b'. Dama-y naan kafe. AUX.1SG-IPF boire café Lit. 'C’est (que) je bois du café.' ('C'est boire du café, que je fais.') En français standard, la focalisation du constituant questionné est inscrite dans la forme même du marqueur d'interrogation est-ce que (qu'est-ce que tu bois ? = 'c'est quoi que tu bois ?', D'où est-ce qu'il vient ? = 'C'est d'où qu'il vient?') et la réponse canonique est le constituant-réponse isolé, avec ellipse du reste : — Du café ; — De Paris. ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES Diouf, J. Léopold, 2009. Grammaire du wolof contemporain, l’Harmattan. GLOSSAIRE AUX = auxiliaire ; CONN = connecteur ; IPF = imperfectif ; PAS = passé ; PL = pluriel ; POSS = possessif; SG = singulier ; 1, 2, 3 = 1ère, 2ème, 3ème personne SYLVIE VOISIN Université d'Aix-Marseille Logo LGIDF : Stanca Soare Illustration empruntée au site lynzwest.files.worldpress.com LGIDF Le projet Langues et Grammaires en (Île-de) France propose : o un SITE INTERNET (http://lgidf.cnrs.fr/) conçu par des linguistes, des didacticiens et des professionnels de l’Éducation nationale contenant des informations linguistiques sur diverses langues parlées en (Ile-de) France, des descriptions scientifiques des propriétés graphiques, phonologiques et grammaticales, une histoire et un lexique traduits et enregistrés dans toutes les langues étudiées, des jeux linguistiques, des ressources bibliographiques pour chaque langue et des liens conduisant à d’autres sites pertinents o des FICHES LANGUES qui présentent une description contrastive et les particularités spécifiques de chaque langue pour les professionnels francophones en charge de publics allophones o des outils « EN FRANÇAIS ET AILLEURS » sur des thématiques du français, avec des activités pédagogiques « REGARDONS NOS LANGUES ». REFERENCE halshs-01493413 2017 PRÉSENTATION GÉNÉRALE Le wolof est parlé par un peu plus de cinq millions de locuteurs principalement situés au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Au Sénégal, il est la langue de communication privilégiée dans les échanges entre locuteurs de langues différentes. Toutefois, en dehors des intellectuels passés par l'université, le wolof est une langue strictement orale pour la majorité de ses locuteurs, et le passage à l'écrit se fait généralement à travers un alphabet « bricolé » et largement inspiré du système de transcription du français. Le rapport à la langue française des locuteurs de wolof varie selon leur pays d’origine. En Gambie, la langue officielle, et donc de l’école, est l’anglais. En Mauritanie, le français n’est plus langue officielle depuis 1991 mais reste une langue de scolarisation en concurrence avec l’arabe. C’est donc seulement au Sénégal que le français est la langue officielle et la seule langue de scolarisation. Pour autant, le rapport des enfants sénégalais avec la langue française reste très inégal. Les enfants des classes moyenne ou aisée entrent à l'école (privée) avant sept ans (âge de la scolarisation obligatoire), entendent parler le français à la maison, et finissent avec un bon niveau de français, alors que ceux dont les parents ont émigré pour des raisons économiques ne sont exposés au français qu'à l’extérieur du foyer et à l’école. Les locuteurs de langue maternelle wolof représentent environ 40% de la population du Sénégal. Chaque région possède sa propre variante dialectale. Il est intéressant de noter que les Sénégalais qui émigrent en France sont généralement locuteurs d'une L1 distincte du wolof. Les premiers migrants sénégalais étaient des Manjaks et des Soninkés, les vagues suivantes majoritairement des Peuls. Les Wolofs eux-mêmes migrent peu vers la France. La langue wolof a donc une position variable dans la compétence langagière de ceux qui s'en déclarent locuteurs, dont il sera toujours pertinent d'identifier la ou les autres langues actives (on recense plus de 30 langues parlées rien qu'au Sénégal). Le visage de la migration en France depuis l'Afrique de l'Ouest a considérablement changé au fil du temps— c'est une migration relativement faible par rapport à d’autres régions du monde. Les premiers migrants ouest-africains venus constituaient une migration de main d’œuvre ; aujourd'hui, la migration depuis cette région est principalement motivée par la poursuite d’études supérieures ou le regroupement familial. ÉLÉMENTS DE PHONOLOGIE Le wolof est une langue sans tons, sans diphtongues, avec une complexité syllabique modérée. Le système consonantique distingue des consonnes dites simples (ex [g] gan 'hôte', prénasalisées (ex. [ng] ngan 'séjour d'un hôte') et géminées (ex. [gg] magg 'vieillard'). En revanche, il n’y a pas de groupes consonantiques en wolof : les apprenants insèrent donc généralement une voyelle entre deux consonnes, cette tendance se retrouve d’ailleurs dans les mots wolof empruntés au français, comme crayon > karayoŋ. Les consonnes du français qui ne sont pas attestées en wolof sont : [z] et [ʃ], tendant à être réalisés [s] (boucher [buse], magasin [maaŋgasin]); [ʒ], réalisé [s] (ex. bagage [bagaas]) ou [f] (ex. : cage [kaaf]) ; et [v] réalisé [w] (ex. élève [elɛɛw]) ou [b] (ex. visse [bis]). Le système vocalique wolof distingue des voyelles brèves et longues, et une voyelle orthographiée ë et transcrite [ə] en API (ex. kër [kər] 'maison') assez proche du [œ] français (ex. cœur). En revanche, le wolof ne distingue ni voyelles nasales, ni de [y] (arrondi) en regard du [i] (non arrondi), ni de [ø] fermé en regard du [ə]. L'opposition orale/nasale du français requiert donc un entraînement spécifique (bas/banc, beau/bon, paix/pain), ainsi que les oppositions [i]/[y] (riz/rue) et [œ]/[ø] (jeune/jeûne, cœur/queue, etc.) ÉLÉMENTS DE GRAMMAIRE 1/Le nom En wolof, comme en français, chaque nom est affecté à une classe morphologique qui détermine la forme de ses dépendants. En français existe un genre grammatical, qui provoque une variation des déterminants et des adjectifs. Un phénomène analogue, appelé classes nominales, existe en wolof, mais le nombre de classes est supérieur (huit au singulier, deux au pluriel). Elles sont marquées par une consonne : au singulier (b-, g-, j-, k-, l-, m, s-, w-) et au pluriel (y-, ñ- [ɲ]). La consonne de classe apparaît comme marque d’accord sur les divers dépendants du nom et dans certains pronoms. Les adjectifs épithètes du français n'ont uploads/Litterature/ wolof-17-05-17.pdf
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- Publié le Oct 10, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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