Yves STALLONI " t * 'f 2 édition > ARMAND COLIN ______________ \ ______________
Yves STALLONI " t * 'f 2 édition > ARMAND COLIN ______________ \ __________________l _ Du même auteur: Les genres littéraires, Armand Colin, 2008. Dictionnaire du roman, Armand Colin, 2006. Les romans dés de Ia littérature franqaise, Le 5euil, 1998. © Armand Colin, 2009, 2012 pour Ia présente impression. © Armand Colin, 2005. © Éditions Nathan/SEJER, Paris, 2004. Internet: http://www.armand-colin.com ISB N : 978-2-200-35499-2 DANQER L£ FfW TDCOniAGE TUELE LIVRE Tous drolts de traductíon, cTadaptatlon et de reproductlon par tous procédés, réservôs pour tous pays. ♦Toute reproductíon ou raprésentatíon Intégraía ou partlelle, p a r quelque procédô que ca solt, des peges pubtlées dans le présent ouvrage, faita sans 1'autorisatlon da 1'édlieur, est lilidte et constltue una ccr.trefaçon. Saulas sont aulorlsées, d'une pari, Ias raproductlons strlctament róservées à 1'usage prlvô du coplste et non tfestlnôes à una utillsatlon collectiva et, d'aulra pari, les courtas cltatlons Justlfiées par Ia caractère sclentlflque ou cflnformallon da 1'CBuvra dans taquelle alies sont incorporées (art. 122*4, L. 122-5 et L 335*2 du Code de la proprlétô Inielleetuella). Armand C o lin éditeur • 21, rue du M ontparnasse • 75006 P aris Sommaire Introduction Des courants et des oeuvres : com m ent definir une « école littéraire » ? Le seizièm e siècle La Pléiade L’Humanisme Le dix-septième siècle Le Baroque La Préciosité Le Classicisme Le dix-huitième siècle Les Lumières Le Préromantisme Le dix-neuvième siècle Le Romantisme Le Pamasse Le Réalisme Le Naturalisme Le Symbolisme 1 22 22 31 40 40 49 56 70 70 81 91 91 104 111 118 126 Le vingtième siècle Le Surréalisme Cénéalogie du mouvement Comme pour donner raison aux historiens de la littérature qui s’appliquent, en dépit des résistances et des incertitudes, à déga- ger de la succession chaotique des oeuvres les lignes de partage et les aires de recouvrement permettant d’isoler les courants et les écoles, le Surréalisme se présente comme un authentique et indis- cutable mouvement littéraire. On lui reconnaít une date de nais- sance, un chef de file, des membres agréés, des théories exprimées dans des manifestes, une philosophie et même, bien entendu, un déclin et une fin officielle. Ainsi calibré et étiqueté, le Surréalisme, au rebours des intentions avouées («Nous n’avons rien à voir avec la littérature », Déclaration du 27 janvier 1925) semblait prédisposé à trouver sa place dans les histoires de la littérature. Et comme son rayonnement et son audience ònt été, entre 1920 et 1940, tout à fait dominants, que son influence poé- tique et esthétique a été considérable, on est en droit de considé- rer que nous sommes en présence du courant artistique le plus marquant du xx6 siècle, 1 ’équivalent de ce que fut le Romantisme au début du siècle précédent. Sources lointaines et immédiates S’efforçant de trouver une ascendance à son mouvement, André Breton, dans le Manifeste de 1924, propose, après avoir cité Lautréamont, Dante et Shakespeare, une liste de vingt et un écri- Le vingtième siècle vains et poètes jugés surréalistes avant la lettre, parmi lesquels Swift et Hugo, Chateaubriand et Poe, Sade et Rimbaud, Constant et Jarry, Aloysius Bertrand et Mallarmé. Auxquels Breton ajoute quelques contemporains: Saint-Pol Roux, Fargue, Vaché, Reverdy, Saint-John Perse, Rayrnond Roussel. La liste n’est pas exhaustive puisqu’elle s’achève par un « etc. ». C’est dire que les surréalistes ont aimé à se trouver des ancêtres multiples. On admet généralement comme un courant précur- seur, la littérature symboliste et sa volonté de chercher la poésie au-delà de la chose montrée, mais également le romantisme alle- mand, le roman noir et la littérature fantastique, la philosophie hégélienne. La dette la plus sérieuse s’exprimant à 1 ’égard des poètes « voyants » : Nerval, Hugo, Baudelaire, Lautréamont, Mallarmé, Rimbaud - et, évidemment, Apollinaire à qui est emprunté le m ot« surréalisme ». Apollinaire et le mot Nerval emploie, dans la dédicace des Filies du feu le m ot« super- naturalisme » ; Saint-Pol Roux use du vocable « idéoréalisme ». Finalement le nom qui sera retenu est repris d’Apollinaire qui, en 1917, appela sa pièce bouffonne Les Mamelles de Tirésias, « drame surréaliste ». Dans la préface, le poète justifie le néolo- gisme par le désir de rompre avec la tradition et de définir une ceuvre qui échappe au réel. II se sert d’une comparaison souvent citée: Quand 1'homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a ainsi fait du surréalisme sans le savoir. Les Mamelles de Tirésias, CEuvres poétiques, Bibliothèque de la Pléiade, p. 8óó. Le parrainage d’Apollinaire est clairement revendiqué par Breton dans son premier Manifeste : En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venaitde mourir (...) Soupault et moi nous désignâmes sous le nom de surréalisme le nouveau mode d'expression pure que nous tenions à notre dis- position et dont il nous tardait de faire bénéficier nos amis. Manifestes du Surréalisme, Gallimard, « Idées », p. 76. L’auteur d'Alcools (mort en 1918) incamait pour les jeunes poètes l’innovation, la liberté, 1 ’originalité des images, bref le « génie poétique » (Breton). À 1 ’issue de quelques hésitations et Écoles et courafífs litféraires procès en patemité, le mot Surréalisme s’imposa et Breton bap- tise de ce nom une revue qui s’ouvre sur un manifeste oü se trouve défíni, dans un style de dictionnaire, le nouveau mouve ment : SURRÉALISME, n.m. Aufomatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel ae la pensée, en l'absence de tout controle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Ibid., p. 37. De la guerre à Dada Les trois fondateurs historiques du Surréalisme, Breton, Aragon et Soupault appartiennent à la même génération (ils sont nés en 1896 et 1897) et ont tous trois fait 1 ’expérience de la guerre « dont ils ne gardent qu’un souvenir horrifié » écrit Philippe Audoin, qui ajoute: A leurs yeux, la guerre a été une inutile, une absurde abomina- tion et, qui pis est, elle a entraTné une faillite générale de l'Esprit. les Surréalisfes, Seuil, « Ecrivains de toujours », 1973, p. 10. Ce rejet violent de la guerre explique certains engagements idéologiques et esthétiques futurs : Ils ne veulent plus rien avoir de commun avec une civilisation qui a perdu ses raisons d'être, et le nihilisme radical qui les anime ne s'étend pas seulement à l'art, mais à toutes les manifestations de cette civilisation. Maurice Nadeau, Histoire du Surréalisme, Seuil,« Poinls », 1964, p. 10. Breton, de manière farouche, mais également Éluard, Péret exprimeront leur antimilitarisme, affirmant même leur « défai- tisme de guerre », se refiisant à évoquer le conflit mondial dans leur ceuvre. La « crise de 1 ’esprit» (Valéry) qui s’ouvre en 1918 ne pourra se résoudre que par un renouveau des comportements, de la pensée et de 1 ’art. En 1919, Breton, Soupault et Aragon fondent une revue qu’ils baptisent, par dérision plus que par allégeance, Littérature. Ils y publient Lautréamont et des textes d’avant-garde rédigés parfois au moyen de 1 ’écriture automatique, tels Les Champs magnéti- ques. Le relatif conformisme de la revue sera perturbé par 1 ’influence de Jacques Vaché, jeune dandy exalté à 1 ’esprit cor- Le vingtième siècle rosif qui se donnera la mort, et par celle de Tristan Tzara, un esthète roumain qui arrive à Paris en 1920 précédé d’une réputa- tion sulfareuse. Tzara a fondé, en 1916, à Zurich, un mouvement chargé de révolte et de négation, Dada. Dans son manifeste de 1918, Tzara assurait vouloir démordiser partouf et jeter la main du ciei en enler, les yeux de l'enfer au ciei, rétablir la roue féconde d'un cirque universel dans les puissances réelles et la fanfaisie de chaque individu. Ce désir de provocation va encourager les surréalistes sur les voies de la radicalisation. Sans adhérer totalement au nihilisme de Dada, ils lui empruntent son sens du scandale, son refus de la littérature traditionnelle, sa haine de la société bourgeoise, safas- cination pour le néant. Mais Dada, par son voeu de stérilité litté- raire, contient en lui-même sa propre condamnation. Si l’on prétend créer une esthétique nouvelle, il faut dépasser le mépris de 1 ’écriture affiché par le Dadaisme. Au cours de 1’été 1921, l’effigie de Dada est noyée dans la Seine par des étudiants. Le Surréalisme, un moment fasciné par ce modèle de révolte, peut reprendre sa liberté et dessiner sa voie : celle de la libération du langage et des forces de 1 ’imaginaire. Hisfoire du Surréalisme Uheure des manifestes (1920-1930) L’histoire, passablement agitée et pittoresque, du Surréalisme commence donc au début des années vingt avec la rédaction (dès 1919 à vrai dire) des Champs magnétiques- premier vrai texte du nouveau mouvement cosigné d’André Breton et Philippe Soupault -, mais aussi par 1 ’aventure de Littérature et les expé- riences d’écriture sous hypnose menées par René Crevel et Robert Desnos. L’année importante sera 1924 oú est créée une nouvelle revue, La Révolution surréaliste, oú s’ouvre un « Bureau de recherches surréalistes » uploads/Litterature/ yves-stalloni-2-edition-arm-and-co-lin-t-x27-f.pdf
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- Publié le Jul 20, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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