ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine ISSN 1112-5020 Hawliyyat al-Tura

ﻣﺠﻠﺔ ﺣﻮﻟﻴﺎت اﻟﺘﺮاث Revue Annales du Patrimoine ISSN 1112-5020 Hawliyyat al-Turath, University of Mostaganem, Algeria N° 13, September 2013 Naissance de la communication culturelle d'expression française en Algérie Birth of French‐speaking cultural communication in Algeria Dr Hadj Dahmane Université de Mulhouse, France hadj.dahmane@gmail.com Publié le : 15/9/2013 13 2013 Pour citer l'article :  Dr Hadj Dahmane : Naissance de la communication culturelle d'expression française en Algérie, Revue Annales du patrimoine, Université de Mostaganem, N° 13, Septembre 2013, pp. 19-35. http://annales.univ-mosta.dz *** Revue Annales du patrimoine, N° 13, 2013, pp. 19 - 35 ISSN 1112-5020 Publié le : 15/9/2013 hadj.dahmane@gmail.com © Université de Mostaganem, Algérie 2013 Naissance de la communication culturelle d'expression française en Algérie Dr Hadj Dahmane Université de Mulhouse, France Résumé : Le présent article s’entend comme un travail propédeutique donnant sur un projet plus large et plus approfondi, sous forme d’une série d’articles. Car il s’agit de faire une approche de l’acte de communication à travers la production littéraire et culturelle algérienne d’expression française, il importe donc de faire une sorte de généalogie, si l’on peut dire, de la communication contestataire et ses rapports mêmes avec la production culturelle. Quitte à anticiper, disons dès à présent que traiter des débuts de la contestation est un thème pour le moins paradoxal. La langue et la culture françaises elles-mêmes pourraient être, les premiers objets contestés. Mots-clés : communication, culture, littérature, Français, contestation. o Birth of French-speaking cultural communication in Algeria Dr Hadj Dahmane University of Mulhouse, France Abstract: This article is intended as a preparatory work leading to a larger and more in-depth project, in the form of a series of articles. Because it is a question of making an approach of the act of communication through the Algerian literary and cultural production of French expression, it is therefore important to make a kind of genealogy, so to speak, of the communication of protest and its very relationship with cultural production. Even if it means anticipating, let's say right now that dealing with the beginnings of the protest is a paradoxical subject to say the least. The French language and culture themselves could be the first contested objects. Keywords: communication, culture, literature, French, protest. o Ce n’est donc pas exagéré de dire que la contestation Dr Hadj Dahmane - 20 - Revue Annales du patrimoine véhiculée par la production culturelle et littéraire algérienne de langue française, se distingue singulièrement de celle s’exprimant en langue arabe. Cette affirmation est bien entendu valable pour toute l’histoire de la culture algérienne. Aujourd’hui comme hier, la contestation n’a pas la même odeur, ni la même couleur. Non pas que l’une ou l’autre langue dispose d’artifices linguistiques plus forts pour contester, mais des écrivains venus d’horizons culturels différents, défendant des idéaux culturels quasi semblables, et confrontant leurs moyens, confrontaient en fait aussi leurs fins ! Voilà déjà délimitée ce qui sera une constante de la production culturelle algérienne d’expression française dès ses débuts. Et c’est ce qui conforte notre idée de sa thématique contestataire. Qu’on le veuille ou non, il y a une différence substantielle entre la contestation sous l’occupation française et celle voyant le jour sous l’Etat Algérien, indépendant, arabe et musulman. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi, pour la confection du présent article, de ne traiter les thèmes contestataires que jusqu’à l’Indépendance. Cette période représentant donc une recherche préparatoire à ce que nous souhaitons développer plus tard. Il est donc aisé de deviner que cet article n’est qu’une ébauche de la première des trois parties que comprendra notre réflexion et dont l’économie s’articulera autour de thèmes traitant successivement du contexte général de la naissance de la production culturelle et littéraire algérienne de langue française, des prémices de la contestation, et enfin de la forme précise et affirmée qui avait transformé la contestation velléitaire en revendications nationalistes sans équivoque. La contestation culturelle n’étant pas un acte de communication sous forme d’expression esthétique immédiate, elle ne peut donc être qu’une réaction, suscitée par des facteurs politiques, socio-économiques ou culturels. Naissance de la communication culturelle d'expression française - 21 - N° 13, Septembre 2013 Il se pourrait aussi que ce soit les trois types de facteurs ensemble, comme c’est souvent le cas. Le roman, par exemple, la dissout dans la trame de sa fiction pour qu’elle rejaillisse dans son habit d’esthétique. En cela, le roman se distingue de l’essai qui, lui, ne souffre pas les détours sinueux de la fiction et leur préfère l’intelligence claire. Ainsi nous prenons acte des thèmes critiques et contestataires dans l’essai, cependant que nous sommes astreints à les reconstituer dans le roman et le théâtre. En vérité, qu’il s’agisse de reconstituer la thématique contestataire, voilà ce qui sans conteste révèle une singularité. Alors que l’essai dénote peut-être le courage extraordinaire de son auteur ou une situation de grande paix et de liberté civile, ou bien toute autre situation dans laquelle l’auteur ne craint pas de représailles, le roman ou le théâtre dont le but est contestataire, montre, par cela même qu’il recourt aux artifices de la fiction et aux détours langagiers, que l’expression libre lui est contingentée ou interdite. Ce point est très important à rappeler pour rendre justice aux écrivains contestataires, à qui il arrive parfois de fuir dans le temps comme dans l’espace, espérant ainsi fausser le plus d’indices qui les mettraient en rapport avec leur temps et leur lieu. Ainsi "El Euldj" de Chukri Khodja qui inverse carrément les tenants des problèmes culturels et politiques posés dans l’Algérie de son temps. Les poser autrement aurait été plus efficace, mais aussi d’une folle audace. Technique de communication oblige. Formules laudatives et constats élogieux de la civilisation française ne manquent ni chez Ould Cheikh, ni encore moins chez Chukri Khodja. Le contexte politique, socio-économique et culturel dans lequel naquît, par exemple, le roman algérien de langue française, est lui-même un incitateur à la contestation. Pouvoir colonial de fait et de droit depuis 1830, ségrégationniste et niant la réalité culturelle des Algériens d’alors. Un parti politique nationaliste avait déjà vu le jour au début des années vingt, spécifiquement algérien depuis 1926. Et comme le roman, qui Dr Hadj Dahmane - 22 - Revue Annales du patrimoine avait fait sienne la forme du roman colonial, l’ENA de Messali Hadj avait emprunté la forme de la lutte partisane moderne. Mais le discours nationaliste direct de ce parti n’était possible que parce qu’il avait vu le jour et s’était développé dans la France métropolitaine de la Troisième République, dont les musulmans d’Algérie n’étaient d’ailleurs pas citoyens. Dans la colonie, le vent ne soufflait que d’un côté et les Arabes n’étaient là que pour servir, dans leur grande majorité, quasi-gratuitement les colons, à qui ils étaient, du reste, sujets d’exotisme et d’orientalisme. Dans cette misère écrasante, l’instruction scolaire était l’institution appropriée pour conforter et consolider les bases de la colonisation. Pour ceux des Algériens qui avaient la chance de s’asseoir sur les bancs de l’École Française assez longtemps pour penser à la culture et à la littérature, contester, quoique ce fût, fût considéré comme une félonie, tant la "mission civilisatrice" française était le fer de lance de l’administration coloniale. Et pour ne pas être félon, il fallait embrasser corps et âme la mission civilisatrice : l’unique salut était donc dans l’Etre-Autre. C’était là, violenter une réalité historique et culturelle évidente. Une réalité linguistique, religieuse, traditionnelle, montrait un clivage ethnique que la "mission civilisatrice" ne cessait de rendre encore plus net. Etre l’Autre était donc aussi une félonie et une absurdité. On doit, par conséquent, rester Soi-Même, ou revenir vers Soi- Même. Voilà ainsi le problème posé par des romanciers comme Chukri Khodja ou encore Mohamed Ould Cheikh. Il ne faut pas être l’Autre ; ce n’est d’ailleurs pas possible. C’est ici que le facteur religieux est le plus déterminant : le salut de l’âme passe bien avant celui de la cité. L’Islam est ainsi présenté comme le vecteur essentiel d’une culture dont les confins se confondent avec lui depuis plus d’un millénaire. Cela suffit pour illustrer le hiatus infranchissable entre le Moi et l’Autre, dont la séparation se fera en 1962 par l’indépendance Naissance de la communication culturelle d'expression française - 23 - N° 13, Septembre 2013 totale de l’Algérie. Mais auparavant, il importait de faire un pas plus en avant dans la question. Après la Seconde Guerre mondiale, en effet, la question : "comment sommes-nous ?" de Mouloud Feraoun, par exemple, ou pour rappeler des propos de ce dernier, "sur quelle chaise sommes-nous assis ?" ou de Mouloud Mammeri, s’était substitué à la question : "qui sommes-nous ?". On dirigeait alors le projecteur sur une réalité rendue répréhensible par l’Autre, sans toutefois aboutir à ce que la scission totale entre le Moi et l’Autre fût la condition de la résurrection du Soi-Même dans sa pleine expression culturelle. A ce stade, la contestation n’existait d’ailleurs qu’en filigrane, tant que le dialogue demeurait possible entre "gens de bonne foi et de bonne volonté". Le pas sera franchi par Mohamed Dib et Kateb Yacine. uploads/Litterature/ dr-hadj-dahmane-naissance-de-la-communication-culturelle-d-x27-expression-francaise-en-algerie.pdf

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