CLIO. Histoire, femmes et sociétés 18 (2003) Mixité et coéducation ............
CLIO. Histoire, femmes et sociétés 18 (2003) Mixité et coéducation ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Michelle Zancarini-Fournel Histoire(s) du MLAC (1973-1975) ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Michelle Zancarini-Fournel, « Histoire(s) du MLAC (1973-1975) », CLIO. Histoire, femmes et sociétés [En ligne], 18 | 2003, mis en ligne le 04 décembre 2006, consulté le 01 avril 2013. URL : http://clio.revues.org/624 ; DOI : 10.4000/clio.624 Éditeur : Presses universitaires du Mirail http://clio.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://clio.revues.org/624 Document généré automatiquement le 01 avril 2013. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. T ous droits réservés Histoire(s) du MLAC (1973-1975) 2 CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 18 | 2003 Michelle Zancarini-Fournel Histoire(s) du MLAC (1973-1975) Pagination de l’édition papier : p. 241-252 1 Près de trente ans après la promulgation de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse (janvier 1975), vingt ans après qu’Anne-Marie Devreux et Michelle Ferrand-Picard aient établi, dans un numéro spécial de La Revue française de sociologie consacré à « la libéralisation de l’avortement», une chronologie précise des événements et des prises de position dans le cadre des différentes commissions parlementaires ou dans le débat public 1, que peut-on dire de neuf sur le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (désormais MLAC), créé en avril 1973 ? De nombreuses publications – témoignages d’actrices ou analyses distanciées – ont replacé l’histoire de ce groupe dans celle du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) 2. L’action spécifique du MLAC, au moment décisif de la discussion des projets de loi sur l’interruption volontaire de grossesse en 1973-1974, a été souvent sous-estimée ; ses problèmes internes ont été, eux, surestimés, sans que l’action précise du MLAC et son implantation nationale aient été envisagées 3. Danièle Voldman cependant, dans le commentaire du dossier de presse consacré à « La Bataille de l’avortement» a souligné précocement la spécificité du MLAC 4. 2 L’étude qui suit s’appuie sur de nouvelles sources : les archives internes du MLAC 5 et les archives du ministère de l’Intérieur 6. Elle envisage aussi un point de vue qui permet d’ouvrir de nouvelles problématiques. La généalogie du MLAC est en effet à resituer dans l’histoire des » années 68», dénomination de la séquence historique du « temps de la contestation» 7. Observer par ailleurs la diversité des comités et s’intéresser aux adhérentes du MLAC – 15 000 femmes au minimum 8 – permet d’examiner la spécificité de cette association, tout en minimisant une histoire purement organisationnelle et groupusculaire. En effet le MLAC, à la fois cartel d’organisations et regroupement d’individu/e/s « ordinaires» et de militant/e/s de toutes les tendances de la gauche et de l’extrême-gauche, présente des facettes très diverses selon les lieux. Déplacer le regard du centre (Paris) vers les périphéries (provinciales) permet d’historiciser d’autres pratiques. Il faudra souligner enfin, outre l’expérience d’une nouvelle forme de militantisme de certains médecins, selon le modèle de « l’intellectuel spécifique» défini par Michel Foucault, la mutation en cours dans la gestion du social avec l’assomption de deux figures : celle du juriste – juge ou avocat – et celle de l’expert – ici le corps médical. Généalogie du MLAC 3 « Le MLAC n’est pas né de rien» écrit, en 1988, celle qui fut la Présidente de l’association, l’avocate Monique Antoine 9. Les conséquences de cette apparente évidence doivent être soulignées. Sans revenir sur l’histoire des Années Beauvoir 10, il faut s’interroger sur le contexte politique et social général du post-68. Le combat du mouvement féministe pour l’avortement et la contraception s’inscrit dans un climat global de contestation rampante qui touche l’ensemble de la société française – lycéens, étudiants, paysans, salariés, ouvriers, femmes, régionalistes et écologistes – contestation orchestrée par des minorités politiques agissantes et visibles dans l’espace public. La volonté de profondes réformes exprimée en mai-juin 1968 a été, à des degrés divers, digérée par les partis politiques : l’échec de la tentative réformiste de la Nouvelle Société avancée par le gouvernement de Chaban-Delmas conduit à une droitisation de la présidence de Georges Pompidou ; le parti socialiste, refondé à Épinay en 1971, signe un programme commun d’union de la gauche en 1972. Au printemps 1973, au moment même où est fondé le MLAC, en même temps que l’espérance – déçue – d’une victoire de la gauche aux élections législatives, se développent un large mouvement lycéen et des grèves d’OS qui paralysent la production d’automobiles, symbole de la consommation de masse des Trente Glorieuses. 4 De son côté, le Mouvement de Libération des Femmes (MLF), mouvement non mixte dès le départ, contribue depuis 1970, par des actions spectaculaires et provocatrices, utilisant Histoire(s) du MLAC (1973-1975) 3 CLIO. Histoire, femmes et sociétés, 18 | 2003 la chambre d’écho que représentent les médias, à dissocier dans les esprits procréation et sexualité 11. L’affirmation de la liberté et du droit à une orientation sexuelle autre que l’hétérosexualité dominante s’énonce et se diffuse lentement. Sur la question même de l’avortement, les débats qui se nouent entre 1970 et 1975 développent une dialectique entre légalité – par le biais des travaux des commissions parlementaires sur les différents projets de lois avec les auditions d’experts, sociaux, religieux et politiques 12 – et illégalisme, dialectique non spécifique aux questions d’avortement et de contraception, mais propre à la période. Avec le célèbre procès de Bobigny en 1972, surgit aussi sur la scène publique la question du droit et de la justice, lancée par la création du Syndicat de la Magistrature en juin 1968. 5 La discussion fait dériver le débat, de la dénonciation – parfois misérabiliste – des avortements clandestins propre aux années 1960 à la dialectique contraception/avortement et au droit. Une forme d’intervention spécifique est par ailleurs mise en œuvre par des étudiants en médecine et des médecins – dont un certain nombre contestaient l’adhésion obligatoire au Conseil de l’Ordre créé sous Vichy –, regroupés dans le Groupe Information Santé (GIS) constitué en 1972 sur le modèle du Groupe Information Prisons (GIP) fondé en 1971 par Michel Foucault, Jean-Marie Domenach et Pierre Vidal-Naquet 13. A la rentrée 1972, certains médecins, membres du GIS, se sont initiés à la méthode Karman, nouvelle méthode d’avortement par aspiration, pratiquée aux États-Unis sans anesthésie et sans dilatation 14. Ils pratiquent, plus ou moins clandestinement, plusieurs centaines d’avortements avec cette méthode. Le 3 février 1973, 331 médecins rendent public un manifeste, dont la parenté avec celui des 343 femmes d’avril 1971 est évidente : » Nous voulons que l’avortement soit libre. La décision appartenant entièrement à la femme, nous refusons toute commission qui la contraint à se justifier, maintient la condition de culpabilité et laisse subsister l’avortement clandestin (...) 6 Les médecins soussignés : 7 – déclarent pratiquer des avortements ou aider, selon leurs moyens à ce qu’ils soient réalisés en dehors de tout trafic financier ; 8 – s’engagent solennellement à répondre collectivement de leur action devant toute autorité judiciaire et médicale ainsi que devant l’opinion publique». 9 Le gouvernement, par la voix du ministre de la justice, fait savoir immédiatement que la législation doit évoluer, mais le premier ministre déclare qu’» on ne peut trancher à la hâte et dans l’agitation d’une période préélectorale», tout en ordonnant une enquête auprès des préfets, pour connaître le point de vue de l’opinion publique française. Le Conseil de l’Ordre des médecins réagit le 6 février 1973 en publiant un communiqué qui s’oppose à tout changement : « Le Conseil de l’Ordre rejette tout rôle du corps médical tant dans l’établissement des principes (des avortements pour convenances personnelles) que dans leur décision et leur exécution ; met en garde le législateur contre toute mesure libéralisant l’avortement, au mépris du risque de détérioration de l’éthique médicale et de ses conséquence. En cas de libéralisation de l’avortement, le législateur devrait prévoir des lieux spécialement aménagés à cet effet (avortoirs) et un personnel d’exécution particulier». 10 L’Ordre des médecins reste sur cette position jusqu’en janvier 1975. En effet, il faut près de deux années pour aboutir à une loi dont une nouvelle rédaction est préparée à partir de l’été 1974 par le ministre de la santé, madame Simone Veil. Entre temps, la pratique illégale des avortements s’est diffusée. Après le MLF, qui a impulsé la contestation, le GIS et le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) uploads/Litterature/ zancarini-fournel-histoire-s-du-mlac-1973-1975.pdf
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- Publié le Dec 05, 2021
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