ISSN 1163 – 1422 Désexisation et parité linguistique: le cas de la langue franç

ISSN 1163 – 1422 Désexisation et parité linguistique: le cas de la langue française Ateliers 3 et 30 dans le cadre du 3ème Colloque international des recherches féministes francophones Université Toulouse II – Le Mirail 20 et 22 septembre 2002 Les propos, est-il nécessaire de le rappeler, n’engagent que leurs auteures. Coordination Véronique Perry Lectures et relectures Véronique Perry, Nicole Décuré Mise en page Véronique Perry, Nicole Décuré - 2 - Sommaire Véronique Perry Pour une épistémologie du genre en linguistique de langue française............. 5 Partie 1 Le féminin en marche dans les communautés de langue française Thérèse Moreau Écrire les genres: nouvelles d’Helvétie............................................................ 13 Sylvie Durrer Pratiques et enjeux de la féminisation des désignations de personnes dans le discours médiatique de Suisse romande......................................................... 23 Céline Labrosse La rédaction non sexiste au Québec: le cas de la Fédération des professionnèles................................................................................................ 41 Louise-L. Larivière Variation et féminisation linguistique ............................................................... 47 Hélène Dumais Une pratique quotidienne: la rédaction non sexiste......................................... 57 Partie 2 Les obstacles à l’émergence de la parité linguistique Edwige Khaznadar Le masculin dit générique: mythe et langue.................................................... 67 Fabienne H. Baider Métaphores animales ou l’imparité dans l’insulte............................................ 87 Dolores Sanchez La question linguistique et le genre: paradoxes d’une rencontre.................. 107 Véronique Perry Bicatégorisation et colonialisme linguistique: les enjeux du Queer............... 117 Partie 3 Genre, langue, matérialisme et psychanalyse Claire Michard La notion de sexe dans le langage: attribut naturel ou marque de la classe de sexe appropriée? L’exemple du genre en linguistique .................................. 129 Éliane Pons La sexuation selon Lacan ............................................................................. 143 Jackie Schön Norme et usages linguistiques en relation avec la variable sexuelle ............ 153 Bibliographie.................................................................................................. 163 - 3 - Introduction Pour une épistémologie du genre en linguistique de langue française Deux ans après le 3ème colloque international de la recherche féministe francophone, organisé sur le campus de l’université de Toulouse-Le Mirail et où s’étaient réunies, du 17 au 22 septembre 2002, plus de 800 personnes pour échanger autour des axes “ruptures, résistances, utopies”, voici qu’enfin paraît, grâce au soutien de l’ANEF et de sa secrétaire nationale Nicole Décuré, cette compilation de douze textes écrits par des communicantes de trois ateliers différents. Bien que les neuf premiers textes, composant les deux premières parties de ce numéro spécial, soient issus de communications faites dans l’atelier 3 alors intitulé “Désexisation et parité linguistique dans la francophonie1”, la diversité des approches et des définitions données ici à “genre” (terme simplement porteur de la bi-catégorisation ou proposant de la dépasser), ainsi que l’intégration d’autres perspectives (plus radicales) permettra, je l’espère, de nourrir la problématique du croisement “genre et langage” en langue française. Partie 1: Le féminin en marche dans les communautés de langue française La première partie de cet ouvrage est constituée des interventions faites le mardi 17 septembre 2002, lors de la séance intitulée “Le féminin en marche dans la francophonie”, cette première séance de l’atelier 3 ayant été présidée par Edwige Khaznadar sous sigle WIF – Women In French. Cette séance a donné lieu à des communications proposant un état des lieux de la pratique de la féminisation/désexisation en langue française. Les textes de Thérèse Moreau et Sylvie Durrer2 sur les pratiques langagières en Suisse ouvrent la présente publication. 1 Le terme “francophonie”, dont il a été rappelé, à plusieurs reprise lors du colloque, qu’il pouvait induire une perspective colonialiste, a été finalement abandonné dans les titres de cet ouvrage au profit de tournures privilégiant l’expression “langue française”. De plus, les études présentées ici ne concernent malheureusement que des communautés francophones de l’hémisphère nord. 2 Tous les textes m’ont été remis entre janvier et septembre 2003. Je remercie leurs auteures de leur patience face aux délais. Le texte de Sylvie Durrer ne correspond pas à la communication qu’elle avait proposé à Toulouse: il a été écrit suite à son intervention lors de la journée d’étude “Pour l’usage d’une langue non sexiste dans la communication administrative à l’université”, organisée par le Centre Louise Labé avec le concours des écoles doctorales ECLIPs et Humanités, le mercredi 28 avril 2004 à l’Université Lumière Lyon 2. Je tiens à la remercier personnellement pour sa collaboration “de dernière minute” à la présente publication. La présentation détaillée des textes dans cette introduction est inspirée ou adaptée des résumés de communication fournis par les auteures, sauf pour Sylvie Durrer, Claire Michard et Jackie Schön. [En ligne: http://www.univ-tlse2.fr/agenda/2002-09- simone/resumes.pdf]. - 4 - Dans “Écrire les genres en Suisse romande”, Thérèse Moreau rappelle qu’après l’édition à Genève en 1991 et la réédition en 1999 du Dictionnaire féminin-masculin des professions, des titres et des fonctions, la rédaction épicène – non sexiste – des textes administratifs et législatifs est en train de se mettre en place en Suisse romande. La nouvelle constitution fédérale helvétique, entrée en vigueur en 2000, tient compte dans ses grandes lignes des principes de la formulation non sexiste, y compris en français. Les principes en question, présentés ici, sont exposés dans Écrire les genres – Guide d’aide à la rédaction administrative et législative épicène, paru en 2001, qui répond dans un esprit de logique et de simplicité aux interrogations déontologiques, lexicales et syntaxiques que se posent juristes, légistes, enseignantes et enseignants, et toute personne intéressée par l’adéquation de l’usage linguistique à la mise en œuvre de l’égalité de droit et de fait entre les femmes et les hommes. L’article de Sylvie Durrer, “Pratiques et enjeux de la féminisation des désignations de personnes dans le discours médiatique de Suisse romande” a pour cadre une recherche sur la place des femmes et des hommes dans le discours journalistique romand. Sa recherche s’articule autour de deux volets: les femmes et les hommes comme objets du discours et les hommes et les femmes comme sujets de discours. Dans “La rédaction non sexiste au Québec: le cas de la Fédération des Professionnèles”, Céline Labrosse montre que la recherche d’un langage non sexiste semble répondre à des attentes de nombreuses constituantes de la société québécoise, si l’on en croit les multiples pratiques en émergence qui interrogent la traditionnelle perspective androcratique de la grammaire française. Cet exposé présente la politique grammaticale adoptée, en décembre 2001, par une fédération de syndicats, la Fédération des professionnèles (désignée telle depuis 1998; auparavant appelée la Fédération des professionnelles et professionnels salarié-es et des cadres du Québec). Dépassant toute vision figée et homogénéisante de la langue, les propositions mises en avant s’inspirent des tendances récentes observées dans les milieux communautaires, syndicaux et féministes notamment, et elles mettent en valeur la combinaison de multiples procédés qui, tour à tour, selon les contextes et facteurs en présence, font éclater la saisissante potentialité de la langue française. Comme si, une fois écartées les ornières d’une grammaire immobiliste, pouvait enfin poindre une langue française dynamique, évolutive et ouverte à la variation. C’est justement ce que montrent les recherches de Louise Larivière, présentées dans “Féminisation linguistique et variation”, car il existe des divergences dans la façon de féminiser les noms communs de personne, tant d’une communauté francophone à une autre qu’à l’intérieur d’une même communauté. Par exemple, la France préfèrera “une commise”, alors que le Québec optera pour l’épicène “une commis”. Il existe également des divergences de traitement dans les ouvrages métalinguistiques dont les dictionnaires. Ainsi, Le Nouveau Petit Robert, à partir de 2000, a choisi de - 5 - traiter comme épicènes les noms en –eur suivants: une professeur, une procureur, une proviseur, une ingénieur. Cette variation linguistique a nécessairement des conséquences sur l’apprentissage de la langue et sur l’intercommunication au sein de la francophonie. Aussi, elle propose: de comparer les usages en vigueur, en matière de féminisation, dans les diverses communautés francophones industrialisées et d’évaluer quels sont les usages susceptibles de s’implanter dans les années à venir, à la lumière des positions prises dans les ouvrages métalinguistiques, soit les grammaires et les dictionnaires. Derrière le titre “Une pratique quotidienne: la rédaction non sexiste”, la communication d’Hélène Dumais s’est apparentée à une mini-session de formation permettant aux participantes et participants d’expérimenter une approche en matière de rédaction non sexiste. Après avoir assisté à un bref exposé des règles adaptées du guide Pour un genre à part entière, les personnes présentes ont été invitées à se pencher sur certains textes pour en produire une version non sexiste. Elles ont dû mettre en application les règles énoncées. Les différentes versions produites ont ensuite été comparées et commentées. L’objectif de cet exercice est de constater les nombreuses possibilités de la langue française à l’égard de la féminisation/désexisation et de mesurer les obstacles à surmonter pour en arriver à une représentation équitable des femmes et des hommes dans les textes et le discours. Partie 2: Les obstacles à l’émergence de la parité linguistique Pour tenter de dépasser ou comprendre ces obstacles à la rédaction épicène en langue française, les communicantes de cette séance ont abordé la problématique du genre par le biais de l’analyse de la domination en sociologie, de l’étude de la métaphorisation animale dont sont objet les femmes, des contradictions de l’analyse féministe sur le croisement “genre et langage”, et enfin de la comparaison de uploads/Litterature/desexisation.pdf

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