Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-G

Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 262 LA BIO-INVASION, LA POLLUTION ET L’EROSION GENETIQUES 1 INTRODUCTION La diversité biologique est le réservoir naturel de toutes les ressources génétiques (animales, végétales et microbiennes) ainsi que les relations qui peuvent exister entre elles. Partant de ce concept fondamental, il devient aisé de comprendre l’intérêt de celle ci dans la pérennité, le développement et l’épanouissement de l’espèce humaine, qui ne peuvent se réaliser durablement sans elle. Les intérêts de la diversité biologique pour l’homme sont innombrables : sources d’oxygène, d’aliments, de médicaments, d’habilles… Toute atteinte à cette diversité ne peut donc que constituer une menace directe pour l’existence de l’homme sur notre planète. Les ressources génétiques, qui sont une partie de la biodiversité, constituent des enjeux considérables pour le développement économique dans différents domaines : agricole, médical, industriel etc. Ces enjeux sont à l’origine de l’acharnement des firmes multinationales occidentales pour l’appropriation de ces ressources avec la mise en place de législations autorisant la brevetabilité du vivant conduisant inévitablement à l’expropriation des populations autochtones de leur droits les plus légitimes sur celles ci. L’objectif avoué par ces grandes puissances étant strictement d’ordre économique par le contrôle de ces ressources. Or, par ce dernier, les puissances en question ne visent-elles pas indirectement le contrôle de la destinée de l’humanité toute entière ? Doit-on se laisser faire ? Pourquoi justement ne pas prendre pour exemple ces firmes pour promouvoir nos ressources génétiques et notre biodiversité en vue d’un développement économique durable ? Notre responsabilité envers la biodiversité en général et les ressources génétiques en particulier est sans doute multidimensionnelle : - Morale : la biodiversité est le meilleur héritage que l’on puisse léguer aux générations futures. Avons-nous le droit de les priver de cet héritage ? Certainement pas, bien au contraire, c’est un devoir pour nous que de l’utiliser et de la gérer d’une manière rationnelle afin de la conserver durablement pour ces générations. - Economique : La biodiversité est une source renouvelable de richesses et son utilisation rationnelle dans les programmes de développement économiques ne peut que favoriser sa promotion et donc sa durabilité. - Environnementale : L’environnement physique (eau, air, sol) est le support de la biodiversité, sa protection contre toute sorte d’agressions notamment celles causées par l’homme (pollution chimique, nucléaire…) est le seul garant pour la réduction de la cadence avec laquelle la biodiversité est en train de s’effondrer. L’eau est non seulement le support de la vie, c’est aussi son esprit. Sa rareté et/ou sa pollution ne peuvent qu’accélérer cet effondrement. La relation entre le développement des activités humaines (industries, agriculture intensive, conflits et guerres) et la dégradation de notre environnement n’est plus à démontrer. Les exemples de répercussions catastrophiques, peut être même irréversibles, de ces activités sur l’environnement et sur la biodiversité sont nombreuses, : - Trous observés dans la couche d’ozone, couche protectrice de notre planète contre toute sorte de rayons cosmiques à pouvoir mutagène élevé. Avec la disparition progressive de cette couche, il faut s’attendre à une accélération des rythmes de mutations susceptibles de bouleverser toutes les formes de vie. - Réchauffement de la terre dû à l’effet de serre est une autre réalité qui peut être à l’origine de la réduction de la biodiversité suite à des chamboulements climatiques (conduisant soit à Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 263 la sécheresse soit à des inondations excessives) l’extension des déserts, la réduction des sources d’eau douce ce qui se répercute directement sur la biodiversité. Par ailleurs, la relation qui existe entre le climat, le sol et la diversité biologique est si évidente que l’on ne peut nier l’influence de l’activité humaine comme cause principale des modifications en cours dans les grands équilibres écologiques à l’échelle planétaire. En effet, Desbrosses1 souligne que « Ce n’est pas le climat qui fait le sol, c’est le sol qui fait le climat, comme il fait la vigueur des populations qu’il porte par la diversité et l’équilibre de ses composants. La fatalité des sécheresses sahéliennes, des déserts d’Amérique, d’Asie et d’Europe, des catastrophes climatiques et donc des famines ou des épidémies est avant tout le résultat de l’activité des espèces vivant à la surface du globe, et la première d’entre elles, l’espèce humaine, porte aujourd’hui l’essentiel de cette responsabilité ». Les phénomènes de bio-invasion, de pollution et d’érosion génétiques, ce ne sont que quelques exemples, parmi tant d’autres, découlant d’une activité humaine sans cesse grandissante et conduisant à l’extinction de nombreuses formes de vie. A travers l’effondrement de la diversité biologique, c’est l’espèce humaine qui se met en péril. Comme le disait Ph. Desbrosses1 «c’est une question de choix : la cohérence ou la disparition. Les mêmes erreurs produisent les mêmes maux. Pas plus qu’on ne peut résoudre des difficultés démographiques en procédant à des déportations massives (cas en Asie) on ne peut procéder au viol des règles fondamentales de la nature ». 2 DEFINITION DE CONCEPTS 2.1. Biodiversité Selon la CDB (Convention sur la diversité Biologique, article 2) la diversité biologique représente la "variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces, et entre les espèces et ainsi que celle des écosystèmes". On s’aperçoit ainsi que la biodiversité se situe à trois niveaux différents mais complémentaires : ¾Diversité génétique : correspond à la variation des gènes chez les animaux, plantes, champignons et micro-organismes appartenant à une même espèce (diversité intraspécifique) ou à des espèces différentes (diversité interspécifique). Il existe deux types de diversité génétique : la diversité qualitative et la diversité quantitative. Le premier type de diversité est d’origine purement intrinsèque aux organismes, il correspond à des variations phénotypiques discontinues qui ne peuvent être influencées par le milieu : Par exemple la différence qui existe entre les genres et les espèces. Le second type de diversité est d’origine intrinsèque mais influençable par le milieu. Ce type de diversité correspond à des variations phénotypiques continues. Par exemple au sein de la même espèce, il existe des variations continues entre les individus selon le milieu dans lequel ils vivent. La diversité génétique est l’élément fondamental de la biodiversité. ¾Diversité des espèces : fait référence à la variation et à la différenciation des espèces. La diversité des espèces est la forme exprimée de la diversité génétique discontinue, c'est-à-dire la diversité qualitative. Celle-ci s’exprime sous forme phénotypique dont 1Desbrosses Ph., 1990- La terre malade des hommes, éditions du Rocher. France. Expert Consultant Dr. Abdelguerfi A. 2002/2003 Coordonnateur M. Ramdane S.A Bilans des Expertises sur « Menaces pesant sur la diversité biologique » MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 264 la variation est strictement sous contrôle génotypique. L’environnement n’exerce aucun effet au niveau de cette forme, sauf en cas de pressions évolutives majeures conduisant à l’apparition de mutations adaptatives pour les nouvelles conditions de milieu. La diversité des espèces est donc étroitement liée à la diversité génétique. ¾Diversité des écosystèmes : concerne les différents habitats avec l’ensemble des ses composantes (biotiques et abiotiques ainsi que les différentes relations qui peuvent exister entre elles). Les relations entre êtres vivants sont très complexes, elles peuvent être d’ordre trophique (chaînes alimentaires, symbioses, parasitismes…), génétique (flux de gènes)... Les relations milieu-êtres vivants ont également une importance capitale dans l’expression de la biodiversité. En effet, la diversité génétique continue (de type quantitatif) est à la fois sous le contrôle des gènes, du milieu, et de l’interaction génotype x milieu. La formule phénotypique pour un caractère génétique quantitatif donné s’écrit : P(phénotype)= G(génotype)+E(milieu)+GxE (interaction génotype-milieu) La variation phénotypique dans ce cas s’écrit : ı2 P= ™ı2 G + ı2E+ ı2GxE Ce qui signifie que la variation phénotypique d’un caractère quantitatif et la somme des variations génétiques + les variations du milieu + plus les variations de l’interaction génotype milieu. Ainsi, nous pouvons conclure que tout changement dans le milieu peut affecter l’expression phénotypique des caractères génétiques. En d’autres termes, l’habitat constitue le support de la vie. Tout atteinte à son équilibre ne peut que se répercuter défavorablement sur l’ensemble des êtres qu’il abrite. L’extrapolation peut être aussi faite à l’ensemble de notre planète, qui a connu et continu de connaître des agressions multiples et successives se soldant par des catastrophes irréversibles accompagnées de la disparition de toutes les formes de vie. Parmi les exemples les plus frappants, la Mésopotamie, qui, jadis passait pour être un jardins merveilleux n’est aujourd’hui qu’un champ de ruines, sans doute le plus vaste de notre planète. Comme le disait Desbrosses (1990)1 dans son livre (la planète malade des hommes) « des multitudes humaines et riches civilisations peuplant les vallons de cette région mythique, ne subsiste aujourd’hui qu’une poignée de nomades (moins d’un habitant au km2) qui cheminent sous des vents les plus brûlants et les plus blessants du globe. La terre ayant perdue sa fertilité, l’homme continue uploads/Litterature/la-bio-invasion-la-pollution-et-l-x27-erosion-genetiques.pdf

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