Existe-t-il une «science du bonheur» ? La révolution de la psychologie positive

Existe-t-il une «science du bonheur» ? La révolution de la psychologie positive Après avoir été le grand spécialiste de «l'impuissance apprise» - ce cercle vicieux typique de la dépression, qui résulte des échecs et sape de plus en plus la capacité de rebondir -, Seligman affirme désormais que les évolutions bénéfiques sont possibles : on peut s entraîner à voir le verre à moitié plein, se forger une solide confiance en soi, apprendre à éprouver empathie, curiosité, bienveillance ou paix. On peut devenir une personne heureuse. Certains sont plus doués que d'autres. Des études menées sur 4 000 paires de jumeaux (vrais et faux, élevés ensemble ou séparément) confirment l'existence de prédispositions à la joie ou à la déprime. Mais, première surprise, le tempérament n'est lié à l'héritage génétique qu'à hauteur de 50%. Deuxième surprise : les variables dites «externes» (être beau ou laid, riche ou pauvre, jeune ou vieux, fort ou faible, etc.) ont encore moins d'impact, car elles ne déterminent que 10% de notre «capital bonheur». Les 40% restants, c'est la part cruciale, car elle doit tout au «facteur personnel», c'est-à-dire à notre façon de penser et d'agir. Si l'on veut augmenter son capital bonheur, c'est sur ce point qu'on doit faire porter l'effort. De l'effort, il en faudra. Car il faut d'abord se libérer d'une foule de stéréotypes, véritables «pièges anti-bonheur inconscients» détaillés par Thomas d'Ansembourg (1). Songeons par exemple à l'effet vénéneux du mythe d'Adam et Eve chassés du paradis terrestre, enfermés dehors - et nous avec eux. Il faut cesser de croire que le bonheur est affaire de chance ou de destin. Renoncer à le chercher obstinément là où il ne peut se trouver - dans une nouvelle voiture, un nouveau job, un nouvel amour. Car toutes les aubaines qui nous «tombent dessus» sont inexorablement grignotées par un phénomène sournois baptisé «adaptation hédonique» : quoi que nous fassions, nous nous habituons à la vitesse de l'éclair à toute amélioration de notre sort et, l'euphorie première évanouie, nous revenons à notre point de départ. Seule solution pour trouver un bonheur durable : appliquer une stratégie adaptée à notre personnalité et à notre style de vie et la faire varier pour éviter l'usure hédonique. Là encore, les chercheurs ont concocté des instruments de mesure pour s'auto-évaluer, apprendre quelles sont nos principales forces de caractère à développer (2), et un vaste choix d'exercices adaptés aux différents tempéraments. Sonja Lyubomirsky (3), qui dirige un labo de psychologie positive à l'Université de Californie, a mis au point douze stratégies pour devenir heureux. Comme celle, capitale aux yeux des psychologues positifs, qui consiste à exprimer sa gratitude, à s'émerveiller, à apprécier ce qu'on a, à se réjouir de ce qu'on vit. Autre stratégie : éviter de se comparer à autrui. Une troisième : pratiquer de petits actes de générosité, apprendre à pardonner... Ou encore cultiver consciencieusement l'amitié. Mais comme dans toutes les thérapies, quelle que soit la stratégie retenue, le secret de la réussite... c'est de, l'appliquer. Ursula Gauthier Le Nouvel Observateur (1)« Etre heureux, ce n est pas nécessairement confortable », Editions de L'Homme, 2004. (2) Les tests ont été traduits en français par Jean Cottraux, « la Force avec soi », Odile Jacob, 2007. (3) « Comment être heureux… et le rester », Flammarion, 2008. uploads/Management/ 10-la-revolution-de-la-psychologie-positive-ii-fr 2 .pdf

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  • Publié le Nov 02, 2021
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