M’Bark OUASHIL Vol1 Issue°1 33 Interaction contrôle interne et contrôle de gest

M’Bark OUASHIL Vol1 Issue°1 33 Interaction contrôle interne et contrôle de gestion : contribution au débat à travers le cas d’un établissement public Interaction contrôle interne et contrôle de gestion : contribution au débat à travers le cas d’un établissement public M’Bark OUASHIL Doctorant à l’ENCG Marrakech, Université Cadi Ayyad, Maroc Groupe de Recherche en Gestion des Organisations ouashil@gmail.com Résumé : Le présent article est une contribution au débat autour de la relation entre le contrôle de gestion et le contrôle interne et ce, à travers le cas d’un établissement public marocain. Il en ressort que les deux processus partagent les mêmes objectifs, notamment la maîtrise des activités de l’organisation et l’amélioration de ses performances. Cependant, l’existence des zones de recoupement ne doit pas être confondue avec les rôles de chaque processus de contrôle. En effet, il y a lieu de noter certains points de divergence entre les deux processus notamment en termes de contribution à la définition de la stratégie et la fixation des objectifs de l'organisation. Mots clés : contrôle de gestion, contrôle interne, établissement public, performance, étude de cas Abstract: This article aims to contribute to the debate around the relationship between internal control and management control through the case of a Moroccan public institution. In fact, the two process share the same objectives including control activities of the organization and improving its performances. However, the existence of the overlap area should not be confused with the roles of each organizational control process. Indeed, there are a number of differences between the two process in terms of strategy definition and setting the organization's objectives. Keywords: Management control, internal control, public institution, performance, case study M’Bark OUASHIL Vol1 Issue°1 34 Interaction contrôle interne et contrôle de gestion : contribution au débat à travers le cas d’un établissement public INTRODUCTION L’étude des relations entre les différents modes de contrôle1 qui coexistent au sein d’une même organisation, est l’une des problématiques posées dans la littérature relative au contrôle organisationnel (OTLEY, 1980 ; EMMANUEL et al., 1985 ; BURLAUD, 2000, GERMAIN, 2005 ; VAASSEN et al., 2009 ; OUASHIL et OUHADI, 2016). Certains chercheurs partent de l’étude de l’expression « contrôle » qui recouvre ces différents modes de contrôle (BATAC et CARSSUS, 2005). Sur le plan sémantique, le terme « contrôle » est la traduction du terme anglo-saxon « control », dans lequel le verbe « to control » renvoie au sens du « maîtrise ». Alors qu’en français, il est utilisé dans le sens de la « surveillance » (BOUQUIN, 2005). Dans le contexte des organisations publiques, le mot « contrôle » admet trois sens (SANTO et VERRIER, 1997). Le premier est la vérification, l’inspection et l’évaluation, qui implique une intervention a posteriori de l’exécution d’une opération. Le deuxième renvoie à la surveillance/la supervision qui qualifie une action permanente. Et enfin, le contrôle est vu comme la maîtrise des évènements, des actions et des comportements (BOUQUIN et PESQUEUX, 1999). En partant de cette revue sémantique, différents modes de contrôle ont été conçus en vue d’orienter le comportement des acteurs vers l’atteinte des objectifs de l’organisation, en l’occurrence le contrôle de gestion et le contrôle interne. Ces deux processus de contrôle sont souvent mises en œuvre d'une façon isolée. Ils permettent de s'assurer de l'efficacité et de l'efficience des ressources mobilisées et utilisées pour l'atteinte des objectifs de l’organisation (ANTHONY, 1965 ; COSO, 2013). Cependant, l’existence des zones de recoupement ne doit pas être confondue avec les rôles de ces processus de contrôle organisationnel (OUASHIL et OUHADI, 2016). En effet, il y a lieu de noter certains points de divergence entre les deux processus, notamment en termes de définition de la stratégie et de la fixation des objectifs de l'organisation. Dans ce sens, le présent article vise à contribuer au débat autour de la question de la relation, voire de l’interaction entre le contrôle interne et le contrôle de gestion dans le cas d’un 1 Dans la littérature, il y a d’autres expressions utilisées pour désigner les modes de contrôle, telles que «styles de contrôle » (PETITJEAN, 2001), modes de contrôle (CHIAPELLO, 1996), modes de convergence des buts (FIOL, 1991), mécanismes de coordination (MINTZEBERG, 1982)…etc. En s’appuyant sur les travaux de P. Lorino (cité dans BURLAUD, 1997), nous dirons que les modes de contrôle sont des systèmes de pilotage mis en place par un les managers visant à définir ou orienter les comportements des acteurs au sein d’une organisation. M’Bark OUASHIL Vol1 Issue°1 35 Interaction contrôle interne et contrôle de gestion : contribution au débat à travers le cas d’un établissement public établissement public. La réponse à cette question centrale passe par l’étude de ses questions dérivées : Comment le contrôle interne et le contrôle de gestion sont perçus au sein de l’organisation publique ? Quels sont leurs outils et leurs rôles ? Quelles interactions entre les deux processus ? En effet, l’objectif poursuivi est l’étude des spécificités du contrôle interne et du contrôle de gestion dans un contexte public, et les interactions entre les deux processus. Pour ce faire, nous allons opter pour une approche qualitative, en procédant à des entretiens semi directifs avec des personnes relevant de différents services intervenant dans le processus de contrôle. Ainsi, nous allons collecter la documentation disponible en interne et en externe de l’Office. Pour présenter les résultats de notre cas, nous allons commencer par une revue de littérature autour du concept « contrôle » et ses processus à savoir : le contrôle de gestion et le contrôle interne. Nous allons exposer ensuite les points de convergence et de divergence entre les deux processus. La deuxième partie de notre article sera consacrée au cas empirique en commençant par nos choix méthodologiques et une présentation du cas étudié, pour finir par la présentation et la discussion des résultats. I. CONTROLE DE GESTION ET CONTROLE INTERNE : UNE APPROCHE INTERACTIONNISTE Avant d’exposer les différents points de convergence et de divergence entre le contrôle de gestion et le contrôle interne, il est nécessaire de définir les deux processus. 1.1. Les différentes conceptions du contrôle organisationnel Depuis les travaux d’ANTHONY (1965), HOFSTEDE (1967), OUCHI (1979), LEBAS (1980), HOPWOOD (1974), CHIAPELLO (1996), etc., le contrôle organisationnel est considéré comme un système d’influence des comportements des individus (les opérationnels), en vue d’appliquer les orientations de la direction (la stratégie). Il s’agit d’un système sur lequel les dirigeants s’appuient pour maitriser le processus décision-action-résultat (BOUQUIN, 1994). Cette vision du contrôle est considérée classique, dans la mesure où il réduit le contrôle à un système intermédiaire entre la stratégie et les activités opérationnelles. En effet, d’autres travaux fondamentaux suivront, notamment ceux de Simons (1991, 1994, 1995). Cet auteur a proposé une nouvelle grille de lecture des systèmes de contrôle dans les organisations. M’Bark OUASHIL Vol1 Issue°1 36 Interaction contrôle interne et contrôle de gestion : contribution au débat à travers le cas d’un établissement public Simons (1995) voit le contrôle comme « les processus et procédures formels fondés sur l’information que les managers utilisent pour maintenir ou modifier certaines configurations des activités de l’organisation ». Il a identifié deux systèmes de contrôle : un système surveillé de près par les managers, il s’agit d’un système interactif assimilé au contrôle de gestion (GIBERT, 2002 ; BATAC et CARSSUS, 2005). Le deuxième est un système dont la surveillance est déléguée, ce sont des systèmes diagnostiques. Ce mode de contrôle centre l’attention sur les incertitudes stratégiques (GIBERT, 2002) De ce qui précède, différentes typologies des systèmes de contrôle dans les organisations ont été développées. Nous notons donc, le contrôle de gestion et le contrôle interne, que nous présenterons par la suite, ont comme finalité l’influence des comportements des acteurs dans l’organisation. Ces deux processus sont parmi les instruments du nouveau management public. 1.2. Le contrôle de gestion : du modèle financier au modèle de pilotage Le contrôle de gestion est une pratique existante au sein des entreprises industrielles depuis 1815 sous divers aspects (RENARD et NUSSBAUMER, 2011). Cette pratique a été conceptualisée, théorisée et développée pour s’adapter aux organisations contemporaines différentes de celles qui prévalaient à l’époque de Taylor et Fayol. Dans sa conception traditionnelle, le contrôle de gestion est positionné comme l’intermédiaire entre la planification stratégique et les activités opérationnelles, en veillant à la bonne utilisation des ressources. C’est « le processus par lequel les dirigeants s'assurent que les ressources sont obtenues et utilisées avec efficacité et efficience pour réaliser les objectifs de l'organisation » (ANTHONY, 1965). Cette vision suppose la définition préalable des objectifs. Le manager contrôle les ressources obtenues et utilisées par les autres individus pour atteindre ces objectifs. Dans cette conception, les outils de contrôle de gestion sont de deux catégories. La première intègre des méthodes ayant pour objectif l'analyse des coûts et des marges par produits et par activité. Il s’agit de la comptabilité analytique. La deuxième comprend des méthodes de planification et de gestion budgétaire (tableau de bord, reporting, contrôle budgétaire). La conception classique du contrôle de gestion correspond à la logique de pilotage financier (LORINO, 1997). Elle se uploads/Management/ 2-v1n1-mjbs-33-53.pdf

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  • Publié le Fev 07, 2022
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