Note n° 2011-022 ` mars 2011 Inspection générale de l’Education nationale Missi

Note n° 2011-022 ` mars 2011 Inspection générale de l’Education nationale Mission sur le rôle et l’activité des inspecteurs pédagogiques du second degré Note à Monsieur le ministre de l’Education nationale, de la jeunesse et de la vie associative 2 Mission sur le rôle et l’activité des inspecteurs pédagogiques du second degré Rapporteurs : Ghislaine Desbuissons Annie Lhérété Ghislaine Matringe Raymond Nicodême Gilbert Pietryk Mars 2011 N° 2011-022 3 Le doyen de l’inspection générale a demandé à des correspondants académiques de l’IGEN de procéder à une étude sur le rôle et l’activité des corps d’inspection pédagogique du second degré dans cinq académies. L’enquête a été menée entre novembre 2010 et février 2011 dans les académies de Bordeaux, Nancy-Metz, Nice, Paris et Strasbourg. Conformément au protocole qui a été établi, les inspecteurs généraux y ont rencontré les recteurs, les secrétaires généraux, les IA DSDEN, les directeurs et les conseillers techniques inspecteurs, auditionné de nombreux inspecteurs d’académie inspecteurs pédagogiques régionaux (IA IPR) et inspecteurs de l’éducation nationale de l’enseignement technique et de l’enseignement général (IEN ET EG). Ils ont recueilli divers documents, projets académiques, programmes de travail académique, projets académiques de performance, rapports sur l’état des disciplines et de la spécialité, rapports d’activités, lettres de rentrée, protocoles communs d’inspection, rapports d’inspection individuelle d’enseignants, documents d’appui et de suivi pour la mise en œuvre des réformes, lettres de mission, etc. Les inspecteurs généraux tiennent à remercier l’ensemble des personnes auditionnées pour la qualité de leur accueil et des échanges qui prouvent, s’il en était besoin, combien cette mission correspondait à une attente forte des inspecteurs pédagogiques du second degré. Cette note ne peut restituer toute la richesse des témoignages et des analyses qui ont été entendus. Les inspecteurs généraux se sont efforcés d’en communiquer les éléments essentiels qu’ils ont regroupés en trois grandes rubriques : 1- La contribution des inspecteurs au pilotage pédagogique, 2- Les inspecteurs, les professeurs, les élèves, 3- Inspecteur pédagogique : un métier, des missions. 1 - La contribution des inspecteurs au pilotage pédagogique La notion de « pilotage » dans le champ pédagogique apparaît comme un concept nouveau et assez mal défini pour les inspecteurs, ce mot est commode, passe partout ; il recouvre cependant des réalités diverses selon les interlocuteurs. Cette notion renvoie à différents concepts juxtaposés, en particulier celui d’encadrement, traversés en outre par des réalités territoriales variées. 1-1 Le pilotage pédagogique de la discipline C’est la notion la plus familière pour les inspecteurs, celle qui depuis toujours fonde leur identité professionnelle. Ce pilotage semble tout aussi nécessaire que dans le passé voire davantage, compte-tenu de la forte demande des professeurs, mais il est plus difficile à mettre en œuvre. En effet, d’une part, il ne répond plus à une commande institutionnelle claire en dehors des sollicitations de l’inspection générale de l’éducation nationale (IGEN), d’autre part, il se fond dans une multitude d’autres missions, de nature plus transversale, affichées comme prioritaires. Ce pilotage est pourtant jugé d'autant plus nécessaire par les inspecteurs que les réformes du collège et du lycée se sont accompagnées d'une refonte assez radicale des programmes. Il est essentiel que ces nouveaux programmes soient diffusés, explicités dans leur esprit comme dans leur lettre, d'autant que leur publication en ligne les laisse pour l'heure à l'état de virtualité. C'est là une mission essentielle que seuls les inspecteurs pédagogiques peuvent conduire et qui conditionnera en grande partie le succès ou l'échec des dispositifs mis en place. Les inspecteurs sont donc conduits à s’en emparer en auto- saisine, sans véritable visibilité institutionnelle. Ils la mènent à travers des réunions d’équipes disciplinaires organisées à différents niveaux, les inspections individuelles, des modules de formation soumis à de fortes contraintes budgétaires et, de manière croissante, par des échanges individualisés de plus en plus chronophages à travers la messagerie électronique. Devant la profusion des discours émanant de sources multiples, portant davantage sur les dispositifs nouveaux que sur les contenus, diffusés sans régulation, créant l’illusion d’un savoir protéiforme et d’égale valeur, seuls les inspecteurs semblent à même aujourd’hui de donner de la cohérence au discours pédagogique. Une forme de relativisme général sur les contenus et les méthodes se développe chez 4 les enseignants, rendant plus nécessaire le regard expert des inspecteurs seuls à même d’évaluer l’efficacité des enseignements sur la réussite des élèves. Les inspecteurs doivent, en outre, s’attacher à intégrer la réflexion sur la discipline dans des champs disciplinaires plus vastes, pour accompagner la mise en place de dispositifs transversaux. L’exemple du socle commun de connaissances et de compétences illustre la difficulté de cet exercice, avec un pilotage pédagogique « gigogne » dans lequel s’emboitent tant bien que mal le disciplinaire, l’interdisciplinaire et le transversal. Ce travail conceptuel n’étant que peu mené au niveau national, il revient aux échelons déconcentrés de le réaliser pour aider des enseignants quelque peu désemparés sur le terrain. Or l’exercice n’est pas facile et il est déstabilisant pour les inspecteurs car il les oblige d'une part, à prendre en compte et parfois à entrer en concurrence avec des discours parallèles produits aux niveaux des départements, des bassins, des établissements, d'autre part, à quitter le champ familier de la discipline. 1-2 Le pilotage pédagogique des établissements Depuis la création de l’établissement public local d’enseignement, l’EPLE, la volonté d’accroître l’autonomie pédagogique des établissements s’est sans cesse affirmée et concrétisée dans les dernières réformes des lycées par l’accroissement significatif des marges d’autonomie laissées à l’établissement. Le rôle pédagogique du chef d’établissement est renforcé, en même temps que se développe le concept de « pilotage pédagogique partagé », objet d’un discours à éclipse. L’effort de rapprochement est réel mais encore inégal et fluctuant. L’expression peut faire encore débat, ce partage de la compétence pédagogique entre personnels de direction et d’inspection vers une complémentarité harmonieuse relève davantage pour l’instant d’une intention que de la réalité observée sur le terrain. S’intéresser au pilotage pédagogique partagé entre chef d’établissement et inspecteur permet d’aborder la question, difficile, du fond même du discours commun qui peut être tenu et de la compatibilité d’une approche organisationnelle et d’une approche pédagogique. Pour certains, inspecteurs et chefs d’établissement, le jugement est plus radical : « Piloter, c’est assumer ses responsabilités et une responsabilité ne se partage pas, sinon il n’y a plus de pilote à bord ». L’intervention des inspecteurs dans les établissements du second degré se fait traditionnellement par l’entrée disciplinaire, par le biais de l’évaluation des professeurs à travers l’inspection individuelle et par la réunion des équipes disciplinaires ; ce modèle reste prédominant. Les inspecteurs jouent un rôle essentiel pour faire adhérer les professeurs à l’esprit des réformes et lever des blocages. Ils peuvent montrer comment leur discipline contribue à la construction de compétences transdisciplinaires et transversales. Leur regard d’expert est aussi attendu sur toutes les initiatives prises sur le terrain par les professeurs qui s’y sont engagés et qui attendent d’eux une validation et un encouragement pour poursuivre, malgré les nombreux freins et résistances à l’innovation. Certains chefs d’établissement, de leur côté, réclament une présence accrue des inspecteurs sur des questions variées, de moins en moins centrées sur la discipline. Ils sollicitent leur conseil et leur appui pour mettre en place des dispositifs transversaux ou des enseignements nouveaux, pour valider une organisation ou des choix pédagogiques qui peuvent susciter l’incompréhension ou l’hostilité des enseignants. D’autres les sollicitent pour régler des situations individuelles d’enseignants en difficulté. Les inspecteurs répondent avec plus ou moins d’empressement à ces diverses sollicitations en fonction de leur propre disponibilité mais regrettent, par exemple, les demandes d’intervention à la fois urgentes et trop tardives pour apaiser un conflit en interne qu’ils auraient pu prévenir par une intervention plus précoce. Beaucoup d’entre eux font remarquer que trop peu de chefs d’établissement prennent la peine de les accompagner lors des inspections ou dans les réunions pédagogiques qu’ils organisent dans les établissements. Il leur paraît pourtant évident que l’observation directe de la classe, une meilleure connaissance des objectifs sinon des contenus des programmes, de la didactique des disciplines ne peuvent que contribuer à renforcer la légitimité pédagogique des personnels de direction, indispensable par exemple pour installer et faire vivre le conseil pédagogique. « J’ai le sentiment parfois qu’on fait de la formation du chef d’établissement, du coaching », déclare un inspecteur. 5 L’action des inspecteurs dans les EPLE, pour être tout à fait efficace, nécessiterait une connaissance approfondie des établissements et un suivi dans la durée, deux conditions qui ne sont pas encore satisfaites le plus souvent. Si le nouveau pilotage demandé aux inspecteurs prend bien appui sur une expertise reconnue dans un champ disciplinaire, il intègre aussi de plus en plus une dimension plus large (étude du contexte, travail sur les indicateurs). La participation des inspecteurs à l’évaluation des établissements est une piste intéressante qu’il faudrait sans doute développer de manière plus volontariste. Certaines académies ont lancé la pratique d’audits d’établissements ou d’inspections croisées, dont l’intérêt est souligné en termes de développement de l’expertise et de la culture professionnelle des inspecteurs, qui y ont trouvé un grand intérêt. Mais ces tentatives se sont parfois uploads/Management/ 2011-03-missions-des-inspecteurs-pedagogiques-note-igen.pdf

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  • Publié le Nov 10, 2022
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