Analyse des erreurs en production écrite des étudiants universitaires du frança
Analyse des erreurs en production écrite des étudiants universitaires du français au niveau intermédiaire à l’Université de Makerere Synergies Afrique des Grands Lacs n°3 - 2014 p. 209-223 209 Reçu le 24-11-2013/Évalué le 02-12-2013/Accepté le 13-03-2014 Résumé Cet article a pour objectif d’analyser des erreurs grammaticales commises par les étudiants ougandais apprenant le français langue étrangère (FLE) au niveau intermé diaire. Il a pour objet d’identifier, de décrire les erreurs et d’en examiner les causes ou les sources et de proposer des solutions qui pourraient aider les étudiants à améliorer leur production écrite. Etant donné la nature qualitative de l’étude, le modèle de l’analyse des erreurs proposé par Corder (1967) a été utilisé. Le corpus est constitué de quinze compositions rédigées lors de l’examen final du deuxième semestre 2012/2013. Les résultats montrent qu’il y a en principe deux sources d’erreurs : les erreurs inter linguales et intralinguales. Mots-clés : acquisition des langues, langue seconde, enseignement des langues étran gères, erreur, analyse des erreurs Error Analysis in Students’ Written Production: Intermediate French at Makerere University Abstract This paper presents results from an error analysis on a corpus to find out and analyze the kind of grammatical errors made by Ugandan learners in the process of compo sition writing in French as a foreign language. The study also focused on the sources of errors in students’ written production and provided possible solutions to help students to improve upon their written production. Given the qualitative nature of the study, Corder’s (1967) model of error analysis was used. The data used in this study were compositions from fifteen university students learning French at intermediate level. All students spoke English as their second language. The findings of the study indicate that there were mainly two sources of students’ errors: interlingual and intralingual errors that cut across all the eight categories of errors identified in the study. Keywords: Language acquisition, second language, foreign language teaching, error, error analysis Introduction Apprendre une langue est un processus comme toute autre activité humaine. Quand les êtres humains font face à une nouvelle attitude ou idée, ils font des fautes ou des Harriet K. Namukwaya Université de Makerere, Uganda harriettakn@yahoo.com GERFLINT Synergies Afrique des Grands Lacs n°3 - 2014 p. 209-223 erreurs linguistiques ainsi que les erreurs de jugement. En apprenant une langue, soit l’acquisition de la langue première (L1), seconde (L2) ou étrangère (L3), les apprenants font toujours des erreurs (Brown, 1987). Ces erreurs peuvent apparaître à l’oral ou à l’écrit. Dans l’enseignement des langues, plus que dans tout autre domaine, l’erreur dérange. C’est peut-être pourquoi plusieurs chercheurs s’intéressent à la notion d’erreur. En fait, en didactique des langues et des cultures, selon les différentes métho dologies et approches, la notion d’erreur a été considérée d’un point de vue négatif. Selon la méthodologie audio-visuelle, l’erreur était considérée comme un « péché » que les enseignants devraient corriger immédiatement. Autrement dit, l’erreur devait être évitée à tout prix. A noter aussi qu’avant le début des années 1970, les recherches en didactique des langues étaient plutôt centrées sur « les produits et textes écrits » (Basaillon, 1991:57). L’intérêt des chercheurs en L2 a porté par la suite sur le processus rédactionnel permettant ainsi de mettre en évidence le rôle de la révision du texte écrit par l’apprenant lui-même, c’est-à-dire la correction de ses erreurs ainsi que les pratiques pédagogiques pour le guider dans cette activité. (Louis-Charles, 2012:1) Problématique Quand les apprenants apprennent une langue seconde, ils ont le plus souvent un point de départ ou une étape initiale; la grammaire de leur L1. Leur but ou étape finale est la grammaire de la L2 (Archibald et Libben, 1995 : 134). Afin d’atteindre leur but, ils ont tendance à transférer les règles de leur L1 à la langue qu’ils sont en train d’apprendre. Pourtant, ceci ne signifie pas que les erreurs commises par les étudiants de L2 ou L3 ne résultent que du transfert de la L1. Il faut noter que les langues sont différentes les unes des autres dans leur structure profonde. Le transfert de l’une à l’autre est négatif dans certains cas et cause les difficultés en communication, soit orale soit écrite. Contrairement à la production orale où les étudiants doivent penser et parler de façon simultanée, on s’attend à ce qu’en production écrite, les étudiants aient l’opportunité de relire leurs textes et de faire des corrections nécessaires. Ceci signifierait qu’ils se rendent compte de leurs erreurs et les corrigent, le cas échéant. Ce fait ne s’applique pas tout à fait aux étudiants ougandais intermédiaires du FLE, comme je l’ai observé durant mes quinze années d’enseignement du français. Les erreurs sont récurrentes en production écrite à tout niveau de langue. Cette étude traite donc des erreurs récurrentes en production écrite chez les étudiants ougandais ayant déjà acquis l’anglais (L2) et leur L1 inscrits en FLE au niveau intermédiaire. 210 Analyse des erreurs en production écrite des étudiants universitaires Objectifs de l’étude L’étude a pour objectif principal d’analyser les catégories d’erreurs grammaticales faites par les étudiants ougandais intermédiaires du FLE au niveau universitaire. Pour bien atteindre cet objectif, je me suis posée les questions suivantes a) quels types d’erreurs sont-ils commis par les étudiants du FLE en production écrite ? b) quelles sont les causes ou les sources de telles erreurs ? c) quelles stratégies utiliser pour pallier le problème d’erreur dans l’enseignement/apprentissage du FLE au niveau universitaire en Ouganda ? Cadre théorique L’étude est basée sur le modèle d’analyse des erreurs proposé et développé par Corder (1967) qui distingue cinq étapes: i) la collection d’un échantillon langagier des apprenants; ii) l’identification des erreurs; iii) la description des erreurs; iv) l’expli cation des erreurs et v) l’évaluation ou la correction des erreurs. Corder (1973) définit les erreurs comme des déviations dues à la compétence insuffisante ou l’inaptitude de la part de l’apprenant. Il affirme aussi qu’elles tendent donc à être systématiques mais pas autocorrigées. Par ailleurs, il dit qu’étant donné leur nature systématique, elles sont donc plus faciles à identifier et que toute phrase parlée et ensuite transcrite peut être analysée. Dès la phrase transcrite, sa description est alors faite, et à partir de cette description, l’explication des erreurs peut être ensuite faite (tracer les erreurs à leurs sources ou causes). Enfin, on peut les évaluer afin de déterminer leurs types ; orales, écrites, globales ou locales notamment. Cette étape aide à trouver les moyens ou les stratégies dont on peut se servir pour la correction des erreurs. Notion d’erreur Les méthodes d’enseignement récentes du FLE, à l’exception des méthodes audio-orale et situationnelle, considèrent l’erreur comme un phénomène naturel dans l’apprentissage: si l’apprentissage d’une langue étrangère est une activité cognitive qui consiste à faire et à vérifier des hypothèses sur les structures de la langue cible, l’apprenant fera obligatoirement des erreurs (Perdue, 1980). On constate qu’il y a des définitions différentes du terme « erreur » selon des chercheurs, mais dans cette étude, on va utiliser la définition de Xu. Selon Xu (2008), l’erreur se définit comme « le phénomène linguistique déviant des règles présidant la langue et son usage standard qui reflète le manque de compétence chez l’apprenant. » On peut donc dire que tout ce qui est déviant des règles et de la structure profonde de la langue qu’on est en train d’apprendre est considéré comme l’erreur; un énoncé oral ou écrit inadmissible 211 Synergies Afrique des Grands Lacs n°3 - 2014 p. 209-223 212 constituant une violation du code grammatical ou sémantique de la langue. Types et sources d’erreurs Selon Tagliante (2001 :157), il y a cinq grands types d’erreurs répertoriés en didac tique des langues; il s’agit des erreurs de type linguistique, phonétique, socioculturel, discursif et stratégique. Ce qui nous intéresse le plus dans cette étude, ce sont des erreurs en communication/production écrite. D’après Dermitas et al. (2009), les erreurs en communication écrite sont habituellement évaluées selon le niveau pragmatique et le niveau linguistique. Ces deux niveaux d’erreurs nous amènent à distinguer deux sortes d’erreurs: les erreurs de contenu et les erreurs de forme. D’une part, les erreurs de contenu, selon Dermitas et al (2009) concernent les éléments du discours (le nombre de mots à écrire, le type de texte que l’apprenant doit écrire, la situation et la cohérence du texte et la cohésion entre les idées; l’organisation ou la liaison logique entre les idées et les parties du texte.) D’autre part, les erreurs de forme se réfèrent aux erreurs linguistiques, syntaxiques, lexicales, morphologiques et orthographiques. C’est sur celles-ci que notre analyse porte. Richards (1971: 174) identifie plusieurs sources/causes des erreurs de compétence. Il s’agit des erreurs de l’interférence de la L1, des erreurs intralinguales et des erreurs de développement qui reflètent les tentatives de l’apprenant à faire des hypothèses sur la langue cible. Richards les catégorise encore en quatre sous-catégories : la surgénérali sation, l’ignorance des restrictions des règles, l’application incomplète des règles et les concepts incorrectes conceptualisés par l’apprenant. Selon Brown (2008 : 218), l’erreur résulte de plusieurs sources dont les erreurs interlinguales et les uploads/Management/ analyse-d-x27-erreurs-en-production-ecrite.pdf
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- Publié le Fev 02, 2022
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