LE GARDE Vous comprenez, si on me fouille, moi, c’est le conseil de guerre. Cel
LE GARDE Vous comprenez, si on me fouille, moi, c’est le conseil de guerre. Cela vous est égal, à vous ? (Il regarde encore la bague.) Ce que je peux, si vous voulez, c’est écrire sur mon carnet ce que vous auriez voulu dire. Après, j’arracherai la page. De mon écriture, ce n’est pas pareil. ANTIGONE, a les yeux fermés : elle murmure avec un pauvre rictus. Ton Ton écriture… (Elle a un petit frisson.) C’est trop laid, tout cela, tout est trop laid. LE GARDE, vexé, fait mine de rendre la bague. Vous Vous savez, si vous vous ne voulez pas, moi… ANTIGONE Si. Garde la bague et écris. Mais fais vite… J’ai peur que nous n’ayons plus le temps… Ecris : «Mon chéri…» LE GARDE, qui a pris son carnet et suce sa mine. C’est pour votre votre bon ami ? ANTIGONE Mon chéri, j’ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m’aimer… LE GARDE, répète lentement de sa grosse voix en écrivant. «Mon chéri, j’ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m’aimer…» «Mon chéri, j’ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m’aimer…» ANTIGONE Et Créon avait raison, c’est terrible, maintenant, à côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs. J’ai peur… LE GARDE, qui peine sur sa dictée. «Créon avait raison, c’est terrible…» «Créon avait raison, c’est terrible…» ANTIGONE Oh ! Hémon, notre petit garçon. Je le comprends seulement maintenant combien c’était simple de vivre… LE GARDE, s’arrête. Eh ! Dites, vous vous allez trop vite. Comment voulez- vous vous que j’écrive ? Il faut le temps tout de même… ANTIGONE Où en étais-tu tu ? LE GARDE, se relit. «C’est terrible maintenant à côté de cet homme…» «C’est terrible maintenant à côté de cet homme…» ANTIGONE Je ne sais plus pourquoi je meurs. LE GARDE, écrit, suçant sa mine. «Je ne sais plus pourquoi je meurs…» «Je ne sais plus pourquoi je meurs…» On ne sait jamais pourquoi on meurt. ANTIGONE, continue. J’ai peur… (Elle s’arrête. Elle se dresse soudain.) Non. Raye tout cela. Il vaut mieux que jamais personne ne le sache. C’est comme s’ils devaient me voir nue et me toucher quand je serais morte. Mets seulement : «Pardon.» LE GARDE Alors, je raye la fin et je mets pardon à la place ? ANTIGONE Oui. Oui. Pardon, mon chéri. Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t’aime… LE GARDE « Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t’aime…» « Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t’aime…» C’est tout ? ANTIGONE Oui, c'est tout. Oui, c'est tout. LE GARDE C’est une drôle de lettre. ANTIGONE Oui, c'est une drôle de lettre. Oui, c'est une drôle de lettre. LE GARDE Et c’est à qui qu’elle est adressée ? I. Je lis plusieurs fois le texte pour le comprendre. II. Je dégage les idées essentielles du texte : - elle aimerait bien s'expliquer. - le garde ne veut pas l'écouter. - elle opte pour une lettre adressée à Hémon. - Elle comprend, en dictant sa lettre, qu'elle est incomprise. - Le garde est intéressé par l'argent, l'or - Les réflexions du garde sont comiques - la scène mélange les genres : elle est tragique et comique en même temps - elle se rend compte qu'elle a eu tort de défier Créon : elle est faible - etc. - III. Je trouve une problématique : en quoi cette scène est-elle tragique ? IV.Je propose un plan répondant à cette problématique : I. c'est une scène en apparence tragique = scène tragique II. Mais en réalité elle est comique par certains aspects = scène comique III. et surtout elle nous amène à nous interroger sur le sens de l'acte d'Antigone = le sens de l'acte d'Antigone V. Je cherche des « preuves » dans le texte : citations + outil d'analyse + explication. VI. Je classe mes « preuves » de la plus simple à la plus complexe. VII. Je vérifie que je n'ai rien oublié dans le texte, qu'aucune partie n'a été oubliée, que j'ai vraiment analysé (et ne me suis pas contenté d'évidences). Axe Citations Outils d'analyse Interprétation, explications I a les yeux fermés : elle murmure avec un pauvre rictus. (Elle a un petit frisson.) Didascalies champ lexical de la peur Antigone est apeurée. Elle se sent frustrée, incomprise : elle se demande si elle n'a pas agi inutilement. Elle est en décalage total par rapport au garde (il se plaint...). II ou III ? (Il regarde encore la bague.) fait mine de rendre la bague. Didascalies répétition du mot « bague » Le garde est intéressé par l'or, l'argent, alors qu'Antigone, elle, n'a agi que pour des idées. Il y a un contraste entre les deux. II qui a pris son carnet et suce sa mine. répète lentement de sa grosse voix en écrivant. qui peine sur sa dictée. écrit, suçant sa mine. Didascalies Le garde se comporte comme un enfant, un écolier, qui note sous la dictée, sans comprendre. Il y a un décalage entre les deux. C'est à cause de cela qu'elle renoncera à développer sa lettre. Il a du mal à suivre. II Mine. Écrivant. Dictée. écrit mine Champ lexical de l'école idem II On ne sait jamais pourquoi on meurt. C’est tout ? C’est une drôle de lettre. Commentaires généralités pronom indéfini présent de vérité générale « c'est » : présentatif Le garde se permet de commenter la lettre, qu'il ne comprend pas. A cause de cela, Antigone se dit que personne ne comprendra son geste. Le mot « drôle » est mal venu ici : il signifie « bizarre », mais aussi «amusant ». I «Mon chéri, «Mon chéri, j’ai voulu j’ai voulu mourir et tu ne vas peut- mourir et tu ne vas peut- être plus m’aimer…» être plus m’aimer…» «Créon avait raison, c’est «Créon avait raison, c’est terrible…» terrible…» Répétition Points de suspension guillemets La lettre d'Antigone à Hémon n'est pas dictée en un seul morceau, mais en plusieurs : elle est obligée de dicter lentement, parce que le garde a du mal à écrire. Elle est interrompue tout le temps, si bien «Créon avait raison, c’est «Créon avait raison, c’est terrible…» terrible…» « Sans la petite Antigone, « Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien vous auriez tous été bien tranquilles. Je t’aime…» tranquilles. Je t’aime…» « Sans la petite Antigone, « Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien vous auriez tous été bien tranquilles. Je t’aime…» tranquilles. Je t’aime…» qu'elle finit par ne plus savoir ce qu'elle veut dire : elle réfléchit en même temps. Elle est obligée de se répéter. Il y a un décalage entre ce qu'elle dit et la situation dans laquelle elle se trouve : elle dit « mon chéri » au garde. La discussion est creuse : ils n'échangent pas grand-chose. III (Elle s’arrête. Elle se dresse soudain.) Didascalie verbes de mouvements, d'action Elle prend conscience que ce qu'elle voulait laisser ne serait pas compris : le garde ne la comprend pas, donc Hémon non plus. Elle comprend mieux pourquoi ni Ismène ni hémon ne l'ont comprise, au début de la pièce. Mon chéri, j’ai voulu mourir et tu ne vas peut-être plus m’aimer… Et Créon avait raison, c’est terrible, maintenant, à côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs. J’ai peur… Oh ! Hémon, notre petit garçon. Je le comprends seulement maintenant combien c’était simple de vivre… Oui. Pardon, mon chéri. Sans la petite Antigone, vous auriez tous été bien tranquilles. Je t’aime… Monologue ? Lettre guillemets points de suspension temps du passé (regrets) Elle dicte la lettre. En dictant la lettre, elle s'exprime à la première personne. Elle se rend compte de ce qu'elle a fait. Maintenant qu'elle sait qu'elle va mourir, elle se dit qu'elle avait tort. Si elle avait prononcé ces phrases les unes à la suite des autres, sans les interruptions du garde, elles auraient été plus tragiques ou dramatiques. L'effet est complètement annulé par la présence et par les répliques du garde. Elle n'a pas d'interlocuteur, elle est seule, elle parle seule. Elle ne parle pas véritablement au garde. Elle parle à des absents. La lettre qu'elle laisse est beaucoup plus pauvre que celle qu'elle voulait laisser initialement. Et c’est à qui qu’elle est adressée ? Question langage familier Le garde interrompt à plusieurs reprises Antigone : celle-ci en perdra le fil de sa pensée, ses moyens. Il y a un contraste entre les deux personnages : elle est un personnage tragique, lui est comique, populaire. Et Créon avait raison Je le comprends seulement maintenant combien c’était simple de vivre… imparfait Antigone regrette ses actes... Oui. Oui. Oui, c'est tout. Oui, c'est tout. Oui, c'est une drôle de Oui, c'est une drôle de lettre. lettre. Anaphore répliques brèves répétition adverbe « oui » sticomythie ? Les trois dernières répliques d'Antigone sont courtes : elle sait que uploads/Management/ antigone-et-le-garde-lecture-analytique2.pdf
Documents similaires










-
34
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 11, 2021
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 0.1167MB