L'APPROCHE PAR COMPÉTENCES EN ÉDUCATION : UN AMALGAME PARADIGMATIQUE Gérald Bou

L'APPROCHE PAR COMPÉTENCES EN ÉDUCATION : UN AMALGAME PARADIGMATIQUE Gérald Boutin érès | Connexions 2004/1 - no81 pages 25 à 41 ISSN 0337-3126 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-connexions-2004-1-page-25.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Boutin Gérald , « L'approche par compétences en éducation : un amalgame paradigmatique » , Connexions, 2004/1 no81, p. 25-41. DOI : 10.3917/cnx.081.0025 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour érès. © érès. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès kF\fifi‒›|⁄¡?fi\‒?|›«fi"‡¡‹|¡†?¡‹?"~·|\‡ƒ›‹¹Y?·‹?\«\“£\«¡?fi\‒\~ƒ£«\‡ƒfl·¡ ? ?? "‒!†?…?b›‹‹¡‚ƒ›‹†? QOOSNP?L?‹›WP fi\£¡†?QT?Ÿ?SP hrrm?ORRVLRPQU LLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL `‒‡ƒ|“¡?~ƒ†fi›‹ƒ‘“¡?¡‹?“ƒ£‹¡?Ÿ?“F\~‒¡††¡Y ⁄‡‡fiYNN•••M|\ƒ‒‹Mƒ‹¢›N‒¡¶·¡L|›‹‹¡‚ƒ›‹†LQOOSLPLfi\£¡LQTM⁄‡« LLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL LLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL o›·‒?|ƒ‡¡‒?|¡‡?\‒‡ƒ|“¡?Y ??AkF\fifi‒›|⁄¡?fi\‒?|›«fi"‡¡‹|¡†?¡‹?"~·|\‡ƒ›‹¹Y?·‹?\«\“£\«¡?fi\‒\~ƒ£«\‡ƒfl·¡AK?b›‹‹¡‚ƒ›‹†K??QOOSNP?‹›WPK??fiM?QTLSPM LLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL cƒ†‡‒ƒ‘·‡ƒ›‹?"“¡|‡‒›‹ƒfl·¡?b\ƒ‒‹Mƒ‹¢›?fi›·‒?"‒!†M Å?"‒!†M?s›·†?~‒›ƒ‡†?‒"†¡‒¶"†?fi›·‒?‡›·†?fi\„†M k\ ‒¡fi‒›~·|‡ƒ›‹ ›· ‒¡fi‒"†¡‹‡\‡ƒ›‹ ~¡ |¡‡ \‒‡ƒ|“¡K ‹›‡\««¡‹‡ fi\‒ fi⁄›‡›|›fiƒ¡K ‹F¡†‡ \·‡›‒ƒ†"¡ fl·¡ ~\‹† “¡† “ƒ«ƒ‡¡† ~¡† |›‹~ƒ‡ƒ›‹† £"‹"‒\“¡† ~F·‡ƒ“ƒ†\‡ƒ›‹ ~· †ƒ‡¡ ›·K “¡ |\† "|⁄"\‹‡K ~¡† |›‹~ƒ‡ƒ›‹† £"‹"‒\“¡† ~¡ “\ “ƒ|¡‹|¡ †›·†|‒ƒ‡¡ fi\‒ ¶›‡‒¡ "‡\‘“ƒ††¡«¡‹‡M s›·‡¡ \·‡‒¡ ‒¡fi‒›~·|‡ƒ›‹ ›· ‒¡fi‒"†¡‹‡\‡ƒ›‹K ¡‹ ‡›·‡ ›· fi\‒‡ƒ¡K †›·† fl·¡“fl·¡ ¢›‒«¡ ¡‡ ~¡ fl·¡“fl·¡ «\‹ƒ!‒¡ fl·¡ |¡ †›ƒ‡K ¡†‡ ƒ‹‡¡‒~ƒ‡¡ †\·¢ \||›‒~ fi‒"\“\‘“¡ ¡‡ "|‒ƒ‡ ~¡ “F"~ƒ‡¡·‒K ¡‹ ~¡⁄›‒† ~¡† |\† fi‒"¶·† fi\‒ “\ “"£ƒ†“\‡ƒ›‹ ¡‹ ¶ƒ£·¡·‒ ¡‹ e‒\‹|¡M h“ ¡†‡ fi‒"|ƒ†" fl·¡ †›‹ †‡›|¤\£¡ ~\‹† ·‹¡ ‘\†¡ ~¡ ~›‹‹"¡† ¡†‡ "£\“¡«¡‹‡ ƒ‹‡¡‒~ƒ‡M¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹¹ Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès CONNEXIONS 81/2004-1 Gérald Boutin L’approche par compétences en éducation : un amalgame paradigmatique Le mouvement de l’approche par compétences, souvent désignée par le sigle APC, semble bien en voie de s’imposer dans presque toutes les sphères de l’activité humaine. Tout se passe actuellement comme s’il n’existait pas d’autre chemin pour rendre compte de la trajectoire de l’être humain de la naissance à la mort, pour juger de sa valeur, pour en évaluer la portée. Rarement une idéologie aura suscité autant de réac- tions dans les secteurs publics, civiques aussi bien qu’éducatifs. Il est vrai que ses protagonistes sont présents sur tous les fronts et reçoivent un large appui des pouvoirs publics dans de nombreux cas. Les raisons qui sous-tendent un tel engouement ne peuvent pas nous laisser indifférents si l’on veut comprendre les tenants et les aboutissants d’un telle force de frappe. L’importance de retracer l’origine de l’APC et de mettre en pers- pective son impact sur les entreprises de formation et d’éducation appa- raît évidente. On le sait bien, ce sont les postures philosophiques, psychologiques et politiques qui infléchissent les actions éducatives, voire l’activité éducative dans son ensemble. Mais avant d’aller plus loin, il me paraît essentiel d’insister sur la notion même de compétence(s) dont l’usage abusif contribue largement à l’instauration d’une pensée unique dans la plupart des champs de l’activité humaine. La notion de compétence et ses nombreuses interprétations Ce mot que l’on retrouve aujourd’hui sur toutes les lèvres reste difficile à définir de façon satisfaisante. Tantôt il désigne un point d’arrivée marqué par un niveau de haute performance, tantôt un Gérald Boutin, professeur de sciences de l’éducation à l’université du Québec à Montréal (UQAM). Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès 26 Gérald Boutin processus dont le déroulement est ponctué par des bilans d’évaluation. Les auteurs, même les plus convaincus de la pertinence de la nécessité de transformer tous les programmes d’études en socles de compé- tences, sont loin de s’entendre sur la définition de ce concept-clé. Ruano-Borbalan (1998) en parle à juste titre comme d’un « concept flou » dans lequel vont se retrouver des éléments disparates, voire contradictoires. La définition de la notion de compétences (au pluriel) varie donc sensiblement selon les auteurs. La confusion demeure en ce qui concerne le rapprochement entre compétences, objectifs et standards de performance. Si les compé- tences sont définies comme une capacité d’action, il n’en reste pas moins qu’elles présupposent des connaissances, un savoir-faire, certains comportements et des capacités intellectuelles et globales, qui constituent les fondements de la compétence, mais non pas la compé- tence elle-même. Dans le monde industriel, les compétences font allu- sion à « un ensemble relativement stable et structuré de pratiques maîtrisées, de conduites professionnelles et de connaissances, que des personnes ont acquises par la formation et l’expérience et qu’elles peuvent actualiser, sans apprentissages nouveaux, dans des conduites professionnelles valorisées par leur entreprise ». Elles sont donc reliées à la performance requise pour occuper efficacement tel ou tel emploi qui est défini en termes de critères appelés « standards de performance ». Cette dernière expression fait allusion à des comporte- ments attendus de la part des employés par les chefs d’entreprise. Par ailleurs, il convient également d’établir une distinction entre la notion de « compétence » au singulier et celle de « compétences » au pluriel. Le première désigne un état de perfection que tous peuvent viser sans vraiment l’atteindre et qui fait appel à la notion de capacité, de fiabi- lité – on dira d’un médecin, d’un professeur, qu’il est compétent, dans le sens où il possède toutes les dispositions qui assurent à sa fonction professionnelle toute la qualité nécessaire. Il en va autrement pour le mot compétences au pluriel. À l’heure actuelle, cette notion désigne des éléments de la compétence que doivent posséder les personnes inscrites à tel ou tel programme ou exerçant tel ou tel métier. Enfin, le sens donné au mot compétence(s) varie selon qu’il est employé par les tenants de telle ou telle école de pensée. C’est ainsi que les béhavioristes y recourent pour désigner des comportements observables et mesurables qui adviennent à la suite d’un apprentissage donné ; les constructivistes pour leur part utilisent le mot compétences pour illustrer une construction de capacités qui proviennent d’une interaction entre individus engagés dans une démarche commune. Dans ce dernier cas, les choses sont beaucoup moins claires et il arrive même que des auteurs qui se réclament du socioconstructivisme confondent les deux types de définition. Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès Document téléchargé depuis www.cairn.info - univ_laval - - 132.203.8.50 - 24/08/2011 23h00. © érès L’approche par compétences en éducation : un amalgame paradigmatique 27 Dans le domaine de l’éducation, plusieurs auteurs ramènent les compétences de l’élève à « une capacité de mobiliser diverses ressources cognitives pour faire face à des situations singulières ». Cette façon de considérer l’apprentissage demeure encore probléma- tique. Perrenoud (1998), un sociologue suisse, souvent cité par les réformateurs des pays francophones, fait remarquer que « ce langage faussement familier conduit à sous-estimer l’ampleur du changement de perspective. Une approche par compétences appelle à une recons- truction complète des dispositifs et des démarches de formation ». Curieusement, les pouvoirs politiques adhèrent à l’APC comme modèle éducatif unique sans prendre en considération l’impact d’une telle orientation sur les pratiques actuelles. Comment alors ignorer le fait qu’en Europe aussi bien qu’en Amérique du Nord les programmes de formation se fondent sur des socles de compétences attendues en ostra- cisant le plus souvent toute autre approche ? Le contexte, les origines et les fondements théoriques Le contexte : vers la globalisation des systèmes scolaires Toute réforme scolaire obéit à des visées politiques qu’on aurait tort de ne pas prendre en considération. À cet égard, plusieurs critiques dénoncent le fait que les écoles dépendent davantage de l’économie que de l’État : il s’agit alors de développer les compétences attendues par une société de rendement et de performance. Au Canada, comme c’est le cas dans certains cantons suisses, les réformes scolaires se fondent sur des principes issus du monde de l’industrie. On comprend alors mieux le mouvement mondial en faveur de la décentralisation extrême du pouvoir. Aux États-Unis, par exemple, on parle de « site- based management » et « out-based education » (Glatthorn, 1993) pour désigner un mode de gestion centré sur l’école dont on n’attend ni plus ni moins qu’une performance inscrite dans des palmarès dressés chaque année par des spécialistes de la mesure de la qualité1. La compétition est plus que jamais à l’ordre du jour ! C’est là une évidence, les systèmes scolaires se trouvent aujourd’hui à un tournant : il leur faut, comme on dit, « négocier la courbe ». On les enjoint, d’une part, de mettre en place des dispositifs de formation axés sur des résul- tats attendus, mesurables et quantifiables et, de l’autre, de respecter le 1. Dans plusieurs uploads/Management/ approche-par-competence-amalgame-de-paradigme.pdf

  • 21
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Nov 30, 2021
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.2542MB