Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 4 : M
Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 4 : Mars 2018 RCCA Page 365 La gouvernance des PME au service de la performance et de la création de valeur : Etude exploratoire A scoping study of performance and value creation through SMEs governance Mme. EL MIZANI Manal Doctorante FSJES Casablanca – Université Hassan II Equipe de recherche Contrôle de Gestion et Processus Décisionnels elmizani.manal@gmail.com Mme. EL BRAK Ijlal Doctorante FSJES Casablanca – Université Hassan II Equipe de recherche Contrôle de Gestion et Processus Décisionnels el.ijlal@gmail.com Pr. BENLAKOUIRI Abderrahim PH EST Casablanca – Université Hassan II Equipe de recherche Contrôle de Gestion et Processus Décisionnels benlakouiri.uh2@gmail.com Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 4 : Mars 2018 RCCA Page 366 Résumé Le propos de ce papier est de présenter une tendance récente de la gouvernance au niveau de la petite et moyenne structure, coalisée entre performance et création de valeur. Dans un premier temps, le présent article va essayer de mettre en exergue la relation qui existe entre la gouvernance de la PME, la performance et le processus de création de valeur à partir des données de la littérature, pour enchaîner par la suite avec une étude qualitative exploratoire portant sur deux PME marocaines opérant dans le secteur industriel. Les résultats révélés par cette étude pourraient permettre de suggérer des pistes pour des recherches futures. Mots-clés : Gouvernance d’entreprise, PME, performance, création de valeur, étude exploratoire. Abstract The main purpose of this paper is to present a recent trend of governance in SMEs related to performance and value creation. Initially, this contribution attempts to show the relation between governance of SMEs, performance and the process of value creation through a broad review of literature, to chain later with a study set up by two cases of Moroccan SMEs operating in industrial sector. The findings of this survey may be used to suggest some tracks for future research. Keywords: Corporate governance, SMEs, performance, value creation, scoping study. Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 4 : Mars 2018 RCCA Page 367 Introduction La gouvernance d’entreprise est restée pendant longtemps un concept monopolisé par la grande entreprise. Négligeant ainsi, un pan entier et numériquement dominant : La PME. Adaptabilité, réactivité, flexibilité…, les entreprises à petite dimension sont considérées comme des entreprises aux multiples vertus qui la distingue de la grande entreprise, et qui l’éloigne de toute hypothèse stipulant qu’il s’agit d’une miniature, ou d’un modèle réduit de celle-ci. Au plan national, la PME remplit une fonction économique pérenne qui se justifie par la capacité de ce maillon à être un véritable levier de croissance et un facteur de développement incontestable du tissu économique. De là, il apparaît propice de mettre en place un système de gouvernance conforme aux spécificités de la petite et moyenne entreprise. Force est ainsi, de se pencher davantage sur la pratique d’un tel système appliqué à la PME en quête de performance tout en tenant compte de ses particularités. L’objet de ce travail consiste à répondre à la problématique suivante : Comment les mécanismes de gouvernance peuvent-ils contribuer à améliorer la performance de la petite et moyenne entreprise et à créer de la valeur pour celle-ci ? Plus précisément, il s’agit de démystifier les particularités d’un dispositif de gouvernance au niveau d’une petite et moyenne structure, de discuter des rôles de ses organes et de leurs effets sur la performance, et ainsi montrer l’importance de ces mécanismes dans le processus de création de valeur Notre plan est scindé en trois parties. Après avoir, dans un premier temps, présenté une revue de littérature sur la gouvernance d’entreprise, nous nous focalisons sur les PME. Ensuite, nous analyserons l’impact des mécanismes de gouvernance de ce type d’entreprise sur la performance d’une part, et sur la création de valeur d’autre part, pour conclure avec une synthèse sur les résultats obtenus à partir de l’étude exploratoire mené sur deux PME marocaines opérant dans le secteur industriel. Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 4 : Mars 2018 RCCA Page 368 1. Revue de littérature sur la gouvernance des PME 1.1. Gouvernance d’entreprise La gouvernance d’entreprise est un sujet très en vogue, devenue le centre d’intérêt de tous les agents économiques de par son essence et son rôle. Le terme de gouvernance, omniprésent dans la littérature, est défini aujourd’hui de manière très diverse. Selon Shleifer et Vishny (1997) « la gouvernance regroupe les moyens par lesquels les fournisseurs de capitaux de l’entreprise peuvent s’assurer sur la rentabilité de leur investissement».Dans un sens plus large, Charreaux (1997) définit la gouvernance d’entreprise comme « l’ensemble des mécanismes qui ont pour effet de délimiter les pouvoirs et d’influencer les décisions des dirigeants, autrement dit, qui gouvernent leur conduite et définissent leur espace discrétionnaire ». Pour Gomez (2001) le vocable ‘gouvernance d’entreprise’ désigne « l’ensemble des dispositifs et des pratiques institutionnelles de l’entreprise qui permettent de rendre légitime les fonctions d’autorité exercées directement par les dirigeants et déléguées à la hiérarchie ». En 2004, l’OCDE considère la gouvernance d’entreprise comme étant « l’ensemble des relations entre les dirigeants de l’entreprise et son organe de gouvernance avec les actionnaires, d’une part, et les autres parties prenantes, d’autre part ; et ce, dans l’objectif de création de valeur pour l’entreprise ». Cette définition a été repris en 2008 par le Code Marocain des bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise. Ces acceptions de la gouvernance recensées dans la littérature s’accorde à dire que la gouvernance d’entreprise constitue un ensemble de principes visant à concilier les intérêts, à gouverner l’équilibre entre les diverses parties prenantes de l’entreprise et, en particulier, à veiller au contrôle et à la répartition des pouvoirs. Plus précisément, elle vise à favoriser l’atteinte des objectifs conformes aux intérêts de la société et des actionnaires. La gouvernance d’entreprise, considérée comme un système selon lequel les firmes sont dirigées et contrôlées, et dont l’objectif principal est de minimiser les coûts d’agence qui résultent de l’asymétrie d’information entre dirigeants et actionnaires (approche actionnariale) et de concilier les intérêts de toutes les parties impliquées dans l’entreprise (approche partenariale), joue un rôle clé dans la gestion des conflits d’intérêt potentiels et dans la prévention des abus de pouvoir de nature à faire prévaloir les intérêts particuliers sur l’intérêt social. Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 4 : Mars 2018 RCCA Page 369 L'exercice de la gouvernance des grandes entreprises pourrait également être appliqué à la PME, élément auquel nous accorderons un intérêt particulier dans ce qui suit. 1.2. Gouvernance des PME Les PME forment l’essentiel du tissu économique dans la majorité des pays du monde. Nonobstant, le terme de gouvernance est très souvent employé pour les grands groupes que pour ceux à petites et à moyennes dimensions, pour la simple et bonne raison que les PME représentent des particularités différentes (Brouard et Di Vito, 2008) : Structure simple, ressources pauvres, proximité des marchés et des parties prenantes, réunion entre le pouvoir et la propriété, sont des caractéristiques spécifiques qui distinguent les PME des grandes entreprises. Cette distinction a poussé certains auteurs à proposer des définitions plus conformes et plus adéquates au cas de la PME. La gouvernance dans les PME pourrait se définir, selon Ménard (1994), comme étant « l’ensemble des procédures et structures utilisées pour diriger et gérer les affaires tant internes que commerciales de l’entreprise dans le but d’en augmenter la valeur à long terme pour les investisseurs et d’en assurer la viabilité financière ». Melin et Nordqvist (2000), quant à eux, conçoivent la gouvernance dans les PME, notamment celles dont le capital est à dominante familiale, comme étant « un ensemble de processus, principes, structures et relations qui aident les propriétaires de la firme à atteindre leurs buts et objectifs ». On peut, donc, remarquer à travers ces définitions l’absence de la question du conflit d’intérêt entre les différentes parties prenantes dans le cas de la PME contrairement à la grande entreprise. L’absence de cette notion est justifiée par le fait que la propriété légale de la PME et son contrôle sont souvent détenus par la même personne (Brouard et DiVito, 2008 ; Chua, Steier et Chrisman, 2006). En outre, les problèmes de l’asymétrie informationnelle et l’aversion au risque sont peu occurrents voire ils ne se posent plus étant donné que les intérêts des dirigeants et des actionnaires sont parfaitement alignés et/ou presque identiques (Corbetta et Salvato, 2004 ; Davis, Schooman et Donaldson, 1997 ; Williams, 2006). Ceci dit, le rôle de la gouvernance n’est donc pas de diminuer l’autonomie des gestionnaires par un contrôle assidu de leurs activités mais plutôt d’augmenter l’autonomie des dirigeants qui agiront de manière optimale pour l’entreprise et prendront par conséquent les décisions Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 4 : Mars 2018 RCCA Page 370 nécessaires au bien de la PME, et ce, afin d’augmenter la valeur de celle-ci et d’assurer sa performance financière uploads/Management/ article-la-gouvernance-des-pme-au-service-de-la-performance-etde-la-creation-de-valeur.pdf
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- Publié le Nov 27, 2022
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