Belgeo Revue belge de géographie 1 | 2015 Hazards and Disasters: Learning, Teac

Belgeo Revue belge de géographie 1 | 2015 Hazards and Disasters: Learning, Teaching, Communication and Knowledge Exchange Les projets urbains en zones inondables communiquent-ils sur les risques ? Regard sur les politiques d’aménagement de quartiers à Saint-Étienne, Orléans et Nantes Flood management and risk communication in planning policies and urban projects. Three French case studies: Saint-Étienne, Orléans and Nantes Sylvain Dournel, Mathilde Gralepois et Johnny Douvinet Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/belgeo/16691 DOI : 10.4000/belgeo.16691 ISSN : 2294-9135 Éditeur : National Committee of Geography of Belgium, Société Royale Belge de Géographie Référence électronique Sylvain Dournel, Mathilde Gralepois et Johnny Douvinet, « Les projets urbains en zones inondables communiquent-ils sur les risques ? », Belgeo [En ligne], 1 | 2015, mis en ligne le 30 mars 2015, consulté le 01 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/belgeo/16691 ; DOI : 10.4000/ belgeo.16691 Ce document a été généré automatiquement le 1 mai 2019. Belgeo est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0 International. Les projets urbains en zones inondables communiquent-ils sur les risques ? Regard sur les politiques d’aménagement de quartiers à Saint-Étienne, Orléans et Nantes Flood management and risk communication in planning policies and urban projects. Three French case studies: Saint-Étienne, Orléans and Nantes Sylvain Dournel, Mathilde Gralepois et Johnny Douvinet Les auteurs remercient les étudiant(e)s qui ont collaboré aux enquêtes de terrain et aux analyses dans le cadre de leur mémoire de fin d’études : Noémie Colomb, Crystelle Gointre, Charlotte Thery, Rémi Pallarès et Nils Souteyrand. Introduction 1 La façon d’aborder et de concevoir le risque d’inondation a évolué en France durant ces trois dernières décennies. Si les politiques de prévention des années 1980-2000 ont tenté de limiter l’urbanisation dans les zones inondables pour en réduire la vulnérabilité (Pottier, 1998 ; Vinet, 2010 ; Douvinet et al., 2011; Moulin et al., 2013), le mot d’ordre des aménageurs, depuis le début des années 2000, est dorénavant le suivant : « habiter les zones à risque »1. La solution viendrait répondre à des besoins fonciers et financiers définis comme inévitables. Un tel changement de paradigme peut questionner, notamment au regard de l’important nombre de victimes recensé lors des événements survenus en 2010 et 20142 et de la poursuite de l’urbanisation alors que plusieurs documents réglementaires sont censés être préventifs et responsabilisants (Le Bourhis, 2007 ; Defossez, 2011 ; Pigeon, 2012 ; Douvinet et al., 2013). Dès lors, vivre en zones inondables est une réalité avec laquelle il faut composer. À titre d’exemple, plus de 100 000 logements ont été construits en zone inondable en France sur la période 1999-2008 d’après une analyse de l’Observatoire du risque inondation dans le Gard publiée sur leur Les projets urbains en zones inondables communiquent-ils sur les risques ? Belgeo, 1 | 2015 1 site internet en 2009. Cette nouvelle donne fait appel au concept de résilience. L’engouement dont ce terme fait l’objet est en effet rattaché à son aptitude à dépasser, du moins théoriquement, le conflit jusqu’à présent observé entre la gestion des risques et la construction en zone inondable. La résilience veut nuancer une utilisation brute des ouvrages de défense et d’absorption des effets de perturbation liés à l’inondation. Elle y associe les notions de réactivité et de réorganisation. La résilience est vue comme une double capacité à anticiper, c’est-à-dire prévenir l’aléa, et à réagir, c’est-à-dire faire face à ce qui survient (Provitolo, 2009). Cette notion en vogue met en avant l’idée d’une capacité de résistance et d’adaptation liée à plusieurs facteurs culturels, sociaux et organisationnels (Allen, 2003). L’essor de la résilience dans l’aménagement urbain et les risques est d’ailleurs fortement porté par la stratégie internationale de réduction des risques de l’ONU (International Strategy for Disaster Reduction - UNISDR) dans le cadre de la campagne « Making Cities Resilient ». En insistant sur le rôle des facteurs socio- culturels, l’UNISDR insiste entre autres sur le rôle attendu de la part de l’éducation, de la pédagogie, de la participation, de l’information et de la communication. 2 Dans cet article, l’enjeu n’est pas de faire un historique des concepts de vulnérabilité et de résilience, ni de rappeler leurs polémiques terminologiques ou heuristiques (Reghezza- Zitt et al., 2012). Il s’agit plutôt de questionner la communication faite sur le risque et d’étudier les dispositifs employés par les pouvoirs publics locaux pour informer les citoyens à l’échelle de l’agglomération3, de la commune, puis à celle du quartier aménagé en zone inondable. Dans cette perspective, l’article s’appuie sur les travaux du programme de recherche « Conscience, évaluation et mise en œuvre des outils de prévention du risque d’inondation : application au bassin de la Loire » (2011-2013, financement Plan Loire) consacrés à l’étude des politiques publiques de prévention des risques d’inondation de trois agglomérations françaises du bassin de la Loire (Saint-Étienne, Orléans, Nantes) à travers une démarche multi-scalaire. Une première analyse porte sur l’intégration d’un outil-phare dans la gestion des risques (le Plan communal de sauvegarde : PCS4) et sur un outil d’information dans la prévention (le Document d’information communale sur les risques majeurs : DICRIM). Ayant pour objet d’informer les habitants sur les risques naturels et technologiques, le DICRIM est en théorie obligatoire depuis 1987 dans toutes les communes dotées d’un Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI5) ou d’un Plan particulier d’intervention (PPI). Une seconde lecture se base sur les efforts faits pour communiquer sur le risque d’inondation à partir de quatre angles d’étude : les documents d’urbanisme, les supports médiatiques (bulletins, sites internet, affichages municipaux et intercommunaux), les réunions publiques, l’architecture et la morphologie des projets de quartier. Cinq à huit entretiens semi-directifs ont conjointement été menés dans chaque site étudié, auprès des principaux acteurs concernés par le risque inondation (gestionnaires publics des risques, de la sécurité civile et de l’urbanisme dans les services municipaux et intercommunaux) afin de mieux comprendre les différences de discours et de priorités. En croisant l’analyse sur les outils et les échelles de manière transversale, cet article se donne les moyens de décrypter les enjeux des outils mis en œuvre par les institutions pour communiquer sur les risques au plus près des citoyens. Il s’agit de savoir si le mot d’ordre de la résilience, appliquée à la prévention, a relancé ou renouvelé la communication publique sur les risques et si la résilience permet bien « d’apprendre de l’expérience des catastrophes (…) d’enseigner, de comprendre, de communiquer, d’échanger les connaissances et, finalement, de gérer les aléas et les risques »6. Les projets urbains en zones inondables communiquent-ils sur les risques ? Belgeo, 1 | 2015 2 Trois villes, trois expositions aux crues mais un étalement urbain unilatéral en zone inondable 3 Longue de 1 012 km, la Loire couvre un bassin versant d’une superficie de 117 800 km², soit le cinquième de la France métropolitaine. Les agglomérations de Saint-Étienne, d’Orléans et de Nantes (Fig. 1) sont situées dans trois contextes hydrologiques spécifiques, correspondant respectivement à la haute Loire, à la Loire moyenne et à la basse Loire. Outre une exposition relativement analogue aux fluctuations fluviales, aucune agglomération n’a enregistré de crue centennale depuis le début du XXe siècle. Les plus hautes eaux connues remontent d’ailleurs au milieu du XIXe siècle. Cette période sans crue majeure a simultanément fait l’objet d’un étalement urbain considérable et unilatéral en zone inondable. C’est pourquoi la question de la communication sur le risque inondation mérite d’être soulevée. Figure 1. Localisation de Saint-Étienne, Orléans et Nantes, trois situations sur le bassin de la Loire. Source : D. Andrieu, 2015 Saint-Étienne : une ville de piémont où le risque de crues torrentielles est masqué 4 L’agglomération stéphanoise est située à proximité de plusieurs cours d’eau dont la Loire et le Furan (Fig. 2). Malgré cette exposition, tous les efforts de communication de la ville sont tournés vers la relance de l’attractivité du territoire et non vers l’information sur les risques. Les projets urbains en zones inondables communiquent-ils sur les risques ? Belgeo, 1 | 2015 3 5 En effet, si Saint-Étienne (environ 171 000 habitants ; INSEE, 2012) et son agglomération7 (environ 389 000 habitants ; INSEE, 2012) sont aujourd’hui le deuxième secteur d’emploi de l’aire urbaine de Lyon, le solde migratoire y est négatif depuis la fin des années 1960 (entre ‑0,2 et -0,7 % par an). Surnommée « la ville noire » à cause de son passé minier, les pertes d’emplois liées à la crise de la production industrielle n’ont pas été compensées par des créations d’emplois dans les autres secteurs. Pour faire face au déclin d’attractivité du début des années 2000, le maire de l’époque, M. Thiollière, a joué la carte des projets d’urbanisme et de grands équipements ambitieux (deuxième ligne de tramway, Zénith, cité du Design, requalification architecturale, etc.). En parallèle, une campagne de valorisation a été menée sur les thèmes de l’innovation et de la créativité (nommée cité du Design par l’UNESCO en 2010) ou encore de l’écologie et de la solidarité, quatre priorités affichées de Saint-Étienne Métropole. Figure 2. Occupation du sol et zones inondables à Saint-Étienne. Source : D. Andrieu, 2012 uploads/Management/ belgeo-16691.pdf

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  • Publié le Jan 12, 2022
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