COMMUNIQUER À L’ORAL V i n c e n t L A M O T T E Vincent LAMOTTE – Communiquer

COMMUNIQUER À L’ORAL V i n c e n t L A M O T T E Vincent LAMOTTE – Communiquer à l’oral - 2018 2 À la notable exception des pratiques physiques, le point commun entre les épreuves d’amission réside dans le fait qu’il s’agit de situations de communication orales. Bien sûr, il n’y a aucun espoir de faire face aux questions du jury sans disposer des connaissances adéquates. Mais il ne faut en rien occulter la manière de communiquer dans ces entretiens de recrutement professionnel. Car c’est bien l’interactivité qui constitue le sésame de ce dialogue particulier. C’est pourquoi je livre dans ce fascicule des éléments clés qui permettent d’aborder ces échanges particuliers de communication que constituent les oraux d’admission aux concours de recrutement d’enseignants. Vincent Lamotte Mai 2018 Vincent LAMOTTE – Communiquer à l’oral - 2018 3 SOMMAIRE 1 - La situation de communication orale 1-1 Les mécanismes de la communication orale 1-2 « Il est impossible de ne pas communiquer » (École de Palo Alto) 1-3 Verbal, paraverbal et non verbal 2 - Les principes organisateurs de l’entretien (jury) 3 - Les 5 « v » ou les cinq compétences pour communiquer efficacement à l’oral 3-1 Le visuel : se montrer attrayant 3-1-1 Le look : l’habit ne fait pas le moine, mais… 3-1-2 La posture 3-1-3 La gestuelle 3-1-4 L’expressivité 3-2 Le vocal : se rendre audible 3-2-1 Le rythme 3-2-2 Le volume 3-2-3 Le ton (intonation) 3-2-4 La voix 3-2-5 La diction 3-3 Le verbal : se rendre compréhensible 3-3-1 La structure du discours 3-3-2 La clarté du discours 3-3-3 La concision du discours 3-3-4 La correction du discours 3-3-5 Les mots du discours 3-4 Le vivant : se montrer dynamique et ouvert 3-4-1 L’échange avec le jury 3-4-2 La réponse aux questions posées ! 3-4-3 L’engagement professionnel 3-4-4 Les médias 3-5 La vaillance : se montrer pugnace et maître de soi 3-5-1 Gérer le trou 3-5-2 Gérer ses émotions 3-5-3 Gérer la fatigue 3-6 Pour conclure 4 – Dessins et gestes sportifs 5 – Les compétences à l’oral Vincent LAMOTTE – Communiquer à l’oral - 2018 4 1 - LA SITUATION DE COMMUNICATION ORALE Lourde est l’erreur commise par le candidat qui croit que le jury lui attribue sa note sur la seule qualité de ses réponses. Car les mécanismes du langage qui permettent de transmettre un message peuvent grandement altérer, ou au contraire, valoriser celui-ci. Rappelons à ce propos que l’origine étymologique de « communiquer » vient du latin « communicare » qui signifie « être en relation avec ». C’est ici tout l’enjeu de ce type de communication particulière qu’est l’oral. 1-1 Les mécanismes de la communication orale En s’inspirant de la théorie de la communication formulée par Roman Jakobson en 1963, on peut affirmer que la communication réside dans la transmission d’un message (ou information) d’un destinateur (ou émetteur) à un destinataire (ou récepteur) par le moyen de la langue, mais aussi par des gestes, des rites symboliques ou des codes visuels ou auditifs. Toutefois, le message peut être perturbé par des « bruits » susceptibles de dégrader de manière plus ou moins importante la communication. Il faut donc bien intégrer que le message émis n’est pas le message reçu. Et que l’important n’est pas ce qui est dit, mais ce qui est perçu. Ce que j'ai à dire 100% Ce que je pense à dire 90% Ce que je sais dire 80% Ce que je dis effectivement 70% Ce que mon interlocuteur entend 60% Ce que mon interlocuteur écoute 50% Ce que mon interlocuteur comprend effectivement 40% Ce que mon interlocuteur admet 30% Ce que mon interlocuteur retient 20% Ce que mon interlocuteur dira ou répètera 10% R. Jakobson décrit également plusieurs fonctions au langage qui vont pouvoir être utilisée en fonction de ce que l’on recherche : - Référentielle : c’est l’objet même du message qui est de communiquer des informations (je mets en place une situation de jeu à thème). Vincent LAMOTTE – Communiquer à l’oral - 2018 5 - Expressive : extérioriser des sentiments (les élèves aiment ce genre de situations). - Conative : provoquer un effet chez l’interlocuteur (je vais d’abord vous présenter ma situation d’apprentissage). - Métalinguistique : préciser le sens d'un mot, insister sur une idée (je veux dire, en d’autres termes…). - Phatique : établir ou maintenir le contact avec l’interlocuteur (vous pouvez voir sur mon plan d’ateliers). - Poétique : forme esthétique du langage (la haie n’est pas sautée, mais franchie, voire annulée). Référentielle Communiquer des infos Expressive Exprimer des sentiments Conative Provoquer un effet Métalinguistique Apporter des précisions Phatique Établir le contact Poétique Esthétique du langage En fin de compte, le candidat à l’oral joue tout à tour les rôles d’émetteur et penseur. Ce qui signifie concrètement : - d’identifier l’attente du jury (on est d’abord récepteur !). Question Attente Qu'entendez-vous par… Eclaircir Pourquoi… Approfondir Montrez comment… Illustrer En quoi… Justifier Pensez-vous que le problème peut aussi être perçu Élargir Si je résume ce que vous dites… Synthétiser Comment se passe… Qu'est-ce que… Tester - de concevoir un message en un très court instant : trouver les idées, trier les idées, organiser les idées, lier les idées. - de fournir une réponse précise (sémantique), claire (syntaxe), logique (structurée), en règle (expressions et liaisons). - de communiquer avec efficacité cette réponse en utilisant sa voix, son élocution, son regard, sa gestuelle, des supports éventuels (dessins…). Mais aussi en gérant son affectivité. 1-2 « Il est impossible de ne pas communiquer » (École de Palo Alto) L'école de Palo Alto est un courant de pensée dont les membres ont travaillé dans les années 1950 sur une théorie de la communication. L’initiateur de ce travail et père de cette école est Grégory Bateson, zoologue, anthropologue et ethnologue Le postulat de départ est que la communication est liée au comportement des individus. Il n’y a pas de « non-comportement » (le silence et l’inaction sont un comportement). Par conséquent, la communication est permanente. L’école distingue deux codes de communication dont découle deux types de langage : Code et langage dialogique qui est objectif, cérébral, logique et analytique, et qui répond aux lois de la syntaxique et de la sémantique. Il y a dans ce langage un rapport de pure convention entre le signifiant et le signifié. Code et un langage analogique qui est affectif, imagé et qui comporte des figures, des métaphores et des symboles. Les pensées qui emploient ce code ne sont pas dirigées ; elles relèvent du symbolique. Ce code s'exprime par exemple dans des mimiques faciales. Il y a dans ce langage un signifiant et un signifié avec une ressemblance évidente. Vincent LAMOTTE – Communiquer à l’oral - 2018 6 Pour assurer la compréhension du message dans la communication orale, il est nécessaire que les paroles soient en accord avec la posture, les gestes, les mimiques faciales. Il peut toutefois y avoir des perturbations lorsqu’il y a confusion entre le contenu et la relation. Autrement dit, il peut y avoir deux niveaux de sens (contradictoires) dans un message. 1-3 Verbal, paraverbal et non verbal En 1971, Albert Mehrabian, professeur de psychologie aux États-Unis, publie les résultats de deux expériences sur les parts que prennent le verbal, le para verbal et le non verbal dans l’attribution du degré de sympathie. C’est ainsi que 7% de la communication passe par le verbal (signification des mots), 38% par le para-verbal (intonation et son de la voix) et 55% par le non verbal (expression du visage et langage corporel). 2 - LES PRINCIPES ORGANISATEURS DE L’ENTRETIEN (JURY) Le déroulement des épreuves orales est très cadré. Les jurys ont des consignes strictes de passation. Vous devez ainsi être convaincu de la bienveillance de vos interlocuteurs. Leur rôle n’est pas de vous piéger, mais bien de réussir à cerner le meilleur de vous-même. Par contre, il peut aussi vous pousser à vous exprimer, tester votre foi en vos arguments, ou tout simplement vous amener à corriger une erreur. Vous trouverez ci-dessous un document de cadrage donné aux jurys de l’oral 1 pour le CAPEPS 2007. Les principes organisateurs de l’entretien (être bienveillant sans être complaisant) Créer les conditions favorables (« forme ») Tirer le meilleur du candidat (« fond ») - Rester neutre dans l’attitude, du début à la fin de l’épreuve : expression, ton, réactions - Porter une attention particulière à la première question de l’entretien. Elle doit être une aide à la prise de parole et non la mise en évidence d’un manque. Choisir une question « neutre et ouverte (quelle…) », contextualisée et adaptée au niveau de l’exposé pour la mise en confiance du candidat. - S’appuyer sur ce que dit le candidat, rentrer dans sa logique. Faire preuve d’une certaine empathie. - S’efforcer de mener un questionnement continu, fluide, - Les termes utilisés doivent être définis. Partir des prestations du candidat, puis demander de préciser et/ou approfondir et/ou diversifier. - Adapter le questionnement au niveau du candidat. - Faire expliciter les choix et uploads/Management/ communiquer-a-loral.pdf

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  • Publié le Dec 08, 2022
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