Année universitaire 2019 -2020 (12 séances ou 22heures de cours + 2h de DST) Mm
Année universitaire 2019 -2020 (12 séances ou 22heures de cours + 2h de DST) Mme GBLEM-POIDI Département des Sciences du Langage FLLA Université de Lomé 1 DIDACTIQUE DES LANGUES AFRICAINES A. Description du cours Le cours de Didactique des Langues distingue deux grandes parties : - L’élaboration de l’orthographe d’une langue . Représentation des segments (phonologie) . Représentation des mots (morphologie) . Représentation des suprasegments (tonologie) - L’élaboration de manuels didactiques : abécédaire, pré-syllabaire , syllabaire B. Objectifs 1) Objectif général : Ce cours est destiné à outiller les étudiants en Linguistique pour une gestion complète d’un projet d’alphabétisation sur le terrain. 2) Objectifs spécifiques Transmettre aux étudiants en Linguistique : . les principes d’élaboration de l’orthographe d’une langue ; . les techniques de confection de manuels didactiques en alphabétisation, avec un accent particulier sur celles de l’élaboration d’un syllabaire par la méthode analytico-synthétique ; C. Plan du cours I Elaboration de l’orthographe 1. Phonologie et orthographe 2. Tonologie et orthographe II Confection des manuels didactiques 3. Abécédaire et pré-syllabaire 4. syllabaire: Textes préliminaires et listes de mots 5. Fréquence des lettres 6. Choix de lettres des premières leçons 7. Choix des mots-clés et rédaction des textes de fin de leçon 8. Première leçon 9. Fiche de contrôle de la progression III Animation des classes d’alphabétisations 10. Enseignement d’une leçon de syllabaire - Révision 11. Travaux pratiques et évaluation D. Références bibliographiques PRINSLOO, M. ; BREIER, M. (dir. publ.), 1996. The Social Uses of Literacy: Theory and Practice in Contemporary South Africa. Amsterdam, John Ben;jamins. ROBINSON, C., 2003. Literacy – New Meanings and Dimensions. Exposé présenté à la réunion d’experts, Renewed Vision of Literacy and Policy Implications, 10 juin 2003, UNESCO, Paris. STREET, B.V., 1995. Social Literacies. Critical Approaches to Literacy Development, Ethnography and Education. London, Longman. —. 2003. What’s ‘New’ in New Literacy Studies? Critical Approaches to Literacy in Theory and Practice? [Quoi de « neuf » dans les nouvelles études sur l’alphabétisation ? Approches critiques de la théorie et de la pratique]. Current Issues in Comparative Education 5(2). SHELL, Olive et WIESEMANN, Ursula, 1978, ”Guide pour l’alphabétisation en langues africaines" de Collection Propelca, No 34, Yaoundé. 2 CHAPITRE 1 : ELABORATION DE L’ORTHOGRAPHE 0. Introduction 0.1. Mise au point terminologique 0.1.1. Didactique : Qu'est-ce que la Didactique? C'est une science qui a pour objet l'étude systématique des méthodes et des pratiques de l'enseignement en général, ou de l'enseignement d'une discipline ou d'une matière particulière. 0.1.2. La Didactique des langues: C'est l'étude systématique des méthodes et des pratiques de l'enseignement des langues, plus précisément des langues historiques. 0.1.3. La Didactique des langues africaines: Les langues africaines étant, pour la plupart, des langues à tradition orale et peu décrites, la didactique des langues africaines va consister à la description, à la codification et à la vulgarisation desdites langues. 0.1.4. Didactique vs Pédagogie La Didactique porte sur les méthodes ou les pratiques d'enseignement tandis que la Pédagogie porte sur l'éducation ou l'action éducative. Le mot "didactique" qualifie ce qui concerne les méthodes et les pratiques de l'enseignement. CHAPITRE 1 : Techniques d'élaboration de l'orthographe d'une langue L’analyse des sons, de leur distribution et de leur fréquence permet d’établir une orthographe qui respecte la structure phonologique de la langue (quelles consonnes, quelles voyelles et quels tons doivent faire partie de l’orthographe). Une bonne orthographe est donc le reflet du système phonologique d’une langue. Il faut souligner que l’analyse phonologique seule ne peut déterminer une bonne orthographe ; il y a également les facteurs sociolinguistiques (la préférence des locuteurs) qui influent sur le choix des symboles de l’alphabet. Dans ce chapitre, nous allons aborder les différents principes et méthodes d’élaboration de l’orthographe d’une langue. 1.1. Les principes d’élaboration de l’orthographe Une orthographe, aussi simple ou complexe qu’elle soit, n’est jamais un fait de hasard. Elle est, sans équivoque, le résultat de l’application d’un principe ou règles orthographiques spécifiques adaptées à une langue spécifique. Ces principes, malgré leur différence, doivent être concourants et non concurrents pour une orthographe conséquente et effective. 1.1.1. Le principe phonémique Le principe phonémique stipule ceci : ‘A un phonème correspond un et un seul graphème’ Les orthographes de la plupart des langues africaines sont régies par le principe phonémique. C’est après l’identification des phonèmes d’une langue linguistique que l’on peut valablement commencer à concevoir son écriture. Les orthographes de la plupart des langues africaines 3 sont régies par le principe phonémique. Selon ce principe, chaque phonème d’une langue a un correspondant unique dans l’orthographe. Phonème vs Graphème Un son pertinent du système Une lettre de l’alphabet phonologique d’une langue, Le principe phonémique simplifie l’orthographe des langues et rend l’apprentissage facile. On prononce tout ce qui est écrit. Pas de lettres muettes comme dans l’orthographe du français. 1.1.1.1. Représentation des sons complexes a) Les voyelles nasales dans l’orthographe Il y a deux options pour la représentation orthographique de la nasalisation vocalique : - par <n> à la suite de la voyelle nasalisée. - Par un tilde au dessus de la voyelle nasalisée Dans beaucoup de langues africaines, c’est la première option qui est adoptée. [ã] = <an> [ũ ] = <un> Cette option pose un problème lorsqu’une voyelle nasalisée suit une consonne nasale. Prenons par exemple le mot agni kũndo qui signifie "rouler". Faut-il l’écrire kunndo ou kundo ? La première solution est la meilleure d’autant plus qu’elle est la représentation de la structure profonde du mot et permet d’éviter toute confusion. Un exemple du ditammari : cεnkε ‘là-bas’ cɛ̃nkε cɛnnkɛ ‘par hasard’ [ɛ̃ ] = <ɛn>. Si dans l’orthographe on éliminait un <n>, il y aura confusion chez le lecteur. Il ne saura pas s’il s’agit de < cεnkε> : "là-bas" ou de <cennkε> : "par hasard". Dans d’autres langues, la nasalisation vocalique est représentée par un tilde (~) au-dessus de la voyelle orale. b) Les voyelles [ATR] La plupart des vieilles orthographes de langues africaines qui ont le trait [ATR] (Advanced Tongue Root) l’ont simplement négligé. Le fait de ne pas en tenir compte dans l’orthographe crée d’énormes difficultés de lecture. c) Les nasales homorganiques Les nasales, qu’elles soient homorganiques ou archiphonèmes subissent une assimilation en contexte et doivent être représentées de la manière suivante : <m> avant /b, p, m, w/ <n> avant /t, d, s, z, l, n/ < ɲ> avant /c, j, y/ <η> avant /k, g/ 4 Dans beaucoup de langue, la nasale alvéolaire <n> apparaît aussi avec les palatales. 1.1.1.2. Les phonèmes à statut douteux dans l’orthographe Il s’agit des allophones, des variantes libres, de l’alternance consonantique et des assimilations nasales. Ces phénomènes phonologiques entraînent la remise en question partielle du principe phonémique. a) Les allophones Dans le cas des allophones, le son qui a plus de distribution, c’est-à-dire le son qui apparaît dans plus de contexte phonique sera le représentant orthographique. Dans certaines langues, il est préférable que les différents allophones soient représentés dans l’orthographe. b) Les alternances consonantiques Dans certaines langues, des sons ayant le statut de phonème alternent avec d’autres phonèmes dans des environnements spécifiques. Ce phénomène existe en kabiyɛ. Delord (1979 ) montre que les phonèmes /f/ et /h/ alternent entre eux, de même que /b/ et /w/. /f bʋ/ et /hbʋ veulent dire "griller" ; et /bèlέ/ et /wèlέ/ signifient tous deux "jeune filles". Parfois ces alternances consonantiques sont conditionnées par des facteurs grammaticaux. Que doit-on faire devant ce phénomène ? L’extension du principe phonémique Les allophones de l’archiphonème /N/ relancent le débat sur les sons qui méritent d’être représentés dans une orthographe pratique. Les alternances consonantiques ont-ils leur place dans l’orthographe ? Une interprétation stricte du principe phonémique n’est pas toujours utile. Il faut alors l’étendre pour inclure certains cas d’allophones et d’alternance consonantique dans l’orthographe. Ainsi, le principe phonémique révisé ou principe allophonique stipule que les cas d’allophones et d’alternances consonantiques doivent être représentés par des allographes ou des graphèmes différents dans l’orthographe. 1.1.2. Structure syllabique et orthographe Une syllabe est la combinaison d’une consonne et d’une voyelle. Généralement on distingue les mots monosyllabiques à syllabes ouvertes ou fermées, des mots polysyllabiques à syllabes ouvertes ou fermées. La syllabe des langues africaines comporte généralement trois éléments, à savoir la consonne, la voyelle et le ton. En phonologie générative, la syllabe est représentée par le symbole σ, Ce symbole sera utilisé dans certains schémas. Ces mots sont constitués d’une seule syllabe. Ceux qui sont de structure syllabique ouverte ont la forme suivante : 5 σ C V (V) Les syllabes fermées ont la forme suivante : σ C V C La plupart des langues de notre sous-région ont des syllabes ouvertes. Certaines langues Gur telle que le moba-lok, le lokpa, le kabye, etc. ont des syllabes fermées. Généralement ces syllabes se terminent par [m, n, η, η, y]. Certaines langues de la famille Kwa ont des mots se terminant par /m/. 2.4.2 : Les mots dissyllabiques Ici notre attention portera exclusivement sur les mots dont la forme canonique est consonne1 + voyelle + consonne 2 + voyelle (C1 + V + C2 + V) mais uploads/Management/ didactique-des-langues-africaines-moodle.pdf
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- Publié le Mai 06, 2021
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- Langue French
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