Nicole FRANKE La didactique du français dans les écoles primaires sénégalaises*
Nicole FRANKE La didactique du français dans les écoles primaires sénégalaises* Westfälische Wilhelms-Universität Münster Fachbereich Erziehungs- und Sozialwissenschaften Institut für Allgemeine Erziehungswissenschaft (I) Georgskommende 33 D-48143 Münster Allemagne nicolefranke@muenster.de *Le texte présent et une version redigée et abrégée de mon mémoire de mâitrise Didaktik des Französisch- unterrichts an senegalesischen Primarschulen (Münster, 2002). Je remercie Isabelle MORVAN pour la traduction française. Nicole Franke: La didactique du français dans les écoles primaires sénégalaises. Page 2 Tabel des matiéres 1. Introduction ____________________________________________________________ 3 1.1 Le bagage linguistique des élèves ____________________________________________ 4 1.2 Hétérogénéité linguistique _________________________________________________ 4 1.3 Matériel pédagogique_____________________________________________________ 4 1.4 Méthode pédagogique ____________________________________________________ 5 2. L'élève en tant que facteur d'influence (bagage linguistique) _________________________ 5 2.1 Domaines considérés comme problématiques par les enseignants____________________ 5 2.2 Analyse des fautes_______________________________________________________ 6 2.2.1 Relevé des fautes ______________________________________________________ 7 2.2.2 Description des fautes __________________________________________________ 8 2.2.2.1 Phonologie/Orthographe_______________________________________________ 8 2.2.2.2 Morphologie/Syntaxe ________________________________________________ 11 2.2.3 Interprétation des fautes _______________________________________________ 15 2.3 Hétérogénéité linguistique des élèves ________________________________________ 15 2.4 Bilan________________________________________________________________ 16 3. Le manuel en tant que facteur d'influence _____________________________________ 16 3.1 Conception formelle____________________________________________________ 17 3.2 Textes ______________________________________________________________ 17 3.3 Vocabulaire ___________________________________________________________ 18 3.4 Questions ____________________________________________________________ 19 3.5 Exercices ____________________________________________________________ 20 3.6 Histoires sans paroles, poèmes, devinettes et jeux ______________________________ 22 3.7 Directives destinées à l'enseignant__________________________________________ 22 3.8 Bilan________________________________________________________________ 23 4. La méthode pédagogique en tant que facteur d'influence __________________________ 23 4.1 Procédé utilisé_________________________________________________________ 23 4.2 Digression: l'alphabétisation doit-elle se faire dans la seconde langue? _______________ 24 4.3 Observations relatives au déroulement des cours _______________________________ 25 4.3.1 Utilisation du manuel par le professeur_____________________________________ 25 4.3.2 Utilisation de la langue par l'enseignant ____________________________________ 26 4.3.3 Questions posées par les enseignants ______________________________________ 26 4.3.4 Explications_________________________________________________________ 28 4.3.5 Correction des fautes __________________________________________________ 29 4.3.6 Participation des élèves ________________________________________________ 29 4.4 Compétence communicative des élèves______________________________________ 30 4.5 Informations d'arrière-plan sur les enseignants ________________________________ 31 4.6 Bilan________________________________________________________________ 32 5. Propositions en vue d'une amélioration_______________________________________ 33 5.1 Résumé ______________________________________________________________ 33 5.2 Perspectives __________________________________________________________ 34 6. Bibliographie___________________________________________________________ 37 Nicole Franke: La didactique du français dans les écoles primaires sénégalaises. Page 3 "Quand l'enfant n'a pas compris, cherchez à savoir pourquoi." (Bakary BADIANE, Président de l'union nationale des associations de parents d'élèves sénégalaises Le Soleil [Dakar], 23.11.2001, 6) 1. Introduction "Education pour tous", "Education for all" ou "Bildung für alle" – ceci est une exigence sans cesse revendiquée dans de nombreuses langues. Les pays en voie de développement surtout, mais pas seulement eux, sont toujours loins d'avoir atteint cet idéal. On sait depuis longtemps qu'il ne suffit pas de concentrer les efforts uniquement sur les taux de scolarisation. Aussi étrange que cela puisse paraître: la possibilité d'aller à l'école est loin de garantir à elle seule l'accès à l'éducation: "Although the gains in enrollment had been impressive in many parts of the world, including sub- Saharan Africa, low quality and high dropout rates led to the deceptive result that many of the children left school again without having obtained a sustainable level of basic reading, writing and numeracy skills." (MICHAELOWA, 2001, 1699) Pour permettre aux élèves un véritable accès à des compétences de base dans les domaines de la lecture, de l'écriture et du calcul, il est impératif de ne pas descendre en dessous d'un certain seuil d'exigences minimales de qualité. Le forum mondial sur l'éducation de Dakar 2000 cite entre autres les conditions nécessaires à l'obtention de performances scolaires satisfaisantes: "(...) des institutrices et instituteurs bien formés qui appliquent des méthodes d'apprentissage ac- tives, des locaux et du matériel pédagogique adéquats, un programme pédagogique digne de ce nom et qui puisse être enseigné dans la langue locale, un (...) cadre d'apprentissage sécurisant (...)" (SANDHAAS, 2000, 80 – trad. I.M.). Dans l'étude qui va suivre, je décrirai en détail et à l'aide d'un exemple concret, à savoir l'enseignement du français dans les écoles primaires sénégalaises, ce qu'impliquent ces conditions, quelles sont les difficultés et problèmes s'opposants à leur réalisation, quelles sont les mesures appropriées afin de vaincre ces difficultés et se rapprocher ainsi non seulement sur le plan de la quantité mais aussi de la qualité du but fixé qui est "l'éducation pour tous". L'étude de l'enseignement du français dans les écoles primaires au Sénégal présuppose des connaissances concernant la situation linguistique générale dans la société et dans le domaine de l'éducation. Aujourd'hui encore, le français est la langue officielle et administrative du Sénégal, c'est également la seule langue d'enseignement officielle du système scolaire public (cf. Wiegelmann, 1998, 25f). Mais en règle générale, le français n'est pas la langue maternelle des élèves dans les écoles. On parle environ 20 langues africaines différentes sur le territoire sénégalais. Pratiquement la moitié de la population a le wolof comme langue maternelle, 24 % environ parlent le peul, 13 % le sérère, 6 % le mandingue, 5 % le diola et 1,4 % le soninke. (cf. Daff, 1996b, 566). Ceci donne à l'enseignement du français un rôle primordial: l'accès à l'éducation publique est forcément lié à l'apprentissage du français comme langue étrangère. Une des conditions de base nécessaires à un apprentissage satisfaisant et formulée dans le cadre des déclarations du forum mondial sur l'éducation de Dakar 2000 ne peut par conséquent être réalisée: Il n'y a pas d'enseignement dans les langues nationales (que ces langues soient le vecteur ou l'objet de l'enseignement). Nous verrons au cours de cette étude que cela n'est pas sans conséquences pour l'enseignement du français. Le but avoué de cette étude n'est cependant pas de plaider une fois de plus pour l'introduction des langues nationales dans le système scolaire public, ce qui du reste devrait être réalisé depuis longtemps. Les travaux scientifiques en la matière ne manquent pas et les raisons qui font que les changements restent imperceptibles résultent principalement de l'immobilisme politique. Le but de cette étude est bien plutôt de présenter la didactique de l'enseignement du français, d'analyser les problèmes, et à partir de mes propres conclusions ainsi que des observations des protagonistes de proposer des solutions pratiquables en vue d'une meilleure qualité de l'enseignement, ce qui en fin de compte aurait un impact positif sur les autres matières scolaires, car: Nicole Franke: La didactique du français dans les écoles primaires sénégalaises. Page 4 "French as the only language of instruction (the way it is currently used in public schools) seems to be mainly responsible for the low achievement levels of the great majority of pupils in formal primary education" (WIEGELMANN & NAUMANN, 1999, 72)" J'évoquerai ici trois facteurs d'influence primordiaux qui jouent un rôle particulièrement vital dans la qualité de l'enseignement des langues en général: le bagage linguistique des élèves, le matériel pédagogique employé ainsi que la méthode pédagogique utilisée. 1.1 Le bagage linguistique des élèves Les élèves arrivent avec une multitude de caractéristiques personnelles qui peuvent varier considérablement d'un élève à l'autre. Etant donné qu'il s'agit ici d'une étude orientée sur la didactique linguistique, il me semble légitime de me limiter aux différences sur le plan linguistique. L'arrière-plan socio-économique ne sera pas pris en compte malgré l'intérêt certain qu'il présente lui aussi. Ainsi que je l'ai déjà dit, le français est pour la grande majorité des enfants sénégalais une langue étrangère. Presque tous les enfants arrivant à l'école possèdent les structures linguistiques d'au moins une autre langue, à savoir celles de leur langue maternelle (L1) qui est souvent le wolof. Une grande partie des enfants dont la langue maternelle n'est pas le wolof ont de plus des connaissances dans cette dernière car c'est au Sénégal une langue véhiculaire très répandue, parlée et comprise par plus de 70 % de la population adulte (cf Fal, 1995, 386). Il faut donc s'attendre à ce que ces enfants soient influencés dans l'apprentissage du français par la L1 (et éventuellement par la L2). Cette influence peut se manifester entre autres par des fautes d'interférence. Il s'agit là d'erreurs commises lorsque l'apprenant tente de transférer les structures de sa langue d'origine à la langue d'arrivée. Pour comprendre les processus en jeu lorsqu'un apprenant transfère les structures de sa langue maternelle à la L2, l'analyse des erreurs commises selon le modèle présenté ci-après s'avère nécessaire et utile. De plus, comme le montre clairement Odlin, une analyse des fautes permet également de prévoir de potentielles sources d'erreurs pour les futurs apprenants de la même L 1: "A record of temperatures in the month of July in Texas for several years is likely to be a good predictor of average temperatures in Texas next July. Similarly, a record of errors in French made by English-speaking students in previous years can serve as a predictor of errors that English speaking students will make in a French course next year" (ODLIN, 1994, 35). Rien ne serait plus logique que d'inclure dans la forme d'enseignement et dans le matériel pédagogique les résultats ainsi obtenus concernant les domaines problématiques. 1.2 Hétérogénéité linguistique Une particularité de l'état multilingue du Sénégal est le fait qu'on ne trouve presque nulle part une classe où tous les élèves aient la même langue maternelle. De plus, chacun d'eux arrive avec un vécu différent par rapport aux autres langues. On peut uploads/Management/ didactique-franke-frz.pdf
Documents similaires










-
35
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 11, 2022
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 0.4817MB