Élaborer une unité didactique à partir d'un document authentique -Article de Va
Élaborer une unité didactique à partir d'un document authentique -Article de Valérie Lemeunier- Chaque époque, du fait de sa conjoncture socio-économique, de son évolution technologique, de l’état de ses recherches en didactique, des particularités de son public…, a fait naître des "manières d’enseigner" que, par commodité, nous appellerons "méthodologies". Chaque méthodologie naissante se démarquant évidemment de celles qui l’avaient précédée. Chacune d’entre elles a cependant eu le mérite de contribuer à l’avènement de la suivante et à l’évolution du processus d’enseignement / apprentissage sans pour autant offrir de solution miracle. Il faut donc les resituer dans leur contexte pour admettre leur pleine adéquation aux exigences de leur époque. Il apparaît également que l’évolution soit impulsée à la fois par les méthodologies qui font évoluer les pratiques de classe et par les acteurs de terrain qui font évoluer les théories pédagogiques. J’en veux pour exemple la perspective actionnelle qui est désormais au centre du débat pédagogique et dont tous les manuels se revendiquent actuellement mais qui a fait son apparition dans certaines classes depuis fort longtemps déjà. La médiatisation de cette méthodologie va toutefois amplement participer à sa vulgarisation. Quoi qu’il en soit, il est satisfaisant de relever que l’évolution méthodologique ne s’est pas faite sans une volonté grandissante bien qu’insuffisante de prise en compte de la notion de plaisir : cette émotion agréable et intense provoquée par une nouvelle découverte, par la satisfaction d’un besoin et/ou par la réalisation d’un objectif. En fonction de la tâche à réaliser, l’enseignant détermine les besoins langagiers nécessaires à sa réalisation. En tenant compte de ces besoins et des acquis des apprenants, il fixe les objectifs à atteindre et sélectionne le matériel de cours. Pour que l'apprenant puisse atteindre l'objectif du cours qui est la réalisation de la tâche, il doit avant tout être exposé aux contenus dont il aura besoin dans l'accomplissement de cette dernière. En adoptant un cadre méthodologique cohérent et en sélectionnant un document de départ pertinent, l’enseignant va faciliter le passage de l’exposition à la production et générer le plaisir d’apprendre. Un cadre méthodologique cohérent : l'unité didactique Afin de permettre à l’apprenant de produire du sens, il est nécessaire de lui donner les moyens de s’approprier les nouveaux savoirs (savoir-faire, savoir-être et savoirs). De l’exposition à la production, le cadre méthodologique que nous proposons est largement inspiré de divers courants. • La sensibilisation Il s'agit d'une étape d'éveil qui va permettre de sensibiliser les apprenants à l'objectif global de l'unité didactique. A partir d'un document iconographique, d'un bruit, d'un geste, d'une question, d'un mot, d'un dessin, d'une photo, d'un objet..., on va stimuler la curiosité et la mémoire des apprenants afin de provoquer l'émergence de connaissances latentes et d'idées nouvelles, de déclencher le désir d’en savoir plus. Cette étape permettra par ailleurs de faire le point sur les connaissances des apprenants. Quelques exemples d'activités préconisées pour la sensibilisation : le remue- méninge, l'anagramme, la pyramide, le mime, l'analyse d'un dessin ou d'une photo ou d’un bruit... • La compréhension écrite ou orale Elle s'effectue à partir d'un document ou d'extraits de divers documents et se décompose elle-même en plusieurs étapes. En situation authentique, le locuteur natif s’aide tout naturellement du contexte, de ses cinq sens et de stratégies pour mieux comprendre son interlocuteur ou un document. En situation d’apprentissage, du fait du caractère artificiel de la situation, l’individu a tendance à perdre cette faculté naturelle et à focaliser son attention sur le seul contenu linguistique. De ce fait, il est pertinent de « mettre en place des stratégies d’exploitation qui respectent la situation de communication véhiculée par le document authentique et de tenter de restituer l’authenticité de sa réception » et de proposer des activités qui incitent l’apprenant à retrouver la faculté naturelle dont nous parlions précédemment. L'anticipation : il s'agit de l’étape qui va préparer la compréhension du document de départ. Les apprenants vont émettre des hypothèses sur le document avant même de l'avoir lu ou écouté. L’apprenant est donc dans une situation d’incertitude qui l’oblige à agir tactiquement en s’appuyant sur ses acquis et son expérience d’apprenant. On va donc inviter l’apprenant à s'interroger sur le type de document dont il s'agit, sur son émetteur, sur son récepteur, sur le lieu de l'interaction, sur le moment de l'interaction, sur la manière dont elle est menée et sur les raisons et l'enjeu de l'interaction. Les paramètres de la situation de communication déterminent le discours. Il faut donc amener les apprenants à s'appuyer sur ces paramètres pour développer leur compétence de compréhension. Par ailleurs, la communication ne passant pas majoritairement par le verbal, il est primordial que les apprenants relèvent les informations que leur apporte le contexte de l'interaction. Lors de cette étape préliminaire, ils vont repérer des indices extralinguistiques qui vont leur permettre d’émettre des hypothèses sur la forme et le contenu du message. Cette étape va donc faciliter la compréhension du document. L'analyse du paratexte d'un document écrit, du paralinguistique d'un document oral, de l'image d'un document vidéo, du dessin ou de la photo accompagnant un document audio permettra aux apprenants de faire des suppositions sur les paramètres de la situation de communication. Afin de favoriser l’émergence d’hypothèses, les apprenants seront amenés à répondre à des questions concernant le contexte communicatif de l’interaction : Qu'est-ce que c'est ? Qui parle ? À qui ? De quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Dans quel but ? Ils ne pourront peut-être pas répondre à toutes ces questions et commettront sans doute des erreurs, peu importe ! Là encore, il s’agit d’éveiller la curiosité de l’apprenant pour l’inciter à aller plus loin dans la découverte du document afin de vérifier ses hypothèses. Compréhension globale : il s'agit de l’étape qui va permettre aux apprenants de vérifier les hypothèses émises lors de l'étape d'anticipation et de passer d’une situation d’incertitude à une situation de moindre incertitude. Une première lecture ou écoute rapide (voire partielle) permettra aux apprenants de comparer la situation de communication élaborée à partir des hypothèses émises avec celle du document en soi. La compréhension globale n’est donc pas l’objectif en soi de l’étape mais le moyen de l’atteindre : l’objectif principal va être la recherche d’indices linguistiques permettant d’infirmer ou de confirmer les hypothèses émises. L’écoute est donc motivée par un enjeu et par le désir de lever le doute. Les informations ainsi obtenues permettront par ailleurs d’anticiper le contenu du document lui-même et faciliteront la compréhension détaillée. Compréhension détaillée : il s'agit de l'étape qui va permettre de faire relever dans le document des informations plus précises pour réaliser l’activité ou la tâche proposée. Activité ou tâche qui sera déterminée en fonction des objectifs de l’unité didactique. Il n'est pas pour autant nécessaire que les apprenants comprennent le document dans son intégralité. Cette étape peut prendre diverses formes : questionnaire, tableau ou fiche à remplir, document à compléter, document à identifier, dessins à ordonner... Elle donnera lieu à une deuxième écoute ou lecture. Ensuite, on procédera à une mise en commun qui permettra aux étudiants de comparer leurs réponses, de s'entraider et de s'auto-corriger. Cette mise en commun, qui va permettre aux apprenants d’échanger les informations relevées par chacun, amenuise les probabilités d’échec. Elle offre à l’apprenant une chance réelle d’améliorer sa performance : la confrontation lui fournit des repères pour valider ou rectifier ses premières propositions. La mise en commun préalable à une troisième écoute ou lecture justifie son existence. La troisième écoute n’a, en effet, de sens que si elle est motivée par un enjeu : la validation des informations recueillies. Pour finir, une mise en commun générale aura lieu afin de corriger l'activité. Une quatrième écoute ou lecture partielle pourra alors être effectuée au cas où des désaccords subsisteraient. Pour que chaque écoute ou lecture soit active, elle doit avoir un objectif différent et complémentaire des autres, sans quoi, elle n’a plus aucune raison d’être. Progressivement donc les informations dégagées font sens et l’apprenant satisfait sa curiosité. • Le repérage Il s'agit de l'étape qui va permettre aux apprenants de relever les indices qui vont les aider à découvrir les règles d'usage de la langue. On va donc amener les apprenants à rappeler l'objectif communicatif du document (ex. : Vous vous souvenez tout à l'heure... Qu'est-ce que vous m’avez dit ? Qui parle ? À qui ? Pourquoi ? Réponse des apprenants : un candidat parle à l’animateur d’un jeu télévisé et aux téléspectateurs pour "se présenter". Le professeur : Alors, vous allez chercher dans le document comment on peut se présenter en français). On compare souvent cette étape au travail d'un détective qui relève des indices pour résoudre une énigme. Les apprenants vont analyser le corpus obtenu. Cette étape se réalise par groupes ; l’enseignant circule entre les groupes afin de guider davantage ceux qui en ont besoin. L’apprenant est tenu en haleine : a-t-il ou non résolu l’énigme ? Grâce à ce travail de détective, on éveille la curiosité de l’apprenant, on le responsabilise, on le guide vers uploads/Management/ e-laborer-une-unite-didactique.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 07, 2022
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- Langue French
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