5 Sommaire INTRODUCTION La notion de compétence :nécessité ou vogue éducative 7

5 Sommaire INTRODUCTION La notion de compétence :nécessité ou vogue éducative 7 Joaquim Dolz et Edmée Ollagnier DE LA DIFFICULTÉ DE CONCEPTUALISER LA NOTION DE COMPÉTENCE La notion de compétence : quelle pertinence pour l’étude de l’apprentissage des actions langagières ? 27 Jean-Paul Bronckart & Joaquim Dolz D’une métaphore à l’autre : transférer ou mobiliser ses connaissances ? 45 Philippe Perrenoud La qualification ou comment s’en débarrasser 61 Marcelle Stroobants LES COMPÉTENCES EN SITUATION SCOLAIRE Acquisition et évaluation des compétences en situation scolaire 77 Linda Allal La notion de compétence, révélateur de phénomènes transpositifs dans l’enseignement des mathématiques 95 François Conne et Jean Brun 6 Sommaire La popularité pédagogique de la notion de compétence peut-elle se comprendre comme une réponse inadaptée à une difficulté didactique majeure ? 115 Samuel Johsua De l’évaluation aux compétences : mise en perspective de pratiques émergentes 129 Daniel Bain LES COMPÉTENCES DANS LA FORMATION PROFESSIONNELLE La compétence et le thème de l’activité : vers une nouvelle conceptualisation didactique de la formation 149 Jean-Michel Baudouin Une action de formation en milieu carcéral : un exemple d’approche des compétences par l’ergologie 169 Louis Durrive Les pièges de la compétence en formation d’adultes 183 Edmée Ollagnier La validation des acquis professionnels. Entre expérience, compétences et diplômes : un nouveau mode d’évaluation 203 Françoise Ropé Table des matières 227 7 La notion de compétence : nécessité ou vogue éducative Joaquim Dolz et Edmée Ollagnier Université de Genève L’ÉMERGENCE DE LA LOGIQUE DES COMPÉTENCES EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION Avec le titre provocateur « L’irrésistible ascension du terme “compétence” en éducation », Marc Romainville analysait dans un article de 19961 l’émer- gence du terme « compétence » dans des documents officiels récents. Le terme « compétence » s’inscrit au hit-parade des appellations pédagogi- ques. Il fait partie de ces mots qui, s’imposant subitement dans un champ donné, exigent sans doute une analyse approfondie à la fois de leur origine et des raisons de leur succès. Pourtant, la notion de compétence en scien- ces de l’éducation provoque souvent des incertitudes lexicales et des con- troverses à cause de la difficulté à identifier clairement les phénomènes qu’elle tente d’objectiver. Elle fait partie de ces notions dont les définitions ne se laissent saisir qu’au travers de l’évolution des courants éducatifs et de recherche qui en font usage et auxquels il faut faire référence pour éclaircir les divers sens attribués. Cet ouvrage a pour but de contribuer à la compréhension de cette no- tion en s’interrogeant sur ses usages aussi bien dans les textes pédagogi- ques, notamment dans les programmes et curricula scolaires, que dans le domaine de la formation professionnelle et continue. En choisissant d’ouvrir INTRODUCTION 1. Romainville, M. (1996). L’irrésistible ascension du terme « compétence » en éducation, Enjeux, 37/38, 132-142. 8 J. DOLZ & E. OLLAGNIER le débat sur le statut d’une notion émergente controversée et de confronter les travaux sur la question, la série Raisons éducatives interpelle les cher- cheurs des sciences de l’éducation. Cette notion interroge la pertinence et la légitimité des savoirs conceptuels élaborés, les concordances/discordan- ces des phénomènes que ces savoirs identifient et expliquent, et la mé- thode même par laquelle ces savoirs sont construits. Enfin, elle questionne l’influence que le contexte socio-économique et les contraintes des systè- mes institutionnels de formation exercent sur l’élaboration de ces savoirs. Qu’est-ce que la compétence ? Tout le monde des sciences de l’éducation en débat, mais les usages qui sont faits de la notion de compétence ne facilitent pas sa définition. La difficulté de la définir croît avec le besoin de l’utiliser. Si la compétence est devenue une notion médiatique, elle n’est pas pour tous les auteurs un concept opérationnel. Une analyse historique s’avère nécessaire pour mieux comprendre pour- quoi cette notion est devenue un « attracteur » depuis les années 70 dans le monde du travail, de la formation et de l’école. L’origine de la notion, les causes de la facilité de son succès, le sens qu’on lui a progressivement attribué méritent d’être étudiés. Pourquoi préfère-t-on cette notion à celles de capacité, de connaissance, de savoir-faire, d’aptitude ou de potentia- lité ? Dans une première acception très générale, la notion de compétence désigne la capacité à produire une conduite dans un domaine donné. Elle est déjà présente depuis plus d’un siècle dans les travaux en psychologie. Néanmoins la notion de compétence ne devient objet d’un débat scientifi- que que lorsque N. Chomsky, dans le cadre de la linguistique générative, utilise systématiquement l’opposition compétence/performance. La com- pétence suggère pour cet auteur ce que le sujet est en mesure idéalement de réaliser grâce à son potentiel biologique, tandis que la performance se réfère au comportement observable qui n’est qu’un reflet imparfait de la première. C’est par analogie avec ce dernier usage que ces deux notions ont pris leur élan. L’émergence de la notion de compétence en éducation est le signe de changements épistémologiques. Elle renvoie à celle de construction interne, au pouvoir et au vouloir dont dispose l’individu de développer ce qui lui appartient en propre comme « acteur » « différent » et « autonome ». Cette notion s’inscrit bien dans un renforcement des conceptions cognitivistes. Peut-on aussi l’intégrer dans des travaux qui se réclament du paradigme socioculturel ? La notion de compétence : nécessité ou vogue éducative 9 Dans le domaine du travail, la compétence caractérise les dimensions potentielles ou effectives des travailleurs pour agir efficacement en fonction des exigences des entreprises. Avec la notion de compétence, on définit les savoirs d’expérience nécessaires aux actes de travail permettant aux sujets de résoudre les problèmes qui surgissent dans la vie professionnelle. La mise au premier plan des pratiques faisant appel à la compétence peut être alors perçue comme une dévalorisation des savoirs savants ou d’experts et une volonté de maintenir les salariés dans un statut de simples exécutants. La notion de compétence peut également être analysée comme le ré- sultat d’une évolution des mentalités pédagogiques. Reste à comprendre la transformation des idées pédagogiques qu’elle implique, par exemple son rapport avec le mouvement de l’école active (pédocentrisme, principe d’ac- tivité, développement de démarches de pensée). Aujourd’hui, c’est la com- préhension de son extension dans les programmes et les curricula scolaires qui nous interpelle. Enfin, à être trop employé, le terme de compétence est source de nom- breuses confusions. Par exemple, on dit que posséder des connaissances, des techniques ou des capacités de gestion, ne signifie pas être compétent. On parle aussi de « mobiliser des compétences » en affirmant ensuite que la compétence ne réside pas dans les ressources mais dans la mobilisation même de ces ressources. On la considère encore comme « savoir intégra- teur dans le cadre de l’action » pour insister sur les conditions de mise en œuvre et sa nature combinatoire. Ces nouvelles significations renversent le sens initial de la notion chomskyenne de compétence. Comment donner une définition opérationnelle ? Les compétences dans les programmes et curricula scolaires Il est possible aujourd’hui d’analyser concrètement la manière dont on pré- sente les compétences dans les documents officiels. L’utilisation de cette notion provoque des changements par rapport aux anciens programmes scolaires qui doivent être analysés. Existe-t-il un sens général de la notion de compétence qui se dégage de ces documents ? Nous pouvons aujourd’hui préciser un certain nombre d’indicateurs explicités dans les référentiels de compétences et la manière de les hiérarchiser. Les rapports aux attentes de l’environnement socio-économique, aux savoirs disciplinaires, aux étapes de développement des comportements de l’apprenant et aux méthodes d’or- ganisation du travail peuvent être étudiés dans ces référentiels. Par ailleurs, on peut s’intéresser à la place attribuée à ce que l’on nomme compétence transversale ou encore compétence collective. On peut saisir également le statut des compétences au travers des propositions d’évaluation. Peut-on 10 J. DOLZ & E. OLLAGNIER dire qu’avec la « logique de la compétence », les formes de sociabilité et de socialisation scolaires se transforment ? D’un apprentissage centré sur les matières (où l’accent est mis sur les savoirs), la pédagogie orientée sur les compétences définit les actions que l’élève devra être capable d’effectuer après apprentissage. Pour certains, la logique de l’enseignement des disciplines est au service de ces actions, pour d’autres, elle peut, en revanche, représenter une entrave en figeant leurs apprentissages. Des questions se posent donc sur les rapports comple- xes entre la logique de l’enseignement des disciplines et la logique de la compétence associée à l’acquisition d’une expertise complexe, transver- sale et exportable en dehors du champ scolaire. Lorsque les nouveaux curricula veulent insister sur des nouvelles expériences et des modes de travail « en situation », sans fournir les savoirs formels correspondants, les discours sur la mobilisation de la compétence peuvent aboutir paradoxale- ment à son appauvrissement. À l’inverse, la logique de la compétence a le mérite de rappeler que l’appropriation de savoirs formalisés n’est pas suffi- sante pour préjuger des actions efficaces. Comment les didactiques des disciplines envisagent-elles cette problématique ? Là encore se pose le pro- blème de l’évaluation : les compétences peuvent être saisies par l’analyse des uploads/Management/ education-par-competences-pdf.pdf

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  • Publié le Dec 29, 2021
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