BINSWANGER ET L’ANALYSE EXISTENTIELLE Cours et travaux de Michel Foucault avant
BINSWANGER ET L’ANALYSE EXISTENTIELLE Cours et travaux de Michel Foucault avant le Collège de France La Sexualité Cours donné à l’université de Clermont-Ferrand (1964) suivi de Le Discours de la sexualité Cours donné à l’université de Vincennes (1969) Édition établie, sous la responsabilité de François Ewald, par Claude-Olivier Doron 2018 Michel Foucault Binswanger et l’analyse existentielle Édition établie, sous la responsabilité de François Ewald, par Elisabetta Basso HAUTES ÉTUDES EHESS GALLIMARD SEUIL « Hautes Études » est une collection des Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, qui en assurent le suivi éditorial, des Éditions Gallimard et des Éditions du Seuil. Édition établie, sous la responsabilité de François Ewald, par Elisabetta Basso isbn 978‑2-02‑143262‑6 © Seuil/Gallimard, mai 2021 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335‑2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.seuil.com AVERTISSEMENT De 1952 à 1969, date de sa nomination à la chaire d’Histoire des systèmes de pensée au Collège de France, Michel Foucault a enseigné dans plusieurs universités et institutions : la psychologie à l’École nor male supérieure (à partir de 1951), à Lille (1952‑1955) et à Clermont- Ferrand (1960‑1966), ensuite la philosophie à Tunis (1966‑1968) et à Vincennes (1968‑1969). Il a en outre prononcé en octobre 1965 à l’uni versité de São Paulo un cours sur ce qui deviendra, en 1966, Les Mots et les Choses. Michel Foucault n’avait lui-même conservé que quelques-uns des manuscrits des cours prononcés pendant cette période. Ces manuscrits sont déposés dans le fonds Foucault de la Bibliothèque nationale de France (sous la cote NAF 28730). On trouve également, dans les mêmes boîtes où sont conservés les cours, quelques textes, parfois très dévelop pés, qui leur sont contemporains. Il nous a paru intéressant de les inté grer parmi les volumes qui composent cette série de « cours et travaux » datant de la période antérieure à la nomination de Michel Foucault au Collège de France. Les règles suivantes président à l’édition de ces volumes : – Le texte est établi à partir des manuscrits déposés à la Bibliothèque nationale de France. Les transcriptions sont aussi fidèles que possible aux manuscrits ; elles font l’objet d’une relecture collective au sein du comité éditorial. Les difficultés que peut présenter la lecture de certains mots sont indiquées en notes. N’ont été apportés au texte que des aménage ments mineurs (correction d’erreurs manifestes, ponctuation, disposition du texte) destinés à en faciliter la lecture et la bonne compréhension. Ils sont toujours signalés. – Les citations sont vérifiées et les références des textes utilisés sont indi quées. Le texte est accompagné d’un appareil critique visant à élucider les points obscurs et à préciser les points critiques. – Afin d’en faciliter la lecture, chaque leçon ou chapitre est précédé d’un bref sommaire qui en indique les principales articulations. – Comme pour l’édition des cours du Collège de France, chaque volume s’achève sur une « situation » dont l’éditeur scientifique garde la respon sabilité : elle a pour objet de donner au lecteur les éléments de contexte nécessaires à la compréhension des textes et de lui permettre de les situer dans l’œuvre publiée de Michel Foucault. Le comité éditorial en charge du projet est composé de : Elisabetta Basso, Arianna Sforzini, Daniel Defert, Claude-Olivier Doron, François Ewald, Henri-Paul Fruchaud, Frédéric Gros, Bernard E. Harcourt, Orazio Irrera, Daniele Lorenzini et Philippe Sabot. Nous tenons tout particulièrement à remercier la Bibliothèque natio nale de France grâce à laquelle nous avons pu consulter les manuscrits à partir desquels cette édition a été établie. François Ewald Binswanger et l’analyse existentielle 8 RÈGLES D’ÉTABLISSEMENT DU TEXTE Le manuscrit du texte qui fait l’objet de la présente édition est conservé à la Bibliothèque nationale de France dans le fonds Foucault sous la référence NAF 28730, Boîte 46, dossier 1, chemise 3. Il fait partie d’un ensemble de textes (cours, projets d’ouvrages et travaux divers) datant de la première moitié des années 1950, à l’époque où Michel Foucault ensei gnait à l’université de Lille (1952‑1954) et à l’École normale supérieure. Aucun titre ne figure sur le manuscrit. Nous lui avons donné celui de Binswanger et l’analyse existentielle qui correspond au thème traité. De même, afin d’en faciliter la lecture, nous avons attribué des titres aux chapitres, en nous fondant sur les indications données par Foucault lui-même à la fin de l’introduction. Le texte a été établi en respectant au maximum la mise en page et la rédaction du manuscrit. Les mots manquants ont été rétablis, les constructions problématiques rectifiées, les abréviations développées et la ponctuation complétée lorsque cela paraissait nécessaire. Les passages du manuscrit rayés par Foucault qui nous ont paru significatifs sont indi qués en notes. Toute intervention sur le manuscrit ne relevant ni d’une correction d’orthographe ni d’un souci de meilleure mise en forme est placée entre crochets. De façon générale, chaque fois qu’une difficulté a été rencontrée, elle est signalée en note. Quand cela semblait pertinent, un appareil critique comprenant des éléments de contextualisation et de mise en perspective a été placé en notes de fin. Foucault n’a pas indiqué de pagination. La numérotation insérée en marge à droite correspond à la pagination effective du manuscrit. Binswanger et l’analyse existentielle [INTRODUCTION] I. Psychanalyse et anthropologie de la vie : 1. Le vital et le vécu ; 2. Le retour au vécu : Freud et Husserl. II. La psychologie phénoménologique comme science éidétique : 1. Le retour au vécu dans la phénoménologie éidétique ; 2. De l’éidé tique du vécu à la genèse des constitutions. III. Description phénoménologique et expérience pathologique : 1. La « Lebenswelt » ; 2. Négation et contradiction : la psychopathologie met en crise le modèle phénoménologique. IV. L’analyse des formes de l’existence comme dépassement radical de l’analyse phénoménologique. Dans son pamphlet contre la psychanalyse, Blondel 1 fait à la théorie freudienne un bien curieux reproche, et plein de sens quand on comprend l’hommage involontaire qu’il rend à l’œuvre de Freud : il lui reproche d’avoir pris pour point de départ, et pour domaine privilégié de vérification, le syndrome classique de l’hystérie que la psychiatrie, dans son histoire ultérieure, devait se charger de discré diter. La psychanalyse aurait donné une signification absolue à des notions de traumatisme, de refoulement, d’inconscient, de symbo lisme, de conversion, où elle aurait cru lire le chiffre de la conduite hystérique et saisir l’unité de son sens. Mais le progrès de l’analyse psychiatrique, en dissociant le complexe hystérique, en le répartissant en symptômes schizophréniques, obsessionnels ou hypocondriaques, aurait rendu vain l’effort de la psychanalyse et compromis à jamais ses généralisations. Comme si, justement, le concept d’hystérie n’avait pas éclaté sous la pression de l’analyse freudienne ; comme si le sens de la psychanalyse n’avait pas été de dissiper le mythe d’une maladie définie comme un déficit organique, sans trouble de fonction ni origine lésionnelle ; comme si la psychanalyse n’avait pas fait la démarche décisive qui récuse pour toujours le thème d’une maladie- miracle ou d’une maladie-simulation a, apparaissant aux frontières a. Ce qui ne faisait qu’une seule et même chose pour les médecins positivistes de la fin du xixe siècle. [1] [2] « de l’âme et du corps », sans appartenir totalement ni à la séquence organique ni au système psychique. En montrant que l’oubli hystérique avait un contenu, que la para lysie pithiatique était une autre manière d’agir et que la suggestibilité n’était assoupissement du vouloir que dans la mesure où elle marquait en même temps un éveil de l’éros, Freud – et en partie Janet – ont soulevé un problème dont on ne pouvait plus attendre la solution dans les termes d’une opposition de l’âme et du corps. La mise au jour du sens d’un symptôme hystérique a rendu nécessaire une nouvelle scansion de l’unité humaine : il a fallu déplacer la limite conceptuelle que la tradition métaphysique avait tracée entre l’âme-substance et le corps-substance ; et en même temps effacer le caractère d’opposition absolue que marquait par définition cette limite. Et même si son effort de renouvellement conceptuel ne s’est pas développé jusqu’à ce point, le sens des analyses freudiennes tendait à instaurer une articu lation nouvelle : ce clivage permet de distinguer et d’unir à la fois les troubles fonctionnels (paralysie, inconscience, oubli) et la trame des événements psychologiques qui les ont rendus possibles (événement traumatique, refus du passé, négation du réel, désir de fuir dans la maladie). En d’autres termes, si l’hystérie est un symptôme limite, ce n’est pas dans la mesure où cette limite sépare l’âme et le corps, mais dans la mesure où elle souligne l’articulation entre l’ensemble des fonctions vitales – les « Lebensfunktionen » qui enveloppent aussi bien les fonctions dites corporelles comme la motricité ou les régula tions végétatives que les fonctions présumées psychiques comme la uploads/Management/ foucault-binswanger-et-l-x27-analyse-existentielle.pdf
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- Publié le Apv 22, 2022
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