J. King Saud Univ., Vol. 26, Lang. & Transl. (Special Issue), pp. 53-60, Riyadh

J. King Saud Univ., Vol. 26, Lang. & Transl. (Special Issue), pp. 53-60, Riyadh (2014/1435H.) 53 Les difficultés d’apprentissage du français langue étrangère par des apprenants d’origine saoudienne Abdulhamid Abdulaah Fatta Faculté des Langues et de Traduction, Université Roi Saoud, Riyadh (Received 05/04/1435H.; accepted for publication 15/07/1435H.) Mots clés: Apprentissage, enseignement, didactique, langues vivantes, objectifs éducatifs, objectifs socioculturels , méthode , spécificités culturelles. Résumé. C’est sur des objectifs dits « culturel » et « pratique » que l’accent est toujours mis dans l’enseignement des langues étrangères. Un but pratique et un autre culturel figurent donc en tête des objectifs recherchés par l’enseignement des langues vivantes étrangères dans les institutions éducatives partout dans le monde. La didactique des langues étrangères a commencé, en effet, à prendre en considération l’importance des rapports existants entre deux cultures totalement différentes pour une meilleure communication linguistique. Or, qu’en est-il donc de l’enseignement du français en Arabie Saoudite? Un apprenant saoudien de français ne sait, à vrai dire, pas ce qu’il convient de dire ou de faire dans telle ou telle situation de communication face à un interlocuteur français, lorsqu’il fait connaissance ou lorsqu’il est présenté à quelqu’un. Il est vrai que la Faculté des Langues et de Traduction a pour objectif principal de former de futurs traducteurs, mais cet objectif ne doit néanmoins pas faire abstraction des aspects culturels et civilisationnels de l’apprentissage linguistique. Aussi, est-il nécessaire de commencer soit par le choix d’une méthode qui pourrait bien répondre aux besoins précis des apprenants saoudiens : leur apprendre à communiquer dans des situations de la vie quotidienne avec des français et des francophones, soit par la mise au point d’une méthode sur mesure, localement conçue et mieux adaptée aussi bien à l’enseignement de la langue avec ses aspects socioculturels, qu’à une initiation à la traduction professionnelle. Depuis déjà de nombreuses années, la connaissance des langues étrangères est devenue une compétence requise quasiment dans tous les domaines socioprofessionnels de différents pays. Ainsi, dans la plupart des formations institutionnelles, on incite les étudiants, les jeunes employés, à apprendre des langues étrangères ; d’ailleurs, les investissements consacrés à l’enseignement et à l’apprentissage des langues étrangères sont nombreux et considérables, tant sur le plan personnel que sur le plan institutionnel. Or, les objectifs habituellement déclarés de l’enseignement des langues vivantes en milieu scolaire et universitaire sont bien connus et généralement inventoriés de façon quasi normalisée. Y. Bertrand écrit «L’enseignement des langues, tel qu’il est défini par exemple dans les instructions des différents pays ou dans les préfaces des manuels, poursuit quatre objectifs: 1. un objectif pratique: l’élève apprend à communiquer dans la langue étrangère; 2. un objectif culturel: l’élève découvre la littérature, la civilisation, les arts, etc., en un mot la culture du pays étranger; 3. un objectif éducatif ou formateur : l’apprentissage d’une langue étrangère forme la personnalité en développant les qualités physiques (ici sensori-motrices), intellectuels et le caractère; 4. un objectif politique: la connaissance des langues étrangères chez une grande partie de la population procure au pays une position favorable dans ses rapports avec les autres nations et, de plus, cette connaissance des langues est censée favoriser la compréhension, la paix et l’amitié entre les peuples.» (1977: P. 215). D’autre part, H. Neumeister qui, dans un rapport préparé par le Conseil de l’Europe et fondé sur une enquête auprès des Etats membre du Comité de la coopération culturel, rassemble comme suit certaines de ses conclusions: A. A. Fatta: Learning Difficulties of French as a Foreign Language by … (in French) 54 1. «L’étude d’une ou de plusieurs langues vivantes fait partie intégrante de la culture générale et de la formation intellectuelle, sociale et internationale des élèves. Son but est à la fois formatif, culturel et pratique. 2. Tous les pays soulignent l’aspect pratique aussi bien que celui de la formation générale intellectuelle comme étant les buts de l’apprentissage d’une langue vivante. 3. Les instructions et les programmes de tous les pays décèlent qu’une réorientation de l’enseignement des langues vivantes qui passe du but principalement culturel vers un but plus pratique a eu lieu et permet aussi de favoriser la formation culturel et littéraire ultérieure…» (1973: PP. 33-34) On voit que les deux passages se complètent et se recoupent, l’objectif n° 4 mentionné par Bertrand (objectif politique) pouvant être mis en parallèle avec des expressions de Neumeister telles que «formation internationale des élèves», les autres objectifs (formation culturelle et pratique) figurant explicitement chez les deux auteurs. En fait, le plus souvent c’est sur les objectifs dits «culturel» et «pratique» que l’accent est mis. Un but pratique et un autre culturel figurent donc en tête des objectifs recherchés par l’enseignement des langues vivantes étrangères dans les institutions éducatives partout dans le monde. Cet enseignement devra, entre autre, permettre à l’apprenant: 1. de comprendre la langue parlé à un débit normal; 2. de parler cette langue de façon intelligible; 3. de s’exprimer correctement par écrit; 4. de connaître et de pénétrer la civilisation et la culture d’un pays étranger. Toutefois, les apprenants d’une langue étrangère ne parviennent pas toujours à comprendre une autre personne, parlant sa propre langue maternelle (différente de la langue étrangère en question), surtout lorsque les deux interlocuteurs sont issus de deux cultures différentes. Cette situation de communication se manifeste très souvent dans les grandes capitales ou les milieux cosmopolites et les deux personnes en question se trouvent dans une incapacité de discours, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. À La lumière de ce qui précède, qu’en est-il de l’enseignement du français en Arabie Saoudite ? Nous allons donc examiner le problème pour mieux le comprendre et nous pencher ainsi sur les modes arabiques face à la langue française. Nous nous interrogerons donc sur les caractéristiques du contexte didactique arabophone (particulièrement de l’Arabie Saoudite) et nous analyserons quelque peu les ‘’ cultures d’apprentissage’’ car nous pensons qu’elles ont automatiquement un impact considérable sur les pratiques de transmissions des contenus relatifs aux langues étrangères. Nous verrons brièvement les différentes méthodes pédagogiques utilisées (dans certains établissements saoudiens ainsi que dans les centres franco-saoudiens à Riyad, Djeddah et Dammam) pour l’enseignement des langues étrangères ainsi que les objectifs en termes d’acquisition des aspects de communication et d’appréhension des connaissances socioculturelles. Cette étude nous a semblé constituer une étape préalable à toutes tentatives de la mise en place des méthodes d’enseignement de langue adaptées à un contexte d’enseignement et d’apprentissage afin de mieux guider les choix didactiques, en vue de comprendre la conception des enseignements de la culture française adaptés à des étudiants d’origine saoudienne. Les effets produits sur l’apprentissage d’une langue étrangère causée par une conception générale et une culture saoudienne Bien qu’une étude soit mise en place pour la réalisation de l’enseignement des langues à visée communicative dans le Royaume, les pratiques pédagogiques continuent à fonctionner selon un objectif assez théorique et livresque. En effet, une conception, pouvant être qualifiée d’élitiste de l’enseignement qui privilège l’acquisition des savoirs, reste encore ancrée dans la mentalité saoudienne. Il en résulte que l’apprentissage en subit des conséquences puisque d’après une statistique, les apprenants ne parviennent pas à s’exprimer oralement avec aisance et la communication s’en trouve alors perturbée. Ceci étant, bien que les étudiants aient passé beaucoup de temps, (voir plusieurs années) dans un cursus d’enseignement universitaire. Dans de nombreux cas, pourtant, les différences culturelles sont tolérées ou acceptées mais quelques-unes peuvent être perçues comme des sources de conflit, touchant divers domaines du «savoir-faire» ou du «savoir-être». Par exemple, un apprenant saoudien ne sait pas toujours ce qu’il convient de dire ou de faire dans telle ou telle situation de communication face à un interlocuteur français : lorsqu’il fait connaissance ou lorsqu’il est présenté à quelqu’un, d’emblée, il va lui poser des questions relatives à son âge, sa situation de famille, son salaire, … c’est-à-dire tout ce qui est considéré en Arabie Saoudite comme des marques d’accueil, de proximité, d’intérêt, ou simplement des J. King Saud Univ., Vol. 26, Lang. & Transl. (Special Issue), Riyadh (2014/1435H.) 55 marques d’hiérarchie relationnelle, alors que ces questions sont perçues par un interlocuteur français comme un manque de respect ou une façon de s’immiscer dans la vie privée qu’il veut préserver. Bien sûr, il en est de même lorsqu’un interlocuteur français est présenté pour la première fois à un saoudien : le premier aura tendance à poser des questions que le second jugera impertinentes. Il s’avère donc que les erreurs provoquées par l’écart des présupposés culturels sont, la plupart du temps, considérés comme étant plus graves que les simples fautes grammaticales. Cependant, la didactique des langues étrangères a commencé à prendre en considération l’importance des rapports existants entre deux cultures totalement différentes pour une meilleure communication linguistique; l’appréhension de la culture aide l’apprenant dans son usage pratique de la langue apprise, donc, le choix des mots ou expressions appropriées au contexte dans lequel il se trouve, saisit les références culturelles et sociales dans le message linguistique émis par l’interlocuteur. Les subtilités culturelles ancrées dans le langage sont cependant difficiles à maitriser ou à inculquer à l’apprenant uploads/Management/ hameed-14-2.pdf

  • 16
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jul 04, 2022
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.2555MB