L’analyse du discours conversationnel 1) La définition du discours Le mot « dis

L’analyse du discours conversationnel 1) La définition du discours Le mot « discours » a plusieurs significations. Le trésor de la langue française informatisé1 donne la suivante définition : « développement oratoire sur un thème déterminé, conduit d’une manière méthodique, adressé à un auditoire ». La problématique du discours a été étudiée par nombreux linguistes. Mariana Tuţescu2 définit le discours comme : « le concept clé de la linguistique discursive et textuelle, dernière née des sciences du langage. Ce concept entraîne une perspective interdisciplinaire des faits de langue, où logique, sociologie, psychologie, philosophie du langage, théorie de la communication se rejoignent pour se compléter réciproquement. ». Toujours Mariana Tuţescu3 présente le discours du point de vue de E. Benveniste vue comme : « toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière » et aussi l’acception du discours pour Z. Harris et les tenants de son école. Il est défini comme une unité transphrastique, l’ensemble des règles d’enchaînement des suites de phrases composant un énoncé. Ousmane Barry4 présente dans son article « Les outils théoriques en analyse du discours » l’opinion du L. Guespin, a propos du discours : « c’est ce qui s’oppose à l’énoncé ; c’est-à-dire que l’énoncé c’est la suite des phrases émises entre deux blancs sémantiques, deux arrêts de la communication ; le discours c’est l’énoncé considéré du point de vue du mécanisme discursif qui le conditionne ». Toujours Ousmane présente l’opinion du Michel Arrivé concernant le discours : « le discours peut être conçu comme une extension de la linguistique ou comme symptôme d’une difficulté interne de la linguistique (particulièrement dans le domaine du sens), rendant nécessaire le recours à d’autres disciplines ». Selon Dominique Maingueneau 5 « tout discours peut-être défini comme un ensemble de stratégies d’un sujet dont le produit sera une conversation 1 http://atilf.atilf.fr/tlf.htm 2 Tuţescu, Mariana, L’Argumentation, Introduction à l’étude du discours, editura Universitatii Bucuresti, 2005, p 50 3Tuţescu, Mariana, Précis de sémantique française, EDP, Bucuresti, 1974, p.23. 4 http://laseldi.univfcomte.fr/utilisateur/abarry/f_activite.htm 5 http://pagesperso-orange.fr/dominique.maingueneau/conclusion2.html#_ftnref1 1 caractérisée par des acteurs, des objets, des propriétés, des événements sur lesquels, il s’opère » Teodora Cristea 6 présente au moins deux acceptions du terme du discours. Une première acception fait de ce terme un synonyme de « texte », mais avec le temps une nouvelle acception s’est précisée : le discours est non seulement une unité de rang supérieur mais aussi un texte considéré du point de vue des conditions dans lesquelles il est produit, du point de vue des rapports qui s’établissent entre le sujet d’énonciation et l’énoncé. Le fonctionnement réel du discours (l’activité discursive) ne peut pas être compris sans faire appel à des notions telles que deixis et connotation. Le deixis désigne l’ensemble des éléments de référence à la situation communicative : pôles de la communication (locuteur et interlocuteur), temps et lieu de la communication. On peut conclure que le discours n’est pas une notion stable. Il englobe plusieurs acceptations et une variabilité de discours : discours politique, scientifique, poétique, didactique ou argumentatif, explicatif, narratif ou objectif, subjectif, référentiel ou direct, indirect, indirect libre. 2) Les types du discours Mariana Tutescu7 identifie les types textuels suivantes du discours prenant pour point de départ la typologie du Jean-Michel Adam : le récit, la description, l’explication, l’argumentation, l’injonction, la prédiction, la conversation et le dialogue, le discours figuratif. Le récit (le discours narratif) se manifeste par une suite ordonnée et cohérente se séquences textuelles narratives. Pour devenir récit, il est nécessaire qu’un événement contienne au moins deux propositions temporellement ordonnées et formant une histoire. La description (le discours descriptif) est en rapport avec le discours lexicographique et la compétence lexicale des usagers de la langue. L’explication (le discours explicatif) est basée sur l’acte d’expliquer ou de faire comprendre quelque chose à quelqu’un. Par exemple le discours didactique et le discours scientifique appartiennent au discours explicatif. Ce type du discours est marqué par les connecteurs parce que, puisque et car. 6 Cristea, Teodora, Grammaire structurale du français contemporain, EDP, Bucuresti, 1979, p. 451 7 http://ebooks.unibuc.ro/lls/MarianaTutescu-Argumentation/index.htm 2 L’argumentation est basée sur l’acte de convaincre, de persuader l’interlocuteur, le destinataire du discours. Ce type de discours apparaît surtout dans le discours de propagande, politique, juridique, publicitaire etc. L’injonction est basée sur l’acte d’ordonner, d’inciter à faire quelque chose. Ce type de discours est utilisé surtout dans la recette de cuisine, le mode d’emploi, la notice de montage, les consignes en général. La prédiction est basée sur l’acte de prédiction c’est-à-dire quelque chose qui va ou doit se produire. Par exemple les prophéties, le bulletin météorologique, l’horoscope. Le discours figuratif englobe selon J.-M Adam le poème, la prose poétique, la chanson mais aussi le proverbe, le dicton, le slogan, la locution. La conversation et le dialogue englobent le type du discours conversationnel. Ce type du discours est l’objet de l’analyse conversationnelle. L’école suisse a parlé pour la première fois de l’analyse de discours. Ce type du discours se matérialise dans l’interview, le dialogue, le débat, les transactions, l’entretien et le face-à-face. Le dialogue est le type du discours qui demande au moins deux énonciateurs qui occupent successivement, le rôle de destinataire. Dans l’acte dialogal, l’énonciateur doit avoir une conduite verbale en mesure de confirmer, par les autres participants, le caractère dialogal de la situation. Mariana Tutescu parle dans « L’argumentation » des principales hypothèses de la pragmatique conversationnelle : - les constituants conversationnels décrivent ce que font les locuteurs (ou énonciateur) ; à chaque intervention est associée une fonction illocutoire ; - l’interprétation pragmatique des constituants conversationnels est fonction des actes d’argumentation réalisés par les constituants internes aux interventions des locuteurs ; ce type est associé à la fonction interactive ; - l’interprétation pragmatique des constituants conversationnels est fonction de leur complétude/vs/ incomplétude, fait qui entraîne la clôture ou la poursuite du constituant en question ; - l’interprétation d’un énoncé en conversation est fonction de sa place dans la structure conversationnelle résultant les notions d’interventions initiatives/vs/ réactives, d’acte directeur/vs/subordonné. 3) Opinions concernant l’analyse du discours 3 Francine Mazière8 énumère quelques principes concernant l’analyse du discours : - toute analyse du discours tient compte de la langue en tant qu’objet construit du linguiste et des langues particulières en tant que situées dans un espace-temps ; - toute analyse du discours a une relation double aux héritages descriptifs des langues. Elle prend en compte la grammaire, les syntaxes et vocabulaires de langues particulières, contre une syntaxe logique universelle. - elle configure les énoncés à analyser en corpus construits, souvent hétérogènes, selon un savoir assumé, linguistique, historique, politique et philosophique ; - elle propose des interprétations qu’elle construit en tenant compte des données de langue et d’histoire, en prenant en compte les capacités linguistiques réflexives des sujets parlants, mais aussi en refusant de poser à la source de l’énoncer un sujet énonciateur individuel qui serait « maître chez lui ». Il parle aussi des types du discours. L’analyse du discours a voulu imposer le discours comme concept, contre les discours, avec la défense du syntagme « analyse du (et non de/des) discours ». En fonctions de finalités ou de types de communication on oppose le discours didactique au discours polémique. A son tour, le discours didactique pourra être de type philosophique ou rhétorique, tandis que le discours scientifique s’inscrira dans le discours polémique. F. Mazière dit que l’analyse « harrissienne » en analyse du discours emprunte bien à Harris la segmentation et les transformations. Mais toute l’histoire de l’analyse du discours montre qu’elle lâche la structure. Textuelle visée par Harris pour l’analyse du sens. Il existe plusieurs centres spécialisés qui parlent de l’analyse du discours. Parmi eux: CEDITEC, CEDISCOR, CAD, l’École Française. L’institution dont l’objet central des recherches est l’analyse du discours s’appelle CEDITEC (Centre d’Etude des Discours, Images, Textes, Ecrits, Communications) et est dirigé par Simone Bonnafous. Les recherches s’organisent selon trois axes 9: « les instruments pour une recherche interdisciplinaire », « communication et discours politique et social » et « la construction des savoirs : genres de discours et institutions ». 8 Mazière, Francine, L’analyse du discours, PUF, 2005, p.5 9 Ibidem, p.99 4 Ce centre confie systématiquement la responsabilité de chaque axe de recherche à un spécialiste des sciences du langage et à un spécialiste des sciences de la communication. L’analyse du discours est présentée comme un lieu fédérateur 10: « L’analyse du discours, apparue dans les années 1960, constitue une excellente base de travail pour les recherches du CEDITEC. Comme il s’agit d’une discipline récente, elle s’accompagne inévitablement d’une réflexion sur ses propres possibilités et ses frontières ; en outre, elle mobilise des chercheurs venus d’horions différents des sciences humaines et sociales qui sont constamment confrontes à la question du langage. » Il y a en second lieu le CEDISCOR (Centre de Recherche sur les discours ordinaires et spécialisés), crée en 1989 à l’Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III sur un projet de Sophie Moirand. Il axe ses recherches en analyse du discours à la fois sur les uploads/Management/ l-x27-analyse-du-discours-conversationnel.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Sep 23, 2021
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1308MB