Linguistique Cours Magistral I - Introduction à l’analyse du discours 1.1) Cara
Linguistique Cours Magistral I - Introduction à l’analyse du discours 1.1) Caractérisation de l’objet d’étude L’analyse du discours n’est pas une discipline très délimitée comme l’est la phonétique ou phonologie. Rappel : Les différents modules de la linguistique : - la phonétique : les phonèmes - la syntaxe : [Il] [a pris son parapluie] syntagme nominal syntagme verbal - morphologie : morphèmes - sémantique Discours : le terme n’a pas le même sens que l’emploi courant. Il correspond à un aspect particulier du langage mis en jeu dans chacune de ses utilisations. Ex : C’est ici qu’il t’a dit cela. Hors contexte on ne sait pas à quoi ils correspondent. L’analyse du discours est un objet d’étude, cependant il existe différents points de vue. 1.2) Le langage au-delà de la phrase Phonèmes < morphèmes < mots < syntagmes < phrases Langage : Pour Saussure on distingue la langue (un système de signes abstraits communs aux locuteurs d’une même communauté linguistique = la boite à outils) de la parole (la mise en acte de la langue = utilisation de la boite à outils). Enoncé : énoncés produits à un moment X, dans un lieu Y, par un locuteur Z, à la destination d’un interlocuteur W. On voit le langage sous la forme d’événements linguistiques. Une même phrase peut donner lieu à différents énoncés. Phrase : la phrase c’est l’unité minimale de communication qui va être syntaxiquement, sémantiquement, morphologiquement bien formée. La phrase est un élément abstrait, elle est d’une certaine taille. La phrase est la plus grande unité de description grammaticale. Les grammaires n’étudient rien au –delà de la phrase. Il n’y a pas de contraintes grammaticales entre les phrases. Ex : a) Le petit garçon se mit à pleurer. b) Il se fit mal au genou. c) Il tomba du vélo. Ce qui existe entre les phrases ce sont des contraintes logico-sémantiques de succession temporelle, de relation de causalité. Une même phrase peut donner lieu à différents événements linguistiques si l’on fait varier en fonction de différentes situations d’énonciation. La phrase peut être actualisée dans différentes situations d’énonciation. Les phrases ne se manifestent pas directement dans le monde réel, elles prennent la forme d’éléments linguistiques toujours différents. 1.3) Caractéristiques du discours Le discours prend en compte la situation d’énonciation dans ce qu’elles ont de particulier et d’individuel. Ex : Aujourd’hui, je fais mon premier cours d’analyse du discours. Certains paramètres de l’interprétation d’une phrase ne peuvent pas être fixés sans prendre en compte les situations d’énonciation dans lesquelles la phrase est produite. Il faut connaître : - l’identité du locuteur de l’énoncé, le locuteur de l’événement linguistique qui instancie la phrase. - le moment. 1.3.1) La situation d’énonciation Ces expressions sont des expressions déictiques. Elles comportent : - les pronoms (je, tu, il …) - les adverbes (ici, là, aujourd’hui, demain, hier, …) Ils s’appuient sur un paramètre de la situation d’énonciation pour trouver leur interprétation. Les groupes nominaux définis (GN définis). Ils commencent par le, la , les. Ex : Passe-moi [le cours]. Ouvre [la porte]. Erwan surveille [les enfants] dans [le jardin]. Ils s’appuient sur la situation d’énonciation pour trouver leur interprétation. Dans la phrase 1, Gaëlle peut demander à Charlotte « quel cours ? Celui du cours d’avant ou celui du cours qui va commencer ?». Ces descriptions définies ont comme propriété centrale de désigner un objet unique dans le monde alors qu’il existe plusieurs objets qui vérifient cette description dans le monde réel. Une des façons pour l’interlocuteur d’interpréter l’énoncé et de déterminer les références de description est de choisir l’objet le plus saillant, le plus pertinent. Ex : p12, exemple 6 « où sommes nous ? » Chacune de ces trois réponses est une réponse concevable. c) la réponse est supposée, la personne sait qu’elle est dans un taxi. a) réponse pas convenable car elle sait qu’elle est à Rennes car elle prend un taxi à la gare de Rennes. Seule la b) est appropriée. L’interprétation de la femme doit prendre en compte des aspects complexes de la situation d’énonciation : elle doit savoir qu’elle se trouve à Rennes, et qu’elle se trouve dans un taxi. L’interprétation d’une phrase met en jeu des aspects complexes de la situation d’énonciation tels que : - l’identité du locuteur - le lieu - le temps - les hypothèses sur l’état des connaissances du locuteur Bilan : Le discours est au-delà de la phrase. Le discours prend en compte la situation d’énonciation dans laquelle une phrase est énoncée. L’analyse du discours s’intéresse donc à des aspects d’interprétation qui s’appuient sur la situation d’énonciation : 1° Les unités spécialisées comme les déictiques : je, ici, maintenant, …. 2° les connaissances et intention du locuteur pour déterminer l’interprétation globale de la phrase. 1.3.2) Le discours prend en comte les événements linguistiques plus grands que la phrase Est-ce que le discours est un objet plus grand que la phrase ? Discours : tout élément linguistique dont la longueur est au moins égale à celle d’une phrase. L’analyse du discours s’intéresse aux phénomènes d’interprétation qui ne mettent pas en jeu une phrase unique mais qui s’appuient sur des relations entre les phrases. - Les pronoms anaphoriques Cf exemple 3, p9, C. Unités dont l’interprétation est dépendante des unités précédentes. Il = une unité anaphorique L’anaphore désigne la relation qui s’instaure entre une unité anaphorique et son antécédent (Jean). Le pronom « il » n’est pas susceptible de prendre une référence directement. En tant que tel, « il » tout seul ne désigne aucun individu en particulier. Ce qui permet de désigner c’est la relation d’anaphore qui s’établit entre le pronom et son antécédent. - Connecteurs Cf exemple 8, p13 Un connecteur est une unité et pourtant il exprime une relation entre le contenu sémantique de deux phrases. On distingue les conjonctions, les adverbes (pendant, alors, puis, ensuite, …), des locutions (c’est-à-dire, autrement dit), des présentatifs (c’est, voila). Parmi cela, certains sont toujours des connecteurs. « pourtant » exprime le fait qu’il est inattendu que la première phrase soit vraie étant donné que la deuxième l’est également. - Relations de discours : Cf exemple 9, p13 Même en l’absence de connecteurs explicites, les phrases du discours ne constituent pas une suite désorganisée mais elles s’enchaînent entre elles selon des contraintes logico-sémantiques (relations de succession, de causalité, d’implication). Dans la phrase précédente, nous avons affaire à une relation de causalité. L’interprétation du discours va mettre en jeu une procédure de construction de cette structure par l’auditeur. Dans 9. a), ces deux phrases sont dans une relation de narration. Au contraire, dans 9. b), on comprend que ces deux phrases sont dans une relation d’explication. 1.4 ) Première définition Le discours est ce qui dans le langage est au-delà de la phrase. Le discours est une unité plus concrète et plus grande que la phrase. Selon les écoles, on met l’accent sur : - l’aspect concret qui dépend du contexte d’énonciation du discours - l’aspect trans-phrastique du discours - Benvéniste : ces deux aspects sont indissociables et donc il y a une correspondance entre la taille du discours et sa dépendance à la situation d’énonciation. Ex : ex4, p14, différents « le » : (10) contrainte de la situation d’énonciation, fonctionnement déictique par ostension (11) contrainte du contexte linguistique, expression anaphorique dont l’antécédent est « le tableau ». Assez souvent c’est lié. Les pronoms personnels par exemples peuvent être déictiques et anaphoriques. II- Différentes approches du discours L’analyse du discours est très éclatée : il existe 4 grands courants. 2.1) La linguistique de l’énonciation Benvéniste est à l’origine de la linguistique de l’énonciation. Les niveaux de l’analyse linguistique, 1966, chapitre 10 Il s’inscrit dans la linguistique de Saussure (= paradigme structuraliste) : la langue est faite que de structures et ce qui compte c’est les relations d’unités entre elles. 2 axes : - axe paradigmatique - axe syntagmatique Pour Benvéniste, il faut rajouter à cela la relation partir/tout. Une unité comme le mot « parapluie » va se décomposer en unités plus petites, morphèmes « para » + « pluie », et fait partie d’une unité plus grande. Ainsi le mot est intégré dans un groupe syntaxique. Ce groupe syntaxique est intégré dans la phrase. La phrase est intégrée dans le discours. Ce faisant, on sort du simple système de signes pour entrer dans un système où des éléments externes à la langue deviennent prépondérants. Par conséquent la signification d’une phrase ou d’un discours ne peut être comprise sans prendre en compte la situation d’énonciation. Cf p16 La langue se caractérise par le fait que seule sa structure compte et pas son contexte. Le discours se caractérise par le fait que le contexte a une importance et que le discours n’a pas de structure ou que du moins, on ne s’y intéresse pas. Critique sur le raisonnement de Benvéniste : 1) Ce n’est pas parce que la phrase est sensible au contexte d’énonciation qu’elle doit s’opposer au mot du point du vue de la uploads/Management/ linguistique-analyse-du-discours.pdf
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- Publié le Jan 04, 2023
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