Extrait de La Lettre d’ADELI N°36 - Juillet 1999 1 Le principe de Peter Chaque

Extrait de La Lettre d’ADELI N°36 - Juillet 1999 1 Le principe de Peter Chaque employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence Le livre du même titre, écrit par Laurence J. Peter et Raymond Hull, est paru aux U.S.A. en 1969. Trente ans plus tard, il n’a pas pris une ride1. Comme le dit le dos de couverture de l’ouvrage : Le principe de Peter vous plongera dans l’émerveillement en vous faisant découvrir que votre patron, votre chef de service, votre contremaître… sont moins compétents que vous ne le croyez. Vous serez étonné de constater que, malgré cette incompétence, ils ont pu s’élever aussi haut dans l’échelle sociale. Peut-être vous poserez-vous la question : et moi ? » Voici donc quelques extraits de son contenu hautement instructif. Le principe de Peter L’incompétence au travail se manifeste partout. Un exemple : E. Tinker était exceptionnellement zélé et intelligent quand il était apprenti dans un garage automobile. Il devint bientôt mécanicien. Il savait admirablement diagnostiquer les plus obscurs défauts d’un moteur et faisait preuve d’une patience merveilleuse pour les réparer. Il fut nommé contremaître de l’atelier de réparations. Mais là, son amour de la mécanique et son perfectionnisme deviennent des défauts. Il entreprend un travail qui lui paraît intéressant, néglige les réparations urgentes, en disant que tout s’arrangera bien. Il ne laisse jamais partir une voiture avant d’être parfaitement satisfait du travail effectué. Il se mêle de tout. Il n’est jamais à son bureau, mais on le voit plongé jusqu’à mi-corps dans un moteur démonté et, pendant que l’ouvrier qui devait faire le travail l’observe, les autres attendent qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire. L’atelier est donc surchargé de travail, tout est en désordre, et les livraisons sont en retard. Tinker est incapable de comprendre que le client moyen ne demande pas la perfection, mais veut sa voiture à l’heure ! Il ne peut comprendre que la plupart de ses ouvriers s’intéressent moins aux moteurs qu’à leur feuille de paye. Tinker ne s’entend donc ni avec ses clients ni avec ses subordonnés. Excellent mécanicien, il est devenu contremaître incompétent. Principe de Peter : Dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence. Corollaire : Avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d’en assumer la responsabilité. Évidemment, on ne trouvera presque jamais de système dans lequel chaque employé aura atteint son niveau d’incompétence. Dans la plupart des cas, le travail continue, accompli par les employés qui n’ont pas encore atteint leur niveau d’incompétence. 1 Sauf qu’il est plutôt pauvre en anecdotes touchant à l’informatique. 2 Extrait de La Lettre d’ADELI N°36 - Juillet 1999 Le principe en action Miss Totland, qui avait été bonne élève et remarquable institutrice, fut promue inspectrice primaire. Elle devait maintenant enseigner non à des enfants, mais à de futurs professeurs. Pour cela, elle employa les mêmes techniques qui lui avaient si bien réussi avec les tout-petits ! S’adressant à des instituteurs, seuls ou en groupes, elle leur parle lentement et distinctement. Elle emploie généralement des mots faciles, d’une ou deux syllabes. Elle explique chaque chose plusieurs fois, de façon différente, pour être sûre d’être comprise. Elle arbore toujours un beau sourire. Les professeurs détestent cette fausse cordialité et ces airs supérieurs. Leur ressentiment est si vif qu’au lieu de suivre ses conseils ils passent leur temps à chercher des prétextes pour ne pas faire ce qu’elle recommande. Miss Totland s’est révélée incapable de communiquer avec des instituteurs. Elle ne sera donc plus promue, et restera toute sa vie inspectrice adjointe, au niveau de son incompétence. N’y a-t-il donc pas d’exceptions au Principe ? Aucun moyen d’en réchapper ? Eh non ! Nous le verrons dans ce qui suit. Exceptions apparentes Exception apparente n°1 : la sublimation percutante. Walt Blockett était incompétent, sans espoir, un zéro fini, alors la direction l’a promu à un poste où il ne peut rien faire, pour se débarrasser de lui. Blockett a-t-il quitté un poste d’incompétence pour une situation compétente ? Non. Il a simplement été muté d’un poste improductif à un autre. A-t-il des responsabilités plus importantes ? Non. Travaille-t-il davantage dans ce nouveau poste ? Non. La sublimation percutante est une pseudo-promotion, destinée à tromper les gens qui ne font pas partie de la hiérarchie, pour camoufler l’erreur qu’était la précédente promotion. Elle permet également de se débarrasser des gêneurs sans les licencier. Exception apparente n°2 : l’arabesque latérale. R. Filewood s’était révélé incompétent comme directeur du personnel. Après une arabesque latérale, il se trouva affublé du titre de coordinateur des communications interservices, au même salaire, et son travail consistait à surveiller le classement des copies de lettres. Ici, pas de promotion, parfois pas même d’augmentation : un nouveau titre plus ronflant et un bureau à l’écart. Exception apparente n°3 : l’inversion de Peter. Ce touriste voyageait dans un pays où la vente de l’alcool est un monopole du gouvernement. Avant de rentrer chez lui, il se rendit dans un magasin conventionné et demanda : - Quelle quantité d’alcool ai-je le droit d’emporter ? - Il faudra que vous le demandiez aux douaniers, à la frontière. - Mais je veux le savoir maintenant, pour éviter d’en acheter trop et me faire confisquer le surplus ! - C’est un règlement douanier. Cela ne nous regarde pas. - Mais vous devez bien connaître ce règlement ! - Oui, bien sûr, mais nous ne sommes pas la douane et je n’ai pas le droit de vous renseigner. Extrait de La Lettre d’ADELI N°36 - Juillet 1999 3 Ce comportement est l’automatisme professionnel, et sévit essentiellement dans les entreprises où la compétence d’un employé est déterminée non par le public, mais par son supérieur dans la hiérarchie. Si le supérieur en question a atteint son niveau d’incompétence, il se fiera à des valeurs abstraites pour juger ses employés, comme le respect du règlement. Dans l’inversion de Peter, il y a inversion des rapports entre fin et moyens : si l’employé avait expliqué le règlement, le voyageur l’aurait trouvé compétent, mais son supérieur lui aurait reproché d’avoir enfreint le règlement. L’automate professionnel obéit toujours et ne décide jamais. Jugé compétent par ses supérieurs, il gravira la hiérarchie… jusqu’à se retrouver à un poste où il devra prendre des décisions. Il trouvera là son niveau d’incompétence. Exception apparente n°4 : défoliation hiérarchique. Miss E. Beaver, institutrice primaire, était exceptionnellement douée, remarquablement intelligente. Étant inexpérimentée, elle mit en pratique ce qu’elle avait appris à l’université, en tenant compte des différences de niveau intellectuel des élèves. Le résultat fut que ses élèves les plus doués acquérirent trois années d’études en un an. Le directeur fut très courtois quand il expliqua à miss Beaver qu’elle ne pouvait être titularisée. Il se doutait bien qu’elle comprenait qu’en agissant ainsi elle avait bouleversé le système, n’avait pas suivi le programme, avait troublé des enfants qui ne pourraient être à leur place dans la classe supérieure. Elle avait dérangé le système de notation officiel et changé les ouvrages du programme, provoquant l’anxiété du professeur qui aurait à enseigner à ces enfants l’année suivante des sujets qu’ils connaissaient déjà. La super-compétence aboutit souvent au renvoi, parce qu’elle bouleverse la hiérarchie, alors que le premier commandement de la vie hiérarchique implique le maintien de celle-ci envers et contre tout. Ambition et promotion Syndrome de la pseudo-réussite : La personne souffre d’affections telles que la dépression nerveuse, l’ulcère d’estomac, l’insomnie… insignes de la réussite administrative. En général, cette personne a encore plusieurs rangs de potentiel promotionnel devant elle. Syndrome du dernier poste : La personne souffre également de diverses affections, et rend celles-ci responsable de son incompétence : «Sans ces migraines, je pourrais me concentrer sur mon travail.» La différence entre ces deux syndromes est connue sous le nom de Nuance de Peter. Pour faire la différence, posez-vous la question : «Cette personne accomplit-elle un travail utile ?». Si la réponse est : Oui : elle n’a pas atteint son niveau d’incompétence et ne présente par conséquent que le syndrome de la pseudo-réussite. Non : elle a atteint son niveau d’incompétence et présente donc le syndrome du dernier poste. Je ne sais pas : vous avez atteint votre propre niveau d’incompétence. Examinez-vous et cherchez immédiatement vos symptômes ! Quelques mots sur l’ambition : Ne restez jamais debout quand vous pouvez être assis ; n’allez jamais à pied quand vous pouvez prendre une voiture ; ne manifestez jamais d’ambition quand vous pouvez être pistonné. 4 Extrait de La Lettre d’ADELI N°36 - Juillet 1999 Psychologie de la hiérarchologie Beaucoup d’embauches sont maintenant soumises à des tests d’aptitude. Les résultats de ces tests sont appelés «profils», et schématisés par une représentation graphique des compétences du candidat. Voici un de ces profils : Dons artistiques Écriture Organisation Persuasion Dons intellectuels Mécanique Musique Mathématiques Moyenne * Placement initial Le but de ces épreuves est de placer l’employé dès que possible à un poste où il pourra utiliser la plus haute compétence de son profil. Par conséquent, toute promotion le placera uploads/Management/ le-principe-de-peter.pdf

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  • Publié le Fev 28, 2021
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