LINGUISTIQUE GÉNÉRALE INTRODUCTION La linguistique est une jeune discipline : e
LINGUISTIQUE GÉNÉRALE INTRODUCTION La linguistique est une jeune discipline : elle est pratiquement née à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe. Cela ne veut cependant pas dire que le langage n'a pas été étudié auparavant; au contraire; il l'a beaucoup été : d'une part, par la philosophie ou la grammaire philosophique, de la philosophie antique à la philosophie moderne et contemporaine en passant par la philosophie médiévale (scolastique ou non) et par la philosophie classique, d'autre part, par la logique, que celle-ci soit une sémantique, une syntaxe ou une pragmatique. Ce qui préoccupe et occupe -- pour simplifier -- la logique et, plus tard, la philosophie (analytique) du langage, c'est d'abord et avant tout le problème de la vérité, de la vérité entendue comme adéquation du mot à la chose; de la proposition au fait ou de l'énoncé à la réalité; c'est-à-dire que le référent, ce à quoi l'on se réfère ou ce à quoi l'on renvoie, y est un objet privilégié. Mais, nulle part, la question -- la mise en question, voire la remise en question -- de la vérité comme rectitude ou comme certitude n'est vraiment soulevée... Par ailleurs, les langues naturelles ont depuis longtemps été l'objet d'étude de la philologie et de la grammaire comparée. La philologie et la grammaire comparée peuvent être considérées comme étant une sorte de pré- ou de proto-linguistique; mais dans la comparaison d'un maximum de langues, elles ne sont pourtant pas arrivées à proposer un concept scientifique de langue. Généralement aussi, le vocabulaire -- souvent limité à l'étymologie ou à la terminologie -- y a le dessus sur la grammaire et une grammaire du mot, sur une grammaire de la phrase. Ce qui distingue la linguistique, de la philosophie et de la logique d'une part, de la philologie et de la grammaire comparée d'autre part, c'est qu'elle propose un concept scientifique de langue; ce qui l'amène à rompre autant avec le sémantisme et le logicisme du référent qu'avec le phonétisme et le comparatisme du signe (surtout écrit). La naissance de la linguistique correspond, même si elle n'y est pas réductible, à la rupture entre la phonétique et la phonologie : PHONÉTIQUE -----> SONS DES LANGUES PHONOLOGIE ----->PHONÈMES DE LA LANGUE En même temps, la linguistique est l'évolution scientifique de la grammaire; évolution qui ne va pas sans un certain rejet de l'histoire et donc une rupture avec la philologie et la stylistique qui en dépend. Pour la linguistique scientifique, la langue se distingue du langage et du discours; elle est un système de règles et de lois grammaticales ou de contraintes; c'est une structure schématique rendant possible le discours et rendu possible par le langage, par la faculté de langage. La langue, c'est ce qu'il y a de commun à un maximum de discours; c'est le schéma de différents usages; ce schéma est d'abord une forme. Les éléments de la langue n'ont de valeur que par leur identité; la pertinence leur vient de la différence qu'il y a entre leurs traits. En outre, le système qu'est la langue est synchronique : c'est un certain nombre d'éléments caractéristiques d'un espace et d'un temps précis; il n'est pas diachronique, soumis à la genèse ou à l'histoire de cette prise de parole qu'est le discours. L'objet de la linguistique sera donc défini comme étant l'étude du langage à travers les langues naturelles, dont l'une des principales caractéristiques est qu'elles sont parlées, c'est-à-dire articulées. Toute langue naturelle peut être envisagée comme langue ou comme discours, comme signification ou comme communication; mais ce qui caractérise le langage humain, c'est qu'il n'y a pas de communication sans signification, pas de discours sans langue. De là, peuvent être distinguées les diverses composantes de la linguistique. La grammaire est le tronc, si non les racines, de la linguistique. -------------------------------------------------------------------------------------------- ---------------------------------------- ---------------------------------------- Sans nous y attarder ici, il n'est pas inutile d'énumérer les différents courants qui ont fait école en linguistique au XXe siècle, tout au moins ceux qui sont issus ou tributaires du structuralisme : 1°) la linguistique structurale (au sens restreint) : . la linguistique sémiologique [Saussure] . la linguistique phonologique [Cercle de Prague : Jakobson, Troubetzkoy] . la glossématique [Hjelmslev, Brøndal, Togeby] . la psychomécanique [Guillaume, Pottier, Martin, Joly, Kleiber] 2°) la linguistique fonctionnelle [Martinet; Mounin] 3°) la linguistique distributionnelle [Bloomfield] 4°) la grammaire générative (transformationnelle ou non) [Harris, Chomsky, Jackendoff, Milner] 5°) la grammaire cognitive [Langacker; Lakoff] 6°) la grammaire textuelle (littéraire ou non) . la grammaire énonciative [Culioli, Lafont] . la grammaire interprétative [Rastier] . la grammaire discursive [Benveniste, Weinrich, Genette] . la grammaire sémio-narrative [Greimas] A travers ces courants ou ces écoles; se distinguent aussi les méthodes ou les champs de l'ethnolinguistique, de la sociolinguistique, de la psycholinguistique et de la neurolinguistique; toutes méthodes dont il ne sera guère question ici... Ce qu'il s'agira plutôt de discuter, ce sont les théories linguistiques qui sont présupposées par ces méthodes, ces champs, ces écoles et ces courants. -------------------------------------------------------------------- -------------------------------------------------------------------- 1. THÉORIE DU LANGAGE Le langage est l'apparaître -- l'évidence -- du phénomène, qui est lui-même l'apparition de l'être; en ce sens, le phénomène est langage. Le monde ou l'étant, lui, est le paraître -- l'apparence et la présence : l'existence -- du phénomène. Que le phénomène soit le langage de l'être et l'être du langage, là est le sens comme langage et comme monde, comme oralité et comme animalité. Il ne faut donc pas confondre le sens et la signification, non plus que la signification et la communication. ------------------------------------------------------------------------------------ -------------------------------------------------------------------------------------------- ------------------------------------- 1.1 LA COMMUNICATION ET LA SIGNIFICATION Le langage humain se distingue du langage animal en ce qu'il est à la fois langue et discours et à la fois signification et communication; c'est ce que l'on appelle sa double articulation. Les animaux ne parlent pas, ne signifient pas; mais ils communiquent quand même, par des cris, des regards, des mimiques, des gestes, des actes, etc. : la communication est la première articulation du langage et elle n'est donc pas spécifique du langage humain; elle en est la condition nécessaire mais insuffisante. Pour l'animal, il y a communication sans signification. Or, le langage humain n'est pas que communication et ce qui le caractérise comme langage et comme humain, c'est la deuxième articulation, c'est-à-dire la signification; c'est la signification qui rend possible le langage humain : à l'homme, il est impossible de communiquer sans signifier. Pour l'homme, il n'y a pas de communication sans signification. La signification est au sens ce que la langue est au langage : elle en est le code et le medium... Par ailleurs, la double articulation ne distingue pas seulement le langage humain du langage non humain ou autrement animal; elle distingue aussi les langues naturelles des langues artificielles, des langages formels de l'informatique. Dans la mesure où ce serait possible -- et ce l'est peut-être, avec les risques que cela comporte pour l'homme --, les langages formels n'ont que la deuxième articulation : ils signifient sans communiquer; c'est le propre du langage digital par rapport au langage verbal, qui est à la fois digital et analogique. C'est ainsi que la théorie mathématique de l'information ou la théorie cybernétique de la communication confondent ou assimilent la communication à une certaine signification, à la signification certaine qu'est l'information, c'est-à-dire le message; or, la signification n'est pas simplement transmission d'information. La communication ne se confond pas avec le langage; le langage n'est pas que communication, mais il n'y a pas de communication sans langage, même s'il peut y avoir langage sans communication : la communication est le faire- savoir du langage. De même, le langage n'est pas seulement le langage verbal, c'est-à-dire la langue : la langue est le savoir-faire du langage. Il faut donc bien distinguer le langagier et le linguistique, celui-là incluant celui-ci. Si le langage humain n'est pas uniquement le langage verbal, est-ce que cela veut dire que la double articulation caractérise le langage humain ou le langage verbal? Le langage musical et le langage pictural, par exemple, sont- ils doublement articulés? -- D'une certaine manière, l'on peut trancher, ou bien en leur supposant, surtout à la musique, une seule articulation -- mais laquelle? la musique est-elle signification sans communication (poésie?) ou communication sans signification (magie?) --, ou bien en leur attribuant plus de deux articulations. De cette façon, il n'y aurait de langage (humain) que le langage verbal (parlé ou écrit), que la langue -- ce qui n'est finalement que la confusion du langage et de la langue, du sens et de la signification, et qui ne sera pas retenu ici... Il s'agit plutôt de proposer qu'il y a des langages non verbaux, comme il y a des langages non humains; ils ne font pas l'objet de la linguistique, mais cela ne veut pas dire que ce ne sont pas des langages et que certains ne sont pas doublement articulés. En outre, le langage verbal peut ne pas être vocal mais graphique, quand il est écrit, l'écrit ne s'opposant pas à l'oral mais au parlé; le langage peut uploads/Management/ linguistique-generale-introduction.pdf
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- Publié le Fev 03, 2022
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