1. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Sciences humaines : Programme d’études préuniversita

1. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Sciences humaines : Programme d’études préuniversitaires 300.A0, Ministère de l’Éducation (MEQ), Québec, 2002, 11 p., p.1. Les italiques sont de nous. Raymond Robert TREMBLAY, directeur des études ― Cégep Marie-Victorin Yvan PERRIER, professeur ― Cégep du Vieux Montréal APPRENDRE LA MÉTHODOLOGIE DU TRAVAIL INTELLECTUEL, UNE AFFAIRE DE COMPÉTENCES TRANSVERSALES RÉSUMÉ Il ne saurait faire de doute que tous les ordres d’enseignement font appel à des habiletés intellectuelles qui deviennent de plus en plus spécialisées au fur et à mesure que l’on s’approche du troisième cycle des études universitaires. Puisqu’il en est ainsi, l’ordre collégial est lui aussi concerné par l’apprentissage de certaines méthodes de travail intellectuel. À ce sujet, le ministère de l’Éducation a même prévu qu’au terme de son parcours au cégep, l’étudiant inscrit dans le programme de sciences humaines est réputé avoir atteint les objectifs suivants 1 : 1. Distinguer les principaux faits, notions et concepts de nature disciplinaire et transdisciplinaire reliés à l'objet d'étude : le phénomène humain. 2. Expliquer des théories, des lois, des modèles, des écoles de pensée en rapport avec leurs auteurs et avec les réalités concernées. 3. Situer divers enjeux relatifs à la citoyenneté dans un contexte de mondialisation. 4. Démontrer les qualités d'un esprit scientifi que et critique ainsi que des habiletés liées à des méthodes, tant qualitatives que quantitatives, appropriées aux sciences humaines. 5. Utiliser des méthodes de travail et de recherche nécessaires à la poursuite de ses études. 6. Utiliser les technologies de traitement de l'information appropriées. 7. Communiquer sa pensée de façon claire et correcte dans la langue d'enseignement. 8. Lire et comprendre des documents de base en sciences humaines diffusés dans la langue seconde. 9. Intégrer ses acquis tout au cours de sa démarche d'apprentissage dans le programme. Manifestement, tous ces objectifs nécessitent l’assimilation de méthodes de travail intellectuel (MTI). Dans le cadre de ces notes, nous entendons nous intéresser surtout au cinquième but général du programme d’études de sciences humaines. Concrètement, à quoi correspond cet apprentissage de la méthodologie du travail intellectuel au collégial ? Cet apprentissage est-il propre à un cours en particulier ? La proposition que nous avançons en rapport avec ces deux interrogations repose sur l’idée que l’enseignement et l’apprentissage de la MTI ne peuvent pas être l’affaire d’un seul cours. Il est ici nécessairement question d’approche-programme autant pour la répartition des compétences inhérentes à l’apprentissage de la MTI qu’en ce qui a trait à la concertation requise entre les professeurs. Un mot sur la portée de la présente communication. Notre témoignage repose essentiellement sur une expertise concrète et s’appuie pour l’essentiel sur notre pratique comme cadre et professeur de philosophie pour l’un, et comme professeur dans le programme de sciences humaines pour l’autre. Notre texte n’a donc aucune prétention scientifi que ; il s’agit d’une réfl exion que nous soumettons en vue d’alimenter la discussion sur l’apprentissage de la méthodologie du travail intellectuel dans un programme d’études. Notre communication comporte cinq parties : 1. Dans un premier temps, nous distinguons quelques concepts essentiels. 2. Deuxièmement, nous formulons certaines règles à partir desquelles peut s’effectuer l’enseignement de la MTI dans un programme d’études. 26 e COLLOQUE AQPC 811 294 ENSEIGNER AU COLLÉGIAL, UNE PROFESSION À PARTAGER CORE Metadata, citation and similar papers at core.ac.uk Provided by ÉDUQ 1. DÉFINITION DE CERTAINS CONCEPTS IMPORTANTS Dans la présente section, il nous importe de distinguer certains concepts souvent confondus dans le contexte de la MTI. C’est pourquoi nous définissons ce que nous entendons par méthode, méthodes scientifiques, méthodologie du travail intellectuel et compétence. 1.1 Méthode La définition du mot méthode a connu un certain nombre de modifications dans le temps. Chez les Grecs, methodos voulait dire « route, voie », « direction qui mène au but ». Au XVI e siècle, il a pris le sens de « procédés raisonnés sur lesquels reposent l'enseignement, la pratique d'un art ». Au XVII e siècle, René Descartes associera le mot méthode à « procédé » et « moyen », bref à « manière de faire » 2. Aujourd’hui, le mot méthode renvoie à une procédure ordonnée qui permet de travailler avec plus d'efficacité en vue d'obtenir de meilleurs résultats. Plus concrètement, il s'agit d'une démarche comportant différentes étapes applicables à divers contenus en vue d’obtenir un certain résultat. Il va de soi que les méthodes ne sont pas des absolus. Il s'agit plus spécifiquement des « chemins à emprunter » afin de parvenir à un but. Si, à une certaine époque, « tous les chemins menaient à Rome », encore aujourd’hui, divers chemins peuvent concourir à nous faire atteindre le même but. En ce sens, les méthodes sont relatives. En soi, il n'y a pas de « bonne méthode » : à la limite, toutes les méthodes sont susceptibles de s’avérer bonnes dans certains contextes, l'important étant de choisir et d’appliquer celle qui peut s’avérer la plus efficace dans un contexte donné. 1.2 Méthodes scientifi ques et méthodologie du travail intellectuel Le programme d’études de sciences humaines de l’ordre collégial établit à juste titre une distinction claire entre les méthodes scientifi ques de la recherche en sciences humaines et la méthodologie du travail intellectuel. De fait, la MTI ne doit pas être confondue avec la méthodologie scientifi que (quantitative ou qualitative). La MTI renvoie de manière non limitative à : […] tous les moyens, les procédés et les règles destinés à faciliter l'apprentissage. Parmi les méthodes de travail et de recherche les plus utiles à la poursuite des études, on compte notamment les stratégies d'étude, la préparation aux épreuves, la recherche documentaire, la recension des écrits, l'organisation et la présentation des différents types de travaux écrits, la préparation à l'exposé oral, l'utilisation de l'ordinateur, le travail d'équipe et l'analyse de données 3. 3. Dans un troisième temps, nous suggérons certains principes didactiques applicables à l’enseignement de la MTI dans le cadre d’une approche-programme. 4. Quatrièmement, nous proposons une séquence d’activités d’apprentissage pour le programme d’études de sciences humaines. 5. Finalement, nous avançons quelques considérations générales susceptibles de redonner à la MTI sa juste place dans l’enseignement collégial. 2. GREY, A., dir., Le Robert : Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaire Le Robert, 2003, p. 1235. 3. MEQ, 2002, p.3. Les italiques sont de nous. 295 26 e COLLOQUE AQPC 811 ENSEIGNER AU COLLÉGIAL, UNE PROFESSION À PARTAGER La méthodologie scientifi que (quantitative ou qualitative) renvoie, quant à elle, à la compréhension et l’application de toutes les étapes d’une recherche à caractère scientifi que en sciences humaines 4. Selon notre conception de la méthodologie, il y a forcément deux formes de méthodologie : une première forme liée aux règles inhérentes à la démonstration scientifi que et une deuxième relative aux conditions générales et préalables à la réalisation de la recherche scientifi que. Pour nous, la méthodologie du travail intellectuel concerne donc les opérations générales de l’esprit qui découvre et apprend, et elle s’applique à plusieurs disciplines de la formation générale commune et de la formation spécifi que. La MTI consiste en l’étude des méthodes générales communes aux disciplines intellectuelles comme la documentation, la lecture, la communication orale et l’écriture des textes raisonnés. Par extension, elle s’applique au développement des compétences relatives à la mise en œuvre de ces méthodes. 1.3 Méthodologie du travail intellectuel et compétences C’est sans aucune hésitation que nous apparentons la méthodologie du travail intellectuel à une « compétence 5 » au sens contemporain d’un savoir-agir conditionnel. Détenir une compétence permet de résoudre des problèmes dans un contexte donné en mobilisant des connaissances et un savoir-faire approprié. Dans la mesure où la MTI est concernée, les compétences qui la composent ont la qualité d’être transversales (elles traversent les frontières disciplinaires) et transférables (elles s’adaptent aisément à d’autres contextes disciplinaires). Le domaine que couvre cet ensemble de compétences auquel on peut référer comme la MTI est vaste et comporte plusieurs aspects qui n’ont pas uniquement un caractère technique, comme pour la prise de notes. À l’occasion, ce savoir-faire recouvre une dimension plus abstraite comme savoir argumenter de manière critique et rationnelle. Cet ensemble de compétences est, à certains égards, assimilable à un savoir-expert propre aux spécialistes des sciences humaines. Convenons donc qu’un spécialiste des sciences humaines et sociales n’exerce pas son art de la même manière qu’un spécialiste qui œuvre dans le domaine du langage des nombres et des symboles ou dans ceux des langages plastiques et visuels ! De manière plus spécifi que, on s’attend d’un étudiant compétent en sciences humaines qu’il soit capable de s’affi rmer en classe comme en public ; qu’il soit en mesure de s’orienter en suivant des cours qui correspondent à ses attentes et à ses aspirations ; qu’il soit motivé à étudier et à faire ses travaux ; qu’il soit capable de résoudre des problèmes de manière créatrice ; qu’il sache gérer son temps ; qu’il montre une réelle capacité à structurer sa pensée et à l’exprimer oralement et par écrit ; qu’il s’exprime avec des mots précis et fi nalement qu’il soit en mesure uploads/Management/ organisation-travail-intellectuel 2 .pdf

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