La motivation des étudiants à l’université : mieux comprendre pour mieux agir R
La motivation des étudiants à l’université : mieux comprendre pour mieux agir Rolland Viau Université de Sherbrooke rolland.viau@usherbrooke.ca site web : http:/www.pages.usherbrooke.ca/rviau/ Cette conférence et l’atelier qui suivra ont pour but de réfléchir sur la problématique de la motivation des étudiants à l’université. Dans un premier temps, nous formulerons pour hypothèse que ce problème réside non pas dans un manque de motivation des étudiants à leur arrivée à l’université, mais dans sa diminution tout au long des études. Dans un deuxième temps, à l’aide d’un modèle motivationnel et de données issues de la littérature scientifique, nous tenterons d’expliquer la baisse de cette motivation. Nous verrons alors que la dynamique motivationnelle d’un étudiant prend son origine dans a) la valeur qu’il accorde aux activités pédagogiques, b) la perception qu’il a de sa compétence à les accomplir et c) de son sentiment de contrôle sur leur déroulement. Dans un troisième temps, nous examinerons les facteurs externes qui influent sur la dynamique motivationnelle. L’accent sera mis sur les facteurs sur lesquels le professeur peut agir pour susciter la motivation de ses étudiants. Ces facteurs seront : les activités pédagogiques, l’évaluation, lui-même en tant qu’enseignant et le climat de la classe. Le problème : une diminution de la motivation chez les étudiants La problématique de la motivation des étudiants ne se présente pas de la même façon à l’université qu’au secondaire. Alors qu’un grand nombre d’élèves souffre de démotivation dès leur arrivée au secondaire, la plupart des étudiants universitaires entrent généralement à l’université avec une forte motivation. Or, celle-ci décroît au fil des ans. Nos études menées auprès d’étudiants du Québec confirment cette tendance. Le tableau I présente les résultats obtenus lors d’une première étude menée auprès de 4039 étudiants de premier cycle (Bédard et Viau, 2001). Les résultats démontrent que les étudiants qui débutent (deux sessions ou moins) affirment avoir une motivation élevée à suivre leurs cours (7,66), alors que ceux qui terminent (cinq sessions et plus) se disent moins motivés (6,66). L’écart entre ces différents groupes d’étudiants est statistiquement significatif. Cette tendance à la baisse s’est confirmée dans deux autres études que nous avons réalisées dans des écoles d’ingénierie (Viau, 2006; Viau, Prégent et Forest, 2004)1. TABLEAU I : Degré de motivation ( / 10) des étudiants selon le nombre de sessions d’étude 0-2 sessions (n = 2346) 3-4 sessions (n = 754) 5 et + (n = 606) 7, 66 7,23 6,66 Ces résultats nous montrent que le défi qui attend les professeurs d’université ne consiste pas à susciter la motivation initiale des étudiants, qui somme toute est assez élevée, mais à la maintenir tout au long de leur parcours académique. 1 On trouvera les rapports de ces trois études sur notre site: http://www.pages.usherbrooke.ca/rviau/ La motivation des étudiants à l’université : mieux comprendre pour mieux agir Les raisons de la diminution de leur motivation Pour certains étudiants, la baisse de motivation peut être due à de «l’essoufflement» ou être un symptôme d’un semestre particulièrement chargé et difficile. Pour d’autres étudiants, des changements d’ordre personnel peuvent être à l’origine de leur baisse de motivation comme des difficultés financières ou familiales. Enfin, pour d’autres, leur démotivation peut être due à leur difficulté à s’intégrer à la culture de leur programme, de leur faculté ou de leur université. Comme la figure I l’illustre, il existe un grand nombre de facteurs pouvant être à l’origine de la diminution de la motivation des étudiants. Toutefois, nous sommes portés à penser que dans un bon nombre de cas, ce sont des facteurs relatifs à la classe qui influent de façon négative sur leur motivation. Les principaux facteurs relatifs à la classe dont traite la littérature scientifique sont : les activités pédagogiques, l’évaluation, l’enseignant et le climat de la classe. FIGURE I : LES FACTEURS QUI INFLUENT SUR LA DYNAMIQUE MOTIVATIONNELLE DE L’ÉTUDIANT Pour mieux comprendre comment ces facteurs externes peuvent influer sur la motivation des étudiants, il importe d’identifier les composantes intrinsèques de leur dynamique motivationnelle. La figure II présente le modèle sur lequel nos études sont fondées (Viau, 1994). FIGURE II: LA DYNAMIQUE MOTIVATIONNELLE AU REGARD DES ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES Ce modèle décrit la dynamique motivationnelle intrinsèque qui anime un étudiant lorsqu’il accomplit une activité pédagogique. Cette dynamique prend principalement son origine dans trois perceptions qu’il entretient à l’égard d’une activité pédagogique qui lui est proposée : a) la perception qu'il a de la valeur de l’activité : jugement qu'un étudiant porte sur l'intérêt et l'utilité d'une activité pédagogique en fonction des buts qu'il poursuit (Eccles, Wigfield et Schiefele, 1998); Rolland Viau Université de Moncton Mai 2008 / 2 Activité pédagogique Déterminants Perceptions : - de la valeur de l’activité - de sa compétence - de la contrôlabilité Choix Indicateurs Engagement cognitif Persévérance Réussite Dynamique motivationnelle de l’étudiant Facteurs relatifs à la vie de l’étudiant p. ex. : famille / amis / travail d’appoint / etc. Facteurs relatifs à la classe activité / évaluation / enseignant / climat de la classe. Facteurs relatifs à l’institution p. ex. : règlements / horaires / etc. Facteurs relatifs à la société p. ex. : valeurs / marché de l’emploi / culture / etc. La motivation des étudiants à l’université : mieux comprendre pour mieux agir b) la perception de sa compétence : perception qu’il a de lui-même et par laquelle il évalue sa capacité à accomplir de manière adéquate une activité qu’il n’est pas certain de réussir (Pajares, 1996); c) la perception de contrôlabilité : contrôle qu’il pense avoir sur le déroulement d’une activité (Viau, 1994). Si ces perceptions sont élevées, l’étudiant sera motivé, ce qui aura pour conséquence qu’il choisira de s'engager cognitivement dans une activité pédagogique qui lui est proposée et persévérera. Si ces perceptions sont faibles, il sera démotivé, ne s’engagera pas dans cette activité et ne persévérera pas. L'engagement cognitif correspond au degré d'effort mental que l’étudiant déploie lors de la réalisation d'une activité pédagogique. La persévérance se traduit par le temps qu’il consacre à accomplir une activité pédagogique; la réussite est la conséquence finale de la motivation. Généralement, un étudiant qui s’engage et persévère, réussit. Notons que si la réussite est une conséquence de la motivation, elle en est également une source, car elle influence les perceptions de l'étudiant qui, comme nous l’avons souligné précédemment, sont à l'origine de sa dynamique motivationnelle. En résumé, fort de la connaissance des composantes de la dynamique motivationnelle, nous pouvons avancer qu’un professeur, soucieux de la motivation de ses étudiants, fera en sorte que les facteurs sur lesquels il a du pouvoir (activité pédagogique, évaluation, lui-même en tant qu’enseignant et le climat de la classe) favorisent : a) la perception de la valeur que l’étudiant accorde aux activités pédagogiques, b) la perception qu’il entretient à l’égard de sa compétence à les réussir et c) sa perception de contrôlabilité sur sa démarche d’apprentissage. Examinons maintenant comment un professeur peut agir pour que les quatre facteurs sur lesquels il a un certain pouvoir influent sur les trois principales sources de motivation. Pour utiliser une métaphore, ces facteurs sont les portes d’entrée qu’un professeur peut utiliser pour favoriser la motivation des étudiants. Les « portes d’entrée » pour atteindre la motivation des étudiants Dans les sections qui suivent, nous portons notre attention sur quatre facteurs relatifs à la classe. Certes, il existe d’autres facteurs sur lesquels un professeur pour agir (p. ex. la discipline), mais si l’on se fie à la littérature scientifique, les quatre que nous présentons sont les plus importants. ― Les activités pédagogiques Nous distinguons deux types d’activités pédagogiques: les activités d’enseignement et les activités d’apprentissage (Viau, 1999). Dans les activités d’enseignement, le professeur est l'acteur principal. Son rôle consiste à communiquer de l’information aux étudiants. L'exposé magistral est l'activité d'enseignement la plus connue et sûrement la plus utilisée. La majorité des chercheurs affirment que l’exposé est un des meilleurs moyens pour un étudiant d’avoir accès rapidement à une information structurée et organisée (Bligh, 2000). Ces mêmes chercheurs considèrent toutefois que les exposés magistraux ont des limites importantes. Dans son ouvrage consacré entièrement aux exposés magistraux, Bligh (2000) stipule que cette forme d’enseignement n’est pas efficace pour promouvoir une réflexion en profondeur chez les étudiants ni pour leur faire acquérir des procédures (savoir-faire). De plus, l’exposé réussit rarement à susciter de l’intérêt au regard de la matière enseignée et à inculquer des valeurs relatives au domaine d’étude. Malgré ses limites importantes, l’exposé magistral demeure l’une des activités pédagogiques les plus couramment utilisées à l’université. Alors comment rendre cette activité plus efficace? Le charisme naturel d'un professeur, le ton de sa voix, son talent de comédien, son humour et sa réputation contribuent à rendre ses exposés plus captivants. Mais il n'est pas donné à tous les professeurs d'avoir ces talents. Dès lors, il faut voir comment les éléments d'un exposé peuvent permettre aux étudiants d’acquérir les connaissances visées et de garder une certaine motivation. Rolland Viau Université de Moncton Mai 2008 / 3 La motivation des étudiants à l’université : mieux comprendre pour mieux agir Des recherches menées par Perry uploads/Management/ presentation-viau-20082.pdf
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- Publié le Nov 30, 2022
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