LE DÉPLACEMENT DU CONTRÔLE DE GESTION VERS LA RSE : UN «ÉCO-CONTRÔLE» PLUS JUST

LE DÉPLACEMENT DU CONTRÔLE DE GESTION VERS LA RSE : UN «ÉCO-CONTRÔLE» PLUS JUSTE OU JUSTE L'ÉCHO D'UN CONTRÔLE ? CAS DE 50 SOCIÉTÉS COTÉES FRANÇAISES Morad Mousli Management Prospective Ed. | « Management & Avenir » 2010/10 n° 40 | pages 54 à 72 ISSN 1768-5958 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2010-10-page-54.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Morad Mousli, « Le déplacement du contrôle de gestion vers la RSE : un «éco- contrôle» plus juste ou juste l'écho d'un contrôle ? Cas de 50 sociétés cotées françaises », Management & Avenir 2010/10 (n° 40), p. 54-72. DOI 10.3917/mav.040.0054 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Management Prospective Ed.. © Management Prospective Ed.. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.92.57.92 - 06/11/2016 18h39. © Management Prospective Ed. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.92.57.92 - 06/11/2016 18h39. © Management Prospective Ed. 40 54 Le déplacement du contrôle de gestion vers la RSE : un «éco-contrôle» plus juste ou juste l’écho d’un contrôle ? Cas de 50 sociétés cotées françaises par Morad Mousli12 Résumé Dans un contexte particulièrement instable et incertain, les sociétés cotées doivent intégrer dans leur stratégie des préceptes de responsabilité sociale dont les conséquences sur le contrôle de gestion sont théoriquement nombreuses, notamment en matière de mesure et de reporting. Ainsi, en proie à ce qui constitue l’une des clés de lecture de l’implication des sociétés en matière de RSE, le système budgétaire doit être configuré de façon adaptée afin qu’il puisse assurer une fonction de mesure de la nouvelle performance sociétale et être susceptible de fonder des actions stratégiques à long terme. C’est pourquoi, les objectifs de notre recherche sont d’établir un état des lieux des pratiques de contrôle dans 50 sociétés cotées françaises afin de savoir si, d’une part, la RSE influence bien la configuration du système budgétaire et, d’autre part, si les contrôleurs de gestion disposent d’une latitude suffisante afin de réaliser effectivement des activités afférentes à un « éco-contrôle ». Abstract In an economic context particularly volatile and uncertain, listed companies must include the precepts of sustainable development in their strategic management. Their consequences on management control are theoretically numerous, particularly with regard to corporate social responsibility. So, in the grip of what is one of the keys of reading of the implication of companies as regards Corporate Social Responsibility, the budgetary system must be configured in an adapted way so that it can insure a function of measurement of the new societal performance and may establish strategic long-term actions. That is why, the objectives of our search are to establish a current situation of the practices of control in 50 French listed companies to know if, on one hand, the Corporate Social Responsibility influences well the configuration of the budgetary system and, on the other hand, if management controllers have a sufficient freedom to perform effectively activities concerned to a “eco-control”. 12. Morad Mousli, Groupe ESC Clermont, morad.mousli@esc-clermont.fr Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.92.57.92 - 06/11/2016 18h39. © Management Prospective Ed. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.92.57.92 - 06/11/2016 18h39. © Management Prospective Ed. 55 Dans la définition de la responsabilité sociale des entreprises retenue au niveau européen, le « S » renvoie davantage au terme « sociétale » que « sociale » en ce qu’il inclut une dimension environnementale. En effet, il a été admis que la notion de responsabilité sociale des entreprises (RSE à présent dans le texte) traduit l’initiative des entreprises et de leurs parties prenantes (« stakeholders ») de contribuer à l’amélioration de la société ainsi que de leur environnement (Bowen, 1953 ; Carroll, 1999). Il s’agit donc d’une déclinaison des préceptes du développement durable au niveau de l’entreprise. Cette déclinaison prend la forme d’une démarche organisationnelle qui influence directement les processus, la structure et les fonctions allant de la direction générale au contrôle de gestion (Al-Tuwaijri, Christensen, Hughes, 2004). S’agit-il, du point de vue du système budgétaire, d’une simple volonté managériale sans conséquence (Rivière-Giordano, 2007) ou bien d’une démarche singulière qui implique l’introduction d’une activité spécifique (indicateurs, analyse, reporting) ? En effet, quelle influence notoire peut-on relever sur les missions du contrôle de gestion dans le cas des sociétés cotées soumises à une obligation légale et institutionnelle fixée en France par la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (2001), en particulier dans un système budgétaire où les activités de mesure de la performance financière sont particulièrement nombreuses et chronophages ? Bien que des outils nouveaux aient été proposés comme étant susceptibles de mesurer la performance de la RSE (Biecker, 2002 ; Kaplan et Norton, 2003), on peut se demander si ces indicateurs sont bel et bien utilisés, en particulier dans un contexte instable et incertain où le système budgétaire semble en prise à des exigences de plus en plus élevées de maximisation financière ainsi qu’aux nouvelles normes d’établissement des états financiers (Bollecker et al., 2006). En outre, RSE est-elle réellement ancrée dans les stratégies des sociétés cotées françaises ou bien constitue-t-elle, du point de vue de sa performance, une simple réponse aux pressions de leurs environnements commercial et institutionnel (Meyssonnier, Rasolofo-Distler, 2008 ; Boccara, 2009) ? L’observation des activités réalisées dans le système budgétaire pourrait nous renseigner sur la place qu’occupe effectivement la RSE au regard, notamment, de la latitude dont disposent les contrôleurs de gestion, c’est-à-dire leur propension à réaliser l’ensemble des tâches nécessaires au parfait exercice des fonctions dudit système. La problématique de ce papier pourrait se résumer ainsi : la configuration du système budgétaire des sociétés cotées permet-elle aux contrôleurs de gestion d’exercer réellement un « éco-contrôle » (Henri et Giasson, 2006) ? Nos objectifs sont donc de vérifier, d’une part, l’existence d’une influence réelle des préceptes de RSE sur les outils et les activités du système budgétaire (problème de la configuration) et, d’autre part, la possibilité pour les contrôleurs de gestion d’exercer une activité adaptée au regard du temps dont ils disposent (problème de la latitude). Afin de répondre à cette problématique, nous nous appuierons sur les résultats quantitatifs d’une étude scientifique conduite durant près d’un an Le déplacement du contrôle de gestion vers la RSE : un «éco-contrôle» plus juste ou juste l’écho d’un contrôle ? Cas de 50 sociétés cotées françaises Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.92.57.92 - 06/11/2016 18h39. © Management Prospective Ed. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.92.57.92 - 06/11/2016 18h39. © Management Prospective Ed. 40 56 auprès de 50 sociétés cotées françaises impliquées ou non en matière de RSE. En première partie seront exposées une description de l’évolution du contrôle de gestion autour des concepts et études connus ainsi que notre question de recherche. Les deuxième et troisième parties présenteront respectivement notre méthodologie de recherche et les résultats obtenus ainsi que nos conclusions. 1. La problématique de la configuration du système budgétaire à des fins de contrôle de la performance liée à la RSE 1.1. La RSE comme fondement d’un contrôle hypothétiquement plus « éco » Née en partie de la stakeholder theory de Freeman (1984), la problématique de la RSE suggère une responsabilité à la fois sociale et sociétale de l’entreprise à l’endroit de son environnement direct et de la société dans son ensemble. Ce postulat a suggéré de nouvelles pratiques dans les entreprises en matière de stratégies de développement durable, notamment dans leur façon de communiquer (Martinet et Reynaud, 2001), mais également une augmentation notoire d’un contrôle « éco » qui se traduit par le développement d’outils ad hoc et d’un reporting sociétal (Henri et Giasson, 2006 ; Bollecker et al., 2006). Mais au-delà de la comptabilité environnementale ou du « bilan sociétal » (Capron, 2000), il est possible de s’interroger sur l’influence véritable de la RSE sur le contrôle et, plus particulièrement, dans un contexte de crise qui suggèrerait, en cas de maintien des préoccupations « éco » du système budgétaire, une volonté manifeste des directions générales de piloter et de mesurer leur performance globale et non plus exclusivement financière. Le développement durable sacralise donc l’avènement de la RSE comme source de performance à part entière dont les conséquences structurelles semblent devoir rejaillir naturellement sur le contrôle de gestion (Moquet, 2005 ; Caron et al., 2007), et en particulier sur les indicateurs de mesure et la nature du reporting. En effet, la création de valeur n’est plus l’apanage des actionnaires mais de l’ensemble des parties prenantes dont la part doit être identifiée et uploads/Management/ rse-et-controle-de-gestion.pdf

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  • Publié le Mar 09, 2022
  • Catégorie Management
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