Université de Paris-Diderot (Paris 7) 2012-2013 Florent GABRIEL TD HPE Dossier

Université de Paris-Diderot (Paris 7) 2012-2013 Florent GABRIEL TD HPE Dossier n°1. A. Smith I. Remarques sur les 4 textes. Les quatre extraits de textes sont tous issus du célèbre ouvrage publié en 1776 « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » (soit richesses des nations en abrégé) et considéré depuis comme le livre fondateur à la fois de l’économie politique ou de la science économique moderne et simultanément de l’un de ses courants : « l’école classique » Le Texte 2 ‘La division du travail’ est tiré du chapitre 1 du Livre I de la Richesse des Nations pour la 1ère colonne (La division du travail) ; du chapitre 2 de la Richesse des Nations pour la seconde colonne (du principe qui suscite la division du travail. Le Texte 3 ‘Valeur et revenu dans les deux états de la société’ est tiré du chapitre 6 du Livre I (Des parties constituantes de la valeur des marchandises). Le Texte 4 ‘Les revenus’ est tiré du même chapitre 6 du Livre I Le texte 5 ‘Etat et liberté naturelle’ est tiré du chapitre 9 du Livre IV (Des systèmes agricoles ou de ces systèmes d’économie politique qui représentent le produit de la terre soit comme seule soit comme principale source de revenus. Nous traiterons la question 1 en deux parties, ce qui nous amènera à corriger dans ce TD 7 au lieu de 6 questions. Question 1 (texte 2, colonne de droite) : Qu’est-ce que la division du travail ? Le concept de division du travail n’est pas clairement défini par A.Smith car celui-ci peut s’entendre dans deux sens différents qui sont implicitement mentionnés par notre auteur sans que celui-ci ne les distingue véritablement. Au début du chapitre I, on peut lire : « Les effets de la division du travail dans l’ensemble des activités de la société seront plus facilement compris si l’on considère de quelle manière elle opère dans des fabrications particulières ». Le véritable objet théorique que se donne Smith serait l’étude de « la division du travail dans l’ensemble des activités de la société », ce qui correspond à ce que nous appellerions aujourd’hui « La division sociale du travail » tout en précisant dans le même temps que cette étude sera concrètement entreprise non pas à l’échelle de la société mais au niveau d’une quelconque fabrication particulière (entreprise ou firme), ce qui correspond à ce que nous appellerions aujourd’hui la « division technique du travail ». Smith entreprend donc une étude de la division sociale du travail (DST) par l’intermédiaire d’une analyse de quelque chose d’autre qui serait la division technique du travail (DTT). On comprend alors que Smith en vienne à confondre ‘division technique’ et ‘division sociale’ du travail en raison de ce que l’analyse de la division technique du travail est entreprise comme si cette dernière constituait une « division sociale du travail en miniature ». Plusieurs indices viennent corroborer que cela dont celui tout particulièrement : l’omission des caractéristiques du salariat dans l’étude de la manufacture d’épingle (objet principal du chapitre 1) dans la mesure où Smith semble décrire des artisans qui seraient simultanément propriétaires du produit qu’ils fabriquent. 1 Si on va au-delà du texte de Smith, il n’y a pas lieu de confondre la division technique du sociale à la division sociale en raison : -primo parce qu’au sein de la DTT, les producteurs ne produisent pas des marchandises mais des simples produits (ou encours) qui passent d’un poste (ou d’un atelier ou d’un établisse- ment) à un autre alors qu’a contrario ne s’échangent au sein de la division sociale du travail que des marchandises qui sont l’émanation de producteurs particuliers ; -secondo : parce la coordination des activités se fait de manière centralisée et hiérarchique et cela par l’entremise du capitaliste entrepreneur et de ses délégués au sein de la division tech- nique du travail, alors qu’elle se réalise de manière décentralisée et non-coordonnée par l’en- tremise du marché et de la concurrence au sein de la division sociale du travail. Mais bien que Smith confonde deux choses de nature différente, cette confusion a cepen- dant eu comme conséquence heureuse de poser involontairement un principe d’articulation ou d’interaction entre ces deux divisions du travail comme nous allons le démontrer en ré- pondant à la seconde question. Question 2 (texte 2, colonne de droite). Pourquoi la division du travail conduit-elle à une opulence générale ? Si la division du travail conduit à une opulence générale c’est en raison de ses effets sur la puissance productive du travail qui en font l’origine des différentes modalités d’augmenta- tion de la productivité (augmentation de la production à quantité donnée facteurs de produc- tion) et notamment de la productivité du travail. Ceci résulte de trois effets induits qui peu- vent se cumuler que sont : 1) un effet d’accroissement de l’habileté dans le travail dû à la spécialisation des tâches (DTT) ou des activités (DST) ; 2) un effet gain de temps dans le passage d’une tâche à une autre ; 3) l’introduction du machinisme ou de moyens mécaniques de production. Ces trois éléments ne sont pas indépendants dans la mesure où les effets 2 et 3 constituent le prolongement direct de l’effet 1, l’effet de spécialisation, comme émanation directe de la di- vision du travail dans son principe général. *l’effet de spécialisation ou l’anticipation du taylorisme. En divisant le travail, on le parcellise, on le simplifie et du même coup on spécialise le producteur à l’exécution d’une ou de quelques tâches simples qui, du fait de leur simplicité, permet un accroissement de la rapidité d’exécution. L’effet de spécialisation en revient ainsi à générer une intensification du travail qui consiste en un accroissement de la quantité d’efforts ou de travail dans une heure de travail. On retrouve donc ici chez A. Smith avant la lettre un des principes de base du taylorisme qui a permis de substituer, par la parcellisation de plus en plus poussée des tâches, les ouvriers spécialisés aux anciens ouvriers de métiers. Les arguments de Smith sur la plus grande habileté du travailleur du fait de la spécialisation qu’on retrouvera ensuite plus tard chez F.W. Taylor ne sont que la dénégation de l’appauvris- sement du travail qui résulte de la réduction du domaine de compétence de l’ouvrier sur le plan intellectuel et manuel. Pour cette raison, Smith apparaît indubitablement comme le théo- ricien contemporain du capitalisme naissant et de la révolution industrielle qui justifie au nom de la productivité et de l’accroissement des forces productives l’aliénation du travail- leur. 2 *L’effet gain de temps dans le passage d’une tâche à une autre Dans l’effet de spécialisation est déjà compris un effet gain de temps dans la mesure où toute intensification du travail implique un gain de temps. A côté de ce premier gain temps s’ajoute un second qui consiste dans l’économie de temps réalisée lors du passage d’une tâche à une autre. Les économies réalisées sont ici relatives au temps de flânerie qui apparaît entre deux tâches et au changement des outils. *L’introduction des machines. Si la parcellisation des tâches inhérente à la division du travail génère un premier effet se- condaire dans l’économie dû aux pertes de temps générées par le passage d’une tâche à une autre, il induit plus fondamentalement une simplification considérable du travail. Celle-ci peut conduire dans un second temps à une mécanisation partielle ou totale à travers l’intro- duction de procédés mécaniques ou l’utilisation de machines, qui dans tous les cas, permet- tent de décupler la force productive du travail humain. Mentionnons au passage l’opposition de nature au sein de l’augmentation de la productivité apparente du travail entre une augmen- tation de la productivité qui résulte d’une augmentation de cette dernière issue de l’utilisation des machines par rapport à une augmentation de cette dernière issue de l’intensification du travail due à la parcellisation. Alors que dans le dernier cas, l’augmentation de la productivité est l’effet d’une augmentation de la quantité de travail (ou d’efforts) fournie dans une même heure de travail, dans le second cas, l’accroissement de productivité apparente du travail est consécutif au fait que, grâce à l’utilisation des machines, il est possible, avec la même quan- tité d’efforts, de produire une quantité plus grande de marchandises. Le fait que l’introduction des machines ne soit pas chez Smith quelque chose d’extérieur au processus de division-parcellisation du travail se vérifie à travers la description que donne ce dernier de l’origine de la mécanisation du travail qui résulte dans certains cas de l’initiative créatrice des ouvriers ou parfois des enfants : « Une grande partie des outils et machines dont on se sert dans les fabriques où le travail est le plus subdivisé ont, à l’origine, été des inventions de simples ouvriers qui, étant chacun employé à une opération très simple, ont naturellement appliqué leurs pensées à trouver des méthodes plus faciles et plus promptes pour l’exécuter ». Autrement dit, c’est parce que l’on a préalablement simplifié le travail en le parcellisant uploads/Management/ td-hpe-dossier-1-a-smith-corrige-2012-13.pdf

  • 42
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Sep 05, 2021
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1272MB