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Attentes et pratiques des étudiants dans l’enseignement supérieur français - 20

Attentes et pratiques des étudiants dans l’enseignement supérieur français - 2015 1 ATTENTES ET PRATIQUES DES ÉTUDIANTS DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR FRANÇAIS Note de synthèse Didier PAQUELIN Professeur des Universités, Université Bordeaux Montaigne (France), Professeur Titulaire de la Chaire de Leadership en pédagogie de l’enseignement supérieur, Université Laval (Québec) Principaux apports de l’étude Cette note de synthèse présente les résultats d’une étude commanditée par la DGESIP cherchant à caractériser les attentes et les pratiques d’apprentissage des étudiants en identifiant tout particulièrement ce qui relève des sphères institutionnelle (modalités pédagogiques, ressources, médiation), professionnelle et personnelle. La présentation des principaux apports de l’étude est suivie par un rappel du questionnement initial, en ouverture d’un premier niveau d’analyse dont les approfondissements sont présentés dans le rapport final de l’étude. Un questionnaire en ligne a été proposé à des étudiants et des élèves ingénieurs de 9 mars au 25 mai 2015. L’analyse des réponses fournies par 3 853 répondants, issus de douze académies, de toutes les filières et niveaux de formation, s’est fondée sur le traitement de 246 variables. L’analyse relève des points saillants relatifs aux attentes et aux pratiques des répondants. Le diplôme, comme objectif de réussite Les répondants cherchent à obtenir un diplôme afin de pouvoir exercer un métier qui réponde à leurs attentes et qui soit plaisant. L’obtention du diplôme est d’autant plus recherchée que les répondants sont plus jeunes, issus d’une filière technologique, qu’ils ont une activité professionnelle. Une satisfaction des enseignements modulée par des attentes non comblées Si 3 répondants sur 4 se déclarent satisfaits des enseignements et du contexte de la formation, ils modulent cependant leurs avis selon les dimensions concernées : • Items à fort degré de satisfaction : la qualité de l’enseignement (contenu), les matières enseignées, le niveau de difficulté des enseignements, les services offerts par les bibliothèques universitaires. • Items à degré de satisfaction moyen : la qualité des infrastructures et des services numériques, la qualité des lieux de vie universitaire. • Items à marge de progression : la relation pédagogique, les méthodes d’évaluation, l’offre de formation à distance, la lisibilité de l’offre de formation, l’équilibre quantitatif entre les enseignements théoriques et les enseignements pratiques, la qualité des salles de cours et des espaces libres de travail. Derrière la confiance et la motivation, des difficultés d’apprentissage Tout en étant confiants dans leur capacité à réussir, les répondants expriment des difficultés à apprendre et à prendre des notes pour deux raisons principales qui tiennent pour l’une d’elles à l’enseignement (densité, rapidité) et pour l’autre à leur propre capacité à donner sens à ce qui est dit, lu, et à l’inexpérience du travail universitaire. L’anxiété et le stress participent également de ces difficultés. A la recherche de sens et de défis dans les activités d’apprentissage Les répondants ont des attentes explicites vis-à- vis d’approches pédagogiques qui leur permettent de produire du sens : 40 % des répondants se déclarent insatisfaits de l’articulation entre la théorie et la pratique. Ils semblent réceptifs à des Attentes et pratiques des étudiants dans l’enseignement supérieur français - 2015 2 pédagogies actives qui leur proposent des défis à relever (76 %). Des pratiques numériques circonscrites Les usages du numérique pour les études sont le reflet des modalités pédagogiques proposées et se répartissent en six principales catégories : • Accéder à des documents : recherche documentaire, supports de cours mis à disposition par l’établissement et/ou disponibles en dehors de l’établissement, téléchargement des travaux à réaliser ; • Accéder à l’emploi du temps de la formation ; • Communiquer avec des pairs, des enseignants, des personnels administratifs ; • Travailler les cours ; • Déposer des productions ; • Rechercher un stage. Ces usages varient selon un ensemble de facteurs : sentiment d’auto-efficacité ; difficulté à apprendre et à prendre des notes ; degré de motivation ; degré d’anxiété. Apprendre dans et en dehors de l’institution Mise à part l’activité de recherche documentaire qui s’effectue indifféremment dans et hors institution, les autres activités liées à l’apprentissage hors face-à-face pédagogique sont majoritairement réalisées à l’extérieur de l’institution (travailler les cours, réviser, préparer un oral, lire, faire un travail de groupe, réaliser un dossier). La spatialisation de ces activités d’apprentissage est fonction de leur nature, du sentiment d’auto-efficacité et du sentiment d’appartenance des répondants. L’analyse présentée dans le rapport complet de l’étude identifie les caractéristiques attendues des différents lieux en fonction de la nature de l’activité. Sentiment d’appartenance à une communauté : un organisateur des pratiques Environ 3 répondants sur 4 se sentent appartenir à la communauté de l’établissement. Leur cursus est source de socialisation contribuant à leur engagement dans les activités académiques et associatives. Le sentiment d’auto-efficacité : une variable personnelle contextualisée L’analyse montre de fortes interdépendances (test de Khi2) entre le sentiment d’auto-efficacité (SAE) des répondants, leurs attentes et leurs pratiques. Le SAE varie en fonction : • de la perception de « vie confortable » : plus les répondants ont le sentiment d’une vie confortable avec le revenu dont ils disposent, plus leur SAE est élevé ; • la composition du foyer : les répondants habitant seuls, en colocation ou en couple ont un SAE proportionnellement plus élevé que les autres ; • de la connaissance du métier d’étudiant : les primo-entrants ont un SAE plus faible que les autres ; • du type d’établissement fréquenté : les répondants étudiant dans une université semblent dans une situation plus fragile que les élèves ingénieurs, fragilité qui se retrouve chez les primo-entrants ; • du type d’emploi occupé durant les études : les étudiants qui effectuent un stage ou qui sont sous contrat de professionnalisation ont un SAE plus élevé que ceux qui ont un emploi occasionnel ; • du domaine d’études : les étudiants en STAPS ont un niveau de SAE moins important que les étudiants en sciences de gestion, management et commerce. Ce sentiment d’auto-efficacité est corrélé : • au degré de satisfaction vis-à-vis des modalités pédagogiques ; • aux attentes relatives à la relation avec les enseignants ; • au sentiment d’appartenance ; • à la géolocalisation des activités d’apprentissage ; • aux équipements numériques et leurs usages pendant les cours. Le rapport final revient en conclusion sur les variables qu’une équipe pédagogique, un établissement pourraient prendre en compte pour accompagner les étudiants dans la réussite de leur projet de formation. Attentes et pratiques des étudiants dans l’enseignement supérieur français 3 Contexte de l’étude Le rapport rédigé par Claude Bertrand intitulé « Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur » paru en 2014 rappelait l’enjeu pour l’enseignement supérieur d’être à la hauteur de ses ambitions en matière de réussite des étudiants et tout particulièrement en première année de licence (Bertrand, 2014, p. 5)1. Des actions sont formulées visant à mieux connaître les étudiants, à prendre en considération la réalité des attentes, des projets et des pratiques des étudiants argumentant qu’« il est difficile d’imaginer l’évolution des dispositifs d’enseignement sans que les principaux intéressés soient consultés » (Bertrand, 2014, p. 14). Cet attendu est formulé dans l’une des quarante propositions de la Stratégie nationale pour l’Enseignement Supérieur portant sur le besoin de recherches pour faire évoluer la pédagogie et les processus d’apprentissage, et renforcer l’accessibilité aux études supérieures ainsi que la réussite des étudiants (StraNES, proposition 20). La présente étude vise par un renouvellement des connaissances des attentes et des pratiques des étudiants dans l’enseignement supérieur à contribuer à la transformation pédagogique en identifiant ce qui pourrait participer à la réussite des étudiants. Elle se propose d’apporter des éléments de réponse aux questions suivantes : « Les nouveaux étudiants : qui sont-ils ? Comment apprennent-ils ? Quels sont leurs besoins ? ». La présentation des caractéristiques des répondants qui constituent le panel étudié sera suivie par un ensemble d’analyses relatives aux attentes et pratiques des étudiants. Ces analyses visent à nourrir la réflexion sur les évolutions pertinentes des dispositifs de formation, des approches d’apprentissage avec notamment « un déplacement du focus mis sur 1 Bertrand, C., (2014), Soutenir la transformation pédagogique dans l’enseignement supérieur, Rapport DGESIP, mars 2014. l’enseignant et ce qu’il enseigne vers l’étudiant et ce qu’il apprend » (Bertrand, 2014, p. 6). Cadrage théorique La problématique de la réussite étudiante est au cœur des politiques éducatives de l’enseignement supérieur depuis de très nombreuses années comme en attestent de nombreuses études et recherches relevant de multiples dimensions : • Les disparités sociales, sexuées, de filières et de lieux d'études (Bourdieu et Passeron, 1964 ; Felouzis, 2000 ; Hardouin, Hussenet, Septours et Bottani, 2003). Les effets des pratiques et conditions des études : les méthodes de travail (Coulon, 2007 ; Lahire, 1997 ; Monfort 2003) l’intelligence et les aptitudes cognitives (Elshout et Veenman, 1992), le temps consacré au travail, l'activité rémunérée, le type de logement (Gruel, 2002). • La représentation de ce qu’est la réussite (Rivière, 2002). • Le rapport aux études : la motivation, le projet de formation (Pirot et De Ketele, 2000 ; Heutte, 2011), l’adaptation et l’intégration dans le cadre de l'université, l’adéquation académique, les traits de personnalité (Galand et Vanlede, uploads/Management/ th1-paquelin-etudeattentepratiqueetudiantesynthese.pdf