Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité Cahiers de l'Apliu
Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité Cahiers de l'Apliut Vol. XXVII N° 1 | 2008 : LEA/LANSAD : Convergences/Divergences Articles 8 Traduction et corpus, corpus et recherche Translation and corpora, corpora and translation Gʇʑʈʈʔʇʛ Wʋʎʎʋʃʏʕ p. 69-79 Résumés Français English Dans l’enseignement des langues étrangères, la traduction est très souvent présente comme activité pédagogique. Dans les LEA de Lorient, nous ne prétendons pas former des traducteurs – notre spécialité reste le commerce international – mais en L3 une option rédaction/traduction a été ouverte pour ceux qui souhaitent se préparer à un Master en traduction ou rédaction. En plus de leurs cours de traduction, ces étudiants reçoivent des cours de lexicologie, de grammaire systémique et fonctionnelle, de traduction assistée et de linguistique de corpus. Dans cet article, nous montrerons le processus d’introduction des étudiants à la création de glossaires bilingues et phraséologiques et de dictionnaires de spécialité en construisant des corpus comparables à partir de textes électroniques. In second language teaching, translation is often seen as a pedagogical activity. In the Applied Languages with Business Studies (LEA) course in Lorient, we do not claim to train translators—our speciality remains international trade—but in the third year we have opened a translation-technical writing course that is open to those who wish to go on to undertake a Master’s degree in these fields. In addition to training in translation, these students follow courses in lexicology, functional and systemic grammar, machine-assisted translation and corpus linguistics. In the following article, we shall show how the students are introduced to the building of bilingual phraseological glossaries and specialised dictionaries by building comparable corpora from electronic texts. Entrées d’index Mots-clés : analyse de discours, linguistique de corpus Keywords : corpus linguistics, discourse analysis Texte intégral Introduction Le contexte de l’enseignement Dans l’enseignement des langues étrangères, la traduction est très souvent présente comme activité pédagogique. Dans l’enseignement professionnel en formation continue dans les écoles de langues et les chambres de commerce, la traduction est souvent évitée afin de limiter la contamination entre les langues, procédé largement suivi depuis Berlitz (voir Howatt 1984). Par contre, dans l’enseignement secondaire et supérieur, l’activité est traitée comme une compétence essentielle. Il n’est alors pas surprenant que la traduction ait sa place dans les études de langues étrangères appliquées. 1 Si le cours existe, il est peut-être temps de se demander pourquoi la traduction est enseignée. Est-ce simplement une compétence ou sommes-nous en train de former de futurs traducteurs ? La réponse est que les deux sont possibles. Certaines formations vont permettre à des étudiants particulièrement doués en langues de se spécialiser en traduction, d’autres vont se spécialiser dans un des multiples domaines qui demandent une connaissance des langues. Les candidats traducteurs vont commencer un long parcours d’apprentissage, les autres vont continuer à pratiquer la traduction sans être de véritables traducteurs. Il est essentiel que ces derniers comprennent leurs limites. On ne s’improvise pas traducteur, ce que des entreprises ont souvent du mal à comprendre. 2 Dans les LEA de Lorient nous ne prétendons pas former des traducteurs – notre spécialité reste le commerce international – mais en L3 une option rédaction/traduction a été ouverte pour ceux qui souhaitent se préparer à un Master en traduction ou rédaction. En plus de leurs cours de traduction, ces étudiants reçoivent des cours de lexicologie, de grammaire systémique et fonctionnelle, de traduction automatique1, de traduction assistée et de linguistique de corpus. Dans cet article, nous montrerons le processus d’introduction des étudiants à la création de glossaires bilingues et phraséologiques et de dictionnaires de spécialité en construisant des corpus comparables à partir de textes électroniques. 3 Dans la spécialité de licence rédaction/traduction, les étudiants suivent deux cours théoriques de linguistique appliquée en lexicologie et de grammaire au premier semestre. Ceci prépare le terrain pour les cours de traduction assistée et de linguistique de corpus sur ordinateur au deuxième semestre. Un utilisateur averti de la langue doit non seulement savoir se servir d’un dictionnaire, mais aussi savoir comment ces ouvrages sont construits et pour qui (Williams 2007). Il y a donc des cours sur les bases de la sémantique lexicale et de la lexicographie appliquée. Cependant, les mots n’ont pas de sens hors contexte, il faut donc aussi apprendre à analyser des textes avec 4 Analyse lexicographique Analyse de discours La recherche lexicographique et terminologique une méthodologie qui va lier la syntaxe et le lexique dans une grammaire textuelle, dans ce cas la grammaire systémique et fonctionnelle de Halliday (1994). Au deuxième semestre, les notions théoriques en analyse de discours et de grammaire systémique et fonctionnelle sont exploitées dans des cours de traduction assistée par ordinateur et de linguistique de corpus. En partant d’un texte sur le Royal National Lifeboat Institute (RNLI), l’équivalent de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), qu’ils doivent traduire en utilisant le logiciel de traduction Wordfast2, les étudiants cherchent des mots clés après une analyse visuelle des textes (voir plus loin pour les analyses ascendantes et descendantes) qui vont aider à l’assemblage d’un corpus en anglais. Un corpus équivalent est construit pour le français. Pour ce faire, les étudiants doivent chercher des textes sur le site de la SNSM sur des domaines précis comme, par exemple, la typologie des bateaux employés. L’ensemble constitue un corpus comparable, c’est-à-dire un ensemble de textes non traduits dans deux langues, sous format numérique afin d’être analysables avec un concordancier. Les corpus comparables sont considérés comme étant plus fiables qu’un corpus parallèle, qui est assemblé à partir de textes traduits, pour l’extraction terminologique3. Un corpus est obligatoirement constitué de textes authentiques et complets. Pour qu’un corpus soit vraiment utilisable, il faut au minimum 10 000 signes afin de pouvoir former des généralisations à partir des concordances. Les étudiants sont formés en XML afin d’utiliser XAIRA4 (ce concordancier remplace Winconcord de Darmstadt, un outil sous Windows 95 qui n’est plus disponible). Les deux corpus permettent aux étudiants de construire des glossaires bilingues à partir des réalités textuelles, ils peuvent également comparer leurs résultats avec des dictionnaires bilingues et des terminologies en ligne. 5 Les glossaires sont introduits dans Wordfast comme aide à la traduction, mais l’activité de recherche sert aussi à montrer les limites de tels glossaires qui ne peuvent que faire de simples équivalences mot à mot. De la même manière, les recherches sur des bases de données terminologiques comme Granddictionnaire5ou Eurodicautom6montrent aux étudiants que ces bases, pourtant de grande valeur, sont également limitées, à la fois dans l’étendue des domaines couverts et en ce qui concerne les informations sur l’emploi du lexique. Les glossaires et les bases de données ne gèrent pas les aspects de la langue essentiels à la traduction comme la collocation, la colligation, les grammaires locales et les formules phraséologiques. Pour chercher et stocker ces éléments il faut apprendre d’autres stratégies : une méthodologie de recherche lexicographique. Ainsi, l’outil de recherche d’un chercheur en lexicographie est aussi un outil d’apprentissage, non seulement à la traduction, mais aussi à la nature de la langue. C’est précisément à cause de cet aspect de sensibilisation que ces mêmes méthodes sont appliquées lors des cours de Master, pour des non-spécialistes de la traduction utilisateurs avertis des langues de spécialité. 6 En partant d’un texte, dans ce cas notre texte du RNLI, le programme d’enseignement comporte deux phases : une phase d’analyse en lexicographie et en analyse de discours, et une phase de recherche sur les corpus afin d’extraire les phrasèmes et les collocations. 7 Pour bien utiliser un dictionnaire, il faut comprendre sa nature : la macro et la microstructure. Dans nos cours, l’apprentissage des bases de la lexicographie se fait en quatre étapes. L’étudiant doit apprendre à : 8 analyser les dictionnaires et les terminologies pour voir comment ils ont été construits et à qui ils s’adressent. C’est à travers des analyses de l’existant que l’étudiant comprendra les avantages, les inconvénients et les limites des différentes ressources ; développer un sens critique. Critiquer signifie soumettre les dictionnaires à l’épreuve des textes. Les dictionnaires aident-ils à la compréhension des textes spécialisés à étudier ? Sont-ils fiables dans la traduction ? Aident-ils à la rédaction de nouveaux textes ? observer les mots en contextes. La phase d’observation correspond à une analyse de la langue en contexte à travers l’analyse de discours. Il s’agit de voir les variations de sens en fonction des contextes ; réaliser un dictionnaire personnel. Si les dictionnaires, mono et bilingues ont des limites, il faut essayer de réaliser ses propres lexiques. Dans un premier temps, ceci est fait par le biais d’une analyse des contextes ; dans un deuxième temps, il y a une analyse de corpus. Cependant, un mot n’a pas de sens hors contexte, et le contexte, c’est le texte. Il faut donc aussi analyser le texte en entier pour voir pourquoi un mot ou une formule a été choisi et comment ils s’insèrent dans l’ensemble du texte. 9 Avant de traduire un texte, il faut le comprendre. Il y a plusieurs difficultés dans la traduction, y compris celle du lexique, uploads/Management/ traduction-et-corpus.pdf
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- Publié le Mai 16, 2022
- Catégorie Management
- Langue French
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