1 TUTORAT ET AUTONOMIE DE L’APPRENANT EN FOAD PAR INTERNET ? Jean-François Auve
1 TUTORAT ET AUTONOMIE DE L’APPRENANT EN FOAD PAR INTERNET ? Jean-François Auvergne, Délégation aux Nouvelle Technologies Educatives auvergne@unice.fr , 06 16 31 85 75 Jean-Christophe Carrey, Délégation aux Nouvelle Technologies Educatives carrey@unice.fr + 33 4 92 00 13 45 Adresse professionnelle Université de Nice-Sophia Antipolis, C/Asure Formation Ì 06357 Ì Nice cedex 4 Résumé : Le glissement de l’enseignant au tuteur FOAD impose une réflexion sur l’autonomie d’un apprenant distant, isolé, face à un environnement d’apprentissage dont l’entrée est technique. L’autonomie ne peut qu’être relative à un projet, à un champ, un niveau d’activité et à un contexte. En ce qui concerne l’apprenant FOAD/internet, elle est donc relative à son projet de formation, à la nature et au niveau des apprentissages à opérer et au dispositif en-ligne. Le tuteur est, pour nous, celui qui va guider et faciliter la construction des compétences nécessaires à l’autonomie de l’apprenant. Si la cognition est au centre du projet de l’apprenant, on utilisera le terme d’autonomie cognitive si sont explicitables les objectifs, le champ d’activité et le contexte. Le tuteur n’existe que pour faciliter la construction des compétences nécessaires à l’autonomie cognitive : guider, stimuler et assister, notamment en facilitant l’accès à la maîtrise des compétences métacognitives, c’est à dire, essentiellement, les compétences de formalisation, de contrôle et de régulation du processus d’apprentissage. C’est dans ce cadre qu’ont été conçus les fonctions du tutorat dans le campus numérique PEGASUS et les contenus du module préparatoire « Méthodologie du travail personnel en-ligne ». Summary : The evolution of teaching towards « mentoring » in open distant e-learning, imposes some reflexion on the concept of autonomy for a distant, isolated learner confronted with a technical learning approach. Autonomy can only be related to a specific project, field and level of activity as well as a specific context. As far as a distant learner is concerned, autonomy is related to his training project, the nature and level of the training as well as the on-line training device. As far as we’re concerned, a mentor is the person who will guide him and help him build the necessary competences for him to reach autonomy. Guiding a learner involves providing him with the basics and the main organizational tools. Helping a learner, or facilitating learning, implies providing methodological help and analytical methods to keep the learner on the learning track. 2 Cognition, in terms of teaching and training, is built on the following pattern : Information, Knowledge, Competences, Activities, Performance. If we consider that cognition is the core of a learner’s project, we will use the word « cognitive autonomy » when the objectives, the field and context can be made explicit. A mentor only exists to help develop the competences needed to acquire cognitive autonomy : to guide, stimulate and assist the learner, and more specifically help him master metacognitive competences, i.e. primarily the formalization, control and regulation competences required in the learning process. The functions of a mentor in Pegasus and the contents of the induction module « On-line personal work methodology » have been respectively defined and conceived according to these principles. Mots clés : FOAD, autonomie, tutorat, métacognition, PEGASUS. 3 Tutorat et autonomie de l’apprenant en FOAD/internet ? JFA- TutFOAD 5 – 28/03/04 “..., le contenu d’une idée importe moins que sa conduite....” M. SERRES - ”Le tiers-instruit”i Le glissement des fonctions de l’enseignant à celles du tuteur FOAD suppose une réflexion sur l’autonomie d’un apprenant distant, isolé, face à un dispositif d’apprentissage qui lui semble, la plupart du temps nouveau, et dont l’entrée est technique. L’autonomie, rappelons-le, est relative à un projet, à un champ et un niveau d’activité et de performance, à un contexte ; elle est appréciée selon des critères sociaux normatifs. En ce qui concerne l’apprenant FOAD/internet, l’autonomie de l’apprenant est donc relative à son projet de formation, à la nature et au niveau des apprentissages à opérer, à la nature du dispositif en-ligne et à des critères normatifs trop souvent implicites. 1 - L’AUTONOMIE DE L’APPRENANT L’autonomie d’un système complexe est: "sa capacité fondamentale à être, à affirmer son existence et à faire émerger un monde qui est signifiant et pertinent tout en n'étant pas prédéfini à l'avance" (Bourgine et Varelaii, 1992). L’autonomie est avant tout relative à des activités et contingente du sens et aux projets du système. E. Moriniii explique que l’autonomie d’un système complexe tient à ses capacités à être « auto-éco-re-organisateur » : il a les compétences de se produire lui-même (auto), de se transformer (re), dans le cadre ouvert de transactions avec ses environnements (éco). L’autonomie apparaît dans ces propositions non pas comme un état, ni un stade, mais comme un processus dynamique ouvert et relativement indéterminé, de la même manière qu’une des caractéristiques de la connaissance est d’être ouverte et fabricatrice d’autres connaissances. C’est dans le cadre de ces deux perspectives que nous aborderons « l’autonomie de l’apprenant ». Quelles sont donc les composantes de l’autonomie d’un apprenant dans sa capacité à « s’auto-éco-re-organiser » comme apprenant, à « faire émerger un monde signifiant tout en n’étant pas prédéfini à l’avance » ? Principalement : - la motivation et la solidité de son projet d’étude ou de formation, ses capacités de « focalisation », - son information sur le dispositif dans lequel il entre, - sa capacité à repérer ses points forts et ses points faibles face au parcours à entreprendre, - sa capacité à organiser et planifier son travail, et donc à décomposer son projet en objectifs et d’y affecter à chaque étape les moyens nécessaires, - sa capacité à transformer ses difficultés en problèmes explicites, puis en heuristiques, - sa capacité à définir en permanence les informations dont il a besoin et les façons de les obtenir, - sa capacité à maîtriser les outils nécessaires à ses apprentissages, - sa capacités à communiquer avec les composantes humaines de l’environnement d’apprentissage, - sa capacité à réguler ses avancées, les incidents et donc ses capacités métacognitivesiv, - sa capacité à avancer sur le socle des connaissances créées, à recréer du sens Dans ce cadre, le tuteur est celui qui va guider et faciliter la construction des compétences nécessaires à l’autonomie de l’apprenant : - guider : poser les principes et les principaux outils d’aide à l’organisation, - faciliter : être le recours méthodologique en cas de difficultés, fournir les outils d’analyse des situations, voire remettre sur/baliser les chemins. 4 Un des présupposés implicites est que ces actions auront un impact direct sur le renforcement de la motivation de l’apprenant (en effet, on ne motive pas les gens, tout au plus peut-on accélérer ou ralentir l’érosion entropique de leur auto-motivation initiale). La motivation constitue l’énergie du système d’apprentissage. 2- UNE AUTONOMIE COGNITIVE ? Peut-on parler d’autonomie cognitivev et, si oui, en quoi peut-elle consister ? La problématique de la cognition, en enseignement et formation, se conçoit sur la chaîne : Informationsvi Æ Connaissancesvii Æ Compétencesviii Æ Performances Des informations (externes) mènent à l’auto- fabrication de connaissances, qui deviennent compétences si elles sont transférables à d’autres contextes et mesurables en performances à travers des activités. La cognition est constituée d’un ensemble de mécanismes complexes modélisables, en ingénierie de formation, par les objectifs de formation (ou d’enseignement) qui définissent s’ils sont correctement formulésix (observables, mesurables, univoques et contextualisés) : une activité, un niveau de performance et un/des contexte (s). Le système d’apprentissage peut se représenter ainsi : Figure 1 : Le système d’apprentissage Avec, bien entendu, différents niveaux de rétroactions. Rajoutons que (A Giordan)x « si l’individu ne peut qu’apprendre seul — personne ne peut le faire à sa place, et on mesure là le rôle primordial de l’apprenant, seul véritable « auteur » de sa formation —, il a fort peu de chances de « découvrir » seul l'ensemble des éléments pouvant transformer ses questions, ses référents ou son rapport aux savoirs. ». Nous avons là une des problématiques de la médiation et donc du tutorat. Quelles sont les composantes de l’autonomie cognitive ? Dans un ordre pas forcément chronologique : - la capacité à se « fermer » relativement et momentanément à toutes informations étrangères à l’activité entamée, - la capacité à distinguer les informations pertinentes, à identifier les données pertinentes d’un problème (informations) et à remettre en cause ses représentations antérieuresxi, - la capacité à mobiliser les savoirs antérieurs relatifs au domaine travaillé et à l’analyse de la situation proposéexii, - la capacité à mobiliser, ou à rechercher puis à sélectionner les informations nécessaires aux avancées, - la capacité à définir les cheminements (heuristiques) exploitables, Entrée Comportement attendu Objectif - la capacité à valider les étapes et résultats obtenus, - la capacité à transférer ces cheminements à d’autres contextes, - la capacité à structurer et synthétiser ses acquis et connaissances, - la capacité à abstrairexiii les acquis signifiants de la situation vécue, et à les relier à d’autres abstractions mémorisées, - la capacité à réguler les avancées, les incidents, Environnement d’apprentissage + Activités de l’apprenant + Motivation de l’apprenant Sortie Comportement observé Evaluation uploads/Management/ tutorat-et-autonomie-de-l-apprenant-en-foad-par-internet 1 .pdf
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- Publié le Nov 11, 2022
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