Revue Organisation et Territoires n°5, Octobre 2020 ISSN :2508-9188 1 « La comm

Revue Organisation et Territoires n°5, Octobre 2020 ISSN :2508-9188 1 « La communication publique et la communication numérique : l’expérience marocaine du Centre Régional d’Investissement de la région Souss Massa » Ahmad INAGHNANE Doctorant, faculté des lettres et des sciences Humaines d’Agadir Université Ibn Zohr Agadir- Maroc Ex- Cadre au Centre Régional d’Investissement de la Région Souss Massa inaghnane@gmail.com Mohammed ADRDOUR Enseignant chercheur en Economie Ecole Nationale de commerce et de gestion Université Ibn Zohr Agadir-Maroc m.adrdour@uiz.ac.ma Résumé Entre les acteurs publics et les citoyens, la révolution numérique a généré un déséquilibre communicationnel et un réaménagement de pouvoir d’accès à l’espace média. Ne pouvant plus bénéficier d’une rente communicationnelle comme avant, la communication publique est appelée à se réinventer pour s’adapter au nouveau contexte, gagner en efficacité et tirer avantage de ce qui reste de la puissance publique. Le présent article tente de clarifier ces enjeux en prenant le cas d’un acteur public de dimension territoriale duquel on attend, par une récente réforme visant à l’autonomiser et à renforcer ses moyens, de fournir à ses usagers-clients un service d’intérêt général de qualité. Mots clés : Communication publique, numérique, Big Data, territoire. Abstract Between public actors and citizens, the digital revolution has generated communication imbalance and rearrangementpower in media space access. No longer able to get communication rent as before, public communication is called upon to reinvent itself to adapt to the new context, gain in efficiency and take advantage of what remains from public power. This article attempts to clarify these challenges through the case of a public actor with a territorial dimension from which we expect, by recent reform aimed at empowering and strengthening its means, to provide its user-clients high quality public service. Key words : Public communication-Digital-Big Data-Territory Revue Organisation et Territoires n°5, Octobre 2020 ISSN :2508-9188 2 Introduction L’amélioration des relations entre l’administration et les citoyens est une préoccupation ancienne. Toutefois, l’attitude de l’administration continue à être source d’interrogations, voire d’incompréhensions pour les citoyens. Malgré le recul du monopole administratif face à un administré qui bénéficie, depuis la fin des années 1990, de droits et de libertés de plus en plus étendus, l’administration peine à mettre sur le marché un service organisé, cohérent, clair et communicable sous la prédominance d’une culture de secret, de la rigueur administrative mais aussi de manque d’information et de sensibilisation via la communication et la médiatisation. Au moment où le mouvement mondial de modernisation de l’administration publique, selon les lignes directrices de la nouvelle gestion publique, semble davantage ouvert à la transparence, et axé sur l’amélioration de la relation usager-administration et l’efficacité dans l’action administrative, se développe actuellement une véritable révolution numérique (Babinet, 2015) qui marque un tournant « post-digital » (Allard, 2015) de par le fait qu’elle suppose une continuité de la connexion à des réseaux de communication entre physique et numérique, entre humains et non-humains, entre administration et usager. Face à ces mutations, l’administration ne peut qu’agir et réagir dans ce nouveau monde connecté et gagnerait en s’inspirant de ses apports en termes de solutions et de concepts tels le big data et l’open data. Pour cela, en sus d’un survol d’expériences autour de cette thématique, nous nous intéresserons au Centre Régional d’Investissement de la Région de Souss Massa comme cas d’étude. Investie d’une mission d’incitation à l’investissement dans son territoire de compétence respectif, cet acteur public présente la particularité d’être un catalyseur, un acteur pilote et transversal dans le sens où il est appelé à coordonner entre les différentes administrations déconcentrées ou décentralisées afin d’accompagner les investisseurs qu’ils soient privés ou public dans la concrétisation et le développement de leurs projets. De ce fait, les enjeux numériques du CRI dépassent les seules relations administrations-usagers et nécessitent aussi d’inclure la coordination entre plusieurs acteurs territoriaux en perpétuelle interaction. Il ne s’agit pas d’appliquer un modèle pour juger les pratiques, mais d’observer les pratiques pour identifier les conceptions et en trouver le cadre de référence pour une administration numérique qui contribue à tous les aspects d’amélioration du service rendu à un citoyen de confiance. Le présent article tentera de démontrer dans quelle mesure la révolution numérique est constitutive d’une opportunité pour une administration marocaine de dimension régionale en quête de communication efficace et au moindre coût. Elle s’inscrit dans la perspective de positionner un acteur public dans le contexte du succès retentissant de la révolution numérique. L’objet de la recherche a porté sur le Centre Régional d’investissement de la Région Souss Massa (CRI-SM). C’est un acteur public dont la mission principale est de coordonner l’action de plusieurs acteurs territoriaux en vue d’encourager les entreprises dans la création et le développement de leurs projets d’investissement. Le Maroc compte au total douze institutions du genre. Revue Organisation et Territoires n°5, Octobre 2020 ISSN :2508-9188 3 Hormis quelques écrits académiques (Mouhtadi N., 1999) et quelques manifestations scientifiques1, la communication numérique des organisations publiques est un sujet peu étudié et débattu dans le contexte marocain. Encore moins lorsqu’il s’agit d’un cas précis comme les centres régionaux d’investissement. Pourtant le sujet est d’actualité et digne d’intérêt d’être étudié dans sa complexité. La communication numérique dans les organisations publiques est une activité complexe aux multiples facettes. Pour ce, et de point de vue méthodologique, nous avons procédé au début à une revue de littérature dans le domaine. L’étude du cas unique du CRI-SM explique le fait d’avoir privilégié la recherche qualitative basée sur la technique de l’entretien individuel directif et la méthode de l’observation participante. Le co-auteur du présent article (M.Inaghnane) a travaillé pour cette institution pendant une dizaine d’années. Avec une double casquette de chercheur et de professionnel, il a joué le rôle de l’auteur insider. Ses responsabilités et son expérience au sein du CRI-SM lui ont permis l’observation permanente et en temps réel de l’objet de recherche, l’accès aux documents internes. Cet outil méthodologique garantit un très haut niveau de fiabilité (De Gavard-Perret M.L, Gotteland D., Haon C., Jolibert A., 2012 ) et nous a permis d’enrichir les données des entretiens individuels directifs. La période d’observation s’est étalée durant les années 2018 et 2019. Après avoir défini la genèse de quelques nouveaux concepts liés à la révolution numérique (1), et après un détour épistémologique (2), nous porterons un regard sur la situation des données numériques des administrations publiques au Maroc (3) pour situer un état des lieux de la communication publique liée aux CRI et en particulier celui de la région Souss-Massa (4). 1- Naissance de nouveaux concepts autour de la révolution numérique La révolution numérique s’accomplit par l’implémentation possible d’une puissance de calcul, d’un espace de stockage et d’une interface aux humains et à toute chose qu’elle soit de nature machinique, végétale ou animale (places publiques, routes, ponts, arbres, bactéries, vaches etc.). En 2014, l’union internationale des télécommunications a comptabilisé douze milliards de machines et d’objets communicants pour 7 milliards d’abonnements aux réseaux mobiles (UIT 2015) et prévoit 80 milliards d’objets connectés à l’horizon 2020 (Nemri, 2015). Le développement d’internet et l’extension de la connectivité à toute chose qui se mettra à parler (le Connected Everythings) est celui aussi du Big Data avec les immenses données qui peuvent être captées et valorisées. Alors que l’on parlait il y a peu de gigaoctets (109 octets) aujourd’hui c’est plutôt le teraoctet (1012), le petaoctet (1015), l’exaoctet (1018) voire le zettaoctet (1021octets). L’intérêt de ces données massives ne réside pas uniquement dans leur volumes (aspect « volume » des Big Data) mais surtout le traitement qu’il est possible d’en faire peu importe que les données collectées soient structurées ou non structurées, qu’elles soient sous la forme de texte, d’image, de contenu multimédia, de trace numérique, etc (aspect « variété »). Aussi, on peut en mener aussi bien une analyse en différé (grâce à leur stockage) qu’une analyse en 1 Colloque international autour de la communication publique et politique, organisé annuellement par la Faculté des lettres et des Sciences humaines Agdal Rabat en partenariat avec le ministère de la réforme administrative et de la fonction publique. Revue Organisation et Territoires n°5, Octobre 2020 ISSN :2508-9188 4 flux et en temps réel ou quasi réel au fur et à mesure que les données sont produites en streaming (aspect vélocité). Cette évolution technologique a justifié aussi un besoin de perfection définitoire des concepts liés au phénomène. En l’occurrence le concept « Data » ainsi que les objectifs qui viennent de lui être adossés comme « Big », « open », « soft » etc. Etymologiquement, le terme data dérive du verbe latin dare qui signifie donner. De ce point de vue, la data a gardé le sens de tout élément donné ou accordé par un individu dans l’état sans subir aucun traitement par celui-ci. Or d’un point de vue théorique, les données ne sont pas quelque chose de donné mais plutôt quelques choses de capturé. Selon Kitchen (2014), la data se réfère aux éléments qui sont pris ; extraits à travers les observations, les computations, les expériences et les enregistrements. Dans les années quatre-vingt-dix le concept Big data fut uploads/Management/1-pb 27 .pdf

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  • Publié le Jan 01, 2023
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