27 SPECTRA BIOLOGIE n° 157 • Janvier - Février - Mars 2007 LABORATOIRE PRATIQUE
27 SPECTRA BIOLOGIE n° 157 • Janvier - Février - Mars 2007 LABORATOIRE PRATIQUE Qualité Michel DUMONTET1 Mise en oeuvre, utilisation et exploitation du contrôle de qualité afi n d’assurer la validation analytique, la maîtrise métrologique des instruments d’analyses et la détermination de l’incertitude de mesure Q RÉSUMÉ Le contrôle de qualité interne permet normalement la validation analytique des résultats, mais aussi, si les valeurs cibles et les limites d’acceptabilité sont judicieusement choisies, de s’assurer d’une bonne maîtrise métrologique (fi délité intermédiaire et justesse) des instruments et méthodes d’analyses. Il peut enfi n contribuer à l’expression de l’incertitude de mesure associée aux résultats analytiques obtenus. Par ailleurs, la nouvelle norme NF EN 14136 réglemente et organise l’évaluation externe de la qualité indispensable à la comparaison des performances des divers instruments et méthodes d’analyses. MOTS-CLÉS Contrôle de qualité, matériau de contrôle, instrument, maîtrise métrologique, incertitude de mesure. Implementation, use, and exploitation of quality control to assure analytical validation, metrologic control of analysis instruments and determination of uncertainty of measurement. SUMMARY The internal quality control allows normally the analytical validation of results, but also, if the target values and the limits of acceptability are rationally chosen, to make sure of a good metrologic control (reproductibility and trueness) of analysis instruments and methods. It can fi nally contribute to the expression of the uncertainty of measurement linked to the analytical results acquired with these instruments and methods. Moreover, the new norm EN 14136 regulates and organizes the external quality assessment, necessary to compare the performances of the various analysis instruments and methods. KEYWORDS Quality control, control material, instrument, metrologic control, uncertainty of measurement. I - Introduction Le contrôle de qualité, initialement institué pour le contrôle des produits manufacturés, a pris dans les laboratoires d’analyses de biologie médicale (LABM) une double forme. Le GBEA (1) distingue en eff et le Contrôle de Qualité Interne (CQI), élément clef de la validation analytique des résultats et l’Evaluation Ex- terne de la Qualité (EEQ), contrôle rétrospectif inter- laboratoires des résultats fournis par les laboratoires d’analyses de biologie médicale. Dans un précédent article (2), nous avons abordé la problématique de la maîtrise métrologique des instruments d’analyse automatiques constitués de divers éléments (systèmes de prélèvement et de distribution, de thermostatisation, de mesure, etc.), très souvent inaccessibles directement aux vérifi cations métrologiques par l’utilisateur. Le contrôle de qualité, s’il est judicieusement adapté, permet alors la maîtrise métrologique et le suivi de l’ensemble du système analytique qui comprend l’instrument, la méthode, les réactifs, les maté- riaux d’étalonnage (étalons ou calibrateurs) que la directive européenne 98/79/CE regroupe sous le 1 Laboratoire Claude Bernard – CH René Dubos - av. de l’Île de France - 95300 Pontoise - E-Mail : michel.f.dumontet@free.fr LABORATOIRE PRATIQUE 28 SPECTRA BIOLOGIE n° 157 • Janvier - Février - Mars 2007 vocable de Dispositifs Médicaux de Diagnostic in Vitro ou DMDIV (3). Il a par ailleurs été récemment proposé d’utiliser le CQI afi n de déterminer l’incertitude de mesure asso- ciée aux résultats analytiques (4). Nous développons ici les conditions de mise en oeuvre, d’utilisation et d’exploitation des contrôles de qualité qui permettent d’assurer cette triple mission de validation analytique des résultats, de maîtrise et de suivi de l’ensemble des systèmes analytiques ou DMDIV quant à la fi délité intermédiaire et à la justes- se, et d’expression de l’incertitude de mesure associée aux résultats analytiques. II – Fidélité intermédiaire, justesse, exactitude de mesure et erreur totale Afi n d’éviter les confusions il est important de res- pecter la terminologie. D’après le Vocabulaire Inter- national de Métrologie (VIM) (5) la fi délité intermé- diaire, jusqu’ici souvent dénommée reproductibilité intra-laboratoire, est l’étroitesse de l’accord entre les valeurs mesurées obtenues par des analyses répétées du même spécimen ou de spécimens similaires avec la même procédure opératoire, dans le même lieu, pendant une période de temps étendue, mais avec d’autres conditions susceptibles de changer. Elle peut s’exprimer à l’aide d’un écart-type (s) ou d’un Coeffi - cient de Variation (CV). La justesse (de mesure) est l’« étroitesse de l’accord entre la moyenne d’un nombre infi ni (NDA : en fait un très grand nombre) de valeurs mesurées répétées et une valeur de référence » (5). La justesse ne doit pas être confondue avec l’exactitude (de mesure) qui est l’« étroitesse de l’accord entre une valeur mesurée et une valeur vraie du mesurande » (5), le mesurande étant la grandeur que l’on veut mesurer, par exemple la concentration en mmol/L de glu- cose dans le plasma. Enfi n, en biologie médicale, on désigne souvent sous le terme d’erreur totale (ET) la somme de l’er- reur de justesse (erreur systématique ES) et du dé- faut de fi délité (erreur aléatoire 2s) ; ET = ES + 2s . Fidélité intermédiaire et justesse constituent les éléments essentiels de la validation des méthodes et systèmes analytiques, puis de leur suivi : pour donner des résultats exacts un instrument, une mé- thode doivent être à la fois fi dèles et justes. III – Origine et principe du CQI Les systèmes de CQI des analyses quantitatives proposés utilisent des statistiques gaussiennes, ils supposent une distribution normale des résul- tats et établissent des valeurs cibles et des limites acceptables. Dès l’année 1924, les bases du contrôle de qualité sont posées aux Etats-Unis dans une note interne rédigée par W. A. Shewhart alors employé au sein du premier département d’assurance de la qualité qui venait d’être créé par la société Western Elec- tric. Ce document fondateur décrit un procédé statistique de contrôle de la qualité des produits manufacturés, les données recueillies étant repor- tées sur des cartes de contrôles (6). Dès 1947, Belk et Sunderman (7) signalent la grande dispersion des résultats obtenus par diff érents labora- toires sur des échantillons provenant d’un même spé- cimen biologique. En 1950, pour une meilleure maîtrise de la qualité des analyses quantitatives, Levey et Jennings (8) préco- nisent d’associer à l’emploi de matériaux de contrôle des cartes de contrôle dans les LABM. Cet emploi est rapidement adapté par Henry et Segalove (9) afi n d’utiliser des observations individuelles. La simple observation visuelle des cartes de contrôle de Shewhart apporte de précieux renseignements mais leur interprétation demeure subjective et elles sont peu sensibles aux dérives modérées. En 1977, afi n de faciliter la détection précoce des dérives, Wes- tgard, Groth, Aronsson et de Verdier ont proposé de compléter les cartes de Shewhart par la méthode des sommes cumulées CUSUM (cumulated sum) (10). Cette proposition intéressante n’a pu alors être rete- nue du fait d’un maniement trop délicat en l’absence d’outil informatique. Dans une série d’articles de 1977 à 1981, Westgard se penche sur un ensemble de critères de décision d’ordre statistique, l’objectif étant de pouvoir prendre des décisions immédiates, plutôt que de pratiquer des études rétrospectives sur une vingtaine ou plus d’observations antérieures. Au tout début des années 1980, Westgard (11) propose des règles de contrôle (dites de sensibilisation) telles qu’il y ait une faible pro- babilité de rejets intempestifs des séries analytiques et une probabilité élevée de détection des erreurs systé- matiques ou aléatoires, un taux de rejet inférieur à 5 % semblant un objectif souhaitable. Nous exposerons ici la démarche qui s’appuie sur ces règles qui, quoique non exemptes de faiblesses sur lesquelles nous revien- drons, demeurent les plus utilisées du fait de divers avantages : • utilisation manuelle possible à l’aide des cartes de contrôle en l’absence d’informatique ; • intégration de plus en plus fréquente dans le logiciel des automates d’analyses ; • transparence du système facilitant l’identifi cation du type d’erreur et la recherche de sa cause. Pour chaque analyte et dans chaque série analytique il est recommandé d’inclure régulièrement, de manière aléatoire parmi les spécimens de patients, des spé- cimens de contrôle du même lot, à aux moins deux niveaux de concentration. L’exploitation des résultats obtenus avec ces matériaux de contrôle se fait : - au fur et à mesure de leur analyse, à l’aide de cartes de contrôle, informatisées ou non, permettant, si les critères appropriés sont remplis, que les séries de spé- cimens de patients dans lesquelles ils sont inclus, puis- sent être validées analytiquement selon les exigences du point I.-2.2 du GBEA (1) ; - à la fi n de chaque mois, par exemple, par le calcul statistique rétrospectif de la moyenne des valeurs ob- NOTE Les diff érentes normes évoquées dans cet article sont diff usées par l’AFNOR : www.afnor.fr. Laboratoire pratique 29 SPECTRA BIOLOGIE n° 157 • Janvier - Février - Mars 2007 Mise en oeuvre, utilisation et exploitation du contrôle de qualité afi n d’assurer la validation analytique, la maîtrise métrologique des instruments d’analyses et la détermination de l’incertitude de mesure tenues (m), de leur écart-type (s) et du coeffi cient de variation (CV), ce qui permet de déterminer la fi dé- lité intermédiaire (reproductibilité intra-laboratoire) et éventuellement la justesse obtenues et de s’assurer de la maîtrise de la méthode et de l’instrument par rapport à des exigences pré-établies en fonction des performances analytiques antérieures ou de mettre en évidence une éventuelle perte uploads/Management/11-dumontet-incertitude-mesure 1 .pdf
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