Les pères fondateurs de l'organisation et du management. Avant de détailler les

Les pères fondateurs de l'organisation et du management. Avant de détailler les concepts qui sous-tendent l'analyse des organisations, de préciser l'influence du contexte sur leur conception et leur performance, et d'établir une typologie des organisations existantes, il est bon de revenir sur les travaux qui ont donné naissance à ce qu'il est désormais convenu d'appeler la « théorie des organisations». Entre 1910 et 1925, l'Américain Frederick Taylor, le Français Henry Fayol et l'Allemand Max Weber, ont émis une série de propositions conceptuelles et méthodologiques dont l'influence est encore nettement perceptible de nos jours, tant dans les pratiques que dans les théories. Même si leurs motivations et leur démarche étaient différentes - car - Taylor était un ingénieur à la recherche de l'optimisation des structures, Fayol un manager qui souhaitait témoigner de son expérience, et Weber le précurseur de la sociologie des organisations, on peut légitimement les considérer comme les pères fondateurs de l'organisation et du management. Bien entendu, les questions d'organisation ont existé de tout temps et dans toute civilisation. Toutefois, les premiers travaux manifestant une ambition méthodique - voire - un caractère scientifique - sont apparus à la fin du XIXe siècle, pour répondre à deux types de problèmes alors émergents : le premier tenait à la croissance des entreprises industrielles - et au passage à la fabrication en masse, et le second était lié à la prolifération de l'appareil d'État. Si le premier courant de pensée, qui rassemble Taylor et Fayol, a tenté de dresser les contours d'une science pratique de l'organisation industrielle, le second, initié par Weber, s'est concentré sur l'analyse du développement de l'organisation de l'administration étatique. Quoiqu'il en soit, les répercussions de ces travaux, parmi lesquelles on compte aussi bien le travail à la chaîne - que l'émergence de la fonction de management - ou encore le phénomène bureaucratique, méritent bien qu'on détaille quelque peu leur genèse. 1. Le taylorisme et le fordisme. Le concept de teylorisme désigne les méthodes d'organisation du travail développées par l'ingénieur américain Frederick Winslow Taylor (qui a vécu de 1841 à 1925). Ce terme s'est imposé en France vers les années 30, alors que jusque là on utilisait plutôt l'expression « méthode Taylor» ou « système Taylor». Taylor lui-même utilisait l'expression « scientific management» traduite par « Organisation Scientifique du Travail» (O.S.T.). Ses idées relatives à l'organisation du travail sont exposées essentiellement dans Shope Management - publié aux États-Unis en 1902 - et Principeules of Scientific Management paru en 1911. 1.1. Les principes fondamentaux de l'approche taylorienne. Issu d'une riche famille, Taylor a dû abandonner ses études d'ingénieur à cause d'ennuis de santé. Engagé comme simple ouvrier dans une entreprise métallurgique, la Midvale Stil Corporation, il a rapidement gravi les échelons hiérarchiques, jusqu'à devenir contremaître - puis enfin ingénieur. De son expérience, il a retenu que les ouvriers doivent se contenter d'appliquer des méthodes de travail qui leur sont propres, ou que leurs prédécesseurs leur ont appris. À l'époque, les ingénieurs conçoivent les machines, mais il n'existe pas de réelle réflexion sur l'optimisation des méthodes de travail, qui restent parfaitement empiriques. Ainsi, certains ouvriers, grâce à leurs techniques personnelles, se montrent très efficaces, alors que d'autres, faute d'avoir été correctement formés, sont limités à des niveaux de productivité très médiocres. Selon Taylor - ce défaut de réflexion scientifique sur les méthodes de travail est à l'origine d'une inefficience généralisée - qui débouche fréquemment sur des conflits sociaux et sur une profonde démotivation du personnel. Doté d'un esprit remarquablement inventif - il a notamment perfectionné la règle à calcul - et mis au point plusieurs alliages d'acier au tinstène. Taylor va décider de se consacrer à la mise au point d'une approche scientifique - des méthodes de production dans les entreprises industrielles. Son objectif est de montrer aux manageurs comment on peut substituer à l'intuition, à l'improvisation et aux connaissances empiriques des ouvriers, des méthodes scientifiques - qui permettent une augmentation de la productivité des ouvriers - et de l'efficacité globale de l'entreprise. Taylor a fondé ses travaux sur l'hypothèse que l'organisation du travail humain ne diffère pas fondamentalement de l'organisation des machines. Dès lors, inspiré de la méthode expérimentale utilisée en physique, en chimie et en médecine, il a engagé une série d'expériences - en prenant comme exemple la découpe des tôles d'acier. Le point de départ de son napproche est constitué par une étude systématique des processus de travail dans l'atelier - et par la détermination au moyen des études de temps et de mouvement - de la capacité de production physiquement possible. Les tâches sont préparées de telle sorte que leur exécution exige un travail consciencieux et soigné - exécuté à une vitesse telle qu'en aucun cas l'ouvrier ne doive travailler à une allure nuisible à sa santé. Ces études ont pour objectif l'élimination des mouvements inutiles et des temps morts - afin d'établir des standards de production raisonnables. La conception de Taylor - repose sur une utilisation rationnelle - aussi bien du travail humain - que des outils techniques. Les idées relatives à l'analyse systématique du travail se résument en quatre points : 1. Le découpage des processus de travail en gestes élémentaire, puis leur regroupement afin d'aboutir à une tâche optimisée, ce qui permet à l'ouvrier de reconnaître son rendement, dont va dépendre son salaire. 2. La sélection scientifique, la formation et l'entraînement de l'ouvrier aux méthodes scientifiques de travail. 3. La coopération étroite entre la direction et les ouvriers - puisque les tâches exécutées par les ouvriers sont préparées par la direction. 4. La séparation stricte entre la conception des tâches (par les ingénieurs) et leur exécution (par les ouvriers). La mise en application de ces principes - débouche sur une organisation scientifique du travail - qui "doit être avant tout une science expérimentale", c'est-à-dire fondée sur l'observation et la mesure systématique. Sur le plan pratique, Taylor prévoit les mesures méthodiques suivantes : Première mesure méthodique prévue. L'étude de temps pour toutes les opérations sur les différentes machines, pour dégager la meilleure vitesse - et le temps exact requis pour faire chaque opération. Deuxième mesure méthodique prévue. L'analyse des conditions et des dispositions propres du travail à réaliser. Troisième mesure méthodique prévue. L'étude du temps et de mouvement des ouvriers. Quatrième mesure méthodique prévue. L'instauration de tarif différentiel aux pièces. A propos, la rémunération à la pièce - se fon de sur l'hypothèse que le travail de groupe s'oriente à la norme de l'ouvrier le moins productif; par conséquent - l'amélioration de la productivité ne peut être réalisée - que si chaque ouvrier reçoit une tâche journalière précise. Cinquième mesure méthodique prévue. Le système fonctionnel des contremaîtres. Ce système est fondé sur l'idée de la spécialisation maximale - étendue à des activités de direction dans le domaine de la production. Dans ce sens, Taylor considère que le travail du contremaître polyvalent - comprend plusieurs fonctions différentes - et qu'il est plus judicieux de spécialiser chaque contremaitre dans une fonction. De ce fait, l'ouvrier devient subordonné à plusieurs supérieurs spécialisés. Ainsi, le principe de l'unité de commandement est abandonné - et remplacé par un système fonctionnel à plusieurs unités de commandement. À cet effet, Taylor propose huit contremaitres spécialisés - respectant la séparation stricte entre travail de préparation et travail d'exécution. Le travail de préparation s'effectue dans le service de répartition du travail - chargé effectivement de la direction de l'atelier. Parmi les principales fonctions de ce bureau, figurent entre autres - l'analyse complète de toutes les commandes reçues par l'entreprise, l'étude du temps pour les travaux manuels, et pour les opérations sur les différentes machines, et l'analyse des coûts des pièces fabriquées. Ces fonctions sont assurées par quatre contremaîtres, le préposé aux ordres de travaux, le rédacteur de fiches d'instruction, le comptable du temps et des frais de main d'oeuvre - et le chef de discipline. Dans l'atelier, quatre contremaîtres (le chef de brigade, le chef d'allure, le surveillant et le chef d'entretien) sont chargés de montrer aux ouvriers la méthode d'exécution des instructions - et veillent au respect de la vitesse d'exécution. L'application de ces méthodes de l'Organisation Scientifique du travail - constitue dans la pensée de Taylor, un moyen non seulement pour augmenter les profits des entrepreneurs, mais une nouvelle approche pour résoudre le conflit entre travail et capital. D'après l'auteur, la discussion sur la question de la répartition des profits entre capital et travail - doit céder la place - à celle relative aux moyens permettant d'augmenter ce profit - pour que chacun puisse avoir davantage. L'Organisation Scientifique du Travail - est un moyen pour augmenter la productivité - et par conséquent - à la fois les salaires et les profits. Elle permet « d'assurer à l'employeur et à chaque employé la prospérité maximale ». 1.2. Le fordisme. Les idées de Taylor ont connu un succès international considérable, de André Citroën à Lénine. Le plus célèbre adepte du taylorisme reste cependant l'industriel américain Henry Ford. L'objectif de Ford était d'accroître très fortement la productivité de ses usines automobiles, afin de produire un uploads/Management/ 001-les-peres-fondateurs-de-l-x27-organisation-et-du-management 1 .pdf

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  • Publié le Dec 01, 2022
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