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.,^ ;e.ski PATRIE MUSICALE Dlî CHOPIN :n vente ;diteur, y PARIS. ROUDANI / DE MÉDICT^ VII LA PATRIE MUSICALE DE CHOPIN 2YGMUNT L. ZALE5KI LA PATRIE MUSICALE DE CHOPIN Conférences faites a l'École des Hautes Etudes Sociales Février -^lars, i()i6 EN VENTE CHEZ B. ROUDANEZ EDITEUR, 9, RUE DE MÉDICIS PARIS. MCMXVII Mu 2{9 EUX qui aiment la musique en France ont certainement une découverte à faire : — ils ignorent — ou peu s'en faut, qu'il existe une musique polonaise (i). Depuis quelque temps, il est vrai, on s'applique a mieux déga- J ger les origines de l'œuvre frémis- sante et nostalgique de Chopin. — Mais ici encore on paraît s'étonner qu'elle ait pu sortir de la culture musicale polonaise. On hésite même parfois à l'y rattacher. M. Albert Lavignac, professeur au Conservatoire, auteur d'un excellent manuel : La musique et les musiciens va plus loin : il « n'hésite pas à le classer — je cite ses propres paroles — en raison de ses affinités, dans l'école romantique allemande » (2). Et dans (i) Pardon, joubliais, il est un chef d'œuvre de platitude sentimen- tale écœurante, que rien n'a pu arracher aux faveurs de la fortune. C'est : La Prière d'une vierge, d'une bonne dame polonaise Tekla B.\DARZEWSKA (Bondagewska), dont les éditions en France se suivent et sans doute s'épuisent. (2) La musique et les musiciens, Paris, Delagrave, s. d., p. 490. - 6 ~ la grande « Encyclopédie de la musique », qui se publie chez Delagrave sous la même direction, on lit dans le fas- cicule 34 ce qui suit : «Allemagne... Le Romantisme... Le piano lyrique : Chopin ». Et dans la note de la page 1079 : « Qu'on s'étonnera peut-être de le voir ici incorporé à la musique allemande, mais puisque Fart polonais ne fait point l'objet d'une étude spéciale dans cette Encyclopédie, il paraîtrait moins logique et plus superficiel d'associer Chopin à la musique française, à laquelle psychologique- ment il ne se rattache en rien. En réalité la Pologne lui doit de compter au premier rang dans le concert musical des nations (i). » En effet, on s'étonne de cette omission de la Pologne, surtout après avoir vu annoncer dans la partie historique du même ouvrage des études spéciales sur les musiques portugaise, finlandaise, hongroise, coréenne, thibétaine, éthiopienne, abyssinienne, sur la musique des Annamites, des Birmaniens, des Cambodgiens, des Laotiens^ voire des Malgaches et des Peaux-Rouges. Evidemment, l'excellent directeur de l'Encyclopédie a des goûts un peu exotiques : il s'intéresse plus à la créa- tion des Hittites, des Cambodgiens et des Peaux-Rouges qu'à celle de la patrie de Gomôlka (xvi^ siècle) de Wienia- wski, de Paderewski, de Moniuszko et de Chopin. Car vous n'ignorez certes pas que Chopin est né en Pologne, qu'il (i) Encyclopédie de la musique et Dictionnaire du Conservatoire, le piano lyrique : Chopin par B,-H. Rayniond-Duval, Paris. Delagrave, p. 1079. a fait toute son éducation musicale à Varsovie et qu'entin — s'il porte un nom français — son oeuvre est sortie toute entière du sol polonais, en se rattachant à une culture musicale de quelques siècles et surtout au riche patrimoine de la musique populaire polonaise..., et non allemande. Nous affirmerons même que, sans un contact suffisant avec l'âme musicale de la Pologne — un aspect de Tœuvrc de Chopin, et peut-être un de ses aspects essentiels — demeure absolument inaccessible. Les peuples slaves ont toujours été réputés pour leur génie musical. Non seulement les témoignages des histo- riens grecs fProcope, Théophilacte] et arabes fIbn-Duste, Al-Becri) l'attestent, mais surtout la création populaire spontanée et multiple. Une richesse surprenante de motifs mélodiques recueillis en Pologne par Kolberg (en 37 grands volumes) en est la preuve décisive. «... C'est la mu- sique populaire, écrivait en 1840 Hector Berlioz ( i ) qui offre en Pologne le champ le plus vaste aux compositeurs qui veulent donner à leurs productions un cachet national » . (2) Dans le Journal des Débats, le 2O avril 1840. Et Berlioz y ajoute cette remarque judicieuse : « Chaque province a ses airs particu- liers qui dift'èrent entre eux par la mélodie et par le rythme. Les Mazureks, par exemple, ne sont pas les mêmes partout ; celles delà Grande-Pologne sont plus gaies, plus dansantes,que celles de la Peti- te-Pologne, celles des provinces méridionales ont un accent mélan- colique plus prononcé. » Ibidem. — 8 — Quelques uns d'entre ces motifs édités vers la moitié du xix« siècle — remontent aux temps païens (avant le x« siè- cle). Ils se sont conservés dans leur simplicité primitive en quelque recoin du terroir polonais. La caractéristique principale de ces mélodies c'est qu'elles reposaient sur le mode sino-indien; les gammes de 5 et 6 tons. — Ce mode — le plus ancien peut-être que l'humanité ait connu — fut répandu primitivement dans beaucoup d'autres pays d'Eu- rope. Mais peu à peu il fut étouffe par l'influence grandis- sante de l'Eglise qui imposait partout les chants grégoriens. Plus tard, les modes modernes majeurs et mineurs l'on encore effacé d'avantage. C'est en Ecosse et en Pologne seulement que subsistèrentquelques spécimensde ce mode sino-indien. Les paysans polonais possèdent par exemple le Chant du houblon, sorte de chanson nuptiale où la gra- vité religieuse se transforme en un mouvement animé, robuste et d'une profondeur étrange. Cependant, ce qui a fait de la musique populaire polo- naise une source musicale d'une richesse inépuisable et d'une originalité féconde — c'est en dehors de l'imagina- tion mélodique très captivante — le rythme varié et si caractéristique des danses. Remarquons de suite que toute la création musicale du peuple porte l'empreinte de rythmes de danses. — Vous connaissez sans doute cette boutade : « la Pologne dansante ». — Eh bien! cette fois l'ironiste anonyme ne s'est pas trompé. A moins qu'il ne travaille ou prie — le peuple polonais chante et danse. Il aime danser et il exprime ainsi non seulement son tempérament robuste et passionné, mais aussi ce besoin intime, cette aspiration instinctive, presque sensuelle vers le mouvement qui réalise pour lui, en quelque sorte — la liberté. Oui, la liberté! Car — n'est-il pas vrai — être libre c'est avant tout n'obéir qu'à son rythme individuel? Ou, encore — être libre, c'est obéir à une nécessité extérieure, c'est même supporter l'inévitable, mais toujours suivant le rythme qui s'harmonise avec la structure individuelle de l'homme. Ainsi, un célèbre philosophe français contempo- rain avait pleinement raison en affirmant que la danse est une réalisation partielle de la liberté individuelle, qu'elle est plus naturelle que la marche ordinaire — c'est-à-dire plus spontanée, plus adaptée au mouvement intérieur de 11 A ame. Sans vouloir entrer dans des détails, qui pourraient paraître un peu fastidieux, il m'est cependant impossible d'omettre une courte énumération des danses populaires caractéristiques en Pologne. Ce sont surtout les danses rythmées à trois temps qui prédominent : oberek, mazur (mazouri, kujawiak (kouïawiak) et polonaise. Le caractère général de leur structure rythmique est l'accent instable mais très marqué et une extrême abon- dance de syncopes. C'est précisément par la position de l'accent qu'on peut les distinguer, les classer et en somme les définir. Dans l'oberek, l'accent est sur le premier temps de la 10 mesure avec à la quatrième mesure un accent très marqué sur chacun des trois temps. IJl;','! ,.-,; I ' •, .'il' 1?-"^ I =5^=^=^=^ S tm Dans lemazour — connu en France sous le nom un peu déformé de mazurka — la quatrième mesure est rythmée comme celle de l'oberek. Par contre, dans les trois pre- mières mesures, Taccent tombe sur le troisième temps. En outre, le mouvement du mazour est un peu plus lent que celui de l'oberek. ^ fes ô^ ^ e^-OL. N.n»-V-Ca- fcrf ' 1 .1^ .1 1 'M-±a±£ii .__^_^ ? f La troisième danse populaire typique à trois temps est le kujaw^iak (Kujawy comme Mazovie — sont les noms de provinces polonaises). Dans le kujawiak, l'accent tombe sur le second temps des deux premières mesures, sur les trois temps de la troisième et sur le troisième temps seulement à la quatrième mesure. Il est caractérisé de plus 1 1 par une alliance ingénieuse du rythme vivace et de la mélodie sentimentale, parfois délicate exprimée tantôt dans le mode majeur, tantôt dans le mode mineur. t/V»vgCa/n»X^T>.0 Enfin, un peu en dehors de ces trois formes essentielles apparaît la polonaise, cette danse assez connue de nom tout au moins et dont le grand Jean Sébastien Bach s'est déjà servi. La polonaise est lente, majestueuse et pourtant énergique. Son rythme, marqué sur le premier temps de la mesure, se distingue par une chute élégante des fins de phrases. A ces quatre formes du rythme à trois temps il faut ajouter le krakowiak à quatre temps avec des syncopes très caractéristiques et puis la polka à deux temps. Adoptée en Bohême comme danse nationale — elle n'en est pas moins née en Pologne. D'ailleurs, son nom en témoigne. 12 — Kteg=ga35^a ^"|i"l"V^'lM' l ^^^^^'ln'iliXu^'p \ Par cette énumération un peu hâtive vous uploads/Marketing/ la-patrie-musicale-de-chopin 1 .pdf

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  • Publié le Jul 12, 2022
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