Linguistique II Miranda Ceballos Scoponi UNITÉ 4 – ORGANISATION DISCURSIVE a) L
Linguistique II Miranda Ceballos Scoponi UNITÉ 4 – ORGANISATION DISCURSIVE a) L’organisation du discours. b) Les marqueurs discursifs (les macromarqueurs : définition, types et fonctions ; les micromarqueurs : définition et caractères). e) Classification : marqueurs de structuration de l’information, connecteurs, marqueurs de reformulation, opérateurs discursifs. j) Marqueurs conversationnels. a) L’organisation du discours Si l’on considère le discours comme une unité globale, on constate qu’il se présente comme une structure organisée à un double point de vue : l’ordre dans lequel l’information est transmise et les stratégies argumentatives qui y sont mises en jeu. Ces deux aspects sont liés à des procédés dont le but est d’assurer non seulement la cohésion, mais surtout la cohérence discursive. Cette entreprise d’organisation, qui est à la charge de l’énonciateur, est étroitement liée à l’activité énonciative. En effet, dans tel ou tel acte de langage, les intentions de l’émetteur interviennent dans l’organisation discursive, notamment l’orientation qu’il veut donner au récepteur pour l’interprétation du texte. Ainsi donc, vu comme un tout, le discours se présente comme le résultat d’une planification structurée préalablement ou réalisée en cours de route, et qui comprend trois étapes essentielles : introduction, développement et conclusion. b) Les marqueurs discursifs Les stratégies mises en place dans l’organisation du discours peuvent rester implicites ou, au contraire, s’exprimer explicitement au moyen d’éléments linguistiques appelés marqueurs discursifs. Compte tenu des fonctions accomplies par les marqueurs, il est possible de distinguer, parmi ceux-ci, deux groupes principaux : les macromarqueurs et les micromarqueurs discursifs. Les macromarqueurs : définition, types et fonctions Les macromarqueurs ont une double fonction métalinguistique : a) orienter le récepteur sur le topique ou thème du discours ; b) lui donner du temps (des millésimes de seconde) pour l’interpréter. Il y a quatre types de macromarqueurs : 1) D’introduction, lorsqu’ils servent à présenter le topique ou thème du discours. Exemples : Devine qui j’ai rencontré hier ! Vous vous rappelez la personne dont je vous ai parlé l’autre jour ? Tu sais ce qui m’est arrivé hier ? 1 Linguistique II Miranda Ceballos Scoponi 2) De maintien, lorsqu’ils servent à indiquer que l’on continue avec le même topique. Exemples : Que je continue de te raconter ce qui s’est passé... Que je finisse de te raconter... Attendez ! Ce n’est pas tout... Ça ne s’est pas arrêté là... 3) De réparation : l’émetteur ayant produit un énoncé dont le sens ne peut pas être intégré par le récepteur à son circuit cognitif, celui-ci négocie ce sens en employant une expression de réparation du discours. Exemples : Que faut-il entendre par là ? Qu’est-ce que tu veux dire exactement ? Tu veux dire... ? Vous me parlez de... ? 4) De récupération : des marqueurs servant à reprendre des topiques marginaux ou sous- topiques qui ont été abandonnés en cours de route. Exemples : Pour en revenir à ce que je vous disais... Revenons à nos moutons ! Qu’est-ce que je disais ? Ah, oui... Les micromarqueurs : définition et caractères Parmi les divers éléments ayant pour but de guider le destinataire dans l’interprétation textuelle, on trouve les micromarqueurs discursifs, tels que les déictiques, les anaphores, les cataphores et les marqueurs proprement dits. Ces marqueurs se caractérisent par les traits suivants : ce sont des unités linguistiques invariables, ils n’ont pas de signification conceptuelle et ils guident, au moyen de leurs propriétés morphosyntaxiques, sémantiques et pragmatiques, les inférences qui s’effectuent dans l’échange communicatif. Un autre trait des marqueurs est le fait qu’ils peuvent se situer dans des membres discursifs de structure très diverse : depuis de simples syntagmes jusqu’à des phrases entières. Ainsi par exemple, dans l’énoncé Il est pauvre mais généreux, le marqueur mais s’inscrit dans le cadre d’un syntagme adjectival, alors que dans l’énoncé Il est pauvre mais il est généreux, ce marqueur s’insère entre deux phrases, c’est-à-dire qu’il introduit la seconde. Enfin, et c’est peut-être là leur caractéristique principale, les marqueurs possèdent une signification procédurale, constituée par des instructions sémantiques qui guident les inférences sur l’interprétation des membres du discours où ces unités apparaissent. Les instructions sémantiques de la signification des marqueurs peuvent être classées en trois types : 2 Linguistique II Miranda Ceballos Scoponi 1) Instructions sur la signification de connexion, selon laquelle le marqueur peut relier deux ou plusieurs membres du discours ou ne concerner que l’un d’eux. Autrement dit, dans le premier cas, dans le traitement de l’information il faut considérer aussi bien le membre qui précède le marqueur que celui qui le suit, alors que dans le second cas, il suffit de traiter l’information contenue dans le membre sur lequel opère le marqueur. Exemples : Premier cas : C’est une tête de linotte, si bien qu’on ne peut rien lui confier. Second cas : Il est gentil, ou plutôt il feint de l’être. 2) Instructions argumentatives, selon lesquelles le marqueur peut exprimer soit l’orientation des arguments vers telle ou telle conclusion (Elle est belle, elle est donc coquette) ou bien l’anti-orientation argumentative (Ce gâteau a l’air délicieux, mais je n’ai pas faim). Un marqueur peut également exprimer la coorientation de deux ou plusieurs arguments (Elle n’aura pas de difficulté à trouver un bon travail : elle est compétente et en outre elle parle trois langues), ou la force argumentative des membres coorientés du discours (Elle est très intelligente : elle a fait sa licence et elle a même fait son doctorat). 3) Instructions sur la structure informative, selon lesquelles certains marqueurs expriment la manière dont se distinguent les divers rhèmes du discours ou, ce qui revient au même, la façon dont se structure l’ensemble des rhèmes (d’une part… d’autre part…). c) Classification À partir de la classification proposée par José Portolés (1998 : 135-146), on distingue cinq types principaux de marqueurs, divisés à leur tour en sous-types ayant des fonctions discursives spécifiques : 3 Linguistique II Miranda Ceballos Scoponi Marqueurs de structuration de l’information Ces marqueurs, dépourvus de signification argumentative, règlent l’organisation informative du discours, c’est-à-dire qu’ils expriment la création de thèmes et de rhèmes. 1) Les commentateurs présentent le membre discursif qu’ils introduisent comme un nouveau rhème, de sorte que celui-ci se distingue du discours précédent. Les commentateurs les plus fréquents sont : eh bien, cela étant, à ce compte, cela dit. Exemples : Vous avez sans doute lu dans les journaux à propos de l’enlèvement d’un important homme d’affaires. Eh bien, on vient de le retrouver sain et sauf, sur une plage des Caraïbes, en compagnie de sa très jolie secrétaire. Le gouvernement a mis en place une politique d’aide destinée à subvenir aux besoins des couches sociales les plus atteintes par le chômage. Cela dit, le problème subsiste. 2) Les ordonnateurs remplissent dans la structuration de l’information deux importantes fonctions : d’un côté, indiquer, dans une séquence d’énoncés ordonnée en parties, quelle place occupe chacune d’elles ; de l’autre, présenter l’ensemble de cette séquence comme un rhème unique et chaque partie de la séquence comme un sous-rhème ou sous- commentaire. On distingue trois types d’ordonnateurs : i. D’ouverture : (tout) d’abord, premièrement, en premier lieu, pour commencer, d’une part, d’un côté, etc. ii. De continuité : ensuite, puis, deuxièmement, en second lieu, d’autre part, d’un autre côté, par ailleurs, également, pour continuer, etc. iii. De fermeture : enfin, en dernier lieu, pour finir, etc. Entrent également dans la catégorie d’ordonnateurs les locutions suivantes : pour ce qui est de, en ce qui concerne, quant à, pour (ma, sa, leur) part, par ailleurs. 3) Les digresseurs permettent d’introduire un commentaire qui se détourne du plan du discours réalisé précédemment. Cette fonction est développée par les marqueurs suivants : à propos, à ce propos, au fait, à ce sujet, à cet égard, soit dit entre parenthèses, soit dit en passant. Exemple : J’ai à vous transmettre des amitiés de Paul, que j’ai rencontré hier soir, à la sortie du cinéma. Soit dit entre parenthèses, je l’ai trouvé bien vieilli. Connecteurs La pragmatique intégrée ou sémantique intégrée, théorie développée par Oswald Ducrot, pose comme l’une de ses thèses que, dans un texte, les énoncés sont liés entre eux de manière argumentative. Cet enchaînement entre les énoncés et leur interprétation sont régis par 4 Linguistique II Miranda Ceballos Scoponi des règles argumentatives, les topoi, lieux communs argumentatifs graduels, généraux et communément admis. Ducrot distingue deux concepts différents du terme « argumentation » : l’argumentation au sens ordinaire et l’argumentation au sens technique. Le premier concept fait allusion à un ensemble de stratégies de discours qu’un locuteur adopte dans le but de convaincre son auditoire. Ces stratégies argumentatives sont des effets de discours indépendants des langues naturelles et elles relèvent, en tant qu’objet d’étude, du domaine de l’analyse du discours. Le concept technique d’argumentation que Ducrot retient pour sa théorie désigne en revanche des relations inscrites dans la langue et qui se tissent, sur le plan du discours, entre contenus sémantiques. Ces relations argumentatives, de nature scalaire et gradable, s’établissent entre un argument et une conclusion, selon des parcours argumentatifs qui véhiculent des topoi ou formes génériques. Prenons les exemples uploads/Marketing/ u4-organisation-discursive-theorie.pdf
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- Publié le Jan 30, 2022
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