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© Les Éditions de la Chenelière inc., 2006, Savoir plus: outils et méthodes de travail intellectuel, 2e éd. (Raymond Robert Tremblay et Yvan Perrier) 1 LE TEXTE ARGUMENTATIF Écrire un texte argumentatif consiste à défendre un point de vue en réponse à une question d’intérêt philosophique ou scientifique. Ce point de vue (la thèse ou l’idée principale) s’appuie sur des idées directrices et des arguments susceptibles d’emporter l’adhésion rationnelle des lecteurs. Plusieurs formes de textes ont un caractère argumentatif. Par exemple, un essai populaire, un éditorial ou une lettre d’opinion sont des textes qui comportent une argumentation pour ou contre quelque chose. Alors, comment le texte argumentatif de type scolaire se distingue-t-il de ces autres formes de textes d’opinion? Il se différencie de deux manières: par le type de questions qu’il soulève et la nature des arguments utilisés. Le texte argumentatif de type scolaire traite de questions ayant un certain intérêt philosophique ou scientifique. Il aborde ces questions de manière rationnelle, c’est-à-dire en présentant des arguments de façon logique et en s’appuyant sur une information vérifiée, sérieuse et complète. On y examine les objections qu’on pourrait apporter au point de vue qui y est défendu, et l’on répond à chacune d’elles. Le texte argumentatif de type scolaire obéit donc à des normes plus rigoureuses que le texte d’opinion commun. Dans ce chapitre en ligne, c’est de ce type de texte argumentatif que nous parlerons quand nous utiliserons l’expression «texte argumentatif». Les composantes du texte argumentatif On peut examiner les caractéristiques du texte argumentatif à partir d’un schéma comme celui qui est présenté au chapitre 6, à la page 113 ( Savoir plus, 2e éd.). Ce dernier reprend une partie du canevas d’un texte argumentatif, reproduit ci-après. Les principaux éléments que comporte un texte argumentatif y sont énumérés. Vous présentez le sujet en introduction et précisez la problématique à laquelle il appartient. Au début et tout au long du développement, vous amenez l’information qui permet d’aborder les différents aspects du sujet. Les idées directrices et les arguments doivent soit être évidents, soit reposer sur d’autres arguments ou une source quelconque (un fait, une statistique, un concept, une autorité, etc.). Nous avons déjà parlé de l’argumentation au chapitre 6. De plus, il est possible de représenter sa structure sous la forme d’une pyramide (voir La lecture analytique, chapitre 3). La thèse, ou idée principale, fait l’objet d’une annonce dans le premier paragraphe: c’est la prise de position ou l’hypothèse, selon la manière plus ou moins catégorique dont elle est amenée. Elle est réaffirmée en conclusion comme couronnement d’une démonstration qui a eu lieu dans le développement. Le cœur du texte argumentatif est le développement, où les idées directrices, qui s’appuient sur divers arguments, viennent soutenir la thèse, ensemble ou séparément. Si l’on représentait le contenu complet d’un texte argumentatif, on obtiendrait le canevas suivant; ici le texte dont le plan est illustré comporterait trois idées directrices. © Les Éditions de la Chenelière inc., 2006, Savoir plus: outils et méthodes de travail intellectuel, 2e éd. (Raymond Robert Tremblay et Yvan Perrier) 2 La solidité d’une argumentation telle que nous la présentons dépend, bien entendu, de la qualité du développement du sujet autant que de la force des arguments et des liens logiques établis entre eux (voir L’argumentation, chapitre 6). Exemple d’un texte argumentatif Un nouvel «État néolibéral»? Il ne saurait faire de doute que notre époque est porteuse d’un certain nombre de changements qui nous obligent à procéder à des évaluations critiques de nos grilles d’analyse théorique et des concepts qui les accompagnent. De fait, la réalité de ce début de millénaire contraste avec le monde tel qu’il existait il y a 35 ans (au début des années 1970). Toutefois, la question suivante se pose : jusqu’à quel point doit-on toujours produire des outils conceptuels inédits et originaux pour scruter et analyser la réalité? Avant de procéder à cette étape d’innovation, il nous semble important de bien s’entendre sur la nature et la portée des changements en cours. Des années 1970 à aujourd’hui nous aurions assisté, selon certains auteurs, à l’émergence d’une nouvelle régulation étatique et à une nouvelle figure étatique. À la régulation keynésienne de l’État bien-être (Welfare State) aurait succédé une régulation néolibérale entraînant avec elle une nouvelle figure étatique qui aurait pour nom l’«État modeste» (Crozier, 1991) ou l’«État néolibéral» (Bourque, Duchastel et Pineault, 1999). L’objet du présent texte est de tenter de recentrer la problématique de la relation entre deux concepts importants: l’État et le néolibéralisme. Après avoir défini ce à quoi correspond l’État, nous rappellerons le rôle tantôt central, tantôt distant que joue l’État dans la régulation économique et sociale depuis le début du xxe siècle. Dans une deuxième partie, nous examinerons à quoi correspond le néolibéralisme. Loin de correspondre à une théorie ou à une doctrine économique, il s’agit tout au plus d’un corpus idéologique à caractère rétrolibéral. Dans une dernière partie, nous scruterons la portée des changements en cours en matière d’interventionnisme étatique. Nous serons dès lors en mesure de rassembler la totalité des éléments qui nous permettront de conclure qu’à la faveur des changements qui s’opèrent au sein Canevas d’un texte argumentatif INTRODUCTION Paragraphe 1 Présentation du sujet, du problème et de la question abordés DÉVELOPPEMENT Paragraphe 2 Affirmation et explication de l’idée principale sous forme de prise de position ou d’hypothèse Paragraphe 3 Première idée directrice • Argument 1.1 • Argument 1.2 Paragraphe 4 Deuxième idée directrice • Argument 2.1 • Argument 2.2 Paragraphe 5 Troisième idée directrice • Argument 3.1 • Argument 3.2 CONCLUSION Paragraphe 6 Rappel de la problématique liée à l’idée principale et aux idées directrices (résumé) Relance: élargissement de la problématique © Les Éditions de la Chenelière inc., 2006, Savoir plus: outils et méthodes de travail intellectuel, 2e éd. (Raymond Robert Tremblay et Yvan Perrier) 3 de l’État, depuis les 35 dernières années, nous n’assistons pas à l’émergence d’une nouvelle figure étatique qui aurait pour nom l’État néolibéral. 1.0 Sur le concept d’État S’il est un concept qui vient rarement seul dans la littérature scientifique, c’est bien celui de l’État. Les spécialistes de la science politique et de la philosophie politique ont plutôt tendance à associer ce concept à un autre: la cité-État, l’État-empire, l’État moderne, l’État-nation, l’État- gendarme, l’État bourgeois, l’État libéral, l’État-providence, l’État bien-être (le Welfare State), l’État interventionniste, l’État de droit et nous en passons1. À ce moment-ci, une question toute simple se pose: à quoi peut bien correspondre le concept d’État? Il ne saurait faire de doute que le terme État2 recouvre des réalités sociales et politiques diverses. Toutefois, en science politique, on semble s’entendre pour avancer que derrière l’État existent les trois éléments suivants: un territoire (délimité par des frontières) habité par une population sur laquelle s’exerce l’autorité d’un pouvoir politique juridiquement organisé, c’est-à-dire une organisation juridico-politique. Concrètement, l’État s’incarne à travers un ensemble d’institutions dotées du pouvoir de contraindre qui s’exerce sur une population vivant dans un territoire donné. Le pouvoir politique est réputé détenir, dans les limites de son territoire, le monopole de la violence légitime et le monopole de l’élaboration des règles, qu’il exerce par l’intermédiaire de la puissance publique. L’État correspond à un pouvoir souverain et, à ce titre, il est l’institution organisationnelle de la société. 1.1 Sur les classifications des formes d’État Les classifications des formes de l’État sont nombreuses, mais elles ont tendance à s’articuler autour de deux critères: la répartition des rôles entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif (dans un régime parlementaire le pouvoir exécutif se maintient en place parce qu’il est soutenu par le pouvoir législatif; dans un régime présidentiel, le pouvoir exécutif est indépendant du pouvoir législatif), et la répartition du pouvoir entre différents ordres de gouvernement (l’État unitaire, l’État fédéral et l’État confédéral). À ces classifications fondées sur la répartition des rôles et des pouvoirs, on peut ajouter une classification selon le type d’intervention de l’État dans la vie économique et sociale. Au début du xxe siècle, l’État était d’une taille relativement «modeste». Ce sera dans la foulée de la dépression des années 1930 que certains gouvernements des pays d’Europe de l’Ouest et de l’Amérique du Nord mettront de l’avant des politiques interventionnistes en vue de relancer l’activité économique. À la suite de la Deuxième Guerre mondiale, on assistera à la mise en place d’un modèle de développement mettant en jeu l’interventionnisme étatique. Le modèle de l’après Deuxième Guerre mondiale était organisé autour de trois grands axes: 1. D’abord, pour compenser les pertes de revenus (ou d’autres moyens de subsistance), certains gouvernements ont mis en place des programmes d’allocations et de prestations sociales. 2. Ensuite, certaines entreprises stratégiques ont été nationalisées. 1. Pour se donner une petite idée du nombre de couples qu’on peut former avec ce petit concept de quatre lettres, vous pouvez consulter les livres suivants: Bergeron (1990); Châtelet, Duhamel et Pisier (1982); Ozer (1998) et Spector (1997). 2. Voir à ce sujet l’entrée du mot «État» in REY, Alain, dir., Le Robert: Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaire uploads/Philosophie/ 12-texte-argumentatif.pdf
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- Publié le Oct 16, 2022
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