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I. Introduction La problématique essentielle de ce conte philosophique est le problème nature / culture. Les philosophes des Lumières ont une foi absolue en la notion de progrès. Pour eux, l'homme est perfectible. Il peut tendre vers la perfection. Il s'agit pour cela de développer les techniques, les arts, les connaissances, et l'exercice de la raison. C'est vraiment un principe essentiel qui soutient toute la philosophie des Lumières. Il y a bien évidemment un support instructif à tout ce que la civilisation peut produire d'un point de vue culturel ou au sens large du terme. Un philosophe des Lumières, Rousseau, et qui a participé à l'Encyclopédie, remet en cause ce principe de base qui, dans son discours sur l'inégalité, développe ce que l'on appelle "le mythe du bon sauvage". Pour lui, un enfant naît bon dans la nature, et c'est la société qui le pervertit. Cette position lui suscitera une haine d'une rare violence de tous les philosophes à son égard. Pour Rousseau, il s'agit de rejeter toute forme de civilisation pour retrouver les vraies valeurs de la nature. C'est donc dans ce contexte que Voltaire rédige l'Ingénu. L'ingénu dans le conte de Voltaire représente le sauvage, le bon sauvage. C'est un personnage positif dans le conte qui sait évoluer dans notre société grâce à ses expériences, grâce aux livres et à la culture. Cela peut sembler paradoxal de la part de Voltaire qui est résolument pour le progrès, mais en fait, le huron (le sauvage) peut d'épanouir de manière aussi accomplie dans la mesure où il n'a pas l'esprit encombré de superstitions, de préjugés et d'habitudes qui empêchent de voir certains disfonctionnements de notre société. Les philosophes utilisent beaucoup cette figure du sauvage ou de l'étranger, pour le regard naïf de notre société. De même que l'ingénu va progresser dans notre société, de par son regard naïf, son attitude décalé et brutale, va permettre à son entourage et au lecteur de prendre conscience de certains fondements de notre monde. Le conte philosophique, c'est une guerre, c'est un genre dans lequel Voltaire s'est illustré avec l'ingénu et Candide. Dans ce genre littéraire, au premier abord, les deux termes semblent s'opposer (conte et philosophique). Qui dit conte, dit liberté, imagination, gaieté et coïncidences invraisemblables. Et lorsqu'on parle de philosophie, on pense à la raison, la réflexion et aux questions susciter par l'œuvre. Dans les contes philosophiques, il ya une histoire, un récit très fantaisiste mais qui, à l'image de La Fontaine, délivre un enseignement. C'est à ce titre que le conte en lui-même, peut être considérer comme un apologue (petite fable visant à illustrer une leçon morale), c'est-à-dire une histoire qui débouche sur un enseignement moral. Néanmoins, de tous ces contes, l'Ingénu est sans dote celui qui est le plus ancré dans la réalité. A ce titre, il faut bien distinguer le temps de la fiction, le début est le 15 Juillet 1689 alors qu'il est écrit en 1776. Bien évidemment, il y a là une critique du siècle de Louis XIV. Il remet la société contemporaine en cause. II. Biographie de Voltaire A. Voltaire, dramaturge mondain Né à Paris dans une famille de commerçants jansénistes enrichis par la récente acquisition d'une charge de receveur à la Cour des comptes, François Marie Arouet, dit Voltaire, est élevé chez les jésuites du collège Louis-le-Grand. L'influence exercée par les membres de la Compagnie de Jésus sur l'esprit de Voltaire se vérifie à sa prodigieuse maîtrise de la rhétorique, à son goût de la discussion, du théâtre et de l'histoire. Parallèlement, il est introduit dans les milieux mondains par son parrain, l'abbé de Châteauneuf, qui le présente même à la célèbre courtisane Ninon de Lenclos. Ainsi, dès l'âge de vingt ans, Voltaire fréquente les salons parisiens et s'adonne à une littérature mondaine, sinon légère. Son insolence et son indépendance d'esprit, que l'on pourrait imputer à une certaine forme d'inconscience, lui valent d'être emprisonné onze mois à la Bastille pour avoir osé écrire des libelles contre le Régent. Dès sa sortie de prison, le jeune Arouet adopte le pseudonyme de Voltaire. Sous cette nouvelle identité, il fait représenter sa première tragédie, Œdipe (1718), qui connaît un honorable succès et est suivie de plusieurs autres pièces entre 1720 et 1725. Dans le même temps, il se consacre à la composition d'une épopée, la Ligue, qu'il publie en 1723 et qu'il remanie pour en faire la Henriade. L'image que le jeune écrivain impose à ses contemporains est donc extrêmement traditionnelle, puisque la tragédie et l'épopée sont les deux grands genres de l'esthétique classique. Ce n'est pourtant pas pour cela que la postérité élèvera Voltaire au rang des plus grands écrivains français. B. Le séjour en Angleterre: Les lettres philosophiques À la suite d'une altercation avec le chevalier de Rohan, Voltaire est embastillé une nouvelle fois et doit s'exiler à sa libération. Il passe ainsi deux ans et demi en Angleterre. La découverte de la monarchie parlementaire et libérale anglaise, qu'il considère comme exemplaire, influence considérablement ses idées politiques. Voltaire y découvre en effet la tolérance, vertu qu'il ne cessera de défendre sa vie durant. En procédant dans Letters Concerning the English Nation (1733), rédigées en anglais à l'éloge des mœurs politiques anglaises, il fustige les abus du despotisme monarchique français et dénonce l'esprit intolérant et coercitif qui règne dans la société française. De retour en France, Voltaire publie plusieurs pièces, telles que Brutus (1730) et Zaïre (1732); cette dernière tragédie, écrite en trois semaines, obtient un immense succès. En 1734, il traduit et remanie les Lettres anglaises pour les augmenter: elles sont publiées de nouveau, sous le titre de Lettres philosophiques. Parce qu'il traite de la liberté politique et religieuse, parce qu'il célèbre la prospérité et le progrès comme les avancées de la science, parce qu'il expose la doctrine du matérialisme de Locke, tout en affirmant (à propos d'une lecture des Pensées de Pascal) une foi optimiste en la nature humaine, l'ouvrage devient un véritable manifeste des Lumières. Le livre est interdit pour ses idées réputées dangereuses. Voltaire décide de braver l'interdiction et, menacé d'arrestation, est contraint de se réfugier en Lorraine, à Cirey, chez son amie Mme du Châtelet. Cet esprit pugnace et vindicatif, révélé par les Lettres philosophiques, qui tend à imposer un tour piquant aux moindres idées fonde les opinions les plus diverses et les jugements les plus partagés sur l'œuvre de Voltaire. C. La retraite à Cirey: Les essais philosophiques Retiré à Cirey, Voltaire s'adonne à l'étude et à l'écriture. Il y compose plusieurs pièces de théâtre, la Mort de Jules César (1735), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet (1741) ou encore Mérope (1743), ainsi qu'un poème léger, épicurien et burlesque, à la gloire du bonheur terrestre: le Mondain (1736). Il se passionne également pour des domaines de connaissances les plus divers: les sciences, l'histoire, la philosophie, et écrit ses Eléments de la philosophie de Newton (1738), ouvrage de vulgarisation qui contribue largement à la diffusion des idées nouvelles. Le Siècle de Louis XIV (1751), dont la rédaction commence ces années-là, est fondé sur une méthode originale, où domine le souci de rapporter des faits objectifs; l'ensemble de cet ouvrage est néanmoins une célébration du monarque et de la civilisation sous son règne. Avec l'Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (1756), Voltaire joue un rôle essentiel dans le renouveau des études historiques. Dans ces deux ouvrages, sa curiosité, jointe à sa passion de la vérité, l'entraînent en effet à un examen critique et raisonné de ses sources, dont il confronte les témoignages contradictoires. D'autre part, Voltaire est le premier, avec Montesquieu, à s'intéresser à l'histoire du peuple ou de la nation, et non plus exclusivement à l'histoire monarchique ou militaire. Pendant son séjour à Cirey, Voltaire entretient également une correspondance avec Frédéric II de Prusse, dit "le roi philosophe", qui veut l'attirer à Potsdam. Mais une certaine libéralisation à la cour de France, sous le "règne" de la favorite Mme de Montespan, engage Voltaire à revenir à Versailles, où il est nommé historiographe du roi (1745). D. Le retour à Versailles: Les contes philosophiques L'année suivante, Voltaire est élu à l'Académie française. Il mène dès lors une carrière de courtisan, avec ses erreurs, ses échecs et ses déceptions: son insolence lui vaut d'être disgracié et de devoir se cacher pendant deux mois chez la duchesse du Maine, à Sceaux. C'est à cette époque qu'il écrit la tragédie Sémiramis (1748). Mais, philosophe soucieux avant tout d'être entendu par un large public, il se met à explorer la forme narrative du conte pour illustrer ses idées. Zadig ou la Destinée (1748), qui pose le problème du bonheur et du destin, puis Micromégas (1752), qui traite de la relativité des connaissances, sont deux de ses contes philosophiques. C'est par ces récits merveilleux que le public du XXe siècle connaît et admire Voltaire; lui- même pourtant ne les considérait que comme une partie mineure de son œuvre. En 1749, le philosophe subit une épreuve douloureuse: Mme du Châtelet, qui entretenait une liaison avec le jeune uploads/Philosophie/ 15-2nde-fr-a7-voltaire-l-x27-ing-nu.pdf

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