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Université de Bourgogne C.F.O.A.D. « La Passerelle » ANALYSE ET DÉVELOPPEMENT D

Université de Bourgogne C.F.O.A.D. « La Passerelle » ANALYSE ET DÉVELOPPEMENT DE CURRICULA 16D573/2 Année 2011/2012 Lise LEZOURET Jean Jacques RICHER En vertu du code de la Propriété Intellectuelle – Art. L. 335-3 : Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tels qu’ils sont définis et réglementés par la loi. (L. n°94-361 du 10 mai 1994, art.8) – Est également un délit de contrefaçon la violation de l’un des droits de l’auteur d’un logiciel définis à l’article L. 122-6. Les cours dispensés par le C.F.O.A.D. relèvent du présent article. Ils ne peuvent être ni reproduits ni vendus sous quelques formes que ce soit sous peine de poursuite. Centre de 2, bd Gabriel - 21000 DIJON Formation Ouverte Tél. (33) 03.80.39.50.90 - Fax (33) 03.80.66.60.59 et À Distance e-mail:foad@passerelle.u-bourgogne.fr 16D 573 : LEZOURET / RICHER Analyse et développement de curricula 44 ENVOI n° 2 Théories de l’apprentissage / styles et stratégies d’apprentissage / cultures d’enseignement-apprentissage Envoi n°2 Dans le domaine de la pédagogie, le XXe siècle a été marqué par des courants tels que l’École Active et l’Éducation Nouvelle, qui proposent des pédagogies centrées sur l’apprenant. Dans le domaine de l’enseignement–apprentissage des langues étrangères, la centration sur l’apprenant est un thème particulièrement récurent depuis le début des années 1980. Mais l’ensemble de ces courants, pédagogies et approches ne doit cependant pas nous faire oublier l’existence parallèle en position parfois dominante des pédagogies traditionnelles, centrées sur la transmission des savoirs constitués. Le passage de la dichotomie maître-élève à celui d’enseignant- apprenant est une illustration du glissement des théories de l’apprentissage sur le paradigme : enseignement versus apprentissage. Ces théories s’accompagnent de conceptions différentes de l’apprentissage et de modes d’enseignement associés parfois difficiles à modifier. 1. Les théories de l’apprentissage Nous empruntons le schéma ci-dessous à Germain-Rutheford A.1. Il illustre l’évolution des grands courants théoriques marquants depuis le début du vingtième siècle. 1 Germain-Rutheford A. Université d’Ottawa, Les différentes théories de l’apprentissage, dynamiser son enseignement conférence atelier , Université de Lyon, novembre 2006 : spiral.univ-lyon1.fr/files_m/M152/Files/194973_2014.ppt, 16D 573 : LEZOURET / RICHER Analyse et développement de curricula 45 1.1. Les théories behavioristes Elles visent à donner des explications de l’apprentissage à partir des comportements observables. Associée aux travaux de Pavlov sur le conditionnement, Thorndike E. en fut un précurseur. Américain, ancien élève de Wundt2, il se détourne de l’étude de la conscience. Il met en évidence l’association qui s’établit entre un stimuli (S) et une réponse (R) chez l’animal. L’expérience la plus connue est celle du chat affamé enfermé dans une boîte, une cage munie d’un système d’ouverture. L’ouverture de la cage permet d’accéder à de la nourriture placée à l’extérieur de la cage nommée ‘boîte à problèmes’. L’observation des multiples essais de l’animal pour ouvrir la cage a permis à Thorndike E. d’étudier ses comportements. Le temps mis par le chat pour sortir de la cage diminue progressivement pour, en fin d’apprentissage sélectionner le comportement adapté au détriment des comportements infructueux. La boîte à problèmes L’animal fait son apprentissage par essais et erreurs. Thorndike mit en évidence : - L’établissement de connexions entre stimulus et réponse ; - La loi de l’effet : la force des connexions est renforcée par la satisfaction ; - La récompense est le facteur principal de l’apprentissage ; - La loi de l’exercice : plus l’animal fait l’expérience d’une connexion stimulus- réponse, plus forte elle devient. Deux théoriciens du lien Stimulus-Réponse contemporains de Thorndike contestent la loi de l’effet : Watson et Guthrie. Watson (1878-1958) se base sur la loi de fréquence. Pour lui, la force du lien S-R est proportionnelle au nombre d’associations entre stimulus et réponse. La répétition de situations identiques est primordiale dans l’apprentissage selon cette loi. Watson rejette la part de l’inné dans l’apprentissage : 2 Vers la fin du XIXe siècle, la psychologie envahit le domaine des sciences. Wilhelm Wundt (1832- 1920) compte au nombre des pionniers qui ont édifié puis confirmé la psychologie expérimentale au rang de science empirique. Physiologue et philosophe, il jette les bases d’une Psychologie physiologique, titre de son ouvrage en deux volumes, publié en 1887. 16D 573 : LEZOURET / RICHER Analyse et développement de curricula 46 Selon Watson, l’enfant, à sa naissance possède un certain nombre de réflexes élémentaires. C’est sur cette base, et par conditionnement, que des comportements plus complexes vont se construire. ‘Donnez-moi une douzaine d’enfants bien portants […] et mon propre milieu spécifique pour les élever, et je garantis de prendre chacun au hasard et d’en faire n’importe quel type de spécialiste existant : docteur, juriste, artiste, commerçant ou même mendiant ou voleur, sans tenir compte de ses talents, penchants, tendances, capacités, de sa vocation ni de la race de ses ancêtres’ Watson J.B. (1925), Behaviorism, New York, Norton, p. 82 ds ROULIN, p. 230 Cette position radicale à propos du conditionnement sera critiquée notamment par Hull et Guthrie. Guthrie (1896-1959) rejette l’apprentissage par essais et erreurs. Lui, avance la nécessité de la loi de la contiguïté temporelle entre un ensemble de stimuli présents au même moment que l’apparition du comportement souhaité. Les prémices de la psychologie du développement sont contenues dans cette loi. Hull (1884-1952) réagit au behaviorisme radical de Watson dans lequel la place du sujet humain ne semble pas influer. Hull introduit l’organisme entre Stimulus et Réponse (S-O-R). Qualifiée de ‘psychologie des besoins’ la théorie de Hull retient la loi de l’effet mais introduit la notion d’homéostasie3 à sa réflexion. L’effet de renforcement ne peut être réduit à la simple recherche de satisfaction : l’efficacité du renforcement est liée à la notion de réduction de besoin. Hull introduit les notions de motivation et d’habitude. Le comportement est une résultante de l’interaction et de la motivation. La liaison S-R sera renforcée si la réponse est suivie de la satisfaction d’un besoin de l’organisme. Skinner avec Pavlov marquent l’approche behavioriste de l’apprentissage. Skinner qui est un des béhavioriste les plus orthodoxes a une position originale. Il distingue deux types de réponses : celles qui sont contrôlées par les stimuli traduction d’un conditionnement répondant, pavlovien et celles qui sont contrôlées par leurs conséquences traduction d’un conditionnement opérant. Pour Skinner, les deux types de conditionnements correspondent à des principes différents. Dans le conditionnement répondant, la contiguïté est responsable du conditionnement. Dans le conditionnement opérant la probabilité d'émission de la réponse augmente en fonction de ses conséquences. Skinner reproche à Thorndike de se référer à la ‘satisfaction’ qui pour lui n’est pas un concept qui relève de l’observation empirique, expérimentale. Le béhaviorisme redéfinit l’objet de la psychologie. Seul le comportement est observable. “Pour le béhavioriste, la psychologie est une science naturelle purement objective” (Watson). Le but de la psychologie est de dégager les relations stimulus- réponse (S-R) sans faire appel à des concepts mentalistes. Le behaviorisme permet 3 Claude Bernard, en 1865, dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, crée le concept : « Tous les mécanismes vitaux, quelque variés qu'ils soient, n'ont toujours qu'un but, celui de maintenir l'unité des conditions de la vie dans le milieu intérieur. « 16D 573 : LEZOURET / RICHER Analyse et développement de curricula 47 l’étude du psychisme des enfants avant l’apparition du langage et des animaux. Le behaviorisme développe des méthodes expérimentales objectives (rejet de l’introspection). Les apports principaux concernent l’apprentissage et le conditionnement sont ceux d’Edward Thorndike (1874-1949) et loi de l’effet, d’Ivan P. Pavlov (1849-1936) et le conditionnement répondant, de B.F. Skinner (1904-1989) et le conditionnement opérant. Tolman (1886-1959) considéré comme néo behavioriste se démarque toutefois au moment où la psychologie de l’apprentissage est dominée par les conceptions de Watson (années 1930-1940). Il aborde le fait que les comportements ne peuvent être considérés sans prendre en compte le but qu’ils poursuivent, l’intention du sujet. De plus, de ses expériences avec des rats dans un labyrinthe 4, Tolman met en évidence la notion d‘apprentissage latent. Carte mentale : Temps 1 : le rat explore librement le labyrinthe. Temps 2 : apprentissage, toutes les allées sont libres, le rat choisit l’allée 1. Temps 3 : l’allée 1 est fermée, le rat choisit de passer par l’allée 2. Temps 4 : les allées 1 et 2 sont fermées, le rat passe par l’allée 3. Conclusion : pendant le temps 1, le rat a appris une carte du labyrinthe qui lui permet de changer de chemin lorsque le plus court n’est plus disponible. L’apprentissage latent selon Tolman désigne un apprentissage qui se réalise en dehors de toute incitation explicite à apprendre et qui demeure invisible si la situation ne motive pas l’organisme à émettre un comportement observable. La connaissance de l’environnement est organisée en cartes cognitives ou cartes mentales. Certains psychologues, notamment Hull avait transgressé le ‘dogme’ du behaviorisme radical S→R en introduisant des concepts mentalistes pas directement observables au travers de variables intermédiaires propres à l’organisme telles que la force de l'habitude (habit strength) ou le niveau de besoin (drive level) ou la motivation. Tolman introduit l’apprentissage uploads/Philosophie/ 16d573-2 1 .pdf