Armand Colin Le défini et l'indéfini dans une langue sans article Author(s): Hi
Armand Colin Le défini et l'indéfini dans une langue sans article Author(s): Hidetake Imoto Source: Langue Française, No. 171, Détermination et prédication (SEPTEMBRE 2011), pp. 13- 26 Published by: Armand Colin Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41639748 Accessed: 02-03-2022 03:37 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Armand Colin is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Langue Française This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:37:26 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Hidetake Imoto Université d'Osaka Le défini et l'indéfini dans une langue sans article 1. INTRODUCTION Naoyo Furukawa consacre une grande partie de ses travaux aux différents emplois de l'article et au statut référentiel des syntagmes nominaux en fran- çais l. Dans la continuité de son travail, j'essaierai, dans cet article, de clarifier le rôle cognitif de la définitude dans l'interprétation d'une phrase, en compa- rant des syntagmes nominaux français et leurs équivalents japonais. Comme le français est une langue avec articles, les syntagmes nominaux contiennent un déterminant qui marque un trait [idéfini]. La définitude est ainsi une pro- priété inhérente aux déterminants et elle est normalement exprimée. Mais il faut d'abord se demander à quoi sert cette propriété morphosémantique dans une langue. Si elle est indispensable à l'interprétation d'une phrase, pourquoi les langues sans articles ne disposent-elles pas de traits morphologiques qui expriment cette propriété ? De quelle façon s'exprime la différence entre le défini et l'indéfini dans ces langues ? Je tenterais de répondre à ces questions en com- parant le français et le japonais. 2. DÉFINITION Tout d'abord, la définitude peut se définir comme trait morphologique indi- qué par le déterminant : les articles définis (le, la, les), les adjectifs possessifs et démonstratifs (son, sa, ce, etc.) donnent le trait [+défini], les articles indéfinis et partitifs (un, une, des, du, etc.) ainsi que les adjectifs quantitatifs (deux, trois, 1. Furukawa (1986, 1997, 1998, 2000, 2009, 2010). LANGUE FRANÇAISE 171 Article on line 13 This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:37:26 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Détermination et prédication plusieurs , beaucoup de, etc.) donnent le trait [-défini]. En se fondant sur l'hypo- thèse que ce trait morphologique correspond à une propriété sémantique, beau- coup d'études ont cherché à cerner le caractère essentiel de la définitude sur le plan sémantique. Voici ce qu'elles proposent : présupposition existentielle (Rus- sell 1905), familiarité discursive (Christophersen 1939), unicité (Corblin 1987), accessibilité (Kempson 1988) et identifiabilité (Kempson 1975), etc. Dans la pré- sente étude, je ne traiterai pas directement ce problème sémantique. Je suppo- serai tout simplement que la définitude est un trait à la fois morphologique et sémantique sans entrer dans les détails. Les noms japonais seront qualifiés comme définis ou indéfinis en fonction de leur traduction en français. Mon hypo- thèse heuristique est que la dichotomie morpho-sémantique de [±défini] n'est qu'un constituant d'une dichotomie plus globale de la cognition. Cette idée a été inspirée par la notion d'« emballage » (packaging) proposé par W. Chafe (1976) : [...] a particular noun in a sentence [...] may occupy various "packaging" statuses selected by the speaker on the basis of his assessment of what the addressee's mind is capable of at the time. (Chafe, 1976 : 54) II propose comme tels statuts les six statuts suivants : (1) a. Le nom peut être ancien ou nouveau (given or new) ; b. Il peut être un foyer de contraste (focus of contrast) ; c. Il peut être défini ou indéfini (definite or indefinite) ; d. Il peut être le sujet d'une phrase ( the subject of the sentence) ; e. Il peut être le topique d'une phrase (the topic of the sentence) ; f. Il peut représenter un individu dont le point de vue est adopté par le locuteur ou envers lequel le locuteur éprouve de l'empathie 2. Alors qu'il insiste sur la variété de ces statuts, ceux-ci me semblent au contraire très similaires et même interconnectés. Dans un cas prototypique, les statuts ancien, défini, sujet, topique sont réalisés simultanément. 3. MODÈLE Je propose ainsi un modèle dichotomique entre « l'information posée » (abrégée désormais IP) et « l'information à ajouter » (abrégée désormais IA). C'est le modèle le plus abstrait de cognition. L'interprétation d'un énoncé consiste en général à rassembler des informations. Savoir quelque chose, c'est associer des IP aux IA. Il me semble que c'est une structure commune au langage qui se concrétise dans chaque langue dans les systèmes dichotomiques suivants : (2) a. Dichotomie informationnelle information ancienne [zbancien] 2. It [= the noun] may represent the individual wh speaker empathizes. (Chafe, 1976 : 28) 14 This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:37:26 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Le défini et l'indéfini dans une langue sans article b. Dichotomie nominale défini [ibdéfini] c. Dichotomie discursive topique [=b topique] d. Dichotomie syntaxique sujet [zbsujet] e. Dichotomie linéaire début de phrase [±début] Les traits situés à gauche (ancien, défini, topique, sujet, début) augmentent le degré d'IP et les traits situés à droite (nouveau, indéfini, commentaire, prédicat, fin), celui d'IA. (2) est l'adaptation que je fais des statuts énumérés en (1). (lbf) me semblent être composés de plusieurs facteurs et non structurés par un seul trait objectif, c'est pourquoi ils n'ont pas été inclus dans (2). Je mets pour le moment de côté le trait [+foyer] qui est inextricablement lié aux traits [-ancien] [-défini] [-début]. Mais il est évident que ce trait est un trait positif pour IA. Les informations anciennes ou nouvelles sont une réalisation directe d'IP et d'IA. Le trait ancien se distingue du trait nouveau par le seul critère de « connu » Mais il faut considérer l'effet d'accommodation proposé par D. Lewis (1979). If at time t something is said that requires presupposition P to be acceptable, and if P is not presupposed just before t, then -certeris paribus and within certain limits- presupposition P comes into existence at t. (Lewis, 1979 : 340) La phrase suivante apparaît au début d'un roman : (3) Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas. [Maupassant, Une vie] La fenêtre, apparue pour la première fois dans ce roman, est inconnue et en ce sens appartient à l'information nouvelle. Mais le romancier la traitant comme étant déjà connue, la fenêtre en (3) est classée comme information ancienne au niveau de l'interprétation. Il s'agit ici de l'accommodation forcée par l'article défini. Le trait de la dichotomie nominale [zbdéfini] est attaché morphologiquement à tous les NP français, alors que le japonais qui ne dispose pas d'articles n'a pas de marqueur morphologique obligatoire. Seuls certains adjectifs prénominaux expriment facultativement le défini : kono, sono, ano (démonstratif), et l'indéfini : aru ('certain'), hitotsu no ('un' déterminant numéral cardinal), nanika ('quelque chose'), etc. La dichotomie discursive distingue le topique du commentaire. Le topique est défini sémantiquement comme 'ce dont on parle' et le commentaire comme 'le LANGUE FRANÇAISE 171 15 This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:37:26 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Détermination et prédication contenu de ce qu'on dit du topique'. Cette distinction s'applique non seulement à une phrase simple mais à un énoncé connecté. (4) a. Qu'est-ce qui se passe ? b. Il y a le facteur qui arrive. Si (4b) est énoncé à la suite de la question (4a), le topique est ce qui se passe et la phrase toute entière de (4b) devient son commentaire. Le sujet syntaxique est dans beaucoup de cas le topique par défaut. La dichotomie syntaxique distingue le sujet du prédicat. La définition du sujet par W. Chafe (1976) comme 'ce dont on parle' (what is being talked about) est identique à ma définition du topique. J'aimerais limiter la notion de sujet aux aspects purement syntaxiques et celle de topique aux aspects purement séman- tiques. Je définis donc le sujet comme premier argument du verbe principal, le prédicat comme les VP principaux 3. La dichotomie linéaire concerne l'ordre linéaire des mots d'une phrase. Le début et la fin dépendent purement de l'ordre linéaire. 4. INTERACTION Chaque dichotomie énumérée en (2) a sa propre logique de distinction, et l'IP que représente la dichotomie morphologique n'est pas exactement la même que celles que représentent les dichotomies informationnelle, discursive, syntaxique ou linéaire. Mais ces systèmes dichotomiques sont plus ou moins dépendants les uns des autres. L'indéfini ne dénote que des informations nouvelles alors que le défini ne dénote pas toujours des informations anciennes 4. (5) a. Jean est l'âme damnée de Marie. b. Jean épousera la femme qui parviendra à escalader ce sommet. Le topique est inextricablement lié aux informations anciennes et aux définis. D'après uploads/Philosophie/ 2-imoto.pdf
Documents similaires










-
31
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 21, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 1.1236MB